Innocence du devenir
L'innocence du devenir est un concept philosophique introduit par le philosophe allemand Friedrich Nietzsche qui exprime la conséquence du déjugement moral méthodique et immoraliste de l'être humain[1]. Aussi bien, selon une perspective chrétienne, l'Homme n'a aucune raison de ressentir de culpabilité (cf. Généalogie de la morale). C'est également une référence à Héraclite pour qui le temps est innocent comme un enfant qui joue[2].
« Je me suis toujours efforcé de me démontrer l’innocence du devenir ; et sans doute ai-je voulu par là conquérir le sentiment d’une pleine " irresponsabilité ", me rendre indépendant de la louange et du blâme, du présent et du passé ; afin de pouvoir me prescrire des buts relatifs à l’avenir de l’humanité. […] Ma troisième solution a été de nier toute espèce de fin et de comprendre que nous ne pouvons connaître aucune causalité. »
— Friedrich Nietzsche, La Volonté de puissance (trad. de G. Bianquis, Gallimard, 1947, p. 145)
Selon Nietzsche, la véritable sérénité ne peut être atteinte que par le sage qui allie l'amor fati à l'adhésion aux principes de l'éternel retour. Ce thème se retrouve également chez Montaigne, qui affirme que "philosopher, c'est apprendre à mourir", chez Spinoza qui soutient que "le sage meurt moins que le fou" ou encore chez Kant, lorsqu'il s'interroge sur "ce qu'il nous est permis d'espérer". Ces réflexions renvoient aux principes fondamentaux des doctrines du salut développées dans l'Antiquité[3].
Références
- Olivier Ponton, Nietzsche - Philosophie de la légèreté, Walter de Gruyter, (ISBN 978-3-11-019346-6, lire en ligne)
- « Heraclitus of Ephesus », dans SpringerReference, Springer-Verlag (lire en ligne)
- Luc Ferry, Traité de philosophie à l'usage des jeunes générations, Plon, coll. « Apprendre à vivre / Luc Ferry », (ISBN 978-2-259-20247-3)