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John Sung

Ju-Un Sung Shang Chieh (chinois traditionnel : 漋氙節 ; chinois simplifiĂ© : ćź‹ć°šèŠ‚ ; pinyin : Song Shangjie), nĂ© le et dĂ©cĂ©dĂ© le , est un prĂ©dicateur chinois qui a jouĂ© un rĂŽle important dans le mouvement de RĂ©veil parmi les Chinois de Chine continentale, de TaĂŻwan et de tout le Sud-Est asiatique, durant les annĂ©es 1920 et 1930.

John Sung
Description de l'image John Sung.jpg.
Nom de naissance Ju-Un Sung Shang Chieh
Naissance
Hong Chek, Hinghwa (aujourd’hui Putian), province du Fujian
DĂ©cĂšs
PĂ©kin, Chine
Nationalité Drapeau de la Chine Chinois
Pays de rĂ©sidence États-Unis, Chine rĂ©publicaine
DiplĂŽme
Docteur d'État en chimie
Profession
Prédicateur

Biographie

Enfance et adolescence

John Sung est nĂ© dans une famille trĂšs modeste du village de Hong Chek, prĂ©fecture de Hinghwa (aujourd’hui Putian), dans la province chinoise mĂ©ridionale du Fujian.

Son pĂšre, pasteur de l’église mĂ©thodiste, et sa mĂšre, simple ouvriĂšre dans la ferme de ses parents, avaient dĂ©jĂ  cinq enfants Ă  nourrir aussi la naissance de John ne fut-elle pas trĂšs bien accueillie, d’autant que l’aspect physique de l’enfant ne rĂ©pondait pas aux standards du Chinois classique ; il avait en effet une tĂȘte assez bizarre, avec un font dĂ©mesurĂ©ment grand et, de plus, il Ă©tait assez noir de peau[1]. John Sung fut prĂ©nommĂ© Ju-Un, qui signifie « GrĂące divine », car c’était le premier enfant nĂ© aprĂšs la conversion du pĂšre. Par le choix de ce prĂ©nom, il entendait le consacrer au service de Dieu.

En 1907, le pasteur Sung fut nommĂ© Ă  l’école biblique mĂ©thodiste de Hinghwa oĂč toute la famille le suivit. John, qui avait alors six ans, frĂ©quenta l’école de la mission oĂč il montra rapidement d'Ă©tonnantes capacitĂ©s intellectuelles et un grand intĂ©rĂȘt pour l’étude de la Bible. Il avait nĂ©anmoins un caractĂšre extrĂȘme colĂ©rique et se heurtait souvent Ă  ses frĂšres et Ă  son pĂšre qui le chĂątiait Ă  coups de bambou ; tĂȘtu, il ne pleurait jamais et c’est souvent son pĂšre qui pleurait aprĂšs ces querelles[2].

Situation de la province du Fujian.

Il semblerait que John Sung ait consacrĂ© sa vie Ă  Christ lors d'un puissant mouvement de RĂ©veil qui secoua l'Ă©glise chrĂ©tienne d'Hinghwa en 1910, Ă  la suite d'une prĂ©dication sur le thĂšme «JĂ©sus dans le jardin de GethsĂ©manĂ© ». Cependant John Sung disait lui-mĂȘme que sa conversion n'avait eu lieu que des annĂ©es plus tard en AmĂ©rique, aprĂšs qu'il eut traversĂ© une profonde crise spirituelle[3].
Toujours est-il qu'Ă  partir de 1913 il commença Ă  aider son pĂšre dans son ministĂšre, ce qui lui valut le surnom de « petit pasteur ». Il ne s'agissait pas d'une simple assistance Ă  l'occasion des diffĂ©rentes rĂ©unions dans l'Ă©glise locale et dans les villages avoisinants mais d'une activitĂ© Ă  temps plein, au mĂȘme titre que les autres pasteurs desservant la paroisse. Son pĂšre ne croyait cependant pas sa vocation aussi l'incita-t-il Ă  passer le concours d'entrĂ©e Ă  l'Ă©cole navale de Fou-Tcheou (Fuzhou) auquel il Ă©choua d'ailleurs.

John Sung poursuivit donc ses Ă©tudes Ă  Hinghwa, ne participant mĂȘme pas aux nombreuses manifestations anti-japonaises qui secouaient alors le pays Ă  la suite des revendications territoriales du Japon en Chine (Les Vingt et une demandes). Il se souciait peu des marques d'ostracisme qui le frappaient en raison de son manque de patriotisme apparent car il pensait qu'il servait mieux son pays en travaillant. Cependant, et pour des raisons que l’on ignore, il renonça Ă  prĂ©senter le concours d’entrĂ©e Ă  l’UniversitĂ© Ginling de Nankin (Nanjing), alors qu'il Ă©tait prĂȘt Ă  y aller. Il resta donc Ă  Hinghwa, poursuivant ses tournĂ©es d’évangĂ©lisation et devenant mĂȘme sous-directeur du journal Revival[4].

Études et formation aux États-Unis

Un jour de 1919, John Sung annonça soudainement Ă  son pĂšre qu’il avait dĂ©cidĂ© d’aller faire ses Ă©tudes aux États-Unis. En effet, une missionnaire amĂ©ricaine en poste Ă  PĂ©kin avec laquelle il Ă©tait en correspondance lui avait proposĂ© de faciliter son inscription Ă  l’UniversitĂ© Wesleyenne de l’Ohio. Sa famille n’avait pas d’argent pour financer le voyage mais ses amis se cotisĂšrent et lui offrirent 500$ chinois, une somme importante en raison du taux de change favorable Ă  l’époque avec le dollar amĂ©ricain.

Études scientifiques

John Sung quitta Shanghai le et arriva Ă  San Francisco le 22 du mĂȘme mois.

ArrivĂ© Ă  Delaware (Ohio), il s’inscrivit Ă  l’universitĂ© et chercha des petits boulots pour financer son sĂ©jour. C’était un Ă©tudiant brillant, travailleur et ambitieux. AprĂšs des tĂątonnements initiaux dus Ă  son appĂ©tit effrĂ©nĂ© d’apprendre, il s’orienta finalement vers des Ă©tudes de thĂ©ologie, de mathĂ©matiques et de chimie, son domaine de prĂ©dilection. En 1923, malgrĂ© des ennuis de santĂ© constants, il obtint son diplĂŽme de bachelier avec des notes sidĂ©rantes, surtout en physique et en chimie.

Ces rĂ©sultats hors du commun lui valurent d’ĂȘtre approchĂ© par l’UniversitĂ© du Minnesota, qui lui offrit un poste bien rĂ©munĂ©rĂ© d’assistant, et mĂȘme par Harvard qui lui proposait 1000$ par an s’il acceptait d’étudier la mĂ©decine chez eux.

Il opta finalement pour des Ă©tudes de chimie Ă  l’UniversitĂ© d’État de l’Ohio Ă  Columbus oĂč il obtint, en 1924, la maĂźtrise de chimie puis, en 1926, le doctorat. Il reçut encore une fois de nombreuses propositions d'emploi, aux États-Unis, en Chine et mĂȘme en Allemagne car il avait appris l’allemand et le français afin de pouvoir lire les ouvrages spĂ©cialisĂ©s publiĂ©s dans ces langues ; il convient de prĂ©ciser que John Sung Ă©tait spĂ©cialisĂ© dans la chimie des explosifs, ce qui Ă©tait de nature Ă  intĂ©resser de nombreuses puissances militaires[5].

John Sung se savait cependant appelé par Dieu à Son service aussi renonça-t-il à ses perspectives de carriÚre pour entrer à l'Union Theological Seminary de New York[6].

De brÚves études théologiques

John Sung entra Ă  l'Union Theological Seminary Ă  l’automne 1926. Il fut trĂšs rapidement déçu car ce sĂ©minaire enseignait une thĂ©ologie libĂ©rale trĂšs Ă©loignĂ©e de ce qu’il avait entendu auparavant : l’approche de la Bible Ă©tait essentiellement philosophique, tout Ă©tait analysĂ© Ă  la lumiĂšre de la raison humaine, JĂ©sus-Christ prĂ©sentĂ© comme un simple modĂšle Ă  imiter, la subsidiaritĂ© de Sa mort et de Sa rĂ©surrection Ă©tant mĂȘme niĂ©es.

L'Union Theological Seminary de New-York.

Dans cette ambiance John Sung se mit Ă  perdre progressivement la foi et il se tourna vers les philosophies d’Asie, le bouddhisme et le taoĂŻsme[7]. Il Ă©tait cependant toujours Ă  la recherche de la vĂ©ritĂ©, poursuivait assidĂ»ment ses Ă©tudes et frĂ©quentait certaines assemblĂ©es dans les milieux Ă©vangĂ©liques, mais sans trouver de vĂ©ritable rĂ©ponse Ă  son anxiĂ©tĂ© spirituelle. Il persĂ©vĂ©rait aussi dans la priĂšre et, dans la soirĂ©e du il expĂ©rimenta la vĂ©ritable conversion. Le Saint Esprit lui ouvrit les yeux et il vit son Ă©tat de pĂ©cheur. Il continua Ă  pleurer et prier jusqu'Ă  minuit, puis il lui sembla entendre une voix qui lui disait, « Fils, tes pĂ©chĂ©s te sont pardonnĂ©s » et le lourd fardeau de sa culpabilitĂ© parut tout Ă  coup rouler de ses Ă©paules[8].

Peu de temps aprĂšs, et malgrĂ© cette profonde expĂ©rience de conversion, il tomba dans une grave dĂ©pression nerveuse, sans doute la consĂ©quence de sept annĂ©es d’intense travail intellectuel et de stress. Les autoritĂ©s du sĂ©minaire le firent examiner par un psychiatre qui demanda son internement dans un hĂŽpital psychiatrique.

Au bout de six semaines ils refusĂšrent de le laisser sortir comme prĂ©vu aussi, ayant rĂ©agi trĂšs violemment, il fut placĂ© dans le secteur des individus dangereux dont il s’échappa. Repris, il resta pendant prĂšs de six mois dans cet Ă©tablissement, consacrant l’essentiel de son temps Ă  la priĂšre et Ă  l’étude de la Bible qu’il lut quarante fois. Les autoritĂ©s de l’asile ne voulaient cependant pas le laisser sortir et ce n’est que sur l’intervention du consul de Chine qu’il fut libĂ©rĂ©, mais Ă  condition qu’il ne reste pas aux États-Unis qu’il quitta finalement le pour Shanghai.

Retour en Chine et début de son ministÚre

John Sung avait l’intention bien arrĂȘtĂ©e de consacrer sa vie Ă  l’annonce de la parole de Dieu et il n’envisageait donc aucunement de mettre Ă  profit les diplĂŽmes obtenus aux États-Unis. Un jour, alors que le navire s’approchait des cĂŽtes chinoises, il jeta tous ses diplĂŽmes Ă  la mer, Ă  l’exception de son doctorat de chimie, essentiellement afin de le montrer Ă  son pĂšre[9].

DĂ©barquĂ© Ă  Shanghai, la premiĂšre chose qu’il fit fut d’abandonner ses vĂȘtements europĂ©ens et de se vĂȘtir comme un Chinois puis il retourna chez ses parents, Ă  Hinghwa, oĂč il reçut un accueil digne d’un docteur en chimie. Son pĂšre fut cependant trĂšs rapidement déçu car il comprit que son fils n’avait pas l’intention de chercher un emploi lucratif qui pourrait aider la famille mais qu’il voulait se consacrer Ă  l’Ɠuvre de Dieu dans sa province natale. En fils respectueux de la famille et des coutumes, John accepta nĂ©anmoins de se marier avec la fille choisie par ses parents qui, curieusement, n’était mĂȘme pas chrĂ©tienne.

Il accepta Ă©galement les propositions de l’école mĂ©thodiste d’Hinghwa de donner deux fois par semaine des cours de thĂ©ologie et de chimie, mais il consacrait l’essentiel de son temps Ă  annoncer l’Évangile dans les villes et villages de son pays natal, ne s’exprimant que dans la langue locale, le Min-nan. Telle fut sa vie jusqu’en 1930, date Ă  laquelle une rencontre allait faire Ă©voluer son ministĂšre.

Cette annĂ©e en effet, l’évĂȘque mĂ©thodiste de Fou-Tcheou (Fuzhou) lui demanda de se rendre Ă  Tienghsien, prĂšs de PĂ©kin, afin d’étudier les nouvelles mĂ©thodes d’évangĂ©lisation qu’y pratiquait depuis peu le pasteur James Yen. Sur le chemin, il s’arrĂȘta Ă  Shanghai et voulut prendre contact avec l’école de la mission Bethel. Cette rencontre allait dĂ©boucher sur une fructueuse collaboration pendant trois annĂ©es.

L’engagement avec le Groupe Bethel

La mission BĂ©thel Ă©tait dirigĂ©e par deux Chinoises, Jenny Hughes et Mary Stone, cette derniĂšre Ă©tant une ancienne Ă©tudiante en mĂ©decine de l’universitĂ© du Michigan et futur fondatrice de la Croix Rouge chinoise[10].

Elle connaissait dĂ©jĂ  John Sung de rĂ©putation par le tĂ©moignage de Ji Zhiwen (Andrew Gih), un ancien Ă©tudiant de l’école Bethel, devenu ensuite Ă©vangĂ©liste, qui avait fondĂ© en 1925, le groupe Bethel d’évangĂ©lisation (Bethel Worldwide Evangelistic Band).
John Sung fut donc bien accueilli Ă  la mission BĂ©thel et on lui proposa mĂȘme de faire partie du groupe d’évangĂ©lisation, ce qu’il accepta dĂ©finitivement en 1931, aprĂšs quelques hĂ©sitations et aprĂšs avoir achevĂ© ses tournĂ©es d’évangĂ©lisation dĂ©jĂ  programmĂ©es.

Avec le groupe BĂ©thel, accompagnĂ© d’Andrew Gih et d’autres jeunes missionnaires, il se rendit en Mandchourie puis ils parcoururent Ă  peu prĂšs toute la Chine, de la Chine du Sud (1931-1932) Ă  la Chine du Nord (1932-1933). Leur tĂ©moignage fut la source d’un profond mouvement de rĂ©veil et de conversion dans toutes les villes oĂč ils passĂšrent.

Les dirigeants de BĂ©thel exerçaient un strict contrĂŽle des activitĂ©s du groupe, notamment sur l’organisation des tournĂ©es d’évangĂ©lisation. Il est Ă©vident que cette tutelle ne convenait pas beaucoup Ă  un homme aussi indĂ©pendant et fantasque que John Sung aussi leurs relations devinrent-elles assez vite conflictuelles. Le groupe Ă©clata dĂ©finitivement en 1933 alors qu’il se trouvait en mission dans le Hunan, derniĂšre province chinoise Ă  s’ĂȘtre ouverte Ă  l’Évangile. À Changsha, ville dans laquelle Mao Zedong passa une partie de son enfance, un tĂ©lĂ©gramme du quartier gĂ©nĂ©ral de Bethel Ă  Shanghai leur annonçait la dissolution du groupe Bethel et la crĂ©ation de deux nouveaux groupes, avec d’autres missions[11]. Andrew Gih accepta cette dĂ©cision et retourna Ă  Shanghai mais John Sung refusa de s’incliner.

Il poursuivra désormais un ministÚre de prédicateur indépendant.

Son dernier ministĂšre

AprĂšs sa rupture avec le groupe Bethel, John Sung reçut de trĂšs nombreuses propositions venant d’églises de toute la Chine. Il se lança alors dans de nouvelles campagnes d’évangĂ©lisation et de RĂ©veil, ses tournĂ©es missionnaires le conduisant dans la plupart des provinces chinoises mais aussi, Ă  partir de 1935, dans plusieurs pays du Sud-Est asiatique : Philippines, Malaisie (Penang, Singapour), TaĂŻwan (alors sous occupation japonaise), Hong-Kong, ThaĂŻlande, Cambodge et, en , en Indochine française, Ă  VÄ©nh Long puis Ă  Tourane (Đà Náș”ng)[12].

Le parc de Xiangshan ou « Fragrant hills » park dans la banlieue de Pékin.

Une telle activitĂ© ne pouvait avoir que des consĂ©quences nĂ©gatives sur une santĂ© dĂ©jĂ  fragile. Fin 1939, alors qu’il se trouvait Ă  Surabaya, John Sung fut contraint de prĂȘcher Ă  genoux tant il Ă©tait Ă©puisĂ© et, Ă  son retour Ă  Shanghai, dĂ©but 1940, sa faiblesse gĂ©nĂ©rale atteint un point de non retour. Fin novembre, son mĂ©decin ordonna son hospitalisation immĂ©diate Ă  l’hĂŽpital de l’universitĂ© de PĂ©kin ou l’on diagnostiqua un cancer doublĂ© d’une tuberculose. Il fut opĂ©rĂ© Ă  deux reprises, d’abord en dĂ©cembre 1940 puis en , mais les mĂ©decins estimĂšrent que l’opĂ©ration Ă©tait trop tardive.

Son Ă©tat de santĂ© s‘amĂ©liora cependant quelque peu et, en juillet, il obtint de pouvoir quitter l’hĂŽpital pour aller se reposer dans une maison situĂ©e dans les collines occidentales de PĂ©kin, dans le parc de Xiangshan. LĂ , il eut encore la douleur d’apprendre le dĂ©cĂšs de son fils JosuĂ© Ă  Shanghai mais il eut Ă©galement la joie de voir venir s’installer sa femme et ses trois filles auprĂšs de lui en aoĂ»t.

Il consacrait son temps Ă  la priĂšre et Ă  l’étude de la Bible tout en organisant, quand il le pouvait, des rĂ©unions et des Ă©tudes bibliques Ă  son domicile. Il Ă©crivit aussi Ă  cette Ă©poque plusieurs cantiques et des lettres ouvertes aux pasteurs et Ă©vangĂ©listes chinois, les pressant Ă  prier sans cesse pour la conversion des cƓurs.

MalgrĂ© cette amĂ©lioration passagĂšre, sa santĂ© ne fit que s’aggraver aussi, en , il dut retourner Ă  l’hĂŽpital pour subir une troisiĂšme intervention chirurgicale. Celle-ci n’apportant qu’une amĂ©lioration passagĂšre, il fut hospitalisĂ© une derniĂšre fois, en , mais Ă  l’hĂŽpital allemand de la ville cette fois. OpĂ©rĂ© le 12, son Ă©tat se dĂ©grada inexorablement le 16 et il dit alors Ă  sa femme que Dieu lui avait montrĂ© qu’il allait mourir. Il tomba dans le coma dans la nuit, mais le lendemain il put chanter quelques strophes de trois cantiques. À minuit, ses derniers mots furent pour sa femme : « N'ayez pas peur. Le Seigneur JĂ©sus est Ă  la porte. Qu'y a-t-il Ă  craindre[13]»?

Il s’endormit dans la paix du Seigneur le Ă  7h du matin et fut enterrĂ© le 22, la cĂ©rĂ©monie religieuse Ă©tant conduite par son Ă©pouse et le pasteur Wang Ming-Tao (WĂ ng MĂ­ngdĂ o) fondateur du Christian Tabernacle, le plus grand temple protestant de Chine Ă  l’époque[13].

L’hĂ©ritage de John Sung

John Sung exerça un vĂ©ritable ministĂšre apostolique, accompagnĂ© d'innombrables signes et miracles, mais, contrairement Ă  Watchman Nee, par exemple, il est moins connu, mĂȘme en Chine, peut-ĂȘtre parce qu’il n’a pas laissĂ© de nombreux Ă©crits. Beaucoup de Chinois du Sud-Est asiatique savent pourtant encore que la conversion de leur famille au christianisme est le rĂ©sultat direct des « graines semĂ©es » lors des campagnes d’évangĂ©lisation de John Sung[2].

John Sung Ă©tait totalement engagĂ© dans son ministĂšre et il a renoncĂ© Ă  une carriĂšre brillante dans les affaires ou Ă  l’universitĂ© pour proclamer le royaume de Dieu ; sans cesse en dĂ©placement, il a sacrifiĂ© sa vie, sa santĂ© et mĂȘme sa famille.

Il n’a pas Ă©tĂ© un pasteur responsable d’une Ă©glise ni mĂȘme un vĂ©ritable Ă©vangĂ©liste mais plutĂŽt un « revivaliste » ; sa mission Ă©tait de dĂ©noncer le pĂ©chĂ© dans les Ă©glises Ă©tablies et il n’a jamais hĂ©sitĂ© Ă  prĂȘcher la conversion des chrĂ©tiens avec la plus extrĂȘme vigueur, parfois peut-ĂȘtre sans beaucoup de tact. Il pourfendait aussi la thĂ©ologie protestante libĂ©rale qui avait failli l’éloigner dĂ©finitivement de Dieu et dans laquelle il voyait la raison fondamentale de l’affaiblissement de l’Église.

Son discours Ă©tait trĂšs simple, destinĂ© Ă  toucher les Ăąmes et les cƓurs plutĂŽt que l’intellect de ses auditeurs. Il ne s’appuyait pas sur les grands auteurs chrĂ©tiens pour prĂ©parer ses sermons mais seulement sur l’étude personnelle de la Bible et, surtout, sur la priĂšre. John Sung Ă©tait en effet un homme de priĂšre qui pouvait pratiquer Ă  tout moment. Ainsi, par exemple, il rĂ©veilla un jour toute la maison Ă  4h du matin pour prier avant la rĂ©union qu’il devait prĂ©sider peu de temps aprĂšs[2]. L’importance qu’il donnait Ă  la priĂšre d’intercession [9] Ă©tait d’ailleurs trĂšs connue aussi recevait-il un nombre considĂ©rable de lettres de Chinois qui lui demandaient d’intercĂ©der pour eux[14].

Le style de John Sung Ă©tait trĂšs particulier. Il se distinguait dĂ©jĂ  des autres prĂ©dicateurs chinois par le port constant du vĂȘtement traditionnel et il ne s’adressait Ă  son auditoire que dans la langue de sa province natale, ce qui rendait obligatoire la prĂ©sence d’un interprĂšte lorsqu’il Ă©tait en mission dans d’autres provinces.

John Sung Ă©tait exubĂ©rant et de nature trĂšs dĂ©monstrative. Ainsi, il n’hĂ©sitait pas Ă  parcourir les rangs de l’assemblĂ©e des fidĂšles pour les admonester, s’adressant parfois directement[9] Ă  l'un d'entre eux pour lui reprocher un comportement, de la part du Seigneur. Il Ă©tait quelques fois si enthousiaste, qu'il sautait sur le pupitre pour prĂȘcher et il utilisait souvent des accessoires pendant ses prĂ©dications pour appuyer ses dĂ©monstrations. Ainsi, un jour, il plaça un cercueil sous le pupitre de la salle de rĂ©union puis, au moment oĂč il voulut crĂ©er son effet, il se mit Ă  crier :« Enrichissez-vous, enrichissez-vous. Vous finirez quand mĂȘme dans un cercueil » avant de s’allonger lui-mĂȘme dans le cercueil[15].

Aujourd’hui, John Sung est parfois critiquĂ©, surtout en raison d’un comportement jugĂ© extravagant ou, du moins, peu conforme Ă  celui du ministre protestant traditionnel. Il est cependant considĂ©rĂ© de façon quasi unanime, comme l’un des « plus grands » Ă©vangĂ©listes chinois des annĂ©es trente, au moins l’égal d’un Watchman Nee, d’un Wang Ming-Dao ou d’un David Yang.

Bibliographie

  • Kurt Koch, Le RĂ©veil de Timor, Editions EDC, (ISBN 978-2-911003-00-4)
  • Leslide T. Lyall, A biography of John Sung, Armour Publishing, Pte Ltd, Singapour, 2005, (ISBN 981-4138-19-3)
  • Leslide T. Lyall, Three of China's Mighty Men, Wang Min-Dao, Watchman Nee, David Yang, Christian Focus, 2006, (ISBN 1-85792-493-2)
  • Marie Monsen, The Awakening, Revival In China 1927-1937
  • Shangjie Song, The Journal Once Lost, extracts From The Diary of John Sung, Armour Publishing, 2007, (ISBN 978-981-4222-08-2)
  • John Sung, The Diaries of John Sung, traduit en anglais par Stephen L. Sheng, Singapour, Genesis Books, 2008

Références

  1. Leslide T. Lyall, A biography of John Sung, Armour Publishing, Pte Ltd, Singapour, p. 3.
  2. Biographie de John Sung in Bio-Kristi, Situs Biografi Kristiani (en indonésien)
  3. Dr. R. L. Hymers, Jr., La vĂ©ritable conversion du Dr. John Sung, Sermon prĂȘchĂ© au Baptist Tabernacle de Los Angeles, le Samedi Soir, 6 juin 2009
  4. Leslide T. Lyall, A biography of John Sung, p.20.
  5. Leslide T. Lyall, A biography of John Sung.
  6. Leslide T. Lyall, A biography of John Sung, p.35.
  7. Leslide T. Lyall, A biography of John Sung, p.39.
  8. Dr. R. L. Hymers, Jr., La vĂ©ritable conversion du Dr. John Sung, Sermon prĂȘchĂ© au Baptist Tabernacle de Los Angeles, le Samedi Soir, 6 juin 2009 )
  9. David Smithers, La priùre façonne l’histoire.
  10. A Cosmopolitan Tradition : Barbour Scholarships
  11. Leslide T. Lyall, A biography of John Sung, p.141.
  12. Page John Sung sur Wikipedia en vietnamien
  13. Leslide T. Lyall, A biography of John Sung, p.244.
  14. Leslide T. Lyall, A biography of John Sung, p.253
  15. Article sur John Sung dans Chine Information.
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