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Hyperhypotaxe

L'hyperhypotaxe (substantif fĂ©minin), du grec hyper (« beaucoup Â») et hypo (« en dessous Â») et tattein (« placer l'un Ă  cĂ´tĂ© de l'autre Â»), est une figure de style qui consiste en une insertion de propositions subordonnĂ©es en trop grand nombre. Elle est une hypotaxe exacerbĂ©e qui donne lieu Ă  un effet esthĂ©tique qui coordonne des idĂ©es ou des arguments nombreux, parfois jusqu'Ă  la confusion. Comme l'hypotaxe, l'hyperhypotaxe a pour antonyme la parataxe (simple juxtaposition de propositions formellement indĂ©pendantes et sans conjonction pour marquer le lien entre elles).

Exemples

  • « Martial est fils de noble, puisque son père est quasi-baron, Ă©tant donnĂ© que sa mère Ă©tait une fille Angenaux, qui Ă©taient reconnus comme maĂ®tres des terres, et que sa belle-mère avait des accointances avec les De Bellot, Ă  qui appartient le château... »
  • « Le jeune homme que je vois en train de causer devant la gare Saint-Lazare avec un camarade qui semble lui suggĂ©rer de faire ajouter un bouton Ă  l'Ă©chancrure de son pardessus, et en qui je crois reconnaĂ®tre le passager au long cou que je remarquai, il y a deux heures, dans l'autobus «S» parce que juste avant que ne se libère une place et qu'il ne s'y prĂ©cipite, --- il avait attirĂ© mon attention Ă  cause du ton pleurnichard qu'il empruntait pour reprocher Ă  son voisin de le bousculer chaque fois que quelqu'un descendait du vĂ©hicule, portait-il vraiment dĂ©jĂ  Ă  l'arrĂŞt cet Ă©tonnant chapeau entourĂ© d'une cordelette tressĂ©e? » (Raymond Queneau) : l'exemple montre une seule longue phrase coordonnant une chaĂ®ne de neuf subordonnĂ©es suivant une progression thĂ©matique[1].

DĂ©finitions

DĂ©finition linguistique

En rhétorique, l'hypotaxe désigne le style lié : style où les propositions sont harmonieusement coordonnées, ce qui produit un discours allant de soi ; par opposition au style coupé caractéristique de la parataxe dans lequel les propositions sont plus saccadées, les phrases sont plus courtes[2]. L'hyperhypotaxe opère une transformation morpho-syntaxique, c'est pourquoi on la classe souvent parmi les figures de construction[3]. La figure consiste à développer outre mesure sur proposition principale dite noyau suivant une progression thématique de subordonnées introduites par des conjonctions (parce que, car, de plus…)

La synchise est une hyperhypotaxe mal bâtie, par des parenthèses en trop grand nombre et obscurcissant le discours.

DĂ©finition stylistique

L'hyperhypotaxe est une figure essentiellement moderne, très employée dans l'œuvre de Marcel Proust par exemple.

Historique de la notion

Le Gradus définit l’hyperhypotaxe comme une figure qui multiplie les degrés d’enchâssements de subordonnées. Selon André Thérive, « l’hyperhypotaxe est une période destinée, non plus à être prononcée, mais à être lue. Son développement épouse la diversité et la multiplicité des rapports perceptibles lors d’une lecture, alors que la période classique correspond au rythme du style soutenu oral ». Historiquement, l'hyperhypotaxe est rapprochée de la notion de période rhétorique.

Figures proches

Notes et références

  1. Weblettres, « WebLettres : Dossiers et synthèses », sur weblettres.net (consulté le ).
  2. http://www.ditl.info/arttest/art3363.php
  3. « Hypotaxe », sur etudes-litteraires.com (consulté le ).

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

  • Pierre Pellegrin (dir.) et Myriam Hecquet-Devienne, Aristote : Ĺ’uvres complètes, Éditions Flammarion, , 2923 p. (ISBN 978-2081273160), « RĂ©futations sophistiques », p. 457. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Quintilien (trad. Jean Cousin), De l'Institution oratoire, t. I, Paris, Les Belles Lettres, coll. « BudĂ© SĂ©rie Latine », , 392 p. (ISBN 2-2510-1202-8).
  • Antoine Fouquelin, La RhĂ©torique françoise, Paris, A. Wechel, (ASIN B001C9C7IQ).
  • CĂ©sar Chesneau Dumarsais, Des tropes ou Des diffĂ©rents sens dans lesquels on peut prendre un mĂŞme mot dans une mĂŞme langue, Impr. de Delalain, (rĂ©impr. Nouvelle Ă©dition augmentĂ©e de la Construction oratoire, par l’abbĂ© Batteux.), 362 p. (ASIN B001CAQJ52, lire en ligne)
  • Pierre Fontanier, Les Figures du discours, Paris, Flammarion, (ISBN 2-0808-1015-4, lire en ligne).
  • Patrick Bacry, Les Figures de style et autres procĂ©dĂ©s stylistiques, Paris, Belin, coll. « Collection Sujets », , 335 p. (ISBN 2-7011-1393-8).
  • Bernard Dupriez, Gradus, les procĂ©dĂ©s littĂ©raires, Paris, 10/18, coll. « Domaine français », , 540 p. (ISBN 2-2640-3709-1).
  • Catherine Fromilhague, Les Figures de style, Paris, Armand Colin, coll. « 128 Lettres », 2010 (1re Ă©d. nathan, 1995), 128 p. (ISBN 978-2-2003-5236-3).
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