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Huldres

Les huldres (également appelés hulderfolk en cas de pluriel indéfini et hulderfolket en cas de pluriel défini) sont un peuple d'êtres surnaturels issus du folklore norvégien.

Huldra Forsvant, tableau de l'illustrateur, peintre et dessinateur norvégien Theodor Kittelsen, qui est censé représenter un homme après le départ d'une huldre. Pour une représentation de huldra, voir , du même auteur

Terminologie et Ă©tymologie

Huldra pourrait dériver du vieux norrois « huld », mentionné dans certains textes médiévaux de la mythologie nordique et synonyme de völva : les femmes voyantes des anciennes religions nordiques.

Hulden veut aussi dire « cacher » dans les langues germaniques, cela coïnciderait donc bien avec la légende des enfants cachés.

Origines

Une légende chrétienne raconte qu'un jour Dieu se rendit dans le chalet d'une femme, qui n'avait pu laver ses enfants qu'à moitié. Honteuse de leur saleté, elle cacha la moitié souillée au Tout-Puissant, qui déclara que toute la moitié souillée serait cachée à l'humanité. Les enfants devinrent alors huldres[1].

Caractéristiques

Apparence

Le folklore les décrit comme semblables à des humains normaux, mis à part quelques différences variant selon le sexe de l'individu :

  • les hommes huldres (ou huldu, huldrekall) sont dotĂ©s d'une force exceptionnelle[2], et sont en gĂ©nĂ©ral assez agrĂ©ables Ă  regarder, en dĂ©pit de leur physionomie rustique[3]. Au Moyen Ă‚ge, si un soldat norvĂ©gien mourait, on prĂ©tendait qu'un huldre prenait aussitĂ´t sa place[2].
  • les femmes huldres, ou huldras (mot qui dĂ©rive d'une racine norvĂ©gienne signifiant « couvert, cachĂ© ») sont ravissantes et aiment se travestir en bergères pour sĂ©duire les jeunes pâtres, qui sont toujours charmĂ©s (les huldres usent mĂŞme parfois de musique pour ensorceler leur proie[2]) avant de voir la queue de vache (ou de renard si la lĂ©gende est suĂ©doise et non norvĂ©gienne) qui dĂ©passe des jupons de leur dulcinĂ©e (qui a gĂ©nĂ©ralement aussi le dos creux, ce qui donnerait une autre origine au nom de ces crĂ©atures puisque hul signifie « creux »[2]). S'ils acceptent cette infirmitĂ©, ils seront comblĂ©s car l'huldra se rĂ©vèle presque toujours une Ă©pouse et une mère parfaite[2] (il arrive cependant dans certaines lĂ©gendes qu'elle dĂ©cide de faire rĂ´tir ses enfants[4]). Dans d'autres lĂ©gendes, il arrive qu'une huldre accepte la demande en mariage d'un humain Ă  condition qu'il passe une Ă©preuve pendant une pĂ©riode oĂą ils seront sĂ©parĂ©s (cette Ă©preuve peut consister Ă  ne parler Ă  personne de leur mariage prochain). Elle vĂ©rifiera le rĂ©sultat au milieu de l'hiver. S'il ne le rĂ©ussit pas, l'huldra repart, furieuse[3].

Pouvoirs

En dehors de la force incroyable des hommes-huldres et des talents d'ensorceleuses des huldras, ce peuple pouvait se rendre invisible, changer les humains en pierre ou les Ă©garer ; quant Ă  leur souveraine, la magicienne Huld, elle pouvait ressusciter les morts[2].

Croyances et rites populaires

Skogsrå dessinée par Gunnar Creutz
Skogsrå dessinée par Sabina Nilsson

Malgré leur image globalement bienveillante et inoffensive, les huldres se vexent parfois dans des récits où les humains ne respectent pas certains préceptes en leur présence.

Ainsi, lors de la messe de minuit, à Noël (ou Yule dans le Grand Nord), certains Norvégiens évitaient de rester chez eux, de peur de rencontrer les huldres qui assailleraient immanquablement leur maison dans le but d'y faire la fête[2].

Parallèlement, une coutume aujourd'hui disparue voulait qu'en posant les fondations d'une maison, les futurs occupants s'assurent qu'elle ne se trouvait pas au-dessus d'une des tanières souterraines des huldres. Pour ce faire, ils devaient dormir à l'emplacement où ils souhaitaient construire avec leurs outils pendant une nuit. Si le lendemain ils avaient fait de mauvais rêves ou si leurs outils étaient dispersés, ils devaient se garder de construire à cet endroit sous peine que les huldres ne s'introduisent dans le futur foyer pour y voler du bétail et des bijoux, voire la nourrice attachée à la famille s'ils avaient eux-mêmes des enfants en bas âge[2].

Pour repousser les huldres mécontents, leurs victimes pouvaient se servir, soit du feu, soit d'une Bible, soit d'eau bénite[2].

Dans la littérature et l'art

Le roman L'été des noyés (2011) de John Burnside fait référence à ce folklore : « Maia ne serait jamais devenue la huldra, et Kyrre n'aurait pas perdu l'esprit… »

Dans le chapitre 40 (chapitre XL : "Une journée dans le Hälsingland", section : "La nuit de Nouvel An des animaux") du roman "Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède", une légende racontée mentionne la Huldra.

Dans la culture populaire contemporaine

Films

Dans le film La Maison de l'Étrange (2003), les huldres sont de très petites créatures de morphologie humaine, très laides et méchantes. Il semble que l'auteur du film ait confondu quelques créatures différentes, dont peut-être les gobelins ou les Bonnets-Rouges issus d'autres folklores[5].

Dans le film Thale[6] (2012), l'héroïne, une jeune femme nommée Thale, a été cachée par un médecin anonyme qui prendra soin d'elle jusqu'à sa mort, en l'abritant dans la cave d'une bâtisse perdue dans la forêt, afin que la petite fille ne soit plus l'objet d'études cliniques relatives à sa particularité physiologique (elle possède une queue de vache), ainsi qu'à ses « pouvoirs » psychiques (télépathie notamment, illustrée par des échanges avec les deux autres personnages principaux du film, Elvis et Leo). C'est à la suite de la mort du vieil homme que les héros du film, Elvis et Leo, sont chargés de « nettoyer » le bâtiment, et découvrent Thale… Ce film d'Aleksander Nordaas revisite ainsi cette légende norvégienne, qui expose à la fois le côté animal des huldres, mais également leurs pouvoirs et l’empathie qu'ils suscitent.

Dans le film norvégien Askeladden – i Dovregubbens hall, trois huldres séduisent trois frères mais sont démasquées quand l'enchantement disparait.

Dans la série télévisée Jordskott[7] une huldre est également montrée à l'écran sous la forme d'une jeune fille d'apparence normale, mais dotée de pouvoirs télépathiques et télékinésiques qu'elle peut utiliser soit pour nuire à ceux qui l'agressent, soit pour aider à retrouver des personnes en danger.

  • John Boisen[8], Huldra (2021, Allemagne, 15')

Notes et références

  1. KM Briggs, The Fairies in English Tradition and Literature, p. 147 University of Chicago Press, Londres, 1967
  2. Encyclopédie du Merveilleux, Tome 3 : Des Peuples de l'Ombre, ed. le Pré aux Clercs d'Édouard Brasey (2006)
  3. La Grande Encyclopédie des Elfes de Pierre Dubois, ed. Hoëbeke (2003) (ISBN 2-84230-183-8)
  4. A Medieval Bestiary
  5. Houdemont
  6. https://www.imdb.com/title/tt2112287/
  7. Jordskott sur l'internet movie database, (lire en ligne)
  8. https://www.imdb.com/name/nm3397952/

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