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Johannes van den Driesche

Johannes van den Driesche, latinisé en Drusius voire Drieschius, né le à Audenarde et mort le à Franeker, est un philologue néerlandais.

Johannes van den Driesche
Fonction
Professeur d'université (d)
HĂ©breu
-

Il Ă©tait considĂ©rĂ©, probablement Ă  raison, comme le plus grand hĂ©braĂŻsant de son temps[1]. Tous ses travaux universitaires ont visĂ© Ă  faire servir l’étude de l’hĂ©breu Ă  l’interprĂ©tation de l’Ancien et du Nouveau Testament[1].

Biographie

Van den Driesche vit le jour quelques semaines seulement aprĂšs la premiĂšre vague d’iconoclasme en Flandre. Son pĂšre, ClĂ©ment Van der Driesche Ă©tait en grande estime parmi les siens et avait une fortune considĂ©rable, qu’il perdit en embrassant le protestantisme, tandis que sa femme restait fidĂšle Ă  l’Église catholique. Sa famille fut ainsi rĂ©duite Ă  une situation prĂ©caire. Ses biens furent confisquĂ©s, il fut proscrit et obligĂ©, au commencement de 1567, de fuir en Angleterre Ă  cause de ses croyances religieuses. Il s’installa Ă  Londres et, faisant tous ses efforts pour y attirer son fils ainĂ©, Jean, que sa mĂšre avait gardĂ© prĂšs d’elle, il finit par rĂ©ussir. Lorsque van den Driesche, qui avait fait de notables progrĂšs dans les langues anciennes, arriva, ĂągĂ© de dix-sept ans, Ă  Londres Ă  la fin de 1567, il y fut soigneusement Ă©levĂ© et instruit par son pĂšre. Il continua Ă  Londres mĂȘme et Ă  l’universitĂ© de Cambridge, sous les meilleurs professeurs, ses Ă©tudes approfondies des classiques grecs et latins et, se destinant au ministĂšre, plus spĂ©cialement les langues hĂ©braĂŻque et aramaĂŻque et l’étude de la Bible. Il Ă©tudia notamment l’hĂ©breu avec Antoine Chevalier, chez qui il rĂ©sida pendant son sĂ©jour Ă  Cambridge.

En 1572, quoique ĂągĂ© de vingt-deux ans seulement, on lui proposa une chaire d’hĂ©breu Ă  l’universitĂ© d’Oxford et Ă  celle de Cambridge. Ayant acceptĂ© la premiĂšre, il y professa pendant quatre ans l’hĂ©breu, le chaldĂ©en et le syriaque, obtenant une vĂ©ritable cĂ©lĂ©britĂ© comme savant dans les langues orientales. Étant retournĂ© alors dans son pays, il revint Ă  Londres vers son pĂšre, qu’il finit par accompagner Ă  son retour d’exil, en 1576, aprĂšs la pacification de Gand mettant un terme Ă  la guerre civile. Van den Driesche obtint bientĂŽt une chaire Ă  l’universitĂ© de Leyde. Le , son nom fut inscrit dans l’Album de cette universitĂ©, afin qu’il put jouir de l’exemption des droits d’accise, mais ses appointements Ă©taient peu considĂ©rables, et ce ne fut qu’aprĂšs un enseignement illustre de sept annĂ©es qu’il reçut diverses invitations avantageuses d’Angleterre et de la Frise. Ayant acceptĂ© cette derniĂšre proposition en 1585, il remplit, Ă  l’universitĂ© de Franeker, la chaire d’hĂ©breu et d’exĂ©gĂšse de l’Ancien Testament jusqu’à sa mort.

Van den Driesche s’est livrĂ© Ă  une Ă©tude approfondie des exĂ©gĂštes juifs mĂ©diĂ©vaux, tels que Rachi, Qimhi et Levita. En 1594, le Synode de Hollande septentrionale lui avait confiĂ© la rĂ©vision d’une traduction de la Bible dĂ©diĂ©e Ă  Marnix de Sainte-Aldegonde. Il fut chargĂ©, en 1600, par les États gĂ©nĂ©raux des Pays-Bas de la composition d’un commentaire sur les passages difficiles dans l’Ancien Testament, comme prĂ©liminaire Ă  une traduction amĂ©liorĂ©e en nĂ©erlandais. Ce travail n’a Ă©tĂ© publiĂ© qu’aprĂšs sa mort, mais il avait laissĂ© un Ă©norme corpus, dont une partie a Ă©tĂ© publiĂ©e de son vivant, et une autre partie, Ă©galement prĂ©parĂ©e par lui-mĂȘme, un an aprĂšs sa mort. Vivant et travaillant Ă  une Ă©poque de grands bouleversements et les seize derniĂšres annĂ©es de sa vie ont Ă©tĂ© marquĂ©es par la controverse lorsqu’il dut faire face Ă  deux tentatives de nuire Ă  sa rĂ©putation d’orthodoxie et de sincĂ©ritĂ© religieuse, Ă  Franeker. D’abord le professeur jĂ©suite Ă  l’universitĂ© de Wurtzbourg, Nicolaus Serarius, l’accusa d’hĂ©rĂ©sie, et la fĂ©roce controverse qui s’ensuivit tourna Ă  l’avantage de van den Driesche, qui bĂ©nĂ©ficiait du soutien de Joseph Juste Scaliger. L’indignation ressentie par cet universitaire devant l’accusation infondĂ©e qu’il n’était qu’un simple grammairien, et non un thĂ©ologien, rĂ©sonne nĂ©anmoins dans toutes ses Ɠuvres ultĂ©rieures. La deuxiĂšme tentative, plus vicieuse, venait de son camp. Comme il Ă©tait l’ami de Jacobus Arminius, le parti anti-remonstrant le soupçonna d’ĂȘtre de son cĂŽtĂ© et accusa son commentaire sur l’Ancien Testament d’iniquitĂ©. En 1615, la dĂ©fense d'une thĂšse sur Proverbes 08:22, prĂ©sidĂ©e par van den Driesche, incita un proche associĂ© Ă  Franeker, Sibrand Lubbert (en), Ă  lancer une campagne l'accusant d’arianisme. Sa rĂ©putation suffit Ă  le sauver de cette tentative de diffamation, mais il avait rĂ©pondu Ă  l’accusation avec une telle fĂ©rocitĂ©, ridiculisant ouvertement et condamnant les petits docteurs ne connaissant que leur catĂ©chisme au lieu de la Bible et de ses langues, que les États de la Frise lui interdirent de faire usage d’un langage immodĂ©rĂ© contre Lubbert. Quatre jours aprĂšs ce dĂ©cret, van den Driesche, qui avait affirmĂ© qu’il Ă©tait prĂȘt Ă  soumettre toutes ses constatations et conclusions au jugement de l’Église catholique orthodoxe, mourait. Le texte hĂ©breu et les paroles grecques qu’il avait Ă©crits dans l’Album n’ont pu ĂȘtre dĂ©chiffrĂ©es.

Ses leçons, dit son biographe[2], Ă©taient tellement courues qu’on y voyait une foule d’étudiants de Suisse, d’Allemagne, de Belgique, de France et d’Angleterre[1]. Van den Driesche Ă©tait en correspondance avec la plupart des hommes remarquables de son temps, comme Jacob Alting (en), BĂšze, Johannes Buxtorf, Isaac Casaubon, Peter van der Kun, les Gentili, Juste Lipse, Montaigne, Scaliger, Friedrich Sylburg, et une foule d’autres. Son gendre, Abel Curiander, avait entre les mains 1 600 lettres adressĂ©es Ă  van den Driesche et 2 300 lettres Ă©crites par lui, sans compter une multitude de lettres hĂ©braĂŻques, grecques, françaises, anglaises et belges. Il publia un grand nombre de livres et de traitĂ©s et laissa beaucoup de manuscrits traitant en gĂ©nĂ©ral d’exĂ©gĂšse, qui furent en partie imprimĂ©s aprĂšs sa mort et ont en majeure partie Ă©tĂ© rĂ©unis dans Critici sacri, sive, Annotata doctissimorum virorum in Vetus ac Novum Testamentum : quibus accedunt tractatus varii theologico-philologici, Amsterdam, Theodore Boom, 1662, Utrecht, Willem van de Water, 1698[3]. C’est par tous ces ouvrages et une foule d’autres du mĂȘme genre que van den Driesche acquit une place des plus honorables parmi les savants protestants de son temps. Il est Ă©gal au premier d’entre eux comme exĂ©gĂšte et critique biblique, et supĂ©rieur Ă  la plupart par son Ă©rudition profonde et l’étendue de ses connaissances linguistiques. Le critique Richard Simon a dit de lui : « Drusius doit ĂȘtre prĂ©fĂ©rĂ© Ă  tous les autres, Ă  mon avis ; car, outre qu’il Ă©tait un savant hĂ©braĂŻsant et qu’il pouvait consulter lui-mĂȘme les livres des Juifs, il avait lu les anciens traducteurs grecs, il s’était formĂ© une meilleure idĂ©e de la langue sainte que les autres critiques, qui ne se sont appliquĂ©s qu’à la lecture des rabbins ; et l’on peut ajouter qu’il avait lu aussi les ouvrages de saint JĂ©rĂŽme et de quelques autres PĂšres. En un mot, Drusius est le plus savant et le plus judicieux de tous les critiques qui sont dans ce recueil. »

De son vivant, de nombreux Ă©loges, en vers et en prose, en latin, en grec et en hĂ©breu, lui furent adressĂ©s, et sa mort fut dĂ©plorĂ©e, dans des poĂšmes Ă©lĂ©giaques, Sixtus Amama, Artopaeus (de), Sartorius (de). Ses nombreux ouvrages furent peu lus aujourd’hui aprĂšs sa mort, mais ils ne furent pas tout Ă  fait oubliĂ©s des Ă©rudits qui y ont puisĂ© des renseignements fort exacts et des observations trĂšs justes. Ses travaux auraient sans doute Ă©tĂ© plus solides et plus fructueux si van den Driesche avait connu toutes les branches du tronc sĂ©mitique ou si, du moins, il avait su l’arabe, mais cette connaissance universelle Ă©tait rare Ă  cette Ă©poque et n’était pas aussi facile Ă  acquĂ©rir alors. Le 4e vol. des Critici sacri renferme, dans les PrĂŠambula, l’écrit attribuĂ© Ă  son gendre, Abel Curiander : VitiĂŠ operumque Joannis Drusii editorum et nondum editorum delineatio et tituli.

Publications

Estampe de Drusius, Collections spéciales de la BU de Leyde.
  • Alphabetum HebraĂŻcum vetus, 1584.
  • Animadversionum libri duo, in quibus, prĂŠter dictionem Ebraicam, plurima loca ScripturĂŠ interpretumque veterum erplicantur, emendantur, Leyde, 1585.
  • τᜰ ጱΔρᜰ Ï€Î±ÏÎŹÎ»Î»Î·Î»Î±, Parallela sacra, h. e. locorum veteris Testamenti cum iis quĂŠ in novo citantur conjuncta commemoratio, Franeker, 1588.
  • Observationum sacrarum libri XVI, Franeker, 1594, 2e Ă©d.
  • QuĂŠstionum Ebraicarum libri tres, in quibus innumera ScripturĂŠ loca explicantur aut emendantur, Franeker, 1599, (2e Ă©d.
  • Miscellanea locutionum sacrarum tribula in centurias duas, etc., Franeker, 1586.
  • Proverbiorum classes duĂŠ, in quibus explicantur proverbia sacra et ex sacris orta ; item Sententia Salomonis, etc., Franeker, 1590.
  • Sophia Seirach, sive Ecclesiasticus, GrĂŠce ad exemplar Romanum, & Latine ex interpretatione J. Drusii, Franeker, 1596.
  • Proverbia Ben-SirĂŠ, etc., in Latinam linguam conversa, scholiisque aut potius commentario illustrata, Franeker, 1597.
  • Liber HasmonĂŠorum, qui vulgo prior MachabĂŠorum; GrĂŠce, ex edit. Romana, Franeker, 1600.
  • Tabulae in grammaticam ChaldaĂŻcam ad usum juventutis, 1602.
  • De HasidĂŠis, quorum mentio in libris MachabĂŠorum, libellus, Franeker, 1603.
  • De nomine Dei Elohim, Franeker, 1603
  • De nomine Dei proprio, quod Tetragrammaton vocant, Franeker, 1604
  • Une Ă©dition de Sulpicius Severus, 1607.
  • Opuscula quĂŠ ad grammaticam spectant omnia, 1609.
  • Lacrymae in obitum J. Scaligeri, 1609.
  • Grammatica linguĂŠ sanctĂŠ nova, 1612.
  • De patriarcha Henoch ejusque raptu, et libro e quo Judas apostolus testimonium profert, Franeker, 1615.
  • Veterum interpretum GrĂŠcorum in totum vetus Testamentum Fragmenta collecta, versa et notis illustrata, Arnheim, 1622.
    Ce dernier ouvrage, ainsi que Ad difficiliora Pentateuchi, i.e., quinque librorum Mosis Commentarius, etc., Franeker, 1617, et Annotatt. in loca difficiliora librorum JosuĂŠ, Judicum et Samuelis, etc., Franeker, 1618, et d’autres, n’ont paru qu’aprĂšs la mort de l’auteur, Ă©ditĂ© par son Ă©tudiant Sixtinus Amama, et sont comptĂ©s encore par Curiander parmi les nondum Ă©dita.

Notes

  1. (en) Martin F. J. Baasten et Reinier Munk, Studies in Hebrew Language and Jewish Culture : Presented to Albert van der Heide on the Occasion of his Sixty-Fifth Birthday, vol. 12, Dordrecht, Springer, , 321 p. (ISBN 978-1-40206-201-8, lire en ligne), p. 104-6.
  2. Censément son gendre Abel Curiander, mais en réalité son élÚve et successeur Sixtinus Amama. Voir Baasten et al.
  3. Jean-Pierre Niceron en a donnĂ© le dĂ©tail dans ses MĂ©moires pour servir Ă  l’histoire des hommes illustres dans la rĂ©publique des lettres, Paris, 1721-41, t. XXII, p. 67.

Sources

  • « Johannes van den Driesche », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabĂ©tique de la vie publique et privĂ©e de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littĂ©rateurs français ou Ă©trangers, 2e Ă©dition, 1843-1865 [dĂ©tail de l’édition]
  • Heinrich Joseph Wetzer, Benedikt Welte et Johann Goschler, Dictionnaire encyclopĂ©dique de la thĂ©ologie catholique, t. 7, Gaume et J. Duprey, , 544 p. (lire en ligne), p. 1-3.

Liens externes

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