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Jean Chaleyé

Jean ChaleyĂ©, dit Joannès ChaleyĂ© est un peintre, graphiste et spĂ©cialiste français de la dentelle nĂ© le Ă  Saint-Étienne et mort le au Puy-en-Velay. Il a jouĂ© un rĂ´le artistique et pĂ©dagogique prĂ©pondĂ©rant pour prĂ©server et renouveler la tradition française de la dentelle Ă  la main durant la première moitiĂ© du XXè siècle, au Puy-en-Velay notamment.

Jean Chaleyé
Jean Chaleyé, dans les années 1900
Naissance
Décès
(Ă  81 ans)
Le Puy-en-Velay
Nom de naissance
Jean-Baptiste Chaleyé
Autres noms
Joannès Chaleyé
Nationalité
Francaise
Activité
Formation
Distinction

Jeunesse et formation

Jean ChaleyĂ©[1], dit Joannès ChaleyĂ© [2], fut d'abord Ă©lève Ă  l’École rĂ©gionale des arts industriels de Saint-Étienne (aujourd'hui École supĂ©rieure d'art et design Saint-Étienne). ChaleyĂ© reçoit de sa ville natale une bourse lui permettant de poursuivre ses Ă©tudes pendant encore trois ans Ă  l’École des beaux-arts de Lyon qu'il intègre en 1896. Il y rejoint la classe dite « de fleurs Â». Trois ans plus tard Ă  sa sortie de l'Ă©cole il fut grand laurĂ©at et reçut de celle-ci une mĂ©daille d’or ainsi qu'une bourse de la ville de Lyon lui offrant la possibilitĂ© de poursuivre sa formation Ă  Paris. Il entre en 1899 Ă  l'École nationale supĂ©rieure des arts dĂ©coratifs de Paris oĂą il rejoint la classe de Louvrier de Lajolais (directeur entre 1877 et 1908) qui s'intĂ©resse Ă  la rĂ©novation des arts appliquĂ©s Ă  l'industrie. En 1900, ChaleyĂ© fut Ă©galement reçu Ă©lève Ă  l'École nationale supĂ©rieure des beaux-arts[3] (atelier de Fernand Cormon) oĂą il acheva sa culture artistique.

Carrière artistique et administrative 

Enseignement de la dentelle au Puy-en-Velay (1903-1930)

En 1903, annĂ©e Ă  laquelle fut promulguĂ©e la loi Engerand-Vigouroux[4] visant Ă  « crĂ©er l’apprentissage professionnel de la dentelle Ă  la main Â» Louvrier de Lajolais, qui avait affirmĂ© la nĂ©cessitĂ© de former des artistes capables de fournir « des modèles excellents dont la reproduction puisse se faire industriellement Â»[5], propose Ă  ChaleyĂ© de partir en province, au Puy-en-Velay (Haute-Loire), afin d’y organiser l’apprentissage artistique de la dentelle aux fuseaux.

En 1903, il entre dans l'enseignement, crĂ©e Ă  l’École pratique de commerce et d’industrie du Puy-en-Velay le cours d'enseignement d'art appliquĂ© Ă  la dentelle. Il crĂ©e alors des dessins de dentelles qui sont rĂ©alisĂ©s soit dans le cadre de l'Ă©cole soit par le dentellier Oudin. Il voulait remplacer les dessins traditionnels Ă  motifs gĂ©omĂ©triques et rĂ©pĂ©titifs par des formes très souples inspirĂ©es de la flore locale.

Il représenta le ministre du Commerce au congrès international du dessin en 1908 à Londres, fut chargé d'un rapport par le Ministère du Commerce sur l'enseignement de la dentelle en France et à l'étranger. Il fut également chargé de missions à Bruxelles en 1911. Il se marie en 1912 au Puy avec Andrée Gimbert. Mobilisé de 1914 à 1918, Chaleyé est réformé de guerre à la suite d'une maladie (hypertrophie du cœur) contractée sur le front et il dirige en 1918 le service des contrôles d'une usine de fabrication de moteurs d'avions à Lyon. Il est nommé chevalier de la Légion d'Honneur[6] en 1921 pour services exceptionnels rendus à l'enseignement. En 1922, il fut chargé d'une mission d'inspection, et fut membre du jury des classes textiles à l'Exposition des arts décoratifs de 1925. A cette exposition, il obtint une nouvelle médaille d'or pour l'ensemble de ses créations dentellières.

Expositions internationales

En 1904, il fait participer la section « Dentelle Â» Ă  l'exposition du  musĂ©e Galliera Ă  Paris qui prĂ©sente les dentelles rĂ©alisĂ©es selon ses idĂ©es. En 1905, il crĂ©e pour le dentellier Oudin la feuille d'Ă©ventail qui est achetĂ©e par le musĂ©e de Saint-Gall en Suisse. Il participe Ă  diffĂ©rents concours et expositions internationales au cours desquelles il obtint plusieurs rĂ©compenses :

  • Exposition internationale de Liège (1905): il a crĂ©Ă© une feuille d’éventail Ă  dĂ©cor de vigne vierge qui a participĂ© Ă  cette exposition.
  • Concours de la Dentelle de France (1907): la section « Dentelle Â» dont il dirige les travaux obtient 3 distinctions : le premier prix (1000 Francs), le deuxième prix en collaboration, ainsi que pour ses travaux personnels, le prix du Sous-SecrĂ©taire d’État des Beaux Arts.
  • Exposition franco-britannique de Londres (1908): mĂ©daille d’or pour un galon de fuchsias signĂ© par ChaleyĂ©.
  • Exposition universelle de Bruxelles (1910) : un grand prix fut obtenu par trois dentelles signĂ©es par ChaleyĂ© (paysage avec effet de grisaille, un combat de coqs en couleur et un coussin Ă  dĂ©cors de marrons Ă  toile d’araignĂ©e). ChaleyĂ© obtint Ă©galement une mĂ©daille d'or pour sa collaboration.
  • Exposition internationale de Turin (1911): il avait rĂ©alisĂ© de nouveaux dessins qui lui avaient valu une mĂ©daille d’or au titre de sa collaboration.
  • Exposition internationale de Lyon (1914): il est mĂ©daillĂ© pour sa collaboration. Participation des sections « Dentelle Â» et d' « Ă‰bĂ©nisterie Â» dont ChaleyĂ© dirigea les travaux et dessina les modèles pour cette exposition.
Tableau de Jean Chaleyé exposé au Musée Crozatier du Puy-en-Velay

En parallèle de son implication artistique dentellière, il exposa ses toiles au Salon des artistes français dès 1902[7]. Au Salon des indépendants, une de ses œuvres fut retenue par la Commission des beaux-arts de la Ville de Paris et plusieurs musées ont acquis de ses toiles : les villes du Puy, Lyon, Clermont-Ferrand, Saint-Gall (Suisse). Sept d'entre elles sont encore exposées au Musée Crozatier au Puy-en-Velay[8]. Peintre des fleurs réputé, il connut ses principaux succès dans les régions lyonnaises et stéphanoises où il exposa surtout.

Enseignement de la dentelle Ă  Roubaix et Bailleul (1930-1939)

Il quitte Le Puy-en-Velay en 1930 pour Roubaix où il est nommé directeur de l'École nationale supérieure des arts et industries textiles. Il est aussi directeur artistique de l'école de dentelles de Bailleul dont il modernise la facture. Par ses dessins et grâce aussi à sa longue expérience des expositions, il favorisa l'obtention par cette école du Grand Prix à l'Exposition de Bruxelles (1935)[9]. Il est promu au rang d'officier la Légion d'Honneur en 1937. En 1939, il fait valoir ses droits à la retraite de la Fonction publique et est nommé directeur honoraire pour ses services rendus à l'enseignement technique[10].

Retour au Puy-en-Velay (1940-1960)

En 1940, Chaleyé revient au Puy-en-Velay où il constate la faiblesse et la médiocrité de l'enseignement de la dentelle. La dentelle mécanique et sa concurrence sont incriminées. Chaleyé qui prend la direction d'un nouveau mouvement de rénovation de la dentelle aux fuseaux en 1942[11] le réprouve et il fonde cette même année, avec le soutien du dentellier Paul Fontanille, le conservatoire départemental de la dentelle à la main[12]. Il regrettait notamment que les industriels dentelliers de cette époque assistaient à la disparition de la dentelle dans les vêtements sans pour autant chercher à se reconvertir dans de nouveaux débouchés comme celui de l'ameublement (stores, brise bises, napperons etc.). Jusqu'à la fin de sa vie, il se passionne et combat pour l'industrie dentellière du Velay.

Publications

Chaleyé publia six principaux ouvrages. Les trois premiers visaient principalement à redévelopper et perpétuer l'art de la dentelle :

  • Dentelles du Puy, compositions de Joannès ChaleyĂ©, Calavas, Librairie des arts dĂ©coratifs (en France) et Schultz (en Allemagne et Autriche-Hongrie), 1911
  • L'enseignement professionnel dentellier en Haute-Loire : historique et rĂ©alisations rĂ©centes, Conservatoire dĂ©partemental de la dentelle Ă  la main, 1945
  • MĂ©thode d'enseignement de la dentelle aux fuseaux, Conservatoire dĂ©partemental de la dentelle Ă  la main, 1946
  • La Dentelle Ă  la main du Velay, sa valeur Ă©conomique, ses perspectives d'avenir, Conservatoire dĂ©partemental de la dentelle Ă  la main, 1948
  • La Dentelle Ă  la main du Velay, PrĂ©face d'AndrĂ© Siegfried de l'AcadĂ©mie Française, Conservatoire dĂ©partemental de la dentelle Ă  la main, 1948
  • La Dentelle Ă  la main en Velay. Son Ă©volution historique, sa situation prĂ©sente, Technique, Art, Science, 1949

Expositions posthumes

Trois principales expositions sur son œuvre picturale et dentellière ont été organisées depuis sa disparition :

  • RĂ©trospective ChaleyĂ© 1878 1960, Orangerie du SĂ©nat, Juin - [13]
  • Les jardins et les fleurs de J.-B. ChaleyĂ©, Baptistère Saint-Jean du Puy-en-Velay, Mai - [14]
  • Exposition peintures et dentelles, Conseil DĂ©partemental de la Haute-Loire, Juillet -

Bibliographie

  • Maurice Testard, « Joannès ChaleyĂ© et la dentelle du Puy », L'Art DĂ©coratif, Revue de l'Art Ancien et de la vie artistique moderne, vol. tome 29,‎ janvier - juin 1913, p. 51-60.
  • Albert Boudon-Lashermes, « Deux brochures de J. ChaleyĂ© sur la dentelle du Puy », Terroirs,‎ mars - avril 1949, p. 29-32.
  • Robert Rey et Maximilien Gauthier, Jean ChaleyĂ©, 1878-1960, vol. 224, Genève, Editions Pierre Cailler, coll. « Les cahiers d'Art - Documents », .
  • Colette Rolland, Jean B. ChaleyĂ© (1878 - 1960), Paris, Editions Errance, , 58 p..

Notes et références

  1. Jean-Jacques Boucher, Le dictionnaire de la soie. Découvrir son histoire de ses origines jusqu’à nos jours, Fernand Lanore, , 655 p. (ISBN 978-2-85157-763-4, lire en ligne)
  2. Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays par un groupe d’écrivains spĂ©cialistes français et Ă©trangers / E. BĂ©nĂ©zit. - Paris : GrĂĽnd, 1966, tome 2nd
  3. « M. J. Chaleyé, directeur de l'école des Arts et Industries textiles de Roubaix nommé officier », Journal de Roubaix,‎ (lire en ligne)
  4. Geneviève Trincal, "Les denteleuses" : la dentelle et les dentellières en Haute-Loire de 1850 à 1914, Presses Univ Blaise Pascal, , 192 p. (ISBN 978-2-87741-062-5, lire en ligne)
  5. Rossella Froissart-Pezone, « Histoire de l'École nationale supérieure des arts décoratifs, 1766-1941 », École nationale supérieure des arts décoratifs,‎ , p. 146 (lire en ligne)
  6. « Ministère de la culture - Base Léonore », sur www.culture.gouv.fr (consulté le )
  7. « Ministère de la culture - Base Léonore », sur www.culture.gouv.fr (consulté le )
  8. « http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr », sur www.culture.gouv.fr (consulté le )
  9. « 3e partie : L’école dentellière de 1925 à 1935 », sur home.nordnet.fr (consulté le )
  10. « M. Johannes Chaleyé, directeur de l'Ecole nationale des arts et industries textiles, est admis à faire valoir ses droits à la retraite - Il nommé directeur honoraire », Journal de Roubaix,‎ , p. 3 (lire en ligne)
  11. Brigitte Delesque-DĂ©spalle, La dentelle Ă  l'aiguille, EDITIONS CREER, (ISBN 978-2-909797-91-5, lire en ligne)
  12. Danièle Clermontel et Jean-Claude Clermontel, Chronologie scientifique, technologique et économique de la France (lire en ligne), p. 319
  13. La Revue moderne des arts et de la vie, (lire en ligne)
  14. « Répertoire numérique de la sous-série 11 Fi », Archives départementales de la Haute-Loire,‎ (lire en ligne)

Liens externes

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