Jivanmukta
Le jÄ«vanmukta ou jÄ«van-mukta (sanskrit IAST ; devanÄgarÄ« : à€à„à€”à€šà„à€źà„à€à„à€€ ; « dĂ©livrĂ© ou libĂ©rĂ© vivant »)[1] - [2] est dans l'hindouisme un yogi ayant atteint, durant son vivant, l'Ă©tat de moksha, la libĂ©ration (jÄ«vanmukti) du cycle des rĂ©incarnations[3].
Dans l'hindouisme
C'est un adepte ou yogi qui a brisé les chaines du samsara. Il a ainsi atteint le moksha avant sa mort[4].
Adi Shankara dans Viveka Chudamani[5] dĂ©crit ainsi le jÄ«vanmukta : « Il vit dans une constante bĂ©atitude, il a presque oubliĂ© lâunivers des phĂ©nomĂšnes. MĂȘme lorsque sa pensĂ©e est immergĂ©e en Brahman, il est nĂ©anmoins tout Ă fait Ă©veillĂ©, mais en mĂȘme temps libre des caractĂ©ristiques de lâĂ©tat de veille. Il nâa plus lâidĂ©e de âjeâ et de âmienâ, mĂȘme pour le corps qui le suit comme une ombre. Il ne se remĂ©more pas les jouissances passĂ©es, ne sâinquiĂšte pas de lâavenir et considĂšre le prĂ©sent avec indiffĂ©rence. Il regarde avec Ă©quanimitĂ© le monde empli dâĂ©lĂ©ments qui possĂšdent des mĂ©rites et des dĂ©mĂ©rites. Lorsque se prĂ©sentent des choses agrĂ©ables ou pĂ©nibles, il garde dans les deux cas la mĂȘme attitude et son esprit nâest pas troublĂ©. Il lui est indiffĂ©rent que son corps soit adorĂ© par les bons ou tourmentĂ© par les mĂ©chants. »
Selon Vivekananda, « il est plus facile de devenir un jĂźvanmukta (libĂ©rĂ© dĂšs cette existence) que dâĂȘtre un ĂąchĂąrya [prĂ©cepteur spirituel]. Car le premier des deux sait que le monde est un rĂȘve et ne sâen prĂ©occupe pas. Un ĂąchĂąrya sait aussi que câest un rĂȘve, mais il doit y rester et y travailler. »[6]
Dans le sikhisme
Dans le sikhisme, jÄ«vanmukti correspond Ă l'idĂ©al Ă atteindre pour l'humain qui suit un chemin spirituel. Le concept de mukti est Ă rapprocher du moksha de l'hindouisme et du nirvana des bouddhistes, ou encore du salut des chrĂ©tiens. L'Ăąme individuelle (jiva) doit s'unir Ă l'Ăme SuprĂȘme, l'Un universel. Jivanmukti est donc la croyance qu'une personne peut atteindre la libĂ©ration, l'illumination pendant sa vie actuelle et non pas de par sa mort[7]. Jivan veut dire: vie, mukti: libĂ©ration.
L'ego est le barrage entre Dieu et l'humain pour les sikhs. Le Service dĂ©sintĂ©ressĂ© ou sewa, la mĂ©ditation ou kirtan sont des voies Ă suivre pour obtenir la libĂ©ration spirituelle. Le Guru Granth Sahib, le livre saint des sikhs stipule : « Il se livre complĂštement Ă la volontĂ© de Dieu »[8], en parlant de l'homme en quĂȘte spirituelle qui a atteint le stade de pĂšre de famille[9].
Pour le sikh, il faut lutter contre son ego en méditant sur le nom de Dieu (kirtan) et en pratiquant le service désinteressé, (sewa), pour obtenir la libération spirituelle: c'est la voie du karma; la voie de la connaissance aide aussi le croyant à se libérer. La priÚre et l'austérité sont deux autres chemins à suivre également, dans cette optique, suivant le sikhisme. Le concept de Gurmukh est important dans cette optique c'est-à -dire qu'il faut avoir les idées fixées sur Dieu et ses commandements. La grùce divine appelée aussi nadar compte aussi afin d'obtenir la libération[10].
Notes et références
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Jivan Mukti » (voir la liste des auteurs).
- The Sanskrit Heritage Dictionary de GĂ©rard Huet
- Jean Herbert, Spiritualité hindoue, Albin Michel, , p. 131
- (en) « Monier Williams Sanskrit-English Dictionary »
- The A to Z of Hinduism, par B.M. Sullivan publié par Vision Books, page 103, (ISBN 8170945216)
- Viveka Chudamani, § 428 à 440 (extraits) ; cité par Jean Herbert, Spiritualité hindoue, Albin Michel, , p. 132
- Swami Vivekananda, Les Yogas pratiques, Albin Michel, , p. 166
- A Popular dictionary of Sikhism de W. Owen Cole et Piara Singh Sambhi, Ă©dition Curzon, page 90, (ISBN 0700710485)
- Page 275 du Guru Granth Sahib
- The Encyclopaedia of Sikhism dirigée par Harbans Singh, tome II, pages 362 et 363, (ISBN 8173802041)
- The Encyclopaedia of Sikhism dirigée par Harbans Singh, tome II, pages 387 et suivantes, (ISBN 8173802041)