La Maison dans la forĂȘt (conte)
La Maison dans la forĂȘt (en allemand : Das Waldhaus) est un conte de Grimm (KHM 169). Il a donnĂ© son nom au conte-type AT 431 (« The House in the Forest ») de la classification Aarne-Thompson. Andrew Lang en a inclus une traduction anglaise, intitulĂ©e The House in the Wood[1], dans son recueil The Pink Fairy Book (1897).
La Maison dans la forĂȘt | |
Illustration d'Arthur Rackham (1917) | |
Conte populaire | |
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Titre | La Maison dans la forĂȘt |
Titre original | Das Waldhaus |
Aarne-Thompson | AT 431 |
KHM | KHM 169 |
Folklore | |
Genre | Conte merveilleux |
Pays | Allemagne |
Version(s) littéraire(s) | |
Publié dans | FrÚres Grimm, Contes de l'enfance et du foyer |
Résumé
Un bĂ»cheron vit avec sa femme et ses trois filles Ă la lisiĂšre d'une forĂȘt. Il demande successivement Ă chacune de ses filles de lui apporter son dĂ©jeuner dans la forĂȘt, sur son lieu de travail, et marque dans ce but son chemin avec des graines. Mais les oiseaux mangent les graines et les filles s'Ă©garent l'une aprĂšs l'autre.
Chacune des trois filles Ă son tour parvient jusqu'Ă une maison dans la forĂȘt, oĂč habitent un vieil homme et ses bĂȘtes : un coq, une poule et une vache. Elle demande l'hospitalitĂ© et le vieux consulte ses animaux, qui lui rĂ©pondent simplement : Duks, ce qu'il interprĂšte comme un accord de leur part. Ă la demande du vieux, la jeune fille prĂ©pare le dĂźner, mais les deux premiĂšres ne pensent pas aux animaux. Lorsqu'elles montent se coucher, le vieux les fait tomber par une trappe dans la cave.
La troisiĂšme fille a bon cĆur : avant de manger, elle s'occupe de nourrir les bĂȘtes. Elle monte se coucher et le vieillard s'endort prĂšs d'elle. Au cours de la nuit, elle entend un grand vacarme, mais finalement il ne lui arrive rien de mal. Ă son rĂ©veil, elle se retrouve dans un palais magnifique ; le vieillard, qui Ă©tait un prince ensorcelĂ© (les animaux Ă©taient ses serviteurs), a repris sa forme premiĂšre grĂące Ă la bonne action de la jeune fille. Il l'Ă©pouse et invite ses parents au mariage. Quant aux deux mauvaises sĆurs, elles sont condamnĂ©es Ă travailler chez un charbonnier jusqu'Ă ce qu'elles soient devenues meilleures.
Commentaires et analogies
Ce conte a Ă©tĂ© transmis aux frĂšres Grimm par Karl Goedeke, qui l'avait notĂ© en 1838 prĂšs d'Alfeld d'aprĂšs un rĂ©cit oral. Une source littĂ©raire figure dans un recueil anonyme de 1801, Feen-MĂ€rchen (« Contes de fĂ©es », premier texte)[2]. Les Grimm dĂ©crivent le prĂ©sent conte comme une vieille « lĂ©gende animale » (Thiersage), dans laquelle « les animaux sont considĂ©rĂ©s et soignĂ©s comme des membres de la famille »[2] ; ils considĂšrent que le motif des ĂȘtres humains mĂ©tamorphosĂ©s ne s'y est ajoutĂ© que plus tard[2] et font le lien avec le conte intitulĂ© Dame Holle, dans lequel Ă©galement une jeune fille quitte ses parents et entre au service d'un personnage surnaturel. Le conte prĂ©sente aussi des analogies avec la lĂ©gende pour enfants de Saint Joseph dans la forĂȘt (de)[2] (KHM 201, ou KL 1)[3].
Stith Thompson note dans The Folktale que ce conte jouit d'une certaine popularité, et comporte divers motifs que l'on retrouve dans des contes plus connus : ainsi des graines mangées par les oiseaux (HÀnsel et Gretel). Il indique toutefois que seules neuf versions du conte ont été notées, et qu'elles semblent toutes dériver de la version des Grimm.
Hans-Jörg Uther indique que ce conte se combine parfois avec les contes-types ATU 480 (La Bonne et la mauvaise fille, prĂ©cĂ©demment Les Fileuses auprĂšs de la source. La Bonne et la mauvaise fille) et ATU 510A (Cendrillon). Il signale que dans certaines variantes, une jeune fille, maltraitĂ©e par sa marĂątre, parvient Ă la maison dans la forĂȘt en suivant une boule de pain qui roule toute seule[4]. Le vieil homme est parfois un homme-animal, ou un esprit de la forĂȘt. Les animaux conseillent Ă l'hĂ©roĂŻne de dormir avec le vieillard, ce qui met fin Ă l'enchantement.
Delarue et TenÚze mentionnent briÚvement ce conte-type, signalant que leur version nivernaise (La Maison du bois, de Millien-Delarue), reproduit quasi exactement la version des Grimm. Ils indiquent aussi deux versions québécoises.
Dans ce conte, les dialogues entre ĂȘtres humains et animaux se prĂ©sentent sous la forme de courts passages rimĂ©s :
(Les bĂȘtes aux deux premiĂšres jeunes filles) :
âDu hast mit ihm gegessen, |
Tu as mangé avec lui, |
(Les bĂȘtes Ă la troisiĂšme) :
âDu hast mit uns gegessen, |
Tu as mangé avec nous, |
Notes et références
- Une autre traduction anglaise est The Hut in the Forest.
- Notes de Natacha Rimasson-Fertin.
- Voir aussi le conte russe de Morozko.
- Voir Kolobok (conte slave). Habituellement dans les contes, il s'agit plutÎt d'une pelote qui roule toute seule, réminiscence possible du mythe d'Ariane et de Thésée dans le Labyrinthe.
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- (fr) Les FrÚres Grimm, Contes pour les enfants et la maison, trad. Natacha Rimasson-Fertin, José Corti, 2009 (ISBN 978-2-7143-1000-2) (tome I).
- (fr) Paul Delarue et Marie-Louise TénÚze, Le Conte populaire français. Catalogue raisonné des versions de France et des pays de langue française d'outre-mer, Nouvelle édition en un seul volume, Maisonneuve & Larose, 1997 (ISBN 2-7068-1277-X)
- (en) The Pink Fairy Book, éd. Andrew Lang, 1897 ; réimpression Dover Publications, 1967, 2008 (ISBN 978-0-486-46966-9)
- (en) Hans-Jörg Uther, The Types of International Folktales : A Classification and Bibliography Based on the System of Antti Aarne and Stith Thompson, Academia Scientiarum Fennica, coll. « Folklore Fellow's Communications, 284-286 », Helsinki, 2004 (réimpr. 2011). Part I : Animal Tales, Tales of Magic, Religious Tales, and Realistic Tales, with an Introduction (ISBN 978-951-41-1054-2)
- (en) Stith Thompson, The Folktale, University of California Press, 1977 (rééd.) (ISBN 0-520-03359-0)