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Jacques de Beaulieu

Jacques de Beaulieu, dit « frère Jacques Â», connu aussi sous le nom de Jacques Beaulieu ou Jacques Baulot, est un chirurgien lithotomiste itinĂ©rant, nĂ© en 1651 Ă  l'Étandonne ou l'Étendonne [1], un hameau, aujourd'hui un quartier, de Beaufort dans le Jura près de Lons-le-Saunier et mort Ă  Besançon le . Il s'est fait connaĂ®tre pour ses opĂ©rations chirurgicales « de la taille Â», oĂą l'on coupait ou broyait la pierre (un calcul de vessie ou lithiase vĂ©sicale) dans la vessie au moyen du lithotome (sorte de pince ou broyeur).

Jacques de Beaulieu
Jacques de Beaulieu, dit frère Jacques
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Biographie

Jacques de Beaulieu est un autodidacte, sans connaissance en anatomie. Il semble s'ĂŞtre formĂ© lors d'annĂ©es passĂ©es dans un rĂ©giment de cavalerie, auprès d'un certain Pauloni, aux dires de son premier biographe [2]. Il opère d'abord dans le sud de la France, notamment en Provence ; il y adopte un habit de type monacal, prend le nom de « frère Jacques Â». Il pratique la « taille par le grand appareil », c'est-Ă -dire avec un appareillage important d'instruments chirurgicaux divers et sophistiquĂ©s. Il se fait connaitre en pratiquant une incision oblique et latĂ©rale, dite « taille latĂ©rale Â», plus rapide et moins douloureuse, et acquiert une rĂ©putation flatteuse.

En 1697, il est Ă  Paris pour proposer cette nouvelle mĂ©thode opĂ©ratoire ; Mery, premier chirurgien de l'hĂ´tel-Dieu, est chargĂ© d'Ă©valuer ses rĂ©sultats. En , Beaulieu rĂ©alise une sĂ©rie de 60 opĂ©rations : 42 « pierreux Â» Ă  l'HĂ´tel-Dieu et 18 Ă  l'hĂ´pital royal de la CharitĂ© Ă  Versailles, avec 25 dĂ©cès (soit une mortalitĂ© de 40 %) dont 7 dans les 24 heures, et seulement 13 guĂ©risons sans trop de sĂ©quelles (22 demeurèrent infirmes) ; durant la mĂŞme pĂ©riode, d'autres lithotomistes n'ont qu'une mortalitĂ© de 14 % [3] ; la mĂ©connaissance de l'anatomie, les pratiques empiriques de Beaulieu et sa brutalitĂ© opĂ©ratoire [4] sont Ă©galement mises en lumière.

Frère Jacques quitte Paris pour OrlĂ©ans, puis Aix-la-Chapelle et la Hollande, en continuant Ă  opĂ©rer. En 1700, Fagon, premier mĂ©decin de Louis XIV, qui souffrait de la pierre, rappelle frère Jacques Ă  Versailles : il envisage de se faire opĂ©rer par ses soins. Il demande au mĂ©decin et anatomiste Joseph-Guichard Du Verney d'Ă©valuer Beaulieu ; Du Verney rĂ©dige un rapport favorable, indiquant que la mĂ©thode du Frère Jacques Ă©tait plus sĂ»re et plus aisĂ©e que celle des chirurgiens de Paris, Ă  condition de modifier un des instruments dont il se servait. Finalement Fagon se fera opĂ©rer par Georges Mareschal, ce dernier recourant avec succès Ă  la « taille latĂ©rale Â» prĂ´nĂ©e par Beaulieu [4] : « Mareschal prouva alors que les Ă©checs du Frère Jacques venaient de sa dĂ©fectueuse façon d'opĂ©rer et non de sa mĂ©thode » [4].

Beaulieu réalisera plus de 5000 tailles, et parcourt toutes les grandes villes d'Europe ; ses déplacements sont rythmés par l'alternance de ses succès (à Amsterdam, on frappe une médaille en son honneur) et de ses échecs [5].

En 1713, il se retire à Besançon où il meurt l'année suivante.

Sa mĂ©thode de la « taille latĂ©rale Â» est adoptĂ©e et amĂ©liorĂ©e par d'autres chirurgiens, dont le hollandais Jacques Rau, l'anglais William Cheselden (1688-1752) et le français Jean Baseilhac (1703 -1783) dit « frère Come Â», et va, pour un bon siècle, dominer la chirurgie de la lithiase vĂ©sicale [4].

Gravure du Jacques de Beaulieu, sur papier, d'après Van den Berge, 19 x 15 cm à Gray, musée Baron-Martin.

Ĺ’uvre

  • Nouvelle mĂ©thode de tailler et tirer la pierre de la vessie, 1702

Notes et références

  1. La Bibliothèque nationale de France donne la forme : l'Étaudonne .
  2. Le Vacher de La Feutrie 1756
  3. Guy Gaboriau, « Les instruments de la chirurgie du calcul de la vessie », Clystere. E-revue mensuelle illustrée, no 16,‎ , p. 3-18 (lire en ligne, consulté le )
  4. Androutsos 2006
  5. LĂ©ger 2002

Sources

  • Gilles Le Vacher de la Feutrie, Histoire de frère Jacques, lithotomiste de Franche-ComtĂ©, Besançon, Claude Joseph Daclin, , 94 p..
  • E. Bourdin, Un cĂ©lèbre lithotomiste franc-comtois : Jacques Baulot dit Frère Jacques (1651-1720), Besançon, , 20 p..
  • Émile Fourquet, « Jacques de Beaulieu », dans Les hommes cĂ©lèbres et les personnalitĂ©s marquantes de Franche-ComtĂ© du IVe siècle Ă  nos jours, .
  • Patrick Vuillemey, « "Frère Jacques de Beaulieu" lithotomiste franc-comtois du XVIIe siècle », SociĂ©tĂ© d'Ă©mulation du Jura, no 1,‎ , p. 129-136.
  • J. P. Ganem et C.C. Carson, « Frère Jacques Beaulieu : from rogue lithotomist to nursery rhyme character », The Journal of Urology, no 161,‎ , p. 1067-1069.
  • P. LĂ©ger, « Histoire et disparition de la lithiase vĂ©sicale », La Revue du Praticien, no 52,‎ , p. 1053-1055.
  • Georges Androutsos, « Guy Crescent Fagon (1638-1718), premier mĂ©decin de Louis XIV, taillĂ© par Georges Mareschal (1658-1736) », Progrès en urologie, vol. 16,‎ , p. 94-97 (lire en ligne, consultĂ© le ) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

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