Jean-Baptiste d'Estienne du Bourguet
Jean-Baptiste d'Estienne du Bourguet, nĂ© le Ă Aix-en-Provence et mort le en cette mĂȘme ville, est un capitaine de vaisseau et mathĂ©maticien français, auteur d'un Art du calcul astronomique Ă l'usage des navigateurs (1801), du TraitĂ©s de calcul diffĂ©rentiel et intĂ©gral (1810) et d'articles dans le journal de mathĂ©matiques les Annales de Gergonne.
Jean-Baptiste d'Estienne du Bourguet | |
Surnom | Chevalier du Bourguet |
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Naissance | Aix-en-Provence |
DĂ©cĂšs | (Ă 61 ans) Aix-en-Provence |
Origine | Français |
Allégeance | Royaume de France |
Arme | Marine royale française |
Grade | Capitaine de vaisseau |
AnnĂ©es de service | 1775 â 1801 |
Conflits | Guerre d'indĂ©pendance des Ătats-Unis |
Distinctions | Chevalier de l'Ordre de Saint-Louis |
Autres fonctions | Mathématicien |
Biographie
Origines et carriĂšre militaire
Jean-Baptiste d'Estienne du Bourguet est issu d'une famille provençale. Dans un portrait consacrĂ© au mathĂ©maticien, C. Gerini Ă©crit en note : « la famille Dubourguet changea souvent de nom, le prĂ©nom Ătienne (ou Estienne) venant du nom de famille qui fut suivant les Ă©poques : Estienne, DâEstienne, Gaufridy Dubourguet, Bourguet, Du Bourguet, et enfin Dubourguet »[1].
Il est né le à Aix-en-Provence de Pierre Guillaume d'Estienne de Gaufridy, baron de Saint-EstÚve, seigneur du Bourguet, de Lagneros et d'Auriac[2] - [3], conseiller au parlement d'Aix et de Françoise de Felix de Creisset.
Il fait d'abord une carriĂšre dâofficier de marine, de 1775 Ă 1801, durant laquelle il participe Ă la guerre dâIndĂ©pendance des Ătats-Unis dans lâescadre de lâamiral de Grasse et sert sur le Uon, le Hardi, lâHector et le Neptune[4].
AprĂšs une enquĂȘte du ministĂšre de la police de Bonaparte sur ses origines, il est amnistiĂ© en 1801 (son nom ne figure apparemment pas sur la liste des Ă©migrĂ©s fidĂšles au roi, mĂȘme si ce dernier, le futur Louis XVIII, le fait chevalier de l'ordre de Saint-Louis en 1795)[1].
Vers 1800, il cesse tout lien avec sa famille qui le considĂšre comme traĂźtre Ă la fidĂ©litĂ© du roi et devient en 1801 professeur de mathĂ©matiques au PrytanĂ©e Français, CollĂšge de Paris, qui deviendra le LycĂ©e ImpĂ©rial sous le rĂšgne de NapolĂ©on, puis le LycĂ©e Louis-le-Grand. Il est enseignant dans cet Ă©tablissement jusqu'Ă sa mise Ă la retraite en 1815[1]. Il quitte alors Paris et s'installe Ă Dieppe [5] oĂč il est professeur d'hydrographie[6]. Il meurt le Ă Aix-en-Provence[1] - [7].
Le mathématicien
« On connaĂźt surtout de du Bourguet son ouvrage intitulĂ© Lâart du calcul astronomique des navigateurs, portĂ© Ă un plus haut degrĂ© dâexactitude que celui auquel il Ă©tait dĂ©jĂ parvenu, quoique souvent simplifiĂ©, et dĂ©montrĂ© de maniĂšre Ă ĂȘtre fort aisĂ©ment compris par tous ceux qui ont quelques notions des mathĂ©matiques et de lâastronomie, publiĂ© Ă Paris, chez Firmin Didot, en 1801 (an X) sous le nom de Jean-Baptiste dâEstienne du Bourguet, et rĂ©Ă©ditĂ© par la suite. Cet ouvrage fut dans un premier temps assez mal reçu[1].
« M. du Bourguet s'est tracé un plan plus instructif et plus étendu : il s'applique à démontrer, d'une maniÚre rigoureuse et souvent nouvelle, toutes les rÚgles qui doivent diriger le navigateur ; à chercher des solutions directes de tous les problÚmes nautiques ; et quand la nature de la question n'en permet pas de ce genre, au lieu de se borner, comme on fait ordinairement, aux essais et aux approximations successives, il cherche, dans le calcul différentiel, les corrections que demandent les suppositions qu'il a été forcé de faire au commence du calcul. Cette démarche est plus géométrique et plus satisfaisante pour l'esprit ; elle doit souvent conduire à des résultats plus courts et plus sûrs. Ainsi, l'idée fondamentale de cet ouvrage mérite déjà la reconnaissance des navigateurs et l'approbation des savants[6]. »
On connaĂźt moins ses Opuscules mathĂ©matiques publiĂ©s Ă Leyde en 1794, chez les frĂšres Muray : on y trouve un mĂ©lange de mathĂ©matiques Ă©lĂ©mentaires (rĂ©solution dâĂ©quations, formules de trigonomĂ©trie) et de calculs plus spĂ©cifiquement liĂ©s Ă la navigation (ce quâil appelle la partie astronomique du mĂ©tier de la mer ou problĂšmes de Navigo-astronomie)[1].
De mĂȘme, ses ĂlĂ©ments dâalgĂšbre Ă lâusage du PrytanĂ©e Français, ouvrage mineur publiĂ© en 1802, ne sont pas restĂ©s dans les mĂ©moires : leur vĂ©ritable intĂ©rĂȘt tient au fait quâils confirment des Ă©lĂ©ments de biographie parfois difficiles Ă coordonner, et en lâoccurrence son emploi de professeur de mathĂ©matiques en ce collĂšge de Paris du PrytanĂ©e français cette annĂ©e-lĂ [1].
Ses Traités élémentaires de Calcul différentiel et de calcul intégral sont à présent quant à eux un peu mieux connus depuis leur numérisation par le service central de documentation des universités de Strasbourg[1]. »
Il contribue par de nombreux articles au premier journal français entiÚrement consacré aux mathématiques: les Annales de mathématiques pures et appliquées de Gergonne[1] :
- « Formule nouvelle pour calculer les logarithmes », Annales de Gergonne, T. II (1811-1812), p. 69-72
- « Lettre de M. du Bourguet, professeur de mathématiques spéciales au lycée impérial, aux rédacteurs des Annales », Annales de Gergonne, T. II (1811-1812), p. 286-287
- « Analyse Ă©lĂ©mentaire. DĂ©monstration du principe qui sert de fondement Ă la thĂ©orie des Ă©quations », T. II (1811-1812), p. 338-340 avec rĂ©ponse de M. Bret : Observation sur une dĂ©monstration donnĂ©e par M. du Bourguet du principe qui sert de fondement Ă la thĂ©orie des Ă©quations algĂ©briques », par M.Bet, T. III â1812-1813) p. 33-34 ; rĂ©ponse Ă nouveau de du Bourguet p. 94-97.
- « Trigonométrie. Démonstration de quelques formules trigonométriques nouvelles ou peu connue », Annales de Gergonne, T. III (1812-1813), p. 19-25
- « Correspondance », Annales de Gergonne, T. III (1812-1813), p. 94-97
- « Correspondance. Lettre de M. du Bourguet, professeur de mathématiques spéciales au lycée impérial », Annales de Gergonne, T. III (1812-1813), p. 139-140
- Questions résolues. (du Bourguet; Cardinali; Lanjuinais; Le Grand)
- « Solutions du problĂšme dâanalyse indĂ©terminĂ©e, proposĂ© Ă la page 140 de ce volume », Annales de Gergonne, T. III (1812-1813), p. 241-243
- « AlgĂšbre Ă©lĂ©mentaire. DĂ©monstrations Ă©lĂ©mentaires du thĂ©orĂšme de dâAlembert sur la forme des imaginaires », Annales de Gergonne, T. IV (1813-1814), p. 20-25
- « Sur la démonstration du principe qui sert de fondement à la théorie générale des équations algébriques », Annales de Gergonne, T. IV (1813-1814); p. 56-58
- « Analyse transcendante. Intégration, sous forme finie, de quelques fonctions différentielles circulaires », Annales de Gergonne', T. IV (1813-1814), p. 72-78
- « Géométrie transcendante. Théorie géométrique de la cycloïde », Annales de Gergonne, T. VI (1815-1816), p. 29-45
Notes et références
- Christian Gerini Enseigner les mathématiques au XIXe siÚcle IREM. No 83 - avril 2011, page 61.
- Grands notables du premier Empire, par Pierre Arches, Louis Bergeron, EHESS, Centre National de la Rechercher Scientifique, 1988, p. 79
- La Provence au service du roi, 1637-1831, Frédéric d'Agay, 2011, T II, p. 241
- de La JonquiĂšre Les Marins français sous Louis XVI : guerre dâindĂ©pendance amĂ©ricaine, Muller, 1996, p. 40.
- Franz Xaver Freiherr von Zach Correspondance astronomique, géographique, hydrographique et statistique du baron de Zach, volume 6, A. Ponthenier, imprimeur-fondeur, 1822, page 122.
- Annales maritimes et coloniales, Volume II, 1817, p. 216
- Archives dĂ©partementales des Bouches du RhĂŽne, Ătat-civil de la ville dâAix, registres des dĂ©cĂšs, annĂ©e 1821, vue 16/113.
Sources et bibliographie
- Christian Gerini Enseigner les mathématiques au XIXe siÚcle IREM. No 83 - avril 2011.
- Christian Gérini, Les Annales de Gergonne: apport scientifique et épistémologique dans l'histoire des mathématiques, Ed. du Septentrion, Villeneuve d'Ascq, 2003.
- Intégrale des Annales de Gergonne, dont les articles de du Bourguet: Les Annales de Gergonne
- G. Schubring, 2005, Conflicts between Generalization, Rigor, and Intuition
- Number Concepts Underlying the Development of Analysis in 17â19th Century in France and Germany, Sringer New York, Collection âSources and Studies in the History of Mathematics and Physical Sciencesâ. En particulier le chapitre V (Gert Schubring): Le Retour du RefoulĂ©: The Role of Lazare Carnot and his Conceptions.
- Archives de l'observatoire de Paris : Correspondance entre d'Estienne du Bourguet et Delambre (les cotes précÚdent les intitulés):
- - T43(5) : Application à différents exemples d'une formule de M. du Bourguet pour réduire les distances apparentes de la Lune, du Soleil et des étoiles.
- - Z127(1) : Lettre de du Bourguet à Delambre, Paris, 11 brumaire an X. Au sujet d'un compte-rendu peu favorable, fait par Delambre devant la Classe de Mathématiques de l'Institut, sur un ouvrage d'astronomie nautique de du Bourguet.
- - Z127(2) : Lettre de du Bourguet à Delambre, 17 brumaire an X. Réponse à une lettre de Delambre, datée du 13 brumaire, sur l'ouvrage de du Bourguet.
- - Z127(3) : Lettre de du Bourguet Ă Delambre, 23 brumaire an X. RĂ©ponse Ă des remarques de Delambre sur l'ouvrage de du Bourguet.
- - Z127(4) : RĂ©ponses aux remarques du citoyen Delambre sur âL'Art astronomique des Navigateursâ par du Bourguet.
- - Z127(5) : Réplique aux réponses du cit. du Bourguet. Notes de Delambre en marge d'un document de Lalande.