Idole de Tara
L'idole de Tara est la dénomination populaire d'une figurine de terracota décorée d'ocre rouge. Façonnée par les autochtones Guanches sur l'ßle de Grande Canarie, elle est exposée au musée canarien de Las Palmas de Gran Canaria. Elle procÚde sans doute d'un culte de la fertilité et pourrait avoir été utilisée lors de cérémonies prénuptiales[1].
Description
Il s'agit d'une figure fĂ©minine de quelque 26 centimĂštres de hauteur pour 24 de large. Elle est reprĂ©sentĂ©e en position assise, jambes croisĂ©es. Les bras ont disparu mais la trace des mains sur la taille reste visible. Les biceps et les cuisses de la statue sont dĂ©mesurĂ©ment volumineux. Le cou, allongĂ©, supporte une petite tĂȘte dont les traits sont esquissĂ©s. Des incisions marquent le nombril, la vulve, les narines, la bouche et les yeux[2].
La tĂȘte, les biceps et ses cuisses sont creux, sans doute pour limiter le poids de la figurine. Une ocre rouge (almagre) a Ă©tĂ© utilisĂ©e pour peindre presque toute l'idole. Les parties non peintes notamment ont Ă©tĂ© brunissĂ©es (es) pour leur donner du lustre[2].
Origine
L'idole faisait partie de la collection particuliĂšre du docteur Gregorio Chil y Naranjo (Telde, 1831-Las Palmas de Gran Canaria, 1901). Celui-ci l'a prĂ©sentĂ©e Ă Paris lors de l'exposition universelle de 1878 et peut-ĂȘtre trois ans plus tĂŽt lors du congrĂšs international des amĂ©ricanistes de Nancy. CĂ©dĂ©e au MusĂ©e canarien, elle est exposĂ©e dans ses vitrines au moins depuis 1887 sous le numĂ©ro d'enregistrement 249 / 2899. Le reste de la collection de Chil la rejoint aprĂšs son dĂ©cĂšs, en 1901.
L'identification et la provenance de la figurine sont problématiques et controversées[3]. Actuellement la seule certitude est que l'objet provient de l'ßle de Grande Canarie (c'est d'ailleurs ainsi que Chil la désigne dans ses écrits) ; il n'y a pas données archéologiques suffisantes pour identifier un gisement précis de provenance. Sa désignation populaire « idole de Tara », qui fait référence au peuple indigÚne canarien de Tara à Telde, provient d'une confusion initiée vers 1960 par le rapprochement de l'apparence de la statuette et de celle d'un fragment trouvé en 1957 dans les fouilles de vestiges préhispaniques à Telde, lui aussi conservé au musée canarien (numéro 2880)[4] - [5] - [6].
Une hypothĂšse rĂ©cente formulĂ©e par Celso MartĂn de GuzmĂĄn, archĂ©ologue et responsable du Patrimoine historique au Gouvernement des Canaries, voudrait que la figurine ait Ă©tĂ© dĂ©couverte Ă GĂĄldar[3] - [7] - [8]. Elle est fondĂ©e sur l'interprĂ©tation d'une note manuscrite de Chil et sur des ressemblances formelles avec des fragments mis au jour Ă GĂĄldar.
Le Musée canarien confirme en 2000 que la provenance de l'idole n'est pas démontrée, et estime que sa désignation la plus appropriée est « idole de Chil »[9].
Voir aussi
- Sculpture idole de Tara Ă Moguer (Huelva)
- Idole de Guatimac (Musée archéologique de Puerto de la Cruz, Tenerife)
Références
- (es) Cruz, « Pieza del mes », ArqueologĂa de Gran Canaria, El Museo Canario,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (es) « Registro 2899 â ColecciĂłn de arqueologĂa de Gran Canaria », El Museo Canario (consultĂ© le )
- (es) Peinado RodrĂguez, « El mal llamado Ădolo de Tara », Telde Actualidad,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (es) « Registro 2880 â ColecciĂłn de arqueologĂa de Gran Canaria », El Museo Canario (consultĂ© le )
- Ălamo HernĂĄndez, NĂ©stor. "Un hallazgo prehistĂłrico de interĂ©s: el Ădolo de Tara". Revista de historia canaria, XXIV (La Laguna, 1958), pp. 296-299.
- Zeuner, F.E. "Prehistoric idols from Gran Canaria". Man, vol. LX, art. 50 (London, 1960), pp. 33-36.
- (es) « Celso MartĂn de GuzmĂĄn » [archive du ], Enciclopedia guanche (consultĂ© le )
- (es) Humberto Pérez, « Facaracas, cuevas de (Galdar) », Mi Gran Canaria. Origen y noticias de sus lugares, (consulté le )
- (es) « Ădolo de Tara », MitologĂa Canaria, (consultĂ© le )