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ISEE 3

ISEE 3 (acronyme de International Sun-Earth Explorer, en français « Explorateur international Soleil-Terre ») est le troisième satellite scientifique du Programme ISEE, une série de trois satellites scientifiques construits par l'ESA et la NASA et lancés en 1977/1978 pour étudier les interactions entre le vent solaire et la magnétosphère terrestre. ICE devient le premier engin spatial à être placé en orbite au point de Lagrange L1. À compter de 1982, sous la nouvelle appellation ICE (International Cometary Explorer), il est réaffecté à l'étude des comètes et survole la comète de Giacobini-Zinner en 1985 et la comète de Halley en 1986. ICE est le 59e satellite du programme Explorer de la NASA.

ISEE 3
Description de cette image, également commentée ci-après
Données générales
Organisation NASA
Programme International Sun/Earth Explorer
Domaine Étude des interactions Soleil-Terre, des comètes
Type de mission Survol
Statut Mission achevée
Autres noms ICE, ISEE-C, Explorer 59
Lancement 12 août 1978
Lanceur Delta 2914
Fin de mission 5 mai 1997
Identifiant COSPAR 1978-079A
Caractéristiques techniques
Masse au lancement 479 kg
Puissance Ă©lectrique 173 watts

Contexte

La NASA et l'Agence spatiale européenne décident en 1971 de développer ensemble une mission spatiale d'étude des interactions entre le vent solaire et la magnétosphère terrestre. Cette mission doit mettre en œuvre pour la première fois deux satellites fonctionnant en tandem, ISEE 1 et ISEE 2, pour déterminer sans ambiguïté si les variations observées par les instruments embarqués sont dues au déplacement des engins spatiaux ou à des variations temporelles. ISEE 1 est construit par la NASA tandis qu'ISEE 2 est fabriqué par l'Agence spatiale européenne. La NASA décide de construire un troisième engin spatial, ISEE 3, pour réaliser simultanément des mesures continues des caractéristiques du vent solaire en amont de la magnétosphère terrestre. À cet effet, ISEE 3 doit être placé sur une orbite autour du point de Lagrange L1 réalisant une première attendue depuis le début des années 1970 par les scientifiques. Les trois engins spatiaux forment le programme ISEE (International Sun-Earth Explorer ) [1].

Objectifs

ISEE 3 a pour objectif d'étudier les interactions entre la magnétosphère terrestre et le vent solaire en amont de la magnétosphère terrestre et contribuer ainsi à remplir les objectifs du programme ISEE :

  • Ă©tudier les relations entre le Soleil et la Terre aux limites externes de la magnĂ©tosphère ;
  • examiner la structure dĂ©taillĂ©e du vent solaire près de la Terre et l'onde de choc qui se forme au niveau de l'interface entre le vent solaire et la magnĂ©tosphère terrestre ;
  • Ă©tudier les mouvements et les mĂ©canismes Ă  l’œuvre dans les couches de plasma ;
  • poursuivre l'Ă©tude des rayons cosmiques et des Ă©ruptions solaires dans l'espace interplanĂ©taire situĂ© Ă  1 UnitĂ© Astronomique du Soleil.

DĂ©roulement de la mission

Trajectoire de ICE
Préparation de ISEE 3 pour des tests dynamiques.

Étude de la magnétosphère au point de Lagrange L1 (1978-1982)

ISEE-3 est lancé le par une fusée Delta 2914. Le satellite est le premier objet artificiel placé au point de Lagrange L1 du système Soleil-Terre[2], à environ 1,5 million de km de la Terre dans la direction du Soleil. Ce point où les forces gravitationnelles de la Terre et du Soleil s'équilibrent ne permet pas au satellite de s'y maintenir. Il circule donc sur une orbite de Halo autour de L1 grâce à des corrections périodiques effectuées à l'aide de sa propulsion. Dans ce lieu de l'espace, le satellite peut mesurer les caractéristiques du vent solaire avant que celui-ci n'atteigne la magnétosphère terrestre et n'interagisse avec celle-ci. ISEE 3 atteint cette orbite le . La mission primaire de ISEE 3 s'achève après 3 années passées à effectuer des mesures notamment du vent solaire, des rayons cosmiques et des éruptions gamma.

Prolongement de la mission

Pour le prolongement de la mission de ISEE 3, trois options s'offrent Ă  la NASA :

  • poursuivre les observations au point L1 jusqu'Ă  Ă©puisement des ergols utilisĂ©s pour se maintenir sur l'orbite de Halo. La quantitĂ© d'hydrazine restante permet de poursuivre la mission durant 10 ans ;
  • quitter provisoirement L1 pour Ă©tudier la magnĂ©toqueue qui s'Ă©tend Ă  l'opposĂ© du point de Lagrange par rapport Ă  la Terre et dont on connait mal la structure Ă  l'Ă©poque ;
  • Ă©tudier la magnĂ©toqueue puis effectuer un survol de la comète de Giacobini-Zinner et de la comète de Halley. Les principales agences spatiales mettent en chantier Ă  la fin des annĂ©es 1970 une mission destinĂ©e Ă  survoler la comète de Halley qui doit survoler le Soleil en 1986 après 76 ans d'absence. La NASA dĂ©veloppe deux projets mais aucun n'aboutit pour des raisons budgĂ©taires. ISEE 3 ne possède pas d'antenne grand gain ni de mĂ©moire de masse pour stocker les donnĂ©es et une Ă©tude dĂ©montre que les donnĂ©es recueillies lors du survol de Halley ne pourraient ĂŞtre transmises compte tenu de la distance entre la Terre et la sonde spatiale au moment du survol. En revanche, un survol de la comète de Giacobini-Zinner qui doit revenir vers le Soleil en 1975 peut se dĂ©rouler dans des conditions beaucoup plus favorables : proximitĂ© de la Terre (71 millions km) et possibilitĂ© de se trouver dans le faisceau de transmission du radiotĂ©lescope d'Arecibo (fixe)[3].

Étude de la magnétoqueue (1982-1986)

L'Ă©tude de la magnĂ©toqueue est acceptĂ©e et ISEE 3 quitte son orbite autour du point de Lagrange L1 le . Le projet de survol de la comète, fortement appuyĂ© par la communautĂ© scientifique amĂ©ricaine, est approuvĂ© par la NASA le 30 aout 1982. La sonde spatiale passe Ă  proximitĂ© de la Lune en ce qui lui permet d'effectuer une première traversĂ©e de la magnĂ©toqueue en . Grâce Ă  plusieurs passes effectuĂ©es par la suite jusqu'Ă  une distante de 240 rayons terrestres, ISEE 2 dĂ©couvre que la structure interne de la magnĂ©toqueue est pratiquement identique avec celle Ă  proximitĂ© de la planète. Les donnĂ©es collectĂ©es montrent que les aurores polaires gĂ©nèrent de grandes bulles de plasma confinĂ© qui se dĂ©placent le long de la magnĂ©toqueue. Plusieurs survols de la Lune permettent Ă  ISEE 3 de modifier sa trajectoire grâce Ă  l'assistance gravitationnelle reçue. Le dernier survol effectuĂ© Ă  très faible distance (120 km) le permet Ă  ISEE 3 d'Ă©chapper dĂ©finitivement Ă  l'attraction de la Terre et de se placer sur une trajectoire lui permettant de survoler la comète de Giacobini-Zinner. Peu après la mission est rebaptisĂ©e ICE (International Cometary Explorer)[4].

Survol de comètes (1982-1986)

Plusieurs mesures sont effectuĂ©es avant le survol de la comète par des observatoires terrestres pour dĂ©terminer prĂ©cisĂ©ment sa trajectoire. Le et le , des corrections de trajectoire sont effectuĂ©es et la distance de survol du noyau de la comète est dĂ©sormais Ă©valuĂ©e Ă  8 000 km. ICE ne dispose pas de camĂ©ra mais 8 de ses instruments peuvent recueillir des donnĂ©es utiles. Les premières donnĂ©es sont collectĂ©es le et le survol a lieu le [5].

Étude du Soleil et du milieu interplanétaire (1991-1997)

En 1991, la mission de ICE est prolongée par la NASA. L'engin spatial doit étudier les éjections de masse coronale par le Soleil, le rayonnement cosmique et effectuer des observations coordonnées avec la sonde spatiale Ulysses. Le , la NASA met fin à la mission.

Survol de la Terre en 2014

Le satellite repasse au voisinage de la Terre en . Pour la NASA, la mission est terminée bien que la sonde soit toujours opérationnelle et contienne encore du carburant. Le projet « ISEE-3 Reboot» est lancé par des ingénieurs et des scientifiques[6] avec pour objectif de reprendre contact avec la sonde, l'insérer sur une orbite stable et lui permettre de poursuivre sa mission[7]. Mi 2014, la Space College Foundation obtient de la NASA le droit de continuer d'utiliser de façon amateur la sonde[8]. Fin , l'équipe projet parvient à rétablir le contact avec la sonde spatiale et à activer son système de contrôle d'attitude puis de correction de trajectoire[9]. Mais en aout 2014, peu après le survol de la Lune, le contact avec la sonde spatiale est perdu.

Caractéristiques techniques

ISEE 3 est un satellite de forme cylindrique (Ă  16 facettes) de 1,58 mètre de haut pour 1,77 m de diamètre. Deux antennes de radio science et une antenne radio moyen gain sont fixĂ©es Ă  une extrĂ©mitĂ© du cylindre portant sa hauteur Ă  14 mètres. 4 antennes radiales utilisĂ©es par les instruments de mesure du plasma et la science radio portent son envergure Ă  92 mètres. Il reprend l'architecture de la sĂ©rie des 8 satellites IMP (Interplanetary Monitoring Platform) du programme Explorer dĂ©veloppĂ©s par l'agence spatiale amĂ©ricaine pour Ă©tudier la magnĂ©tosphère terrestre. D'une masse de 479 kg au lancement, il emporte 89 kg d'hydrazine. Le satellite est stabilisĂ© par rotation. Il dispose de 12 petits propulseurs de 18 newtons de poussĂ©e Ă  la fois pour le contrĂ´le d'attitude et les changements de trajectoire. Les ergols dont il dispose lui permettent d'effectuer des changements de vitesse cumulĂ©s de 430 m/s. Les tĂ©lĂ©communications sont assurĂ©es en bande S avec un dĂ©bit en dĂ©but de mission de 2 048 bits par seconde qui chutera en 1991 Ă  64 bit/s[10] - [11] - [12].

Instruments scientifiques

ISEE 3 emporte 13 instruments reprĂ©sentant une masse de 104 kg dont les capteurs sont placĂ©s Ă  l'Ă©quateur du cylindre. Ils sont fournis Ă  la fois par des laboratoires amĂ©ricains et europĂ©ens. Ces instruments comprennent un magnĂ©tomètre, des instruments de mesure du plasma du vent solaire, des rayons cosmiques Ă  basse, moyenne et haute Ă©nergie, des ondes de plasma, de la composition de plasma, des dĂ©tecteurs de protons et Ă©lectrons, des Ă©ruptions gamma et une expĂ©rience de radio astronomie[12] - [10] :

  • ANH (X-Rays and Electrons Instrument) ;
  • BAH (Solar Wind Plasma Experiment) ;
  • HKH (High Energy Cosmic Ray Experiment) ;
  • HOH (Low Energy Cosmic Ray Experiment) ;
  • DFH (Low Energy Proton Experiment) ;
  • MEH (Cosmic Ray Electrons and Nuclei) ;
  • OGH (Plasma Composition Experiment) ;
  • SCH (Plasma Wave Instrument) ;
  • SBH (Radio Mapping Experiment) ;
  • SMH (Helium Vector Magnetometer) ;
  • STH (Heavy Isotope Spectrometer Telescope, HIST) ;
  • TYH (Medium Energy Cosmic Ray Experiment).

Notes et références

  1. (en) A.C. Durney, « The International Sun-Earth Explorer mission »,
  2. Christophe Lettelier, Chaos sous contrĂ´le, Pour la Science, 385, (novembre 2009), 60-67
  3. (en) Paolo Ulivi et David M. Harland, Robotic Exploration of the Solar System Part 2 Hiatus and Renewal 1983-1996, Chichester, Springer Praxis, , 535 p. (ISBN 978-0-387-78904-0), p. 60-61
  4. (en) Paolo Ulivi et David M Harland, Robotic Exploration of the Solar System Part 2 Hiatus and Renewal 1983-1996, Chichester, Springer Praxis, , 535 p. (ISBN 978-0-387-78904-0), p. 61-62
  5. (en) Paolo Ulivi et David M Harland, Robotic Exploration of the Solar System Part 2 Hiatus and Renewal 1983-1996, Chichester, Springer Praxis, , 535 p. (ISBN 978-0-387-78904-0), p. 62-64
  6. (en) « ISEE 3 », sur Space College (consulté le )
  7. (en) « NASA Signs Agreement with Citizen Scientists Attempting to Communicate with Old Spacecraft », sur NASA
  8. https://www.sciencesetavenir.fr/espace/20140527.OBS8643/la-nasa-cede-un-satellite-a-des-amateurs-une-premiere-historique.html
  9. (en) K. Chang, Calling Back a Zombie Ship From the Graveyard of Space, New York Times, 14 juin 2014
  10. (en) « ISEE-3 », sur EO Portal, Agence spatiale européenne (consulté le )
  11. (en) « ISEE 3 », sur catalogue NSSDC, NASA (consulté le )
  12. Paolo Ulivi et David M Harland 2009, p. 58

Sources

  • (en) ISEE-3 sur le site EO Portal
  • (en) Paolo Ulivi et David M Harland, Robotic Exploration of the Solar System : Hiatus and Renewal, 1983-1996., Chichester, Springer Praxis, , 535 p. (ISBN 978-0-387-78904-0, OCLC 472232662, prĂ©sentation en ligne)
    Description détaillée des missions (contexte, objectifs, description technique, déroulement, résultats) des sondes spatiales lancées entre 1983 et 1996.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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