Accueil🇫🇷Chercher

La Toilette d'Esther

Esther se parant pour ĂŞtre prĂ©sentĂ©e au Roi AssuĂ©rus dit La Toilette d'Esther, est une peinture Ă  l'huile orientaliste du peintre romantique français ThĂ©odore ChassĂ©riau. RĂ©alisĂ©e en 1841, elle reprĂ©sente un Ă©pisode du Livre d'Esther, quand Esther se prĂ©pare Ă  rencontrer le roi AssuĂ©rus, souverain de Perse, qui la prendra ensuite pour femme. La peinture est conservĂ©e au MusĂ©e du Louvre. Vincent Pomarède, ancien responsable du DĂ©partement des Peintures du musĂ©e, l'a dĂ©crite comme «  l'un des plus cĂ©lèbres tableaux au Louvre »[1].

La Toilette d'Esther
Artiste
Date
Type
Matériau
Dimensions (H Ă— L)
45,5 Ă— 35,5 cm
Mouvement
Propriétaires
No d’inventaire
RF 3900
Localisation
Salle 942 (d)

RĂ©cit

Le sujet dérive du Livre d'Esther (2:8-9, 15), dans lequel le Roi perse Assuérus, après avoir renoncé à sa femme Vashti, cherche une nouvelle reine. Esther, femme d'une grande beauté, trouve grâce auprès d'Hégaï, eunuque chargé de préparer les femmes pour les présenter au roi. En voyant Esther, Assuérus la choisit pour femme. Plus tard, elle révèle qu'elle est juive, et intercède auprès du roi afin d'épargner les vies des Juifs captifs.

L'Ă©pisode avait rarement Ă©tĂ© peint auparavant. Seules deux prĂ©cĂ©dentes versions sont connues: une peinture du XVIIe siècle par Arent de Gelder, et une du XVIIIe siècle par Jean-François de Troy[1]. Comme il n'existait que très peu de descriptions de cet Ă©pisode, ChassĂ©riau se serait inspirĂ© de peintures de femmes Ă  leur toilette, y compris des reprĂ©sentations de VĂ©nus, dont il y avait de nombreux exemples[1].

Description

Le sujet, biblique, est prĂ©texte Ă  l'Ă©vocation d'un Orient mythique et colorĂ©. Esther est reprĂ©sentĂ©e assise au centre de la toile, les bras au-dessus de sa tĂŞte en train d'arranger ses cheveux blonds. Elle est une femme orientale, toute en courbes et en arabesques, et sa pose est « profondĂ©ment Ă©rotique dans son traitement pictural »[1]. Elle est nue jusqu'Ă  la taille, avec des colliers et des bracelets sur ses bras, et ses jambes sont enveloppĂ©es de vĂŞtements blancs et roses. Ă€ gauche, une servante vĂŞtue de bleu apporte des accessoires, et Ă  droite, HĂ©gaĂŻ, vĂŞtu de rouge vif, offre un Ă©crin. 

Plusieurs Ă©tudes prĂ©paratoires existent. Deux dessins au Louvre prouvent que la composition Ă©tait initialement circulaire, un tondo, comme Le Bain turc que le maĂ®tre de ChassĂ©riau, Ingres peignit en 1862[1]. En effet, La Toilette d'Esther, par sa sensualitĂ© et son amour des lignes courbes du corps fĂ©minin, rappelle Ingres et ses odalisques. La luxuriance des accessoires, des Ă©toffes et l'ensemble de la coloration tĂ©moignent de l'admiration de ChassĂ©riau pour Eugène Delacroix[2].

Les historiens de l'Art ont longuement fait remarquer l'affection profonde de ChassĂ©riau pour ses sĹ“urs, et leur influence sur les figures de femmes dans son art[3]. La maĂ®tresse de ChassĂ©riau, ClĂ©mence Monnerot, avait dit : « Adèle a de superbes bras; dans ses peintures, ils apparaissent partout ». Jean-Louis Vaudoyer pensait que la beautĂ© de la sĹ“ur aĂ®nĂ©e de l'artiste pouvait se retrouver dans les bras « musclĂ©s, presque masculins, d'Esther Â»[3].

Le Bain turc, Jean-Auguste-Dominique Ingres, 1862, huile sur bois. Les sensuelles arabesques de nus féminins ont intéressé Chassériau et son maître Ingres[1]

L'exotisme

Le choix de l'Ancien Testament, l'histoire d'une jeune femme libĂ©rĂ©e d'un harem permet Ă  ChassĂ©riau de dĂ©peindre un Orient mythique, romantique et idĂ©alisĂ©. La prĂ©sence de personnages asiatiques et de bijoux somptueux contribue Ă  Ă©rotiser la personne d'Esther[1]. Ayant dĂ©jĂ  peint une Naissance de VĂ©nus et une Suzanne et les Vieillards, ChassĂ©riau a trouvĂ© ici un autre thème qui a permis une franche Ă©vocation sexuelle du corps de la femme[4].

La peinture n'a pas Ă©tĂ© entièrement comprise lorsqu'elle a Ă©tĂ© exposĂ©e pour la première fois au Salon de Paris de 1842[1]. Plus tard, elle inspirera des peintres tels que François LĂ©on Benouville et Gustave Moreau[1].

La Toilette d'Esther a été léguée au musée du Louvre en 1934 par le baron Arthur Chassériau, un parent éloigné de l'artiste, avec également la plupart des œuvres du peintre en sa possession.

Notes

  1. Guégan 145
  2. Louvre
  3. Guégan 70
  4. Guégan 142, 145

Références

  • GuĂ©gan, StĂ©phane, et au. ThĂ©odore ChassĂ©riau (1819-1856): L'Inconnu Romantique. New York, The Metropolitan Museum of Art, 2002. (ISBN 1-58839-067-5)

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.