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Huixtocihuatl

Huixtocihuatl dans la mythologie aztĂšque, est une dĂ©esse de la fertilitĂ© et surtout dĂ©esse du sel[1] et de l'eau salĂ©e. Elle est la sƓur ainĂ©e des Tlaloques et de Tlaloquetotontli ainsi que la fille de Tlaloc et Chalchiuhtlicue[1].

Huixtocihuatl
DĂ©esse de la mythologie aztĂšque
Huixtocihuatl reprĂ©sentĂ©e dans les Ă©crits de Bernardino de SahagĂșn.
Huixtocihuatl reprĂ©sentĂ©e dans les Ă©crits de Bernardino de SahagĂșn.
Caractéristiques
Nom Uixtochihuatl
Fonction principale Déesse du sel et de l'eau salée
Fonction secondaire DĂ©esse nourriciĂšre
Groupe divin Panthéon aztÚque
Associé(s)
Culte
RĂ©gion de culte Empire aztĂšque
Mentionné dans
Famille
PĂšre Tlaloc
MĂšre Chalchiuhtlicue
Fratrie

Mythologie

Bernardino de SahagĂșn la prĂ©sente comme la sƓur aĂźnĂ©e des Tlaloques. Malheureusement, elle gagna un jour leur courroux en se moquant de leurs habits. Ils la poursuivirent alors et la bannirent dans des eaux salĂ©es. C'est lĂ  qu'elle dĂ©couvrit le sel et inventa la mĂ©thode pour l'extraire.

Divinités associées

Huixtocihuatl Ă©tait considĂ©rĂ© comme une dĂ©esse nourriciĂšre avec Chicomecoatl et Chalchiuhtlicue. Les trois Ă©taient des sƓurs qui, ensemble, fournissaient Ă  l'homme trois Ă©lĂ©ments essentiels Ă  la vie: le sel, la nourriture et l'eau[2].

Dans le Codex Telleriano-Remensis, Huixtocihuatl est associée à la déesse Ixcuina, qui représentait la crasse et les excréments. Cette relation suggÚre que Huixtocihuatl était probablement associé à l'urine, considérée comme salée et impure. Son association avec les dieux fournisseurs n'était pas nécessairement positive et son association avec l'urine et la crasse n'était pas nécessairement négative. Au lieu de cela, les AztÚques considéraient que tous les éléments naturels du monde étaient nécessaires au maintien de l'équilibre[3].

Iconographie

Le Primeros Memoriales, un manuscrit Ă©crit par Bernardino de SahagĂșn avant son codex florentin, contient une description de Huixtocihuatl associĂ©e Ă  une illustration[4]. Les AztĂšques croyaient que l’essence d’une divinitĂ© pouvait ĂȘtre capturĂ©e par un reprĂ©sentant humain, ou ixiptla, du dieu. Le Primeros Memoriales illustre donc et dĂ©crit l'apparence de l'ixiptla de la dĂ©esse Huixtocihuatl, qui incarnait la dĂ©esse du sel. La description de SahagĂșn suit de prĂšs son illustration associĂ©e, en disant:

« Sa peinture pour le visage est jaune./ Sa couronne en papier porte une crĂȘte de plumes de quetzal./ Ses bouchons d'oreille sont en or./ Son Ă©cusson a le motif de l'eau./ Sa jupe a le motif de l'eau./ Ses petites clochettes. / Ses sandales./ Elle le bouclier a la forme du nĂ©nuphar./ Dans sa main est son bĂąton de roseau »[4]


Dans le Codex florentin, SahagĂșn dĂ©veloppe sa description de Huixtocihuatl, dĂ©crivant l'apparence de la divinitĂ© capturĂ©e par l'imitatrice. SahagĂșn compare sa peinture, son costume et ses plumes au visage Ă  un plant de maĂŻs[5]. Il dĂ©clare :

« Sa peinture et ses ornements étaient de couleur jaune. C'était fait d'ocre jaune ou de fleurs de maïs jaunes. Et elle portait son bonnet de papier avec des plumes de quetzal en forme de pampille de maïs. Il était fait de nombreuses plumes de quetzal, empli de plumes de quetzal, de sorte qu'il était recouvert de vert, ruisselant, luisant comme de précieuses plumes vertes. »[6]

SahagĂșn dĂ©crit ensuite les autres caractĂ©ristiques remarquables de l'incarnation de Huixtocihuatl. Il fait remarquer que sa chemise et sa jupe Ă©taient toutes les deux brodĂ©es d'un motif imitant l'eau. La bordure de sa chemise et de sa jupe avait un motif en nuage. Ces caractĂ©ristiques, plus Ă©troitement liĂ©es Ă  l'eau qu'au sel, peuvent reflĂ©ter les liens familiaux de Huixtocihuatl avec les dieux de l'eau. SahagĂșn fait Ă©galement remarquer que des cloches attachĂ©es Ă  une peau d'ocelot Ă©taient attachĂ©es Ă  ses chevilles et Ă  ses jambes[6]. Ces cloches crĂ©aient une symphonie sonore quand elle marchait. SahagĂșn fournit en outre des dĂ©tails sur les sandales, le bouclier et le bĂąton en roseau de la reprĂ©sentante de Huixtocihuatl. Son bouclier Ă©tait recouvert d'un motif de feuille de nĂ©nuphar, ornĂ© de plumes de perroquet jaunes et que l'ixiptla le balançait quand elle dansait. Le bĂąton de roseau jouait Ă©galement un rĂŽle important pour l'ixiptla, car c'Ă©tait ce qu'elle avait utilisait pour marquer le rythme des chansons pendant le festival en son honneur[6].

Rituel

Le panneau supĂ©rieur illustre l'incarnation de Huixtocihuatl au sein d'une procession, celui du bas les prĂȘtres en train de la sacrifier. Notez la ressemblance de l'ixiptla avec un plant de maĂŻs en fleurs. 16e siĂšcle, 2Ăšme livre, chapitre 26 du Codex Florentin de SahagĂșn

Pendant le septiĂšme mois du calendrier aztĂšque, Tecuilhuitontli (correspondant au mois de juin), une fĂȘte Ă©tait organisĂ©e en son honneur [2]. Pendant le festival, une femme Ă©tait considĂ©rĂ©e comme l'ixiptla ou l'incarnation de Huixtocihuatl. Cette femme Ă©tait sacrifiĂ©e Ă  la fin du festival[7].

Bernardino de SahagĂșn consacre le deuxiĂšme livre du Codex florentin Ă  la description des diverses cĂ©rĂ©monies des AztĂšques. Le vingt-sixiĂšme chapitre de ce livre fournit des dĂ©tails sur les cĂ©rĂ©monies de Tecuilhuitontli, en mettant l'accent sur le festival en l'honneur de Huixtocihuatl[6]. Les fabricants de sel honoreraient la divinitĂ© avec des danses qui duraient dix jours [6]. Les filles des saliculteurs, et bien d’autres encore, se livraient Ă  ces danses [2]. Dans le codex florentin, SahagĂșn dĂ©crit l'Ă©ventail des participants au festival de Huixtocihuatl. Il Ă©crit :

« Tous se sont rassemblés et ont pris place, les gens du sel et les saliculteurs - les vieilles femmes, les femmes mûres, les jeunes filles et les jeunes filles récemment matures. »[6]

La danse jouait un rĂŽle important durant les cĂ©rĂ©monies de Tecuilhuitontli. Les danseuses se plaçaient en rangĂ©es et chantaient des chansons en un tremblement aigu. SahagĂșn fait remarquer que leurs voix « sonnaient comme une cloche »[6]. Pendant que les femmes chantaient et dansaient, les hommes et les anciens dirigeaient les danseuses. Celles-ci portaient des guirlandes d'iztauhyatl, un type d'armoise, tandis que ceux qui assistaient au festival se contentaient de porter la fleur[2]. Le chant et la danse en l'honneur de Huixtocihuatl se poursuivaient pendant dix jours et culminaient le dernier jour de cĂ©lĂ©brations de Tecuilhuitontli, lorsque des prĂȘtres sacrifiaient l'ixiptla sur le sanctuaire dĂ©diĂ© Ă  Tlaloc dans le Temple Majeur[6]. Les danseuses escortaient cet avatar de Huixtocihuatl au temple. Des captifs rejoignaient Ă©galement la procession au temple pour ĂȘtre massacrĂ©s avec l'ixiptla[2]. Les prĂȘtres, ornĂ©s de plumes de quetzal, executaient d'abord les captifs[6]. SahagĂșn souligne la signification du sacrifice des captifs dans ce rituel. Il a Ă©crit que les captifs seraient :

« Ses compagnons, ses semblables dans la mort; qui devaient ĂȘtre les premiers, qui mourraient [les premiers]. »[6]

SahagĂșn continue sa description du sacrifice de Huixtocihuatl avec des dĂ©tails saisissants du massacre rituel. Ainsi, les prĂȘtres utilisaient d'abord le museau pointu d'une Ă©pĂ©e pour lui couper le cou, puis la poitrine. Ensuite, les prĂȘtres lui coupaient le cƓur qu'ils Ă©levaient en offrande avant de le ranger dans un bocal en pierre verte. SahagĂșn explique qu'aprĂšs le sacrifice, les gens se dispersaient et cĂ©lĂ©braient alors la fin du festival avec des banquets. Tous ceux qui Ă©taient affiliĂ©s au sel boiraient du vin. SahagĂșn dĂ©crit l'atmosphĂšre de la nuit et souligne que les participants au festival Ă©taient saouls au moment de s'endormir[6].

Notes et références

  1. Adela FernĂĄndez, Dioses PrehispĂĄnicos de MĂ©xico : mitos y deidades del panteĂłn nĂĄhuatl, Mexico, Panorama Editorial, , 162 p. (ISBN 968-38-0306-7, lire en ligne)
  2. (en) Joseph Kroger (Granziera, Patrizia), Aztec goddesses and Christian Madonnas : images of the divine feminine in Mexico, Farnham, Surrey, England, Ashgate, , 40 p. (ISBN 978-1-4094-3597-6, OCLC 781499082)
  3. Elizabeth Hill Boone, The Art and iconography of late Post-Classic central Mexico : a conference at Dumbarton Oaks, October 22nd and 23rd, 1977, Washington, D.C., Dumbarton Oaks, Trustees for Harvard University, , 23 p. (ISBN 978-0-88402-110-0, OCLC 8306454, lire en ligne)
  4. Bernardino de SahagĂșn (Sullivan, Thelma D. (Translator, 1997)), Primeros Memoriales, Norman, Oklahoma, University of Oklahoma, , 106 p. (ISBN 978-0-8061-5749-8, OCLC 988659818)
  5. Thomas L. Grigsby et Carmen Cook de Leonard, « Xilonen in TepoztlĂĄn: A Comparison of Tepoztecan and Aztec Agrarian Ritual Schedules », Ethnohistory, vol. 39, no 2,‎ , p. 121 (DOI 10.2307/482390, JSTOR 482390)
  6. Bernardino de SahagĂșn (Anderson, Arthur J. O., Dibble, Charles E. (Translators, 1970)), General history of the things of New Spain : Book I, the Gods, Santa Fe, New Mexico, School of American Research, 1499-1590, 2nd ed., rev Ă©d., 86 Ă  89 (ISBN 978-0-87480-000-5, OCLC 877854386)
  7. Patricia Monaghan, Encyclopedia of Goddesses and Heroines, ABC-CLIO,
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