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La Gnose de Princeton

La Gnose de Princeton est un livre écrit par l'auteur français Raymond Ruyer, paru en 1974 aux éditions Fayard.

Contenu

Raymond Ruyer affirme qu'il est en communication avec un groupe informel de scientifiques américains de l'université de Princeton, représentants d'un mouvement de pensée créé dans les années 1960 par des scientifiques des universités de Princeton et de Pasadena, aux États-Unis. Il s'agirait d'un courant d'idées ayant pour objet l'élaboration d'une philosophie et d'une théologie scientifiques remettant à l'endroit le vieux mécanisme et le positivisme matérialiste. C'est donc une forme de spiritualisme qui réfute l'existence de la matière au sens courant du terme et qui tend vers une forme de panthéisme ou de panpsychisme qui se veut scientifique.

Dans cet ouvrage, Ruyer expose des thèses très personnelles que l'on retrouve dans ses autres ouvrages, mais ici exposĂ©es sous une forme plus Ă©tayĂ©e, avec des arguments mieux prouvĂ©s[1]. Après l'exposition de la science et de la thĂ©ologie nĂ©o-gnostique, Ruyer expose la sagesse et la foi nĂ©o-gnostique. Parmi les thèmes et notions dĂ©veloppĂ©s dans l'ouvrage, figurent, le monde Ă  l'envers et le monde Ă  l'endroit, les antiparadoxes[2], les accolades domaniales et les holons, la conscience cosmique, les choisisseurs incorporĂ©s, les participables et le Particibable universel, la langue maternelle universelle, le « dĂ©ficelage » de l'esprit dans l'univers, l'organisme psychique, l'Ă©dification psychologique, les « montages Â» et les « jeux Â» avec l'univers, la mort et l'immortalitĂ©.

Une idée revient en permanence dans l'ouvrage : "Il pense" dans l'univers comme "il pleut" sur la planète.

Sources et réception

L'ouvrage marquĂ© d'humour est un succès, et l'auteur y prĂ©sente en rĂ©alitĂ© sous une forme synthĂ©tique l'essentiel des idĂ©es qu'il a dĂ©veloppĂ©es au cours de sa carrière[3]. Le succès Ă  part de l'ouvrage montre que la plupart des lecteurs et des critiques littĂ©raires n'ont pas compris le canular[4]. Jean-Émile Charon, par exemple, note avec le plus grand sĂ©rieux la concordance de sa pensĂ©e avec la Nouvelle gnose amĂ©ricaine et reprend Ă  son compte l'expression de physique « nĂ©o-gnostique Â»[5]. Pourtant, dès 1975, AndrĂ© Michel note, dans un article intitulĂ© La liquidation du matĂ©rialisme : « On se dit que si un tel homme a voulu se payer la tĂŞte d'une intelligentsia française dont la balourdise en matière de philosophie scientifique le fait sourire, personne ici ne sera de taille Ă  dĂ©monter sa machine. Ce qui est indubitable ! Raymond Ruyer est le seul homme en France capable d'inventer jusque dans ses dĂ©tails les plus prĂ©cis un Ă©norme système philosophique englobant l'astronomie, la physique, la biologie molĂ©culaire, la biologie du comportement, l'informatique, la linguistique, et j'en passe, et de l'attribuer comme dans une nouvelle de Borgès, Ă  une sociĂ©tĂ© semi-secrète de pensĂ©e dont l'inexistence est impossible Ă  dĂ©montrer »[6].

La principale source d'inspiration du mouvement serait Samuel Butler, un des auteurs préférés de Ruyer. Un autre précurseur direct serait A. N. Whitehead[7]. Parmi les auteurs cités dans la bibliographie de l'ouvrage censés exposer « toutes les racines et tous les éléments de la Nouvelle Gnose », figurent, entre autres, Gustav Stromberg, Edward Arthur Milne (Modern Cosmology and the Christian Idea of God, 1952) ; V. F. Weisskopf ; E. T. Whittaker (Le commencement et la fin du monde, 1953) ; C. F. von Weizsäcker ; G. J. Whitrow ; D. W. Sciama ; David Bohm ; I. J. Good (Quand les savants donnent libre cours à leur imagination, 1967) ; Fred Hoyle ; Richard Feynman ; Yeremey Parnov (Au carrefour des infinis, 1972) ; Arthur Koestler ; Eric Berne, etc. Les seuls auteurs français cités sont Jacques Merleau-Ponty (Les Trois Étapes de la Cosmologie) et Olivier Costa de Beauregard (La Notion du temps).

Si un tel mouvement n'a jamais existé en Amérique, l'ouvrage n'en reste pas moins représentatif du bouillonnement d'idées en vogue dans les campus américains des années 1960/1970.

Le livre fut suivi d'une suite, Les Cent prochains siècles : Le destin historique de l'homme selon la Nouvelle Gnose américaine (Fayard, 1977), qui, dans le même esprit, applique à l'histoire humaine et à la futurologie le procédé utilisé avec succès dans La Gnose de Princeton.

Notes et références

  1. Raymond Ruyer, de la science à la théologie, collectif sous la direction de Louis Vax et Jean-Jacques Wunenburger (éditions Kimé, 1995).
  2. Selon Ruyer, un antiparadoxe est une proposition irrĂ©futable, du genre : « Il pense dans l'univers Â», comme on dirait « Il pleut sur la cĂ´te Atlantique Â», La Gnose de Princeton, collection Pluriel, p. 67-74.
  3. Danièle Hervieu-Léger, « Ruyer (Raymond) La Gnose de Princeton [compte-rendu] », Archives de sciences sociales des religions, vol. 39, no 1,‎ , p. 253-254 (lire en ligne, consulté le )
  4. Raymond Ruyer, de la science à la théologie, article de Jean Borella, La gnose ruyérienne, religion de l'âge scientifique, p. 223 : « L'idée lui vint d'attribuer les idées qui étaient les siennes à un groupe mystérieux de savants américains, dont il ne serait en quelque sorte que le scribe, persuadé qu'ainsi ses propres thèses apparaîtraient beaucoup plus remarquables et seraient de fait beaucoup plus remarquées ».
  5. Préface de L'Esprit, cet inconnu, Albin Michel, 1977, (ISBN 2226232818).
  6. Article paru dans la revue Question de, 1er trimestre 1975 et repris dans la revue de presse de la réédition de l'ouvrage chez Fayard, collection Pluriel, p. 434.
  7. Une lecture gnostique de Whitehead a d'ailleurs été proposée par Michel Weber dans son Essai sur la gnose de Harvard. Whitehead apocryphe, Louvain-la-Neuve, Éditions Chromatika, 2011.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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