L'Arianna (Scarlatti)
Ebra d'amor fuggia (« Ivre d'amour »)
L'Arianna (H.242), est une cantate de chambre du compositeur italien Alessandro Scarlatti, composée pour voix de soprano, deux violons et basse continue. Le librettiste n'est pas connu, ni la date de composition.
À distinguer de la cantate H.209, qui porte le même sur-titre, « L'Arianna » (et un, plus précis dans un autre manuscrit : « L'Arianna abbandonata »), et qui est fondée sur un autre texte, avec l'incipit, Dove alfin mi traeste ?.
Présentation
Jusqu'au tournant du XVIIIe siècle, les évocations issues de la mythologie grecque sont nombreuses dans le répertoire de la cantate de chambre italienne[1]. L'argument de l'Arianna se place après qu'Ariane, princesse de Crète, ait aidé Thésée à sortir du Labyrinthe et à vaincre le Minotaure. Ariane rêve d'épouser Thésée, mais le héros l'abandonne : pendant le sommeil d'Ariane, Thésée prend la mer pour retourner à Athènes. Pleurant toutes les larmes de son corps, voulant se jeter à l'eau du haut d'une falaise, elle est sauvée par Bacchus qui l'emporte dans les airs…
Les instruments ne se contentent pas d'accompagner le chant, ils sont de véritables partenaires dans la partition, notamment dans la troisième aria Ingoiatelo, laceratelo… (« Dévorez-le, déchirez-le »), où ils soutiennent et illustrent la rage contre Thésée[2].
Structure
L'Arianna del Cavalier Sig. Alessandro Scarlatti
- Sinfonia. Allegrissimo – Allegro, / en fa majeur
- Ebra d'amor fuggia (recitativo),
- Pur ti stringo (aria ; violon I),
- Teseo l'accarezzĂ lui tanto (recitativo),
- Stringa si dolce nodo (aria ; violons I et II) Moderato, en fa majeur
- Ma poi che desta vide (recitativo),
- Ingoiatelo, laceratelo (aria) Vivace, en ré majeur
- Ah que son con Teseo permio tormento (recitativo) risoluto,
- Struggiti or cor in pianto (aria), Lento
en ut mineur - Si disse che in tanto pianse (arioso) en fa majeur
Après une sinfonia très vive, en deux parties (dont la deuxième est subdivisée également en deux, avec reprises), le premier récitatif Ebra d'amor fuggia da le soglie paterne… (« Ivre d'amour, la belle Ariane fille du souverain de Crète… ») décrit les retrouvailles de Thésée et Ariane. Dans l'aria suivante Pur ti stringo, o mio diletto… (« Enfin mes bras t'enlacent, ô mon amant »), la princesse laisse libre cours à son bonheur. Teseo l'accarezzà lui tanto (« Thésée la caressa »)... Mais pendant son sommeil Thésée s'en va pour Athènes, laissant dormir Ariane qui, dans l'air suivant Stringa si dolce nodo (« Que soit lié l'ardent amour ») exprime encore son amour qu'elle croit indéfectible.
Le récitatif suivant saisit Ariane lorsqu'elle découvre que Thésée l'a abandonnée. L'aria Ingoiatelo, laceratelo ondosi vortici (« Dévorez-le, déchirez-le, vagues écumantes, monstres de la mer… ») est la supplique d'Ariane aux dangers de la mer.
Durée : près de vingt minutes.
Texte
Le troisième récitatif et son aria.
« [Recitativo] Ma poi che desta vide
Se abbandonata e sola,
E vide il legno che volando
Rapia la sua speranza […]
[Aria] Ingoiatelo, laceratelo
ondosi vortici,
Mostri del mar.
Sorgete o tempeste
Atroci et funeste
Le membra barbare
A divorar! »« Lorsqu'elle s'éveilla,
elle se trouva abandonnée et seule,
Et vit au loin le navire qui fuyait,
Lui enlevant tout espoir […]
Dévorez-le, déchirez-le,
Vagues Ă©cumantes,
Monstres de la mer
Levez-vous, Ă´ tempĂŞtes,
Atroces et funestes,
Et dévorez les membres
De ce barbare ! »
Manuscrits
- Paris, Bibliothèque nationale de France, F-Pn (FG 10502)
- I-BGi
- I-Fc
- I-Gl
- I-Mc
- I-MOe
- Naples, Conservatorio di Musica San Pietro a Majella, I-Nc (Rari 7.1.13)[3]
- I-Vnm
Discographie
- Arianna - Anne Finet, soprano ; Ensemble baroque de l'Ouest (, EBO 8901) (BNF 39634485)
- Cantates, vol. 1. L'Arianna (H.242) - Christine Brandes, soprano ; Arcadian Academy, dir. Nicholas McGegan (23-, Conifer Classics 75605512932 / DHM) (OCLC 659099678) — avec Già lusingato appieno ; Poi che riseppe Orfeo (H.572) ; Bella madre dei fiori.
- L'Arianna (H.242) - Adriana Fernandez, soprano ; Concerto de’ Cavalieri, dir. Marcello Di Lisa (22-, CPO 777 748-2) (OCLC 906158719) — avec L'Olimpia (H.698) ; Su le sponde del Tebro (H.705).
- L'Arianna (H.242) - Kate Lindsey, mezzo-soprano ; ens. Arcangelo, dir. Jonathan Cohen (, Alpha 576) — avec des cantates de chambre de Haendel (Ah! Crudel, nel pianto mio, HWV 78) et Haydn (Arianna a Naxos, Hob. XXVIb:2).
Notes et références
- Danuth 1996, p. 10–11.
- Danuth 1996, p. 11.
- I-Nc (Rari 7.1.13) sur internetculturale.it.
Bibliographie
Article connexe
Liens externes
- L'Arianna (Ebra d'amor fuggia), partitions libres sur l’International Music Score Library Project.