John-Francis Lecoultre
John-Francis Lecoultre, né le au Locle et mort à Clarens (commune de Montreux) le , est un artiste peintre, sculpteur et mosaïste suisse.
Biographie
John-Francis Lecoultre est né au Locle[1] dans une famille d’artisans : son père, John-Henri (1872-1950) [2], son oncle, Charles Pellaton (1889-1936) et une de ses sœurs, Violette (1903-1985), sont graveurs, horlogers, orfèvres. En 1906, la famille déménage à Clarens. Après avoir terminé sa scolarité au Collège de Montreux, il retourne dans les Montagnes neuchâteloises pour se former à l’École d’art de la Chaux-de-Fonds, où l’a précédé sa sœur Violette.
Dans cette ville marquée par la présence de Charles l’Eplattenier (1874-1946) et Le Corbusier (1887-1965), un événement artistique a peut-être déterminé le futur bijoutier à devenir peintre [3] et sculpteur : la décoration de l’hôtel de ville du Locle par Ernest Biéler en 1922 (fresque Les Heures). Son chemin croisa à nouveau celui de Biéler en 1932 et 1933-34 puisqu’il fit partie de son équipe de mosaïstes pour La Paix, au Locle, et à Savièse (Valais), pour l’église Saint-Germain.
En 1925, J.-F. Lecoultre part à Paris pour se former. Il a vingt ans. Sa formation de bijoutier l’aide en lui fournissant un gagne-pain. Jusqu’en 1939, son existence se déroule entre Paris et la Suisse, entre peinture, sculpture (modelage) et arts décoratifs. Une de ses adresses parisiennes est connue : en 1931, il habite au 4 rue Alfred-Stevens [4], non loin de Montmartre ; mais à cette époque, la scène artistique d’avant-garde s’est déplacée à Montparnasse, et il ignora les révolutions picturales contemporaines, son style restant marqué par l’esthétique des années trente et son admiration pour Hodler et Biéler.
En 1931 et 1932, à Paris, le jeune artiste expose au Salon d’automne [5]. Entretemps, il a collaboré à la mosaïque La Paix de E. Biéler [6], collaboration qui se poursuivit sur le chantier de Saint-Germain de Savièse.
Fort de cette expérience, il crée à son tour. Sa mosaïque, Les Rois Mages, est exposée en 1935 au Salon de l’Œuvre à Genève [7]. Elle orne le porche de l’église des Brenets. Puis il reçut commande de la paroisse occidentale de Montreux pour son temple : La Foi, l’Espérance et la Charité.
Le temple de Clarens est consacré le dimanche [8]. Voici ce qu’écrit le pasteur M. Gardiol : « Au-dessus d’une porte de chêne massif, une belle mosaïque de 5 m2, de M. Francis Lecoultre, autre artiste montreusien, étale ses couleurs chaudes et chatoyantes. Trois anges aux ailes déployées ou repliées symbolisent l’Espérance, la Charité, la Foi. N’est-ce pas sous le signe de ces vertus théologales qu’a été placé notre Temple et nos trois cloches ne portent-elles pas les mêmes noms[9] ? »
D’un second voyage en Italie en 1938 [10], Lecoultre rapporte de nombreux paysages au pastel, sa technique de prédilection. Sur son passeport, établi en 1934, la profession « bijoutier » a été biffée, remplacée par « peintre. »
À plusieurs reprises, il expose avec sa sœur Violette, graveuse et orfèvre : Lausanne, [11] ; Vevey, ; Vevey, septembre, 1942 ; Lausanne, ; Le Locle, ; Lausanne, . La critique salue les qualités de pastelliste du peintre [12].
R. de C(érenville) relève [13] : « Les paysages qui nous plaisent le mieux sont ceux du lac ; Lecoultre y rend avec subtilité les bleus des eaux et du ciel, les montagnes mouchetées de blanc. Citons le Grammont, de Clarens, les Montagnes de Savoie. Il atteint là cette zone de vérité où une beauté d’essence supérieure plane au-dessus des choses réelles et il l’aborde avec un respect délicat. Nous avons goûté aussi certains petits pastels où l’artiste a noté la lumière avec vivacité dans des impressions des Tuileries et de la Seine. Enfin J.-F. Lecoultre nous offre deux belles pages d’architectures italiennes (…) Ce sont là de bons pastels lumineux et solides. »
Parallèlement à son engagement dans l’armée (Service complémentaire [14]) et à sa pratique picturale, le peintre, qui n’a pas cessé de modeler, tente de se faire connaître en participant à des concours fédéraux de sculpture. En 1939, il avait obtenu le 5e prix au concours pour la décoration de la façade du théâtre de l’Exposition nationale de Zurich. En 1941, il est classé 10e sur 75 concurrents au concours ouvert par le Département de l’Intérieur pour un bas-relief destiné au nouveau bâtiment des postes à Berne [15]. Il fait un dernier envoi au concours pour le monument au général Guisan, en 1961, puis renonce.
Dans l’après-guerre, l’élan de la carrière de J.-F. Lecoultre retombe ; après la démobilisation, il ne quitte plus Clarens, où il a fondé une famille. Modeste, à l’écart de la vie artistique vaudoise, oublié, diabétique, il ne cesse pourtant pas de modeler, de peindre – des paysages au pastel, sa technique de prédilection.
Collections publiques
- Barques latines au port, pastel 19 × 25 cm, musée du Léman, Nyon
- Les Rois Mages, mosaĂŻque, Ă©glise des Brenets
- La Foi, l’Espérance et la Charité, mosaïque, temple de Clarens
- Saint-Pierre depuis la Rade, Genève, pastel 19x25 cm, Commune de Cologny
Expositions
Exposition à Savièse (Valais, Suisse), maison de la culture, du au , avec plus de 80 tableaux.
John-Francis Lecoultre – Un pastelliste d'exception, exposition du 26 juin au 20 décembre 2020 à la Villa "Le Lac" Le Corbusier
Parcours pictural dans la Châtaigneraie historique de Saint-Gingolph (Valais, Suisse) du 7 mai 2021 au 7 novembre 2021, Exposition libre en plein air Impression sur bâches des plus beaux pastels de J.-F. Lecoultre
Publications
Leporello bilingue français-anglais John-Francis Lecoultre – Un pastelliste d'exception, Call me Edouard Éditeurs | Publishers, 2020
Liens externes
Inventaire des tableaux dans le site Artwork
Notes et références
- Confédération suisse, canton de Vaud, commune du Chenit Acte d’origine no 9068, établi le 19 mai 1921 (collection privée)
- Confédération suisse, canton de Vaud Acte de Famille feuillet 142 du Registre des Familles n° III de la Commune du Chenit concernant la famille Lecoultre John-Henri, délivré le 21 juillet 1950 (collection privée)
- Confédération suisse : Livret de service no 294121, établi le 4 avril 1925. La profession indiquée « bijoutier » a été remplacée par « Art. peintre » à une date inconnue. (Collection privée)
- Catalogue des ouvrages de Peinture, Sculpture, Dessin, Gravures Exposés au grand palais des Champs-Élysées du 1er novembre au 13 décembre 1931; Idem du 1er novembre au 11 décembre 1932
- Catalogue des Ouvrages de Peinture, Sculpture, Dessin, Gravures Exposés au grand Palais des Champs-Élysées du 1er novembre au 13 décembre 1931 ; Idem du 1er novembre au 11 décembre 1932
- Photographie (collection privée)
- Musée Rath, Genève, 4e Salon de l’œuvre (Association suisse de l’art et de l’Industrie), no 244 du Catalogue
- Architecte : F. Huguenin ; vitraux et fresques de François de Ribaupierre (1886-1981). Journal de Montreux 1er.11.1937; L’Abeille no 31, 5 juin 1935, p. 6-8 Un campanile au bord du Léman, signé F.- C. Az
- Journal de Montreux, 30.10. 1937
- Confédération suisse Passeport no 489959/12379 établi le 23 octobre 1934, remplaçant un passeport établi le 24.6.1925, renouvelé le 25 avril 1939 (Collection privée)
- Gazette de Lausanne, 16.03.1935 Grand ChĂŞne 6 : Exposition J. Francis et Violette Lecoultre
- Gazette de Lausanne, 11.02.1943 Galeries du Commerce : Pastels de J.-F. Lecoultre
- Gazette de Lausanne, 11.02.1943 Galeries du Commerce : Pastels de J. F. Lecoultre
- Confédération suisse : Livret de service no 294121, établi le 4 avril 1925 (collection privée)
- Der Bund, ? juillet 1941
Sources
- Schweizerisches KĂĽnstler-Lexikon
- « John-Francis Lecoultre », sur SIKART Dictionnaire sur l'art en Suisse.
- Dictionnaire biographique de l’art suisse, vol. II
- L’Abeille, 05.06.1937 : F.-C. Az « Un campanile au bord du Léman »
- L’Abeille, 06.01.1940 : P. Casca «Un pastelliste de ce pays : J.- Francis Lecoultre »
- Rivierart le carrefour des artistes, no 17, août-sept.-oct. 2015, p. 40-41 : Exposition John-Francis Lecoultre