Jacques Samir Stenka
Jacques Samir Stenka est un peintre né le à Bingerville en Côte d'Ivoire.
C’est un peintre qui personnifie le don de soi à sa pratique artistique. Durant l’enfance, il passe par l’orphelinat de Bingerville, expérience qui marquera profondément le début de son expression à travers les arts. Plus tard, il obtient le diplôme supérieur des arts plastiques à l’École des Beaux-Arts de Paris. Pendant ce passage en France, il travaillera dans l’atelier du Maître Yankel, un professeur pour lequel il garde une grande reconnaissance. Toutefois, ce passage par l’école occidentale ne réussira pas à formater sa pensée et son travail de peintre. Ses oeuvres demeurent profondément africaines, encrées dans une symbolique qu’il rattache à la mystique Akié (Attié) et encore plus loin dans le temps à la mystique Égyptienne ancienne. De nombreuses oeuvres ont été réalisées autour de sa pratique et de son propos artistique.
Au cours de sa pratique, Stenka connaît trois périodes marquantes en matière de traitement du sujet. Pour citer ses propres mots prononcés dans les années 90 déjà : « Ma carrière connaît jusqu’à ce jour trois périodes : D’abord de 1984 à 1983, la période insecte ; Graphiste scientifique en biologie, j’ai été influencé par la forme des insectes. Puis, de 1984 à 1990, ma manière de peindre à évolué, passant des insectes aux hommes-insectes. Le caractère étrange de ces hommes donnait l’impression que j’avais affaire à des visiteurs étrangers à notre monde. Enfin, de 1990 à 1994, quittant le monde des hommes-insectes, j’ai retrouvé le monde des hommes à proprement dit et en m’appuyant sur mon subconscient je me suis retrouvé au coeur du monde Akan. Mon travail actuel s’articule autour de cette idée et de la préoccupation que j’ai de retrouver cette grande civilisation disparue. Mes oeuvres sont les jalons de cette quête initiatique autour de vestiges destinés à reconstituer le passé de mes ancêtres ».
On peut dire que son travail est centré sur l’évolution du prototype humain, tant dans la forme biologique qu’historique. Ainsi, dès les premières heures de sa carrière il est surnommé '' le peintre des civilisations anciennes ''. Aujourd’hui, son processus de création peut être qualifié d’initiatique dû au travail avec l’eau dans la préparation des fonds de toiles, qui fait parallèle avec les libations représentatives de nos traditions africaines ancestrales. Il travaille à partir de bâtons de craie, de pigments naturels comme les oxydes ocre et rouge mais aussi à partir de colle d’hévéa. À l’image des sujets qu’il aborde, les oeuvres qu’il produit traversent le temps et l’espace et dénote d’une qualité de conservation déroutante.
En 1996, il mettra sur pieds le mouvement Trace aux côtés de Ludovic Fadaïro, Tamsir Dia et Grobli Zirignon. Dans un article de 1997, titré '' Trace ouvre les sentiers de la rébellion '' dans la rubrique Le jour des Arts, Awany Sylla écrivait : « […] ce qui unit les quatre sociétaires du groupe artistique. Travailler sur l’essence de la culture. Dire qu’il y a quelque chose d’irréductible qui perdure au passage de l’homme. Ce lien qui rallonge le groupe, c’est aussi les individualités. Parce que l’humain est au centre de Trace, un fil spirituel lie chacun de ces quatre hommes. […] À travers ses oeuvres Stenka conduit cet homme primitif dans les premières civilisations. D’où ses personnages préhistoriques gravés à jamais sur toile et papier comme sur de la pierre ».
Texte extrait de la biographie Ă©crite par L. Lyra-M. Akissi Ouattara,
basé sur les archives de l’artiste Jacques Samir dit Stenka
courtoisie de la Fondation Maison-Musée Stenka sis Bingerville, Côte d’Ivoire
Bibliographie
- Awany Sylla, "Trace ouvre les sentiers de la rébellion", Le jour des Arts, 1997
- Marie-José Hourantier (Préface de Bottey Zadi Zaourou), Stenka, penser avec les mains, Éditions Harmattan, 2004.
Filmographie
- Idriss Diabaté, Le révolté du coeur, Dja-com et A.A.P.S.I., 2000
Voir aussi
Lien externe
- (fr) (en) Site Web du peintre Stenka en français et anglais. Préface du professeur Mamadou Tuo.