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Le Décaméron (film)

Le Décaméron (Il decameron) est un film franco-germano-italien de Pier Paolo Pasolini et sorti en 1971.

Le Décaméron
Description de cette image, également commentée ci-après
Scène de la Madone
Titre original Il decameron
Réalisation Pier Paolo Pasolini
Scénario Pier Paolo Pasolini
Musique Ennio Morricone
Acteurs principaux

Pier Paolo Pasolini
Ninetto Davoli
Silvana Mangano

Sociétés de production Produzioni Europee Associati
Artistes Associés
Artemis Film
Pays de production Drapeau de l'Italie Italie
Drapeau de la France France
Allemagne de l'Ouest Allemagne de l'Ouest
Genre Comédie dramatique
Durée 112 minutes
Sortie 1971

Série Trilogie de la vie

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Le film est une adaptation de l'œuvre écrite au XIVe siècle par Boccace, le Décaméron, qui collecte, en dix jours (d'où le titre « décaméron »), une centaine d'histoires que se racontent dix jeunes florentins, sept jeunes filles et trois jeunes garçons tenus à l'écart de leur ville par une épidémie de peste.

D'après Pasolini, le Décaméron est la première partie d'une œuvre cinématographique plus vaste, la « trilogie de la vie » constituée, outre du Décaméron, des Contes de Canterbury (1972) et des Mille et Une Nuits (1974).

Synopsis

Séquence 2 : le voleur Ciappelletto fait les poches pendant qu'un vieil homme raconte une histoire de nonnes salaces
Séquence 7 : Caterina di Valbona, jeune fille dormant sur sa terrasse pour retrouver son amant.

Dix histoires de dupes du Décaméron, revues et corrigées par Pier Paolo Pasolini :

  1. Un jeune homme s'enrichit après avoir été escroqué plusieurs fois (nouvelle 5 de la IIe journée)
  2. Une nonne en sermonne une autre pour un péché qu'elle a commis, mais elle succombe à son tour au même péché
  3. Un prétendu sourd-muet profite de nonnes curieuses (nouvelle 1 de la IIIe journée)
  4. Une femme trompe son mari dans sa propre demeure sans qu'il s’en aperçoive
  5. Sur son lit de mort, Ciappelletto, séducteur impénitent leurre le prêtre et se fait canoniser (nouvelle 1 de la Ire journée)
  6. Des peintres attendent l'inspiration divine
  7. Une jeune fille dort sur la terrasse de sa maison pour y retrouver son amant
  8. Trois frères se vengent de l'amant de leur sœur
  9. Un prêtre tente d'abuser de la femme de son ami
  10. Deux amis pactisent afin de découvrir ce qu'il advient après la mort

Fiche technique

Distribution

Production

Dans une lettre du printemps 1970, Pasolini explique au producteur Franco Rossellini qu'il a modifié son idée initiale de réduire l'ensemble du Décaméron à quatre ou cinq sketches ayant pour cadre la ville de Naples et qu'il souhaitait plutôt donner « une image complète et objective du Décaméron » en choisissant le plus grand nombre de récits possible. Au groupe central de contes se déroulant dans la Naples populaire, s'ajouteront d'autres contes représentant « l'esprit interrégional et international » de l'œuvre de Boccace, avec l'ambition de créer « une sorte de fresque où tout monde serait présent, entre le Moyen Âge et l'époque bourgeoise ». Le film doit durer au moins trois heures et être divisé en trois parties, chacune d'entre elles représentant une unité thématique[3]. Le premier script élaboré par l'auteur est construit précisément sur cette structure tripartite (15 contes divisés en trois parties, chacune d'entre elles étant incluse dans une histoire-cadre, avec les protagonistes Ser Ciappelletto, Chichibio et Giotto), qui remplace l'architecture narrative complexe de l'œuvre de Boccace.

Le choix des contes est caractérisé par une extrême hétérogénéité. Seules trois contes du Décaméron se situent à Naples et l'auteur renforce le caractère « napolitain » de son adaptation en déplaçant d'autres contes situés en Toscane dans le livre, à Naples et ses environs dans le film[4]. Par rapport à son script original daté du [5], Pasolini a assoupli le schéma tripartite rigide, en éliminant cinq romans « orientaux » ou « septentrionaux » et en en ajoutant deux nouveaux, et il a essayé d'équilibrer le risque d'un éclectisme excessif avec une plus grande homogénéité du lieu de l'action (napolitain et populaire)[6].

Du scénario à la forme finale du film, le changement le plus important concerne le remplacement du schéma tripartite par le schéma bipartite[6] : le récit-cadre de Chichibio et deux autres contes sont éliminés (dont celui d'Alibech, que Pasolini estime être d'une « grâce sublime »[7] mais dissonant avec le reste du film. Ce conte a été supprimé dans les derniers jours du montage, si bien que les interprètes de ce conte sont tout de même mentionnés au générique). Malgré l'apparente hétérogénéité de l'intrigue, le film présente une logique interne et une certaine cohésion[8], à laquelle contribuent les dialogues en napolitain. À propos de ce choix linguistique, Pasolini déclare : « J'ai choisi Naples contre toute l'Italie néocapitaliste et télévisuelle garce : pas de Babel linguistique, donc, mais un pur parler napolitain »[9].

Attribution des rôles

La distribution est largement composée de non-professionnels, dont le peintre Giuseppe Zigaina dans le rôle d'un frère confesseur pieux. Les deux acteurs préférés de Pasolini, Franco Citti et Ninetto Davoli, sont également présents dans les rôles respectifs de Ser Ciappelletto et Andreuccio da Perugia.

Pasolini tient lui-même le rôle d'un disciple du peintre Giotto, dans une sorte de fil conducteur qui relie les différents sketches. Il a décidé d'interpréter ce rôle après l'avoir proposé à ses amis écrivains Sandro Penna et Paolo Volponi qui l'ont refusé[10].

Tournage

Les dix conteurs du Décaméron
Huile sur toile de Franz Xaver Winterhalter (1837).

Musique

La bande son a été compilée par Ennio Morricone. Elle est composée principalement d'authentiques chansons populaires napolitaines. L'album Italian Folk Music, Vol.5 : Naples and Campania compilé par Alan Lomax pour Folkways Records a été largement utilisé. La chanson Canto Delle Lavandaie Del Vomero est chantée pendant le conte d'Andreuccio. Voici une liste des airs utilisés dans ce film par Morricone :

  • Zesa Viola o La Zita in cerca di un marito - jouée sur le générique de début.
  • Serenata popolare campana - jouée à l'accordéon dans la rue où Andreuccio se promène.
  • Canto Delle Lavandaie Del Vomero - chanté par un chanteur de rue dans le récit d'Andreuccio
  • Canto delle olivare - entendu fréquemment en fond sonore pendant le conte de Sir Ciapalletto
  • Fenesta ca Lucive - chantée par Ser Ciappalletto et ses hôtes napolitains. Également chantée par l'un des hôtes du moine.
  • Ninna nanna popolare campana - entendue lorsque Lisbetta pleure Lorenzo.
  • Un chœur se fait entendre dans les scènes de l'église. Le Kyrie Eleison de la Messe de Tournai orchestré par Konrad Ruhland est utilisé pendant le rêve de Ser Ciappalletto dans lequel des moines jouant avec des crânes et Veni Sancte Spiritus est utilisé pendant la vision de Meuccio.

Exploitation

Le film est un immense succès en Italie. Il enregistre 11 167 557 entrées et rapporte environ quatre milliards et demi de lires, se plaçant en deuxième position derrière On continue à l'appeler Trinita au box-office Italie 1971-1972[11]. Il occupe la 25e place au classement des plus gros succès de tous les temps dans les salles italiennes.

Récompense

Nomination

Notes et références

  1. Unifrance.
  2. Ciné-Ressources (Cinémathèque française).
  3. Pasolini 1995, p. 43-44.
  4. Canova 1995, p. 21-22.
  5. Pasolini 1995, p. 232.
  6. Canova 1995, p. 24.
  7. Pasolini 1995, p. 66.
  8. Canova 1995, p. 25.
  9. (it) Dario Bellezza, « Io e Boccaccio, intervista a Pasolini », L'Espresso colore,
  10. Canova 1995, p. 27.
  11. « La saison 1971-72 : les 100 films les plus rentables », sur hitparadeitalia.it

Voir aussi

Bibliographie

  • (it) Pier Paolo Pasolini, Trilogia della vita : Le sceneggiature originali di Il Decameron, I racconti di Canterbury, Il Fiore delle Mille e una notte, Garzanti, (ISBN 88-11-66922-7)
  • (it) Gianni Canova, Prefazione, in Pier Paolo Pasolini, Trilogia della vita. Le sceneggiature originali di Il Decameron, I racconti di Canterbury, Il Fiore delle Mille e una notte, Garzanti, (ISBN 88-11-66922-7)

Article connexe

Liens externes

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