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Ixquic

Ixquic (en maya K'iche' : ixquic, ‘le sang’ ‘ix-, prĂ©fixe; quic, sang’. Parfois appelĂ©e : Lune de sang) est la fille de Cuchumaquic, l'un des douze seigneurs de Xibalba, l’infra-monde maya. La jeune fille ayant entendu l'histoire de Hun-Hunahpu, un dieu qui avait Ă©tĂ© transformĂ© en arbre Ă  calebasses, rend visite Ă  l'Arbre clandestinement. Elle trouve la tĂȘte dĂ©capitĂ©e de Hun Hunahpu transformĂ©e en calebasse et la caresse, mais se fait cracher dessus par celle-ci, elle tombe alors enceinte et est alors exilĂ©e sur la Terre par son pĂšre pour y ĂȘtre sacrifiĂ©e. Elle parvient Ă  Ă©chapper au sacrifice et donne naissance aux dieux jumeaux Hunahpu et Ixbalanque.

Ixquic
Mythologie maya
Ixquic et les Seigneurs de Xibalba
Ixquic et les Seigneurs de Xibalba
Famille
PĂšre Cuchumaquic
Conjoint Hun-Hunahpu

RĂ©cit du mythe dans le Popol Vuh

Chapitre III du Popol Vuh (traduction de Charles Étienne Brasseur de Bourbourg) :

Et voilà qu'une vierge, fille d'un prince, entendit (ces merveilles) ; Cuchumaquiq était le nom de son pÚre, et Ixquiq était celui de la jeune fille. Et lorsqu'elle entendit l'histoire des fruits de cet arbre qui lui fut racontée par son pÚre, elle s'émerveilla aussi beaucoup de ce récit.

Pourquoi n'irais-je pas voir cet arbre dont on parle (tant) : en vĂ©ritĂ© ses fruits doivent ĂȘtre bien savoureux, suivant ce que j'entends dire, ajouta-t-elle ?

Alors elle partit seule, et s'approchant du pied de l'arbre planté debout au milieu du Cendrier : Ah ! ah ! (s'écria-t-elle avec admiration). Quoi ! c'est là le fruit de cet arbre. N'est-ce pas admirable comme cet arbre s'est couvert de fruits ? En mourrai-je donc et sera-ce ma ruine si j'en cueille un ? ajouta la jeune fille.

Alors la tĂȘte de mort qui Ă©tait au milieu de l'arbre parla : Est-ce donc que tu en dĂ©sires ? Ces boules rondes qui sont entre les branches de l'arbre ne sont que des tĂȘtes de mort, dit la tĂȘte de Hunhun-Ahpu, en parlant Ă  la jeune fille.

En veux-tu toujours ? ajouta-t-elle. — J'en veux, rĂ©pondit la jeune fille. — Eh bien ! Ă©tends seulement le bout de ta main, dit la tĂȘte de mort. —Oui, rĂ©pondit la jeune fille, en avançant sa main qu'elle Ă©tendit devant la tĂȘte de mort.

Alors la tĂȘte de mort lança avec effort un crachat dans la main de la jeune fille tandis qu'elle Ă©tait Ă©tendue vers elle : elle regarda aussitĂŽt le creux de sa main, en y jetant un coup d'Ɠil curieux ; mais la salive de la tĂȘte de mort n'Ă©tait plus dans sa main.

Cette salive et cette bave c'est ma postĂ©ritĂ© que je viens de te donner. VoilĂ  que ma tĂȘte cessera de parler ; car ce n'est qu'une tĂȘte de mort, qui n'a dĂ©jĂ  plus de chair. Ainsi Ă©galement est la tĂȘte mĂȘme des plus grands princes ; car la chair seule est ce qui embellit le visage : de lĂ  la terreur qui assiĂšge les hommes au moment de la mort, Ă  cause des ossements (qui seuls leur restent).

Il en est de mĂȘme des fils dont la nature est comme la salive et la bave, qu'ils soient fils de prince ou fils d'artiste ou d'orateur, laquelle ne se perd point, mais se transmet avec la gĂ©nĂ©ration sans que s'Ă©teigne ni s'anĂ©antisse la reprĂ©sentation du prince, de l'artiste sorti du peuple ou de l'orateur ; ainsi en est-il Ă©galement des filles ou des fils qu'ils laissent, et c'est ainsi que j'ai agi avec toi.

Remonte donc vers la terre ; tu ne mourras point. Crois en ma parole qu'ainsi il en sera fait, ajouta la tĂȘte de Hunhun-Abpu et de Vukub-Hunahpu (2). Or, ces choses ainsi arrangĂ©es se faisaient par l’ordre qu'ils avaient reçu de Hurakan, de l'Éclair qui sillonne et de la Foudre qui frappe.

Ainsi donc la jeune fille retourna à la maison (remplie des) nombreux avertissements qui lui avaient été communiqués. Et aussitÎt elle conçut dans son sein par la vertu seule de la salive ; et ce fut là la conception de Hunahpu et de Xbalanque.

La jeune fille étant alors arrivée à sa maison et six mois s'étant écoulés, elle fut observée (avec soupçon) par son pÚre, et Cuchumaquiq était le nom de son pÚre.

Ensuite son pÚre remarqua la jeune fille avec plus d'attention, lorsqu'il vit qu'elle portait un enfant (dans son sein). Alors les rois Hun-Camé et Vukub-Camé réunirent tous les avis avec celui de Cuchumaquiq.

Voici ma fille qui est enceinte, ĂŽ rois, et vĂ©ritable- ment pour son dĂ©shonneur, dit Cuchumaquic, en arrivant devant les rois. — C'est bien ! sonde sa bouche, et si elle ne parle pas, qu'elle soit mise Ă  mort et qu'on aille la sacrifier loin d'ici. — Fort bien, ĂŽ mes seigneurs, rĂ©pondit-il.

Alors il demanda Ă  sa fille : De qui est l'enfant que tu portes dans ton sein, ĂŽ ma fille ? —Mais elle rĂ©pondit : Je n'ai point d’enfant, ĂŽ mon seigneur et pĂšre, il n'y a point d'homme dont je connaisse la face.

Il ajouta : Eh bien, tu es en vĂ©ritĂ© une fornicatrice !..., Emportez-la et faites-la mourir, vous autres les Ahpof- Aciiih ; rapportez son cƓur dans un vase et soyez de retour aujourd'hui avec les rois, dit-il aux Hiboux.

Ils étaient quatre qui allÚrent prendre le vase et qui se mirent ensuite en chemin, portant la jeune fille sur leurs épaules, et emportant un couteau de silex destiné à l'immoler.

Vous ne sauriez me tuer, ĂŽ mandataires (de Xibalba); car ce n'est pas le crime que je porte dans mon sein ; seul (ceci) s'est engendrĂ©, tandis que j'allais admirer la tĂȘte de Hunhun-Ahpu qui est au Cendrier ; ainsi donc vous ne me sacrifierez point, ĂŽ mandataires (de Xibalba), dit la jeune fille, en leur parlant.

Mais que mettrons-nous en Ă©change de votre cƓur. Ainsi nous a parlĂ© votre pĂšre : Rapportez son cƓur : vous retournerez vers les rois ; soyez formels et d'accord manifestez-en l'accomplissement ; vite apportez-en (la preuve) dans un vase. Vous placerez son cƓur au fond du vase. N'est-ce pas ainsi qu'on nous a parlĂ© ? que mettrons-nous donc dans le vase ? cependant nous aimerions mieux que tu ne meures point, dirent les mandataires (de Xibalba).

Fort bien ! ce cƓur ne peut ĂȘtre Ă  eux ; votre demeure ne peut pas non plus ĂȘtre ici, et non-seulement vous aurez en votre pouvoir de faire mourir les hommes, mais Ă  vous vĂ©ritablement seront les vĂ©ritables fornicateurs, Ă  moi seront ensuite Hun-CamĂ© et Vukub-CamĂ© ; le sang seul passe contrat pour lui-mĂȘme, ainsi soit-il donc devant leur face.

Quant Ă  brĂ»ler ce cƓur devant eux, cela ne sera pas (davantage). Mettez (dans le vase) le produit de cet arbre, ajouta la jeune fille. Et rouge la sĂšve de l'arbre sortit et coula dans le vase : elle se coagula et devint (comme) une boule : (c'Ă©tait) l'Ă©change de son cƓur qui sortait jaillissant, ce liquide de l'arbre rouge.

Semblable à du sang sortait la sÚve de l'arbre, en échange du sang ; alors il se figea là ce sang au fond (du vase), ce liquide de l'arbre rouge, et semblable à du sang son apparence devint brillante, rougeùtre et coagulée dans le vase, tandis que l'arbre devenait célÚbre à cause de la jeune fille.

Sang-de-Dragon il fut appelé ; c'est donc ce qui fut surnommé sang, parce que sang passé en contrat il fut appelé.

LĂ  donc vous serez aimĂ©s, et tout ce qu'il y a sur la surface de la terre deviendra votre hĂ©ritage, dit-elle encore aux Hiboux. — Fort bien, jeune fille. Pour nous, nous partons, nous allons rendre compte (de notre mission) ; va ton chemin, tandis que nous allons mettre l'image et ressemblance de ton cƓur sous les yeux des rois, rĂ©pondirent les mandataires (de Xibalba).

Lorsqu'ils arrivĂšrent devant les rois, tous Ă©taient dans une attente inquiĂšte. Est-ce dĂ©jĂ  fini ? dit alors Hun-CamĂ©. —C'est fini, ĂŽ rois, voici prĂ©sentement son cƓur au fond de ce vase. — C'est fort bien, que je le voie donc, reprit Hun-CamĂ©.

Alors il le souleva délicatement du bout des doigts, et le liquide ensanglanté, brillant d'une couleur rougeùtre, commença à se répandre avec le sang : Avivez bien les braises et placez-le au-dessus du feu, ajouta Hun-Camé.

AprĂšs donc qu'ils eurent jetĂ© (le cƓur) sur le feu et que ceux de Xibalba eurent commencĂ© Ă  sentir (l'odeur qui s'en exhalait), tous se levĂšrent Ă  la fois et se tournĂšrent avec un Ă©tonnement inquiet vers le parfum qu’ils sentaient de la fumĂ©e de ce sang.

Tandis qu'ils demeuraient (Ă©tourdis de ce qui se passait) , les Hiboux, prĂ©venus par la jeune fille, s’acheminaient montant en grand nombre de la fondriĂšre vers la terre, oĂč ils tournaient aussitĂŽt ses partisans.

Ainsi furent joués les princes de Xibalba par cette jeune fille par qui tous se laissÚrent aveugler.

Place dans le calendrier maya

Trois jours Ă©taient consacrĂ©s Ă  la dĂ©esse dans le calendrier maya. Le huitiĂšme jour, Lamat, le quatorziĂšme jour, Ix et le dix-septiĂšme jour, Kab’an.

Bibliographie

  • Charles Étienne Brasseur de Bourbourg, Popol Vuh, le livre sacrĂ© et les mythes de l'antiquitĂ© amĂ©ricaine, Arthus Bertrand, 1861
  • Karl Taube , The Major Gods of Ancient Yucatan, Dumbarton Oaks Research Library and Collection, coll. « Studies in pre-Columbian art & archaeology series, no. 32 », , 160 p. (ISBN 0-88402-204-8, lire en ligne)
  • Karl Taube, Mythes aztĂšques et mayas, trad. Christian Cler, Le Seuil, « Points Sagesses », 1995 (Aztec and Maya Myths, British Museum, 1993).

Articles connexes

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