Huang Rui
Huang Rui (é»é), nĂ© en 1952, est un des artistes les plus importants de lâavant garde de lâart contemporain chinois, il est connu pour sa critique sociale et culturelle.
Son Ćuvre se compose de peintures, de calligraphie, dâinstallations ainsi que des reprĂ©sentations scĂ©niques. Actif depuis les annĂ©es 1970, il a Ă©tĂ© lâun des fondateurs du groupe des Xing Xing (littĂ©ralement « les Ătoiles ») qui fut le premier mouvement artistique significatif dans lâart contemporain chinois. AprĂšs sâĂȘtre exilĂ© au Japon pendant les annĂ©es 1980 et 1990, Huang Rui est revenu Ă PĂ©kin en 2001, et a participe Ă la crĂ©ation du secteur dâart 798, qui est aujourdâhui le centre le plus important de lâart contemporain chinois.
Vie et Ćuvres
Huang Rui est nĂ© Ă PĂ©kin en 1952. Pendant la rĂ©volution culturelle il fut envoyĂ©, Ă l'Ăąge de 16 ans, en Mongolie intĂ©rieure oĂč il travailla comme fermier. Il revint ensuite Ă PĂ©kin et travailla dans une entreprise produisant du cuivre jusquâen 1979[1]. Câest Ă ce moment-lĂ quâil Ă©tudia briĂšvement lâart au Centre culturel des travailleurs de PĂ©kin.
Huang Rui fut un membre fondateur du groupe artistique dâavant-garde chinois Xing Xing (littĂ©ralement « les Ătoiles ») auquel appartiendront des artistes tels que Wang Keping, Ai Weiwei, Ma Desheng, Li Shuang, Zhong Acheng et Qu Leilei, et qui fut actif entre 1979 et 1983. Ce groupe rĂ©volutionnaire dâartistes amateurs fut un des premiers Ă dĂ©fier la censure aprĂšs la RĂ©volution culturelle. Le groupe a fait parler de lui en 1979 quand, sous la direction de Huang Rui et Ma Desheng, il organisa une exposition Ă l'extĂ©rieur de la Galerie d'art de Chine (aujourdâhui MusĂ©e national d'art - NAMOC). Avant cela, la majoritĂ© de leurs expositions se tenaient secrĂštement dans leur propres maisons, oĂč les artistes pouvaient entretenir des dĂ©bats vivants Ă propos de sujet allant de la mode artistique en Occident Ă la libertĂ© de l'art[2].
In 1978, Huang Rui copublia le journal littĂ©raire Jintian ä»ć€© (littĂ©ralement « Aujourdâhui »)[2], qui Ă©tait conçu pour ĂȘtre : « une des publications les plus radicales en circulation depuis la rĂ©volution culturelle ». Le journal, qui fonctionna pendant trois ans, incluait Ă la fois les vers et la prose dâĂ©crivains comme Bei Dao, Gu Cheng, Mang Ke, Shu Ting et Yang Lian.
Avant cela, Huang crĂ©ait surtout des peintures qui faisaient rĂ©fĂ©rence Ă divers styles occidentaux tels que lâexpressionnisme, lâexpressionnisme abstrait, le fauvisme et le cubisme. MalgrĂ© cela, son style commença Ă s'affirmer et il devint plus expĂ©rimental en explorant dâautres moyens dâexpression comme la photographie, les impressions sur diffĂ©rents supports, les installations et les performances artistiques.
Le travail de Huang Rui se caractĂ©rise par des symĂ©tries et une simplicitĂ© de formes, ainsi que par lâutilisation de couleurs primaires. Son Ćuvre est la seule qui prĂ©sente un engagement esthĂ©tique, et il est pour cela reconnu comme artiste intellectuel et un penseur social, bien que souvent controversĂ©. Tout au long de sa carriĂšre, il a toujours clamĂ© sa conviction de lâimportance de la libertĂ© dâexpression â et pour cela, il a dĂ» faire face Ă une forte censure de la part du gouvernement.
Un des thĂšmes majeurs du travail de Huang Rui est lâutilisation du langage. Il utilise ainsi des textes, souvent des slogans politiques chinois, de maniĂšre Ă crĂ©er un jeu de mots ou un trait dâesprit ; malgrĂ© cela, ses revendications sont loin dâĂȘtre comiques. Une de ses Ćuvres majeures est Chairman Mao 10,000 RMB oĂč il utilise exactement 10 000 yuan en billets de banque pour Ă©crire un slogan chinois signifiant « Que le prĂ©sident Mao vive dix mille ans ».
Huang Rui a aussi souvent jouĂ© sur la relation pouvant exister entre des mots chinois et des mots anglais, le plus remarquable est sa sĂ©rie China/Chai-Na oĂč il met en relation le mot anglais pour « Chine » avec les caractĂšres Chai et Na qui signifient respectivement « dĂ©molir » et « ici », cette Ćuvre Ă©tait en fait une rĂ©action Ă la destruction massive de certains quartiers de PĂ©kin en vue des Jeux olympiques.
La commissaire dâexpositions et Ă©crivaine Berenice Angremy (son Ă©pouse) dit Ă ce sujet que « Dans le cas de Huang Rui, lâĆuvre et son esthĂ©tique artistique est un environnement qui met en relief les textes et notamment les slogans que nous rencontrons dans la vie de tous les jours. ». Il fut exposĂ© aux Rencontres d'Arles (France) en 2007[3].
Le secteur artistique 798
Huang Rui a Ă©tĂ© reconnu comme un acteur majeur dans la mise en place du secteur artistique 798 Ă PĂ©kin. Il a en effet jouĂ© un rĂŽle dans sa crĂ©ation en 2002[4], et sâest aussi battu pour le sauver de la dĂ©molition en 2004 et 2005. En 2006, 798 est devenu le premier secteur dâart reconnu et protĂ©gĂ© par lâĂtat en Chine. Ce succĂšs est en grande partie dĂ» aux efforts de Huang Rui et de BĂ©rĂ©nice Angremy pour promouvoir le secteur par le Dashanzi International Art Festival (DIAF) et avec son livre 798 in Beijing. Huang Rui et de BĂ©rĂ©nice Angremy ont crĂ©Ă© l'agence Thinking Hands qui organise des «Arts Visits» dans PĂ©kin et notamment dans le secteur 798[5].
Références
- (en) « Huang Rui é»é », sur Art Speak China
- FrĂ©dĂ©ric LemaĂźtre, « Les Etoiles, mouvement dissident de lâart contemporain chinois », Le Monde,â (lire en ligne)
- « Rui, Hang », sur le site des Rencontres d'Arles
- Christophe DorĂ©, « Le nouveau PĂ©kin, tout en arts », Le Figaro,â (lire en ligne)
- Marie-AngĂ©lique Ozanne, « Rendez-vous Ă PĂ©kin, en mode arty », Le Figaro,â (lire en ligne)