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Karl von Ordonez

Johann Karl Rochus Ordoniz ou simplement Karl von Ordonez (Vienne, – Vienne, ) est un noble autrichien, violoniste et l'un des nombreux compositeurs travaillant Ă  Vienne, pendant la seconde moitiĂ© du XVIIIe siècle.

Karl von Ordonez
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  52 ans)
Vienne
Activité
Période d'activité
Autres informations
Instrument

Il a contribué à définir le style classique viennois des décennies 1750–1770.

Biographie

Son acte de baptĂŞme, ainsi que d'autres documents d'archives, disent qu'il est le fils de Johann Baptist Christoph von Ordonez, un lieutenant de l'infanterie[1] - [2]. NĂ© Ă  Vienne[3], il y passe toute sa vie.

Ordonez n'était pas musicien professionnel à plein temps. L'essentiel de son travail était pour la Cour régionale de Basse-Autriche (de 1758 à 1783[1]) et ses activités musicales n'occupaient que son temps libre. À l'instar de son contemporain Karl Kohaut, le choix de la carrière Ordonez a probablement été dicté par son rang social : en tant que membre de la petite noblesse, suivre une carrière musicale n'aurait pas convenu à un homme de son extraction sociale[4].

On ne connaĂ®t rien de son Ă©ducation. Cependant, en tant que membre de la petite noblesse, il a probablement participĂ© Ă  une Ritterakademie, un pensionnat pour la noblesse, et, compte tenu de sa carrière juridique, il a probablement Ă©tudiĂ© le droit Ă  l'UniversitĂ© de Vienne pour prĂ©parer son entrĂ©e dans l'administration. De sa formation musicale nous n'en savons pas plus, si ce n'est que l'on peut dĂ©duire de sa rĂ©putation de violoniste, qu'il a sans doute reçu des leçons Ă  un âge prĂ©coce.

Parmi les activitĂ©s professionnelles d'Ordonez on note l'adhĂ©sion Ă  deux corps prestigieux : le Hofund Kammermusik (oĂą il est employĂ© comme Kammermusikus pour un modeste salaire de 250 gulden par an[4]) et la TonkĂĽnstler-Societät oĂą il est actif, Ă  la fois en tant qu'instrumentiste et compositeur. Ordonez est un des premiers membres de la Tonkuenstler-Societät, une association consacrĂ©e Ă  la collecte de fonds par des concerts publics et destinĂ©s Ă  des veuves et des orphelins de musiciens. Il en est membre de sa fondation en 1771, jusqu'en 1784. Ordonez se produit aussi rĂ©gulièrement dans les maisons de la noblesse. Charles Burney l'entend jouer lors d'un grand dĂ®ner en 1772, donnĂ© Ă  la rĂ©sidence viennoise de l'Ambassadeur de Grande-Bretagne, Lord Stormont :

« Ce dĂ©licieux concert vocal fut coupĂ© par quelques excellents quatuors d'Hayden [sic] exĂ©cutĂ©s avec toute la perfection possible. M. Startzler fesait [sic] le premier violon : il joua l'adagio avec sentiment et une expression peu commune. Le second violon Ă©tait fait par M. Ordonetz. Le Comte de BrĂĽhl tenait l'alto, et Weigel (de) un excellent professeur de violoncelle, fesait [sic] la basse. Les acteurs trouvant l'auditoire attentif et dans une disposition Ă  ĂŞtre charmĂ©, Ă©taient animĂ©s jusqu'en enthousiasme : et cette ardeur qu'ils se communiquaient, passait de l'un Ă  l'autre, et s'exhalait en traits de feu, de manière que c'Ă©tait une vraie lutte entre les acteurs et les auditeurs, Ă  qui plairait le plus ou applaudirait davantage[5]. »

La mauvaise santĂ© contraint Ordonez Ă  dĂ©missionner de ses deux engagements en 1783. Il se retire aussi avec un demi-salaire, de la Cour rĂ©gionale de Basse-Autriche, circonstances qui le place en grande difficultĂ© financière. Il se produit pour un concert de la TonkĂĽnstler-Societät dans Il ritorno di Tobia de Haydn en 1784[1]. Les trois dernières annĂ©es de la vie d'Ordonez sont passĂ©es dans la maladie et la pauvretĂ©, alors que – sa femme Ă©tant morte trois ans plus tĂ´t (1780) – il Ă©tait responsable de ses deux enfants.

Lorsqu'il meurt de tuberculose, Ordonez vivait de l'aumône et de logements partagés. Il ne possédait que quelques vêtements. Sa succession, y compris les paiements en suspens de sa retraite, étant évaluée moindre que le coût de ses funérailles. La différence a été payé par son beau-fils, Joseph Niedlinger, un petit fonctionnaire du gouvernement.

On en sait moins sur la vie d'Ordonez en raison de l'incendie de 1927 du Justizpalast qui a probablement détruit de nombreux documents utiles aux musicologues[6].

Style

Avec Gassmann, Leopold Hofmann et Wagenseil, Ordonez a contribué à définir le style classique viennois, dans la période des années 1750–1770[1].

Ĺ’uvres

Compositeur Ă  temps partiel, Ordóñez est cependant Ă©tonnamment prolifique. Son lègue le plus important consiste en 73 symphonies. Elles sont articulĂ©es pour l'essentiel en trois mouvements (vif-lent-vif ou un menuet conclusif), sauf une douzaine Ă  quatre mouvements, avec menuet et trio[1] et datĂ©es entre 1750 et 1780[7]. Il laisse aussi un concerto pour violon et un large corpus d'Ĺ“uvres de chambre, dont 27 quatuors Ă  cordes attribuĂ©s, qui ont une importance toute particulière, profitant sans doute de son expĂ©rience d'instrumentiste de chambre et de son goĂ»t prononcĂ© pour le contrepoint, ce que rĂ©vèle de nombreux mouvements fuguĂ©s. Les six premiers Ă©tant publiĂ©s comme opus 1 (Lyon, 1777), et largement diffusĂ©s[1]. 21 trios Ă  cordes et un octuor, un sextuor avec vents, deux quintettes et deux sonates pour violon.

Ses recherches sophistiquĂ©es, l'unitĂ© cyclique et son goĂ»t pour les textures contrapuntiques donne Ă  une grande partie de sa musique une qualitĂ© distinctive et originale. L'AbbĂ© Stadler note qu'elles « recevaient beaucoup d'applaudissements » ; particulièrement ses quatuors opus 1, qui « contiennent certaines des techniques antĂ©rieures au XIXe siècle les plus sophistiquĂ©s de l'unification cyclique »[6].

En musique vocale, il laisse deux Ĺ“uvres pour l'opĂ©ra, Musica della Parodie d'Alceste (Eszterháza, 1775), destinĂ© aux marionnettes dont les reprises jusqu'en 1795[1] attestent de sa popularitĂ©, et un Singspiel, Diesmal hat der Mann den Willen (1778). Ordóñez est connu pour avoir composĂ© une quantitĂ© importante de musique d'Ă©glise (aujourd'hui perdue) et une cantate profane, Der alte wienerische Tandelmarkt (1779).

Le catalogue de ses œuvres a été établi par A. Peter Brown.

Bibliographie

  • (en) David Young, The Symphonies of Karl von Ordonez (1734–1786) : a biographical, bibliographical and stylistic study, thèse, UniversitĂ© de Liverpool, (OCLC 59524543)
  • (en) David Young, Karl von Ordonez (1734–1786): A Biographical Study, RMARC, no.19 (1983–5), 31–56.
  • (en) A.Peter Brown, The Chamber Music with Strings of Carlos d’Ordoñez: a Bibliographic and Stylistic Study, AcM, xlvi (1974), 222–72.
  • (en) A.Peter Brown, The Symphonies of Carlo d’Ordonez, Haydn Yearbook 1981, 5–121.
  • (en) Matthew Riley, The Viennese Minor-Key Symphony in the Age of Haydn and Mozart, New York, Oxford University Press, , 284 p. (ISBN 0199349673, OCLC 861554669, lire en ligne), p. 60–69.
  • (en) David Young (texte et bibliographie) et A. Peter Brown (liste des Ĺ“uvres et bibliographie), The New Grove Dictionary of Music and Musicians (Ă©ditĂ© par Stanley Sadie) : Ordonez [Ordenitz, Ordoneez, Ordonetz, Ordonitz], (Johann) Karl (Rochus) von [Carlo d’], Londres, Macmillan, seconde Ă©dition, 29 vols. 2001, 25000 p. (ISBN 9780195170672, lire en ligne)

Discographie

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Karl von Ordóñez » (voir la liste des auteurs).
  1. Grove 2001.
  2. Le journal du comte Karl von Zinzendorf au 23 avril 1775, le présente comme « fils naturel de M. de Buquoy ».
  3. « MusicSack »
  4. Riley 2014, p. 60.
  5. Charles Burney, De l'état présent de la musique... p. 253.
  6. A. Peter Brown, Introduction to Carlo d'Ordonez, The Symphony Series B Volume IV: Carlo d'Ordonez: Seven Symphonies, Ă©d. A. Peter Brown & Peter M. Alexander. New York, Garland Publishing (1979), p. ix.
  7. Riley 2014, p. 61.

Liens externes

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