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Inflation sous-jacente

L'inflation sous-jacente, aussi appelée inflation de base, représente la tendance de long terme de l'évolution du niveau des prix. En mesurant l'inflation de long terme, les variations transitoires du niveaux des prix sont écartées. Une façon d'y parvenir est rendue possible par l'exclusion d'articles fréquemment soumis à la volatilité des prix, comme la nourriture ou l'énergie.

Histoire

Le concept d'inflation sous-jacente comme croissance globale des prix hors alimentation et Ă©nergie, a Ă©tĂ© introduit par un article de Robert J. Gordon, sous le nom de core inflation, en 1975[1]. C'est la dĂ©finition de « l'inflation sous-jacente Â» la plus utilisĂ©e Ă  des fins politiques. Le modèle de l'inflation sous-jacente a Ă©tĂ© par la suite dĂ©veloppĂ© et soutenu par Otto Eckstein, dans un article publiĂ© en 1981[2]. Selon l'historien de la thĂ©orie Ă©conomique Mark A. Wynne : « Eckstein a Ă©tĂ© le premier Ă  proposer une dĂ©finition formelle de l'inflation sous-jacente, comme la « tendance des taux d'augmentation du prix de l'offre globale Â». »[3]

Raisons justifiant son utilisation

Lors du choix du panier moyen pour le calcul du taux d'inflation, on tente de définir un panier de biens qui puisse rendre compte avec le plus de justesse de l'inflation. C'est dans ce but qu'en Europe, l'indice des prix à la consommation harmonisé est souvent utilisé

Toutefois quelques aspects de l'inflation ne se laissent pas mesurer aisément :

Les fluctuations annuelles

Une liste de prix de certains produits connaissent des variations annuelles. C'est en particulier le cas avec les produits alimentaires. Ces fluctuations annuelles chargent le taux effectif d'inflation globale. Pour éliminer ces effets, il existe deux possibilités :

  • le lissage par la moyenne (afin de que les modifications du taux d'inflation soient attĂ©nuĂ©es) ;
  • la suppression des produits alimentaires du panier de bien (concept de l'inflation sous-jacente).

Selon une étude de la Federal Reserve Bank of New York le concept d'inflation sous-jacente serait plus à même de mesurer le taux effectif d'inflation, comparé à la méthode du lissage par la moyenne[4].

Fluctuation du prix de l'Ă©nergie

Les prix des vecteurs d'énergie (surtout le pétrole non raffiné, le gaz naturel et le charbon) sont aussi susceptibles de variations. À cela s'ajoute le fait que les prix d'autres biens peuvent fluctuer au cours d'un même quadrimestre à cause des variations des prix de l'énergie.

Ces effets peuvent également être écartés par la non prise en compte des coûts de l'énergie dans le panier de biens.

Les effets d'un choc de prix externe (par exemple la crise pétrolière) sont ainsi aisément écarté par cette mesure.

Critique

La critique de ce concept porte sur le fait que les hausses de prix de l'énergie comme de l'alimentation ne s'affaiblissent pas toujours par des contre-chocs. Ils pourraient perdurer pendant plusieurs années et être à l'origine d'une tendance de long terme. L'inflation sous-jacente n'est pas en mesure de saisir cet effet, bien qu'une grande partie de la consommation des citoyens porte sur l'énergie et l'alimentation.

Utilisation

Aux États-Unis

La mesure prĂ©fĂ©rĂ©e par la RĂ©serve FĂ©dĂ©rale de l'inflation sous-jacente aux Ă‰tats-unis est le changement dans le cĹ“ur de l'indice des prix de dĂ©penses de consommation personnel (en). Cet indice est mesurĂ© par un panier dynamique de consommation. Les variables Ă©conomiques ajustĂ©es par cet indice dĂ©flateur sont exprimĂ©s en dollars enchaĂ®nĂ©s, plutĂ´t que la mesure alternative en dollars constants, fondĂ©e sur un panier fixe de biens.

Depuis , les rapports au Congrès semi-annuel de politique monĂ©taire du Conseil de la RĂ©serve  FĂ©dĂ©rale ont dĂ©crit les perspectives d'inflation selon la mesure de l'indice des prix de dĂ©penses de consommation personnel. Avant cela, les perspectives d'inflation ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es en fonction de l'indice des prix Ă  la consommation. Pour expliquer sa prĂ©fĂ©rence pour l'indice des prix de dĂ©penses de consommation personnel, le Conseil a dĂ©clarĂ© :

L'indice des prix de dĂ©penses de consommation personnel s'appuie largement sur les donnĂ©es de l'indice des prix Ă  la consommation, mais, bien qu'il ne soit pas entièrement Ă  l'abri des problèmes de mesure, il a plusieurs avantages par rapport Ă  l'indice des prix Ă  la consommation. L'indice est construit Ă  partir d'une formule qui tient compte de l'Ă©volution de la composition des dĂ©penses et ainsi permet d'Ă©viter certains biais Ă  la hausse associĂ©s Ă  la nature fixe de la  pondĂ©ration de l'indice des prix Ă  la consommation. En outre, les poids sont basĂ©s sur une mesure plus complète des dĂ©penses. Enfin, les donnĂ©es historiques utilisĂ©es dans l'examen de cet indice des prix peut ĂŞtre rĂ©visĂ© pour tenir compte de toute nouvelle information disponible et pour l'amĂ©lioration des techniques de mesure, y compris ceux qui affectent les donnĂ©es de la source de l'indice des prix Ă  la consommation; le rĂ©sultat est une sĂ©rie plus cohĂ©rente au fil du temps.

— Rapport sur la Politique Monétaire au Congrès, Conseil de la Réserve fédérale des Gouverneurs,

Auparavant, la RĂ©serve FĂ©dĂ©rale avait utilisĂ© l'indice des Prix Ă  la Consommation aux États-Unis (en) comme sa mesure prĂ©valente de l'inflation. L'indice des prix Ă  la consommation est encore utilisĂ© Ă  de nombreuses fins, par exemple, pour l'indexation de la sĂ©curitĂ© sociale. L'Ă©quivalent de l'indice des prix Ă  la consommation est aussi couramment utilisĂ© par les banques centrales d'autres pays pour mesurer l'inflation. L'indice des prix Ă  la consommation est prĂ©sentĂ© mensuellement par le Bureau des Statistiques du Travail. L'Ă©volution de cet indice tend Ă  changer plus d'un mois Ă  l'autre que ne le fait « l'inflation sous-jacente ». Il en est ainsi car l'inflation sous-jacente Ă©limine les produits qui peuvent provoquer temporairement des chocs sur les prix (comme l'Ă©nergie et les produits alimentaires).

Le nouvel instrument de mesure est donc destiné à être un indicateur prédictif d'une inflation sous-jacente de long terme.

En Europe

Eurostat calcule régulièrement le taux d'inflation sous-jacente comme indice des prix à la consommation harmonisé débarrassé des composantes énergétiques et alimentaires. Il est utilisé par la BCE comme indicateur lors de la prise de mesure en matière de politique monétaire.

En Suisse, la Banque nationale suisse a recours à un taux d'inflation sous-jacent comme un taux d'inflation qui ne dépende pas de l'alimentation, du tabac, des produits saisonnier, de l'énergie et des produits combustibles [5].

L'utilisation de l'inflation sous-jacente par la Banque centrale part du principe que les chocs de prix temporaire et les fluctuations annuelles n'auraient pas d'influence sur les décisions à prendre en matière de politique monétaire. Les effets de second tour causés par des chocs de prix externes avoir des conséquences durables sur l'inflation[6].

Des alternatives au modèle de l'inflation sous-jacente

Il y a d'autres façons de mesurer le taux d'inflation.

La troncature

Une moyenne tronquĂ©e de l'indice des prix de dĂ©penses de consommation personnel, qui sĂ©pare le « bruit Â» de ce que l'on tente de mesurer. Cela signifie que les plus fortes hausses et baisses de prix sont tronquĂ©es d'un certain pourcentage, ce qui permet une mesure plus prĂ©cise sur l'inflation sous-jacente. Aux États-unis, la RĂ©serve FĂ©dĂ©rale de Dallas tronque Ă  19,4 % Ă  la baisse de la queue et de 25,4 % Ă  la partie supĂ©rieure de la queue.

La moyenne mobile

En 2006, une analyse de la Federal Reserve Bank of New York a indiqué que la mesure de l'inflation sous-jacente n'a pas mieux prédit l'inflation que la moyenne mobile des prix à la consommation[7].

Médiane de l'indice des prix à la consommation et médiane de l'indice des prix de dépenses de consommation personnel

La mĂ©diane de l'indice des prix Ă  la consommation est gĂ©nĂ©ralement plus Ă©levĂ©e que les chiffres tronquĂ©s de l'indice des prix de dĂ©penses de consommation personnelle et de l'indice des prix Ă  la consommation. La RĂ©serve FĂ©dĂ©rale de Cleveland calcule la mĂ©diane de l'indice des prix Ă  la consommation et une moyenne tronquĂ©e Ă  16 % de l'indice des prix Ă  la consommation. Il y a Ă©galement une mĂ©diane de l'indice des prix de dĂ©penses de consommation personnelle, mais il n'est pas largement utilisĂ© comme indicateur de l'inflation.

Notes et références

  1. Gordon, Robert J., « Alternative Responses of Policy to External Supply Shocks », Brookings Papers on Economic Activity, Vol. 1975, No. 1, vol. 6, no 3,‎ , p. 183–206 (DOI 10.2307/2534065, JSTOR 2534065)
  2. (en) Otto Eckstein, Core Inflation, Prentice Hall Books, , 121 p. (ISBN 0131726358)
  3. "Core Inflation: A Review of Some Conceptual Issues" by Mark A. Wynne, Federal Reserve Bank of St. Louis Review, May/June 2008
  4. (en) Robert Rich et Charles Steindel, « A Review of Core Inflation and an Evaluation of Its Measures », Staff Report, Federal Reserve Bank of New York,‎ (lire en ligne)
  5. (de) « Inflation sous-jacente en Suisse » (PDF; 52 kB).
  6. par exemple Axel A. Weber .
  7. Robert Rich, Charles Steindel, « A Review of Core Inflation and an Evaluation of Its Measures », Staff Report, Federal Reserve Bank of New York,‎ (lire en ligne)

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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