Katia Kameli
Katia Kameli est une artiste franco-algérienne, née à Clermont-Ferrand en 1973.
Parcours artistique
NĂ©e en 1973 Ă Clermont-Ferrand dâun pĂšre algĂ©rien musulman et dâune mĂšre française chrĂ©tienne, qui divorcent lorsqu'elle a 6 ans[1], elle vit entre le Maghreb et la France. Katia Kameli obtient en 2000 un DNSEP Ă lâĂcole nationale supĂ©rieure d'art de Bourges puis en 2003 un post-diplĂŽme Le CollĂšge invisible dirigĂ© par Paul Devautour Ă lâĂcole supĂ©rieure d'art et de design Marseille-MĂ©diterranĂ©e[2] - [3]. Elle vit et travaille Ă Paris.
Lâartiste utilise lâinstallation, la photographie, la vidĂ©o et le son afin de permettre au spectateur de se saisir de plusieurs niveaux de lecture et de comprĂ©hension. Ces vidĂ©os sont entre le documentaire et le cinĂ©ma expĂ©rimental et interrogent les archives, l'histoire et les mĂ©moires collectives[1] - [4].
Ses Ćuvres sont prĂ©sentes dans plusieurs collections publiques, notamment du FRAC Poitou-Charentes, du Centre Pompidou, du Frac Haut-de-France et du CNAP (Centre national des arts plastiques). Son travail est rĂ©guliĂšrement exposĂ©, dans diffĂ©rents pays et diffĂ©rentes villes dont Londres[3], Marrakech[3], Paris[1] - [4], Marseille[3], Dakar[3] et New York (galerie Taymour Grahne)[3].
Recherches artistiques
Une démarche contextuelle
Katia Kameli dĂ©veloppe une approche spĂ©cifique du territoire qui privilĂ©gie la « dĂ©rive », un concept empruntĂ© au situationnisme, mouvement fondĂ© par Guy Debord en 1957, et selon lequel la dĂ©couverte du territoire se fait par un rĂ©seau dâexpĂ©riences vĂ©cues[5] (Futur, The Situationnist Effect, 7 Acts of Love in 7 Days of Boredom). Cette expĂ©rimentation psychogĂ©ographique conduit lâartiste Ă reconsidĂ©rer lâespace urbain Ă travers la superposition et le mĂ©lange des rĂ©fĂ©rences.
Katia Kameli porte une attention particuliĂšre au pourtour mĂ©diterranĂ©en et Ă lâAfrique. Cet ancrage gĂ©ographique, dĂ©cor de nombre de ces Ćuvres (Ya Rayi, Le Roman algĂ©rien, Untitled, Bledi in Progress) fait Ă©cho aux expĂ©riences personnelles et Ă la double identitĂ© franco-algĂ©rienne de lâartiste.
Lâartiste comme traducteur
Sâinspirant de cette double culture qui fonde son identitĂ©, Katia Kameli envisage son rĂŽle en tant quâartiste comme celui dâun traducteur[6]. Ă travers ses Ćuvres, elle rĂ©flĂ©chit sur la notion dâĂ©changes culturels Ă la base de la construction identitaire individuelle et/ou nationale[7].
Lâartiste sâintĂ©resse particuliĂšrement au principe dâintĂ©gration qui repose, selon elle, sur la capacitĂ© dâun individu Ă sâintĂ©grer au sein de la culture locale en rĂ©interprĂ©tant les principes de cette culture Ă lâaune de sa propre expĂ©rience. Lâacte de traduction est alors Ă la fois un moyen de transmission et de rĂ©interprĂ©tation culturelle comme dans The Storyteller[8], mais il est aussi lâoccasion de dĂ©construire la relation binaire et hiĂ©rarchisĂ©e entre lâoriginal et la copie[9].
Le tiers-espace et la notion de récit
La notion de « tiers-espace » est trĂšs prĂ©sente dans le travail de lâartiste. Concept hĂ©ritĂ© des Cultural Studies et des thĂ©ories littĂ©raires postcoloniales, le « tiers espace » est dĂ©fini par Homi Bhabha, comme « un espace qui dĂ©range les histoires qui le constituent, les place en Ă©tat critique, et permet des allers-retours entre lâHistoire et les narrations »[6].
Pour dĂ©crire son approche, Katia Kameli se rĂ©fĂšre dâailleurs souvent Ă la langue anglaise qui possĂšde deux mots distincts pour une mĂȘme Ă©tymologie : history et story[6]. Le premier dĂ©finit la discipline, celle de la mĂ©moire des hommes. Le deuxiĂšme signifie le rĂ©cit, rĂ©el ou imaginaire. Lâartiste construit ainsi ses Ćuvres autour de lâĂ©mergence dâun « tiers-espace » dans lequel de nouvelles visions, formes et positions peuvent exister[7]. Ce « tiers-espace » permet la rĂ©Ă©criture de rĂ©cits souvent considĂ©rĂ©s comme fondateurs par la culture dâorigine. Dans Stream of Stories, Katia Kameli questionne par exemple les origines orientales des Fables de Jean de La Fontaine, texte clĂ© de la culture française[10].
Interdisciplinarité
Ă travers son travail, Katia Kameli cherche Ă mettre en lumiĂšre une histoire, globale, faite de frontiĂšres poreuses et dâinfluences rĂ©ciproques.
La dĂ©marche artistique de lâartiste se veut interdisciplinaire. Kameli collabore frĂ©quemment dans ses Ćuvres avec des intellectuels internationaux tels que la philosophe des images Marie-JosĂ© Mondzain (Le Roman algĂ©rien Chapitre 2), lâĂ©crivaine Wassyla Tamzali (Le Roman algĂ©rien chapitre 1 et 2) ou encore Omar Berrada, directeur du centre Dar al-MaâmĂ»n, bibliothĂšque et rĂ©sidence dâartistes Ă Marrakech. Ces rencontres alimentent le processus de recherche de lâartiste qui construit ses Ćuvres comme des works in progress dont les dĂ©veloppements se dĂ©ploient souvent sur plusieurs chapitres[11].
Expositions personnelles
- What Language Do You Speak Stranger?, The Mosaic Rooms, Londres, 2016
- Futur, Artconnexion, Lille, 2016
- Situationist Effect, Taymour Grahne gallery, New York, 2014
- Third Space, Galerie Mamia Bretéché, Paris, 2013
- 7 Acts of Love in 7 days of Boredom, Transpalette, Bourges, 2012
- Duty Free, Vidéochroniques, Marseille, 2012
- Dislocation et champ de contrainte élastique, Synesthésie, St-Denis, Paris, 2009
Publications
Catalogues dâexposition
- Farewell Photography, Biennal fĂŒr aktuelle fotografie, 2017
- Tous, des sangs mĂȘlĂ©s, Mac Val, 2017
- Afrique Capitales, Kehrer Verlagž 2017
- Rock the Kasbah, Institut des Cultures de lâIslam, 2017
- Stream of Stories, livret dâexposition, The MosaĂŻc Rooms, Londres, 2016
- Les Parfums de lâIntranquilitĂ©, HĂŽtel des Arts, Toulon, 2016
- Made In Algeria, Mucem, Marseille, 2016
- Where weâre at ! Other voices on gender, Bozar Books/SilvanaEditoriale, 2014
- DakâArt, Biennale de Dakar 2012
- Higher Atlas, Biennale de Marrakech, 2012
- Rencontre de Bamako, Mali, 2011
SĂ©lection dâarticles
- (en) Katia Kameli, âOrality, an Immaterial Heritageâ, Ibraaz,
- (en) Kari Rittenbach «Marrakech Biennale 4», Frieze Magazine,
- (en) Silke Schmickl, âKatia Kameli- Hybridation as a creative processâ, Universe in Universe, 2008
Reportages
- L'Atelier A - Katia Kameli, Arte Creative, 2016
- 7 Acts of Love in 7 Days of Boredom, Transpalette, Bourges, exposition du au
Ouvrage théorique
Siobhan Shilton, Transcultural Encounters- Visualizing France and the Maghreb in Contemporary Art, collection âRethinking artâs historiesâ, Manchester University Press, 2013
Notes et références
- Roxana Azimi, « Le « Roman algĂ©rien » de Katia Kameli sâexpose au Frac de Marseille », Le Monde,â (lire en ligne)
- Louie Badie, « Katia Kameli », sur Coté Magazine
- « Katia Kameli », sur le site d'AfricaMuseum
- Claire MoulĂšne, « Katia Kameli, Ćuvre dâarchives », LibĂ©ration,â (lire en ligne)
- Nathalie Angles, Draft, livret d'exposition, Location One, New York, 2008
- Rachel Jarvis, âWhat Language Do You Speak Stranger?â, livret dâexposition, The Mosaic Rooms, 2016
- (en) Kate Pleydell, « Blurring National Boundaries with Fables, Postcards, and Film », sur Hyperallergic,
- Katia Kameli, âOrality, an Immaterial Heritageâ, Ibraaz, 6 novembre 2013
- Bérénice Saliou, "Katia Kameli- interview", Rock the Kasbah, catalogue d'exposition, Institut des Cultures d'Islam, 2017
- Ninon Duhamel, "Stream of Stories", Tous, des sangs-mĂȘlĂ©s, catalogue d'exposition, Mac Val, 2017
- Emmanuelle Lequeux, « La ParenthĂšse », Les Parfums de lâIntranquilitĂ©, catalogue dâexposition, HĂŽtel des Arts de Toulon, 2016