La Procession Ă l'ermitage Saint-Isidore
La Procession de Saint-Isidore (espagnol : La romerĂa de San Isidro) est l'une des peintures Ă l'huile sur plâtre de la sĂ©rie des Peintures noires avec lesquelles Francisco de Goya avait dĂ©corĂ© les murs de sa maison Quinta del Sordo. La sĂ©rie a Ă©tĂ© peinte entre 1819 et 1823.
Contexte
La toile occupait probablement le mur droit du rez-de-chaussĂ©e Ă l’entrĂ©e. En 1873, Émile Baron d'Erlanger (1832-1911) Ă©tait propriĂ©taire de la maison de Goya la Quinta del Sordo oĂą Ă©tait peinte la scène avec le reste des peintures noires. Elle fut transformĂ©e, Ă l’instar des autres peintures noires, en huile sur toile en 1874 par Salvador MartĂnez Cubells, sur commande du baron Émile d'Erlanger un banquier français, d'origine allemande, qui avait l'intention de la vendre Ă l'Exposition universelle de Paris en 1878. Cependant, ce travail n'attira pas les acheteurs et il en fit don en 1881 au MusĂ©e du Prado, oĂą il est exposĂ©[2]. Cubells Salvador MartĂnez (1842-1914), Ă©tait restaurateur du musĂ©e du Prado et membre de l'AcadĂ©mie royale des Beaux-Arts de San Fernando. Il passa la peinture sur plâtre sur une toile d'après le goĂ»t de l'Ă©poque. Martinez Cubells fut assistĂ© par ses frères Enrique et Francisco (...) [3]
Avant de la transférer sur plâtre, il photographia les peintures in situ sur un mur du salon du rez-de-chaussée. L’original est un daguerréotype de 27 x 36 cm, se conservée aux Archives Ruiz Vernacci, à Madrid. La toile était entourée de papiers peints du milieu du XIXe siècle.
Analyse
La toile est une vision de la procession vers l’ermitage Saint Isidore de Madrid totalement opposée à celle que le peintre avait réalisée vingt ans auparavant avec La Prairie de Saint-Isidore. S’il s’agissait sur la première toile de refléter les coutumes d’une journée de fête à Madrid, la seconde montre un groupe de personnages de nuit, visiblement ivres et chantants avec des visages inquiétants. Les personnages appartiennent à diverses couches sociales. Au premier plan, ce sont des gens du peuple, plus au fond, on voit des chapeaux haut-de-forme, et des voiles de sœurs. Le thème de la procession était utilisé pour mettre en avant des aspects théâtraux ou satiriques. En ce sens, la toile fait un parallèle avec L'Enterrement de la sardine, peint entre 1812 et 1819, peu avant d’exécuter les fresques de sa maison la quinta del Sordo et les peintures noires. Goya représentait régulièrement des foules se perdant dans le lointain. C’était déjà le cas avec La Prairie de Saint Isidore et plus tard avec nombre des gravures des Désastres de la guerre. En arrière-plan de la toile, la foule défilant se confond avec les roches du paysage montagneux ; l’espace ouvert devient une masse solide et compacte, déshumanisée, en un groupe informe, avec une seule exception : à droite, un personnage dont le spectateur ne voir que le buste semble gémir, ou peut-être chanter. Le côté énigmatique de cette série de peintures est un prélude à l’absence de ressemblance de l’art contemporain. La gamme chromatique est réduite aux ocres, terres, gris et noirs. Le tableau, comme le reste de la série, est un précurseur de l’expressionnisme du XXe siècle.
Notes et références
- (es) Carlos Teixidor, « FotografĂas de Laurent en la Quinta de Goya », Descubrir el Arte, no 154,‎ , p. 48-54
- Cf. Bozal (2005), vol. 2, p. 247
- Bozal, Francisco Goya, la vie et le travail, (2 vol.) Madrid, Tf. Publishers, 2005, vol. 2, p. 247, (ISBN 84-96209-39-3).
Bibliographie
- AgustĂn Benito Oterino, La luz en la quinta del sordo: estudio de las formas y cotidianidad, Madrid, Universidad Complutense, 2002, págs. 32. EdiciĂłn digital (ISBN 84-669-1890-6).
- Valeriano Bozal
- Francisco Goya, vida y obra, (2 vols.) Madrid, Tf. Editores, 2005. (ISBN 84-96209-39-3).
- Pinturas Negras de Goya, Tf. Editores, Madrid, 1997.
- Carlos D'ors FĂĽhrer et JosĂ© Luis Morales MarĂn, Los genios de la pintura: Francisco de Goya, Madrid, Sarpe, 1990. SecciĂłn «Estudio de la obra seleccionada», por Carlos D'Orf FĂĽhrer, pág. 93. (ISBN 84-7700-100-6)
- Nigel Glendinning, Francisco de Goya, Madrid, Cuadernos de Historia 16 (col. «El arte y sus creadores», no 30), 1993.
- Rose-Marie et Rainer Hagen, Francisco de Goya, Colonia, Taschen, 2003. (ISBN 3-8228-2296-5).
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- (es) FundaciĂłn Goya en AragĂłn
- (es) Musée du Prado