Jean du Bois
Jean du Bois (en latin Johannes a Bosco), plus tard Jean du Bois-Olivier[1], est un religieux français de l'ordre des Célestins, un temps homme de guerre, né à Paris vers le milieu du XVIe siècle, mort à Rome le .
Ordre religieux |
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Biographie
Il fut d'abord moine célestin, puis quitta cet ordre avec la permission du pape, et devint soldat pendant plusieurs années sous le règne d'Henri III, s'illustrant tellement dans cette profession que ce roi le surnommait « l'empereur des moines »[2]. Il rentra ensuite dans son ancien ordre, et dans la publication qu'il fit en 1605 s'intitule « célestin de Lyon »[3]. Il s'attacha au cardinal Séraphin Olivier-Razali, qui faisait tant de cas de lui qu'il lui permit de porter son nom et ses armes, et lui obtint comme bénéfice l'abbaye de Beaulieu-en-Argonne[4]. Quand ce prélat mourut à Rome le , il prononça son oraison funèbre dans l'église de la Sainte-Trinité du mont Pincio[5].
Il était également prédicateur ordinaire du roi Henri IV, et prêcha avec beaucoup de succès à la cour et dans plusieurs paroisses de Paris. Très attaché à ce roi, quand il fut assassiné le , il fut de ceux qui accusèrent ouvertement les jésuites[6]. Le duc d'Épernon, allié de cette compagnie, intervint auprès de la reine Marie de Médicis pour qu'on fasse taire le fougueux abbé, qui fut convoqué par l'évêque de Gondi, lequel se contenta d'ailleurs de l'admonester. Du Bois continua de se répandre contre les jésuites, en paroles et en écrits, pendant des mois, malgré aussi une conférence qu'il eut le avec le père Coton, à l'instigation de la reine qui voulait les réconcilier.
Dans ces dangereuses circonstances, il eut l'imprudence de se rendre à Rome à l'automne 1611, malgré le conseil de tous ses amis. Peu après son arrivée, il fut arrêté et enfermé au château Saint-Ange (octobre ou novembre). On attribua ce voyage et cette incarcération à l'action concertée du cardinal Bellarmin, qui était jésuite, du nonce Ubaldini, et du secrétaire d'État de Villeroy[7]. Il mourut quinze ans plus tard, toujours détenu[8].
Selon certains auteurs, il était très adonné à l'alchimie, et il y perdit ses biens[9].
Œuvre
Il est l'auteur des publications suivantes :
- Floriacensis vetus bibliotheca Benedictina, sancta, apostolica, pontificia, cæsarea, regia, franco-gallica (Lyon, chez Horace Cardon, 1605), recueil de trente-et-un textes organisés en trois parties, dont un certain nombre sont tirés de la bibliothèque de l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire (dite aussi abbaye de Fleury), pillée et dissipée en grande partie pendant les guerres de religion ; mais aussi plusieurs textes originaux de l'abbé du Bois lui-même[10] ; troisième partie, en quatre sections, consacrée à l'histoire de l'archidiocèse de Vienne et dédiée à Pierre II de Villars ;
- Oratio habita Romæ anno 1609 die 10 martii, dum exequiæ Seraphini Olivarii, Galli, amplissimi S. R. E. cardinalis... celebrarentur... (Rome, chez Bartolomeo Zanetti, 1609 ; également en tête des œuvres du cardinal, Decisiones aureæ) ;
- Le Pourtrait Royal de Henry le Grand, proposé à Messieurs de Paris en l'église de Saint Loup et Saint Gilles, le , pendant qu'on y célébrait les obsèques, par Jean du Bois Olivier, abbé de Beaulieu, ou Oraison funèbre d'Henri IV (Paris, chez Rolin Thierry, 1610) ;
- Anticoton, ou réfutation de la lettre déclaratoire du père Coton. Livre où est prouvé que les jésuites sont coupables et auteurs du parricide exécrable commis en la personne du roi très chrétien Henri IV, d'heureuse mémoire (imprimé à Paris en 1610).
Notes et références
- Connu en Italie sous le nom d'abbate del Bosco.
- Cf. Pierre de l'Estoile, Journal du règne d'Henri IV, tome II : « L'abbé du Bois [...] déclama un peu en soldat et capitaine échauffé, comme aussi il en avait fait la profession avec honneur longtemps, après avoir quitté celle de moine célestin (mais avec raison, et sans scandale). Le feu roi Henri III, qui faisait cas de sa valeur, l'appelait l'empereur des moines. Homme, au reste, qui savait, et sur la catholicité duquel il n'y avait que mordre ; mais sage mondain, et accort, et qui savait aller et parler aussi bien que les jésuites ».
- « Opera Johannis a Bosco, Parisiensis, Cælestini Lugdunensis ».
- Abbaye cistercienne, si bien que Jean du Bois est parfois rattaché à l'ordre cistercien.
- Giovanni Vittorio Rossi, dit Janus Nicius Erythræus (1577-1647), Pinacoteca, I : « Cardinalem Seraphinum Olivarium postea luculenta oratione in Æde Sanctissimæ Trinitatis ad montem Pincium laudavit exstinctum ».
- Pierre de l'Estoile, op. cit. : « Le dimanche 6 [sc. juin 1610] l'abbé du Bois, de l'ordre de Cîteaux, à Saint-Eustache donna fort sur les jésuites, prêchant contre eux et la doctrine erronée contenue en leurs écrits et livres, et alléguant entre autres les livres de Mariana et de Becanus ; surtout il prêcha violemment contre, disant qu'ils avaient tué le feu roi, et étaient cause et partie du malheureux assassinat commis en sa personne sacrée [...] ».
- Gabriel Naudé, Considérations sur les coups d'État : « De nos jours [...] la prison de l'abbé du Bois [...] a été attribuée à M. de Villeroy ».
- D'après une lettre de Paolo Sarpi (Lettere, Florence, 1863, II, p. 272), il aurait été pendu dès le 24 novembre 1611 sur le Campo de' Fiori (référence donnée par Manlio Duilio Busnelli, article « Du Bois-Olivier », Enciclopedia Italiana, 1932).
- Janus Nicius Erythræus, op. cit. : « Traditur chymicæ imprimis arti fuisse adductus, sed vanitatis suæ pœnas rei familiaris damno solvisse ».
- Dont le texte IV (Conservatio corporis sancti Benedicti) ; le texte XXV (Vita Beati Roberti Cælestini) ; le texte XXVIII (Antiquæ, sanctæ ac senatoriæ Viennæ Allobrogum Gallicorum sacræ et prophanæ antiquitates).