Joachim Bouvet
Joachim Bouvet (Le Mans, - PĂ©kin, ), nom chinois:Bai Jin çœæ / çœéČ, prĂ©nom social: Mingyuan æèż) Ă©tait un mathĂ©maticien jĂ©suite français entrĂ© au service de lâempereur Kangxi en 1690 comme professeur, cartographe et lĂ©gat de Louis XIV[1].
Biographie
Joachim Bouvet entre dans la Compagnie de JĂ©sus Ă 17 ans et en 1676 au CollĂšge Royal Henri IV de La FlĂšche. AprĂšs avoir enseignĂ© Ă Quimper et Ă Bourges, il est choisi pour ĂȘtre au nombre des six mathĂ©maticiens du roi (avec Jean de Fontaney, Jean-François Gerbillon, Claude de Visdelou, Louis Le Comte et Guy Tachard) inscrits Ă lâAcadĂ©mie des sciences et envoyĂ©s en Orient par Louis XIV[2]. Il embarque Ă Brest le sur lâOyseau et, aprĂšs une escale au Siam, aborde en Chine en 1687 avec quatre de ses compagnons.
Ils dĂ©butent lâapprentissage du chinois et surtout du mandchou. Avec Jean-François Gerbillon, il est retenu Ă la cour sur recommandation du jĂ©suite portugais Thomas Pereira, et immĂ©diatement affectĂ© Ă lâenseignement des mathĂ©matiques auprĂšs de lâempereur[1]. Les deux jĂ©suites traduisent aussi en collaboration avec des Chinois les manuels utilisĂ©s en mandchou.
En 1692, il prononce ses vĆux dĂ©finitifs et a lâoccasion dâapposer sa signature sur lâautorisation accordĂ©e par dĂ©cret impĂ©rial ("DĂ©cret rouge") cette mĂȘme annĂ©e, qui permet aux missionnaires de reprendre pleinement leurs activitĂ©s religieuses restreintes au moment du procĂšs d'Adam Schall.
En 1693, il est envoyĂ© en France par Kangxi avec pour mission d'en ramener dâautres scientifiques, artistes et instruments[1]. Il dĂ©barque Ă Brest le et est reçu le par le roi Ă qui il prĂ©sente les cadeaux impĂ©riaux, dont plus de 40 volumes pour la BibliothĂšque royale. Il publie cette mĂȘme annĂ©e Le Portrait historique de lâempereur de la Chine qui prĂ©sente Kangxi sous un jour Ă©logieux - un succĂšs commercial - ainsi quâune plaquette dâillustrations, LâĂtat prĂ©sent de la Chine. Louis XIV le dote d'une somme importante pour la mission française de PĂ©kin, mais ne subventionne pas son retour en Chine car il nâa pas prĂ©sentĂ© de lettre dâaccrĂ©ditation de Kangxi. J. Bouvet se charge alors de trouver un armateur, et câest finalement Ă bord du vaisseau commercial l'Amphitrite - qui sera considĂ©rĂ© comme un vaisseau tributaire par la cour mandchoue - quâil retourne en Chine ; il retrouve PĂ©kin en 1699. Outre les cadeaux, dont de trĂšs nombreuses gravures, des glaces, des instruments et des portraits du roi et du duc du Maine, il emmĂšne avec lui sept jĂ©suites (Charles DolzĂ©, Louis Pernon, Jean-Charles-Etienne de Broissia, Philibert Geneix, Joseph Henri Marie de PrĂ©mare, Jean-Baptiste RĂ©gis et Dominique Parrenin) ainsi que le sculpteur Charles de Belleville et le peintre Giovanni Gherardini.
En 1700, il obtient de lâempereur le point de vue officiel sur le culte de Confucius et des ancĂȘtres, qui les caractĂ©rise comme des rites sociaux et non religieux, qui sera publiĂ© dans la Gazette de PĂ©kin.
En 1708, il commence avec Jean-Baptiste RĂ©gis et Pierre Jartoux les relevĂ©s de terrain pour lâĂ©tablissement de la carte gĂ©nĂ©rale de Chine dans la rĂ©gion de la grande muraille[3], mais en raison dâune chute de cheval il regagne PĂ©kin et ne participera plus Ă la suite du travail. Il consacre le reste de sa vie Ă ses Ă©tudes.
Sa stÚle tombale, ainsi que celles de F. Gerbillon et J-B Régis se trouvent au Musée de la sculpture de Pékin.
Controverses
Entre 1697 et 1707, il correspond avec Leibniz à qui il signale la présence d'un systÚme similaire au binaire que ce dernier avait conçu. Il étudie en effet les classiques chinois, en particulier le Yijing et le Daodejing, en y recherchant des traces de la révélation chrétienne. Pour cela il développa un systÚme figuriste visant à comparer (et à rapprocher) les systÚmes anciens chinois et européens. Il prétendra ainsi trouver dans d'ancien livres chinois trouver des échos de la Trinité, du Christ, etc. Ses travaux laissÚrent ses supérieurs trÚs critique[1]. Il rassemble autour de lui un groupe de missionnaires intéressés par le figurisme et entretient un moment l'espoir de fonder à Pékin une académie figuriste financée par la France. Il s'efforce également d'intéresser l'Académie Hanlin à ses recherches.
Joachim Bouvet prit part Ă la fameuse dite Querelle des rites chinois.
Ăcrits
- quatre Relations de divers voyages qu'il fit dans le cours de ses missions ;
- Portrait historique de l'empereur de Chine qui relate les grandes réalisations politiques de l'empereur, le comparant habilement à Louis XIV à qui le récit est destiné.
- L'Ătat prĂ©sent de la Chine avec des figures gravĂ©es, 1697, lire en ligne sur Gallica ;
- divers morceaux intéressants dans les Lettres édifiantes, etc.
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- La fiche consacrée à Joachim Bouvet dans la Catholic Encyclopedia
- Chinese Christian Texts Database
Sources
- Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflÚte le savoir actuel sur ce thÚme, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des rÚgles de neutralité de Wikipédia.
- Li, Shenwen, 2001, Stratégies missionnaires des Jésuites Français en Nouvelle-France et en Chine au XVIIe siÚcle, Les Presses de l'Université Laval, L'Harmattan, (ISBN 2747511235)
- Hong Kong Catholic diocesan Archive
Notes et références
- Claudia von Collani, Les JĂ©suites, Histoire et Dictionnaire, Paris, Bouquins Ă©ditions, , 519-520 p. (ISBN 978-2-38292-305-4)
- Les cinq autres sont Jean-François Gerbillon, Jean de Fontaney, Claude de Visdelou, Louis Le Comte et Guy Tachard qui restera au Siam.
- (en) J. V. Mentag, New Catholic Encyclopedia - Second Edition, Thomson and Gale, (ISBN 978-0787640040), p. 571 Cilt: 2