Le Crime de Cuenca
Le Crime de Cuenca (titre original : El crimen de Cuenca) est un film espagnol réalisé par Pilar Miró et sorti en 1980.
Titre original | El crimen de Cuenca |
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RĂ©alisation | Pilar MirĂł |
Scénario |
Dolores Salvador Maldonado (es) P. MirĂł Juan Antonio Porto |
Acteurs principaux |
Daniel Dicenta (es) |
Pays de production | Espagne |
Durée | 88 minutes |
Sortie | 1980 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Présenté au 30e Festival de Berlin, le film s'inspire de faits judiciaires réels. Achevé fin 1979, il fera l'objet d'une censure momentanée alors que l'ouvrage éponyme, due à la scénariste Dolores Salvador Maldonado (es), ne sera frappé d'aucun interdit.
Synopsis
Le , un berger, dĂ©bile lĂ©ger, JosĂ© MarĂa Grimaldos, surnommĂ© El cepa (Le Cep) est aperçu pour la dernière fois sur la route menant de la commune de Osa de la Vega Ă Tresjuncos, dans la province de Cuenca (Castille-La Manche). La famille de celui-ci, très inquiète, alerte les autoritĂ©s policières. Deux bergers, Gregorio Valero et LeĂłn Sánchez, sont suspectĂ©s en septembre 1911. L'affaire est pourtant close, faute de preuves suffisantes. En 1913, le juge Isasa fait rouvrir le dossier : Gregorio et LeĂłn sont incarcĂ©rĂ©s par la Guardia Civil. Soumis Ă des interrogatoires serrĂ©s suivis de tortures, les deux hommes finissent par avouer un meurtre imaginaire. Le procureur requiert la peine de mort. Mais, en mai 1918, un jury populaire inflige dix-huit ans de prison aux deux condamnĂ©s. Après onze ans d'emprisonnement, Gregorio et LeĂłn sont libĂ©rĂ©s dans le cadre d'une loi d'amnistie gĂ©nĂ©rale (fĂ©vrier 1924). Deux ans plus tard, au dĂ©but de l'annĂ©e 1926, JosĂ© MarĂa Grimaldos est dĂ©couvert vivant dans un village voisin. Au cours d'un processus judiciaire plutĂ´t long, les condamnations seront annulĂ©es par la Cour suprĂŞme.
Fiche technique
- Titre du film : Le Crime de Cuenca
- Titre original : El crimen de Cuenca
- RĂ©alisation : Pilar MirĂł
- Scénario : Dolores (Lola) Salvador Maldonado et Pilar Miró, d'après une idée de Juan Antonio Porto
- Photographie : Hans Burman
- Format : Eastmancolor - 1,66 : 1
- Montage : JosĂ© LuĂs Matesanz
- Son : José Nogueira, Francisco Peramos
- Musique : AntĂłn GarcĂa Abril
- Décors : Fernando Sáenz
- Production : Alfredo Matas pour In-cine Compañia Industrial et Jet Films
- Pays d'origine : Espagne
- Langue originale : espagnol
- Durée : 88 minutes
- Sorties : FĂ©vrier 1980 au Festival de Berlin ; Ă Madrid ; en France.
Distribution
- Daniel Dicenta : Gregorio Valero
- José Manuel Cervino : León Sánchez
- Amparo Soler Leal : "La Varona"
- HĂ©ctor Alterio : le juge Isasa
- Fernando Rey : MartĂnez de Contreras
- Mary Carrillo : Juana
- Guillermo Montesinos : JosĂ© MarĂa Grimaldos, "El cepa"
- Mercedes Sampietro : Alejandra
Autour du film
Le "crime" de Cuenca engendra une autre affaire, celle relative à la censure qui frappa le film de Pilar Miró. Alors que la parution de l'ouvrage éponyme, écrit par Lola Salvador, s'effectua normalement à la mi-décembre 1979, le film fut, au même moment, retenu. On lui reprochait de contenir des scènes constitutives de délit et son dossier fut transmis au Ministère de la Justice. En outre, le Tribunal militaire lança le un ordre de séquestre sans même que le producteur et la réalisatrice en furent avertis. Le , l'instance précité intentait un procès à Pilar Miró pour injures à la Guardia Civil. La réalisatrice espagnole « dut supporter un procès kafkaïen de censure mal cachée avant de pouvoir projeter son film. »[1] « La presse se fit l'écho de ce que cette condamnation avait de choquant : il ne s'agissait nullement de protéger la sensibilité du public, mais de "défendre les bourreaux". C'est-à -dire, en d'autres termes, que les autorités militaires craignaient l'assimilation dans l'opinion publique entre les tortures exercées par quelques-uns et l'attitude de la totalité de l'illustre Corps d'Armée. »[2] De plus, en 1979, la censure ayant disparu en Espagne depuis deux ans, la réalisatrice, en accord avec son producteur, ne prit aucune précaution et traita le sujet suivant « un code de représentation réaliste. »[3] D'ailleurs, « Pilar Miró se défendit en disant que le scénario (écrit avec Lola Salvador) était le produit d'une enquête détaillée et que les faits racontés étaient minutieusement documentés. »[4]
Finalement, à la suite d'une grande vague de solidarité, le film put enfin sortir sur les écrans à la mi-août 1981 en Espagne. « Comme précaution supplémentaire, on ajouta, avant le générique du début, l'inscription suivante : Ce film à caractère historique relate des faits survenus voilà plus de 65 ans, qui firent l'objet d'un procès et d'une sentence. Cette dernière fut révisée et annulée par la Cour d'appel. Le film ne comporte aucune intention d'offense à une quelconque personne, province, institution ou à un Corps de l'État, qui tous méritent le plus grand respect des citoyens. »[5]
Le film de Pilar Miró, précédé d'une immense campagne médiatique, obtint un exceptionnel succès public : El crimen de Cuenca était, en 1993, placé en dixième position au box-office du cinéma espagnol, avec 461 millions de pesetas[6]. « Ce qui, avec le recul des années, pourrait légitimement être un sujet de satisfaction », estime Françoise Heitz, biographe de Pilar Miró[3].
Notes et références
- MarĂa Adell Carmona in : Le cinĂ©ma espagnol, Gremese, Rome, 2011.
- Françoise Heitz : Pilar Miró, vingt ans de cinéma espagnol (1976-1996), Artois Presses Université, Arras, 2001.
- F. Heitz : op. cité.
- M. Adell Carmona in : op. cité.
- Cité par F. Heitz : op. cité.
- J.-C. Seguin : Le cinéma espagnol, Éditions Nathan, Paris, 1994.