L'Enseignement de Vimalakīrti (Vimalakīrtinirdeśa)
L'Enseignement de Vimalakīrti (Vimalakīrtinirdeśa) est un ouvrage de l'indianiste Étienne Lamotte, qui réunit une importante étude et la traduction en français du Sūtra de Vimalakīrti. Il a été publié en 1962 par l'Institut orientaliste (Instituut voor Oriëntalisme) de l'Université catholique de Louvain, et traduit en anglais en 1976.
Présentation et jugement
Dans son compte-rendu de l'ouvrage, Jacques May présente les principaux éléments qui encadrent la traduction. L’introduction d’un peu moins de cent pages aborde les points suivants[1] :
1. Une présentation des traductions existantes, en particulier chinoises, tibétaines et en langues occidentales, mais aussi des fragments en langues sogdienne et khotanaise.
2. La question des titres du soutra.
3. La philosophie du texte : ses liens avec le Madhyamaka et le Yogacara
4. Les sources
5. La datation du soutra, qu’il situe au plus tard au 2e siècle de l’ère commune, sans que l’on puisse, note Lamotte, préciser le terminus a quo (au moment où l’ouvrage était publié).
6. Une concordance des chapitres entre la version tibétaine et les trois versions chinoises de Zhi Qian (en), Kumârajîva et Xuanzang
7. La localisation de l’action, avec ses allées et venues entre le parc de l’Âmrapâlivana et la maison de Vimalakîrti.
8. Vimalakîrti dans la tradition indienne
Vient ensuite la traduction, suivie par un premier appendice de Lamotte qui traite différents problèmes ou questions de vocabulaire du soutra. Par exemple, la cosmologie mystique du Mahayana, les maladies du Bouddha (comment cet être parfait peut-il être malade ?) ou encore les notions de Prajña et Bodhi dans le Hinayana et le Mahayana. Un deuxième appendice, dû à Paul Demiéville traite de Vimalakirti en Chine : raisons du succès du soutra, sa diffusion sous les Tsin orientaux, puis les Tang et les Song, l’influence sur la littérature populaire et les arts durant ces deux périodes. L’ouvrage comporte en outre un riche index d’une vingtaine de pages[1].
Ajoutons que Lamotte a utilisé 200 manuscrits sanskrits et tibétains pour corroborer et rassembler les éléments pertinents pour sa traduction[2].
Pour Patrick Carré, qui a donné une nouvelle traduction en français du Sûtra de Vimalakîrti, l'ouvrage de Lamotte est « remarquable ». « [C'est] un chef-d’œuvre dans son genre; précédée d'une copieuse introduction et suivie d'appendices des plus fournis, cette grande traduction française suit au plus près la version tibétaine, la met en parallèle, lorsqu'il se doit, avec celle de Xuanzang et, parfois, la compare en note avec celle de Kumârajîva. Chaque terme technique est suivi entre parenthèses de son équivalent sanskrit, cité ou reconstitué[3]. »
Notes et références
- Jacques May, « L'Enseignement de Vimalakīrti (Vimalakīrtinirdeśa) », T'oung Pao, vol. 51, no 1, , p. 94-98 (lire en ligne)
- Bharati, p. 367.
- « À propos du "Soûtra de Vimalakîrti" » in Soûtra de la Liberté inconcevable. Les enseignements de Vimalakîrti, (trad. du chinois par Patrick Carré), Paris, Fayard, 2011, p. 9
Bibliographie
Traduction de É. Lamotte
- L'Enseignement de Vimalakīrti (Vimalakīrtinirdeśa) (trad. et annoté par Étienne Lamotte), Louvain-la-Neuve, Institut orientaliste, , xv, 488 (lire en ligne)
Traduction du livre en anglais
(en) The Teaching of Vimalakīrti (Vimalakīrtinirdeśa). From the French Translation with Introduction and Notes (trad. en anglais par Sara Boin), London, Routledge and Kegan Paul for Pali Text Society, , cxvi, 335 (ISBN 0-710-08540-0)
Comptes-rendus sur le livre
- (en) A. Bharati, « L'Enseignement de Vimalakīrti (Vimalakīrtinirdeśa) », Artibus Asiae, vol. 26, nos 3/4, , p. 366-368 (DOI https://doi.org/10.2307/3249001, lire en ligne)
- Jacques May, « L'Enseignement de Vimalakīrti (Vimalakīrtinirdeśa) », T'oung Pao, vol. 51, no 1, , p. 85-98 (lire en ligne)
- (en) Richard H. Robinson, « Review of L'enseignement de Vimalakirti », Indo-Iranian Journal (en), vol. 9, no 2, , p. 150-159 (lire en ligne)
- (en) Paul M. Williams (Review on the English Translation by Sara Boin), « The Teaching of Vimalakīrti (Vimalakīrtinirdeśa) », Journal of the Royal Asiatic Society (en), vol. 111, no 2, , p. 171-172 (DOI https://doi.org/10.1017/S0035869X00135658, lire en ligne)