Isolement (prison)
L'isolement carcĂ©ral est une mesure de sĂ©curitĂ© de confinement solitaire. Elle est dĂ©cidĂ©e par l'autoritĂ© administrative compĂ©tente (chef d'Ă©tablissement pĂ©nitentiaire, directeur interrĂ©gional ou ministre de la justice) sur la demande de la personne dĂ©tenue (pour sa sĂ©curitĂ©) ou dans l'intĂ©rĂȘt du bon ordre des Ă©tablissements pĂ©nitentiaires. L'isolement n'est pas une mesure disciplinaire. Les personnes dĂ©tenues isolĂ©es bĂ©nĂ©ficient du mĂȘme rĂ©gime de dĂ©tention que les autres Ă l'exception du contact avec le reste de la population carcĂ©rale.
En France
Description
La loi française nomme « isolement » une mesure spécifique pour isoler une personne détenue du reste de la population pénale ou le protéger des autres personnes détenues (comme une personne médiatique). Cette mesure n'est pas à confondre avec la cellule disciplinaire (que les détenus appellent « mitard »), qui consiste certes en un isolement effectif du prisonnier mais à titre punitif et pour une durée limitée à 30 jours. Le régime portant l'appellation d'« isolement » n'a pas de durée maximale.
Le détenu placé à l'isolement dispose d'une cellule individuelle et n'a aucun contact avec d'autres détenus sans autorisation du chef d'établissement. Contrairement aux détenus du quartier disciplinaire, il n'est pas privé de télévision, d'achat en cantine ou du relatif confort des cellules ordinaires.
Le dĂ©tenu Ă l'isolement est examinĂ© au moins deux fois par semaine par un mĂ©decin qui peut recommander de mettre fin Ă l'isolement, mais contrairement Ă la cellule disciplinaire il nâĂ©met qu'une recommandation, pas une dĂ©cision.
Prise de décision
L'isolement est dĂ©cidĂ© par le chef de l'Ă©tablissement. Un premier placement pour jusqu'Ă cinq jours peut ĂȘtre dĂ©cidĂ© en cas d'urgence sans appliquer la procĂ©dure habituelle.
Il en fixe la durée jusqu'à trois mois. à l'expiration de cette durée, il peut décider de prolonger l'isolement jusqu'à trois mois.
Ă l'expiration de la premiĂšre prolongation de l'isolement (aprĂšs six mois), seul le directeur interrĂ©gional des services pĂ©nitentiaires peut le prolonger une deuxiĂšme fois, toujours pour jusqu'Ă trois mois et une troisiĂšme fois, toujours pour la mĂȘme durĂ©e.
L'éventuelle quatriÚme prolongation (généralement au bout d'un an d'isolement) et les suivantes sont elles prises par le ministre de la justice en personne, toujours pour trois mois.
La loi permet aux autorités ci-dessus de mettre fin à l'isolement à tout moment et les contraint à un certain nombre de notifications avant de prendre leur décision.
L'article 726-1 du code de procédure pénale permet notamment au détenu concerné de saisir le juge des référés administratif et rend obligatoire un "avis" de "l'autorité judiciaire" lorsque l'isolement est prolongé au-delà d'un an.
L'isolement ne peut ĂȘtre prolongĂ© au-delĂ de deux ans sauf Ă titre exceptionnel, si le placement Ă l'isolement constitue l'unique moyen d'assurer la sĂ©curitĂ© des personnes ou de l'Ă©tablissement. Dans ce cas-lĂ , la dĂ©cision de prolongation doit ĂȘtre spĂ©cialement motivĂ©e.
Alternative
Dans certaines prisons, comme les maisons d'arrĂȘt de La SantĂ©, Fleury-MĂ©rogis ou Fresnes, il existe des quartiers spĂ©cifiques plus souples que l'isolement afin d'accueillir les dĂ©tenus sensibles en raison de leur sexualitĂ© ou genre (homosexuels, bisexuels, prostituĂ©s, transgenres), de leur mĂ©tier (avocat, juge, huissier, policier, douanier, politicien...) ou de leur affaire (affaire sexuelle, affaire avec un mineur, affaire mĂ©diatisĂ©e...). Ă l'inverse de l'isolement, les dĂ©tenus de ces quartiers ont des activitĂ©s et des promenades communes.
Liens
- Le code de procédure pénale à propos de l'isolement
- Nathalie Hernandez et Michel Mercier, « L'isolement carcéral, une prison dans la prison », sur France Inter - Dans le Prétoire,