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Le GĂ©ographe (Vermeer)

Le Géographe (De geograaf) est un tableau de Johannes Vermeer (huile sur toile, 53 × 46,6 cm) peint vers 1668-1669, aujourd'hui conservé au Städelsches Kunstinstitut, à Francfort-sur-le-Main[1].

Le GĂ©ographe
Le GĂ©ographe (De geograaf)
Artiste
Date
vers 1668-1669
Type
Dimensions (H Ă— L)
51,6 Ă— 45,4 cm
Pendant
Mouvement
Propriétaire
No d’inventaire
1149
Localisation

L'Astronome, pendant du GĂ©ographe ?

L'Astronome, 1668, huile sur toile, 51 Ă— 45 cm, musĂ©e du Louvre

L'Astronome, actuellement conservé au musée du Louvre, a longtemps été considéré comme le pendant du Géographe, eu égard aux nombreuses similitudes qu'ils comportent[2]. Fait rare dans l'œuvre de Vermeer, les deux tableaux sont à la fois datés et signés, et leur exécution semble être contemporaine, puisque L'Astronome présente, peinte sur l'armoire, la date de « MDCLXVIII », soit, 1668, alors que Le Géographe comporte, inscrite sur le mur du fond, dans l'angle supérieur droit de la toile, la date de « MDCLXVIIII », soit, 1669.

L'homme pris comme modèle est visiblement le même : ce sont les deux seules toiles de Vermeer à prendre comme sujet unique une figure masculine, qui ne réapparaît d'ailleurs dans aucune autre de ses œuvres actuellement connues. Leur tenue est comparable : on retrouve la même robe de chambre de soie, dite « japonaise »[3], vraisemblablement de soie, même si leurs couleurs respectives diffèrent légèrement — bleu pour le géographe, bleu tirant vers le vert pour l'astronome —, et que celle du géographe présente une bordure de fourrure teinte en rouge, absente de celle de l'astronome.

Une reconstitution du décor[4] a démontré que l'espace représenté était identique, Vermeer ayant simplement légèrement changé d'angle et de cadrage d'une toile à l'autre. L'ouverture extérieure sur le mur de gauche par exemple est similaire, une fenêtre double surmontée d'une troisième occupant toute la largeur des deux premières; mais dans L'Astronome la fenêtre la plus proche de l'angle de la pièce, à côté de l'armoire, est occultée par un volet fermé, ouvert dans Le Géographe, et le rideau, situé à droite de l'ouverture dans la première toile est à gauche dans la seconde. Et si la surface vitrée est quadrillée par une même structure métallique surmontée d'une bande en losanges, la fenêtre de L'Astronome comporte également, à demi masqué par le montant extérieur gauche, un motif armorié ovale, en rouge et jaune, absent dans l'autre toile. Une même armoire, de plus, occupe l'angle de la pièce.

Le sujet commun des deux toiles, un savant dans son cabinet d'étude, justifie également le fait qu'on les ait rapprochées. Géographie et astronomie étaient, au XVIIe siècle des disciplines connexes, renvoyant toutes deux à la soif de découverte des mondes nouveaux, qu'ils soient terrestres ou célestes, à la mesure scientifique et la représentation graphique de ces espaces, aux déplacements et à la circulation, notamment maritimes, des hommes et des marchandises — l'observation des étoiles permettant de calculer la position exacte des navires. Le compas que le géographe tient dans la main est présent, posé sur la table de l'astronome, devant sa main gauche. Sur l'armoire du Géographe figure un globe terrestre — tourné vers l'océan Indien —, réalisé par le savant Jodocus Hondius, et qui était vendu en paire en 1618 avec le globe céleste que le même élabora en 1600, et que l'on retrouve devant l'astronome[5]. Autre objet à circuler d'une toile à l'autre, le compas, dans les mains du géographe, qui lève la tête vers la lumière alors qu'il était en train de prendre des mesures sur la carte disposée devant lui, mais aussi à portée de main de l'astronome, en partie recouvert par la draperie sur la table.

Ces similitudes ont pendant très longtemps fait vendre[6] — et par consĂ©quent exposer — les deux tableaux ensemble. Toutefois, l'idĂ©e selon laquelle les deux tableaux constituaient des pendants a fait l'objet de discussions rĂ©centes, dans la mesure oĂą, au-delĂ  de leurs similitudes, les deux compositions ne dialoguent pas[7]. Non seulement leurs formats sont lĂ©gèrement diffĂ©rents (50 Ă— 45 cm pour L'Astronome, 53 Ă— 46,6 cm pour Le GĂ©ographe) — la diffĂ©rence n'Ă©tant cependant pas suffisante pour constituer un argument dĂ©cisif —, mais surtout, les deux figures sont tournĂ©es dans le mĂŞme sens, vers la fenĂŞtre Ă  gauche, d'oĂą provient la lumière, ce qui redouble plus la scène que cela n'instaure un vĂ©ritable dialogue entre elles. MalgrĂ© cela, un retour Ă  la première hypothèse a pu ĂŞtre proposĂ©[8], s'appuyant sur la certitude — scientifiquement prouvĂ©e — de l'authenticitĂ© des dates et signatures dans les deux Ĺ“uvres, de la proximitĂ© de leurs formats, ainsi que celle de l'attitude contemplative des deux hommes, qui suspendent un instant leurs recherches. Le GĂ©ographe serait alors destinĂ© Ă  ĂŞtre placĂ© Ă  gauche de L'Astronome.

Références contemporaines

Avec la représentation d'un géographe, Jan Vermeer retrace la révolution scientifique de la société de son temps. De nouvelles côtes et de nouveaux territoires sont explorés. Les marchands et les marins avaient besoin de livres de géographie, de cartes et de planisphères[9].

L'expression de l'homme et les éléments du décor peuvent symboliser cette révolution scientifique. Les traits du visage sont légèrement flous, suggérant un mouvement. Le géographe est en train de plisser les yeux, il semble en pleine réflexion. Il a comme un éclair d'inspiration ou même une révélation intellectuelle. Le rideau tiré sur la gauche et la position du tapis oriental sur la table pourraient aussi symboliser le fait qu'il est en train de faire une grande découverte intellectuelle. Il saisit un livre comme s'il était sur le point de saisir une nouvelle idée.

Voir aussi

Notes et références

  1. Voir le tableau sur le site officiel du musée Städel. Page consultée le 14 avril 2012
  2. (en) Anthony Bailey, Vermeer: A View of Delft, New York, Henry Holt and Co., 2001 (ISBN 0-8050-6930-5), p. 165-170. Lire l'extrait en ligne sur le site www.essentialvermeer.com. Page consultée le 17 avril 2012
  3. Catalogue de l'exposition Dans la lumière de Vermeer, Paris, musée de l'Orangerie, Paris, 24 septembre - 28 novembre 1966. Lire en ligne. Page consultée le 28 avril 2012.
  4. Alain Jaubert, « Le Grain de la lumière, Astronome », série « Palette », coproduction La Sept, France 3, musée du Louvre, Delta Image, 1990, 26 min
  5. James A. Welu, « Vermeer: his cartographic sources »", in The Art Bulletin, no 57, 1975, p. 544
  6. Voir l'historique détaillé sur l'article connexe L'Astronome
  7. Stéphanie Koenig, notice de L'Astronome sur le site officiel du musée du Louvre. Ligne en ligne. Page consultée le 19 avril 2012
  8. Walter Liedtke, cité sur essentielvermeer. Lire en ligne. Page consultée le 28 avril 2012
  9. (de)Geschichte der Geographie sur le site de l'Université de Duisburg, page 1

Articles connexes

Liens externes

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