Homme-canon
Lâhomme-canon ou canon humain est un spectacle de cirque sensationnel qui consiste Ă Ă©jecter d'un canon modifiĂ© une personne dĂ»ment bottĂ©e et casquĂ©e.
Description
Il s'agit en partie d'une illusion puisque l'artiste n'est pas propulsĂ© comme un boulet par de la poudre Ă canon, mais par un ressort ou un jet d'air comprimĂ©[1]. Dans un spectacle de cirque, on utilise en effet de la poudre noire pour produire lâeffet visuel ou sonore et faire travailler l'imagination du public, mais en aucun cas pour la propulsion proprement dite.
L'homme-canon atterrit ordinairement sur un filet horizontal ou un matelas pneumatique, dont l'emplacement est dĂ©terminĂ© par la mĂ©canique newtonienne ou plus sĂ»rement par un essai avec un objet inerte de mĂȘme poids que l'artiste. Les dispositifs de sĂ©curitĂ© ne mesurent gĂ©nĂ©ralement pas plus de 15 mĂštres sur 7, une taille extrĂȘmement rĂ©duite lorsque lâon prend en compte la longueur moyenne de leur saut.
Pour les spectacles en plein air, une piscine peut donner un effet appréciable, surtout en été.
Historique
QualifiĂ© dâattraction sensationnelle, ce type de propulsion, hĂ©ritier de la catapulte et du trĂ©buchet a Ă©tĂ© utilisĂ© au cirque dĂšs la fin du XIXe siĂšcle[2] dans un contexte oĂč les spectacles d'acrobaties de plus en plus pĂ©rilleux atteint son apogĂ©e. En Europe, le premier numĂ©ro de canon humain est Rossa Matilda Richter alias Zazel, qui en 1877 se produisit au Royal Aquarium de Londres. Elle fut propulsĂ©e par un canon Ă ressort inventĂ© par le Canadien William Leonard Hunt (alias « le Grand Farini »)[3] dont il dĂ©posa un brevet en 1870[4]. Aux Ătats-Unis, ce dernier l'avait prĂ©alablement expĂ©rimentĂ© avec son fils adoptif Samuel Wasgatt sous le nom de scĂšne Miss Lulu en 1873 au Niblo's Garden de New York. ConsidĂ©rant qu'une jeune fille accomplissant des exploits pĂ©rilleux et montrant ses membres nus Ă©tait beaucoup plus susceptible d'attirer les foules que n'importe quel homologue masculin, il travestit son fils notamment pour effectuer ce numĂ©ro. En 1876, Ă l'occasion d'un accident lors d'un numĂ©ro Ă Dublin, son vĂ©ritable sexe fut rĂ©vĂ©lĂ© auprĂšs du public et contraint d'interrompre sa carriĂšre pour devenir photographe[5] - [6]. De mĂȘme, Rossa Matilda Richter alias Zazel, interompit ses numĂ©ros de canons humains aprĂšs plusieurs accidents[7]. Le couple australien, Ella Zuila et George Loyal alias Zulia et Lulu revendique l'invention du boulet de canon humain lors d'une exposition en Australie en 1882[8].
En raison de son caractĂšre spectaculaire et des forts risques liĂ©s Ă sa pratique, lâhomme-canon devient une attraction incontournable en AmĂ©rique dont les proprĂ©taires Barnum et Yankee Robinson, rĂ©putĂ©s pour ĂȘtre les plus grands cirques de lâĂ©poque, ne tardent pas Ă lâadopter et Ă en faire le numĂ©ro central de leurs reprĂ©sentations.
Risques
Cette acrobatie a coutĂ© la vie Ă plus de 30 boulets humains. Parmi les morts les plus rĂ©centes on peut rappeler celle qui sâest produite Ă Kent, au Royaume-Uni, le : un homme-canon sâest tuĂ© Ă la suite de la rupture du filet de sĂ©curitĂ© [9]. Câest lâatterrissage qui est considĂ©rĂ© comme lâaspect le plus dangereux de lâaction[1].
Le plus rĂ©cent record de portĂ©e, avec 56,64 m, est dĂ©tenu par David « Cannonball » Smith Sr.[10] Cet exploit fut accompli le , Ă Kennywood, aux Ătats-Unis. Un calcul montre que l'artiste a parcouru les airs Ă une vitesse d'environ 110 km/h.
En France, l'Américaine Robin Valencia se produisait encore au Cirque d'Hiver en [11].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Human cannonball » (voir la liste des auteurs).
- (en) Cecil Adams, « The Straight Dope: How do "human cannonballs" survive? », Chicago Reader, (consulté le ).
- « Hommes et femmes-canon | BnF / CNAC », sur cirque-cnac.bnf.fr (consulté le )
- Site de la British librairy, page sur "Zazel, shot from a cannon"
- Dominique Denis, « Zazel, la premiÚre femme-projectile », sur Circus Parade, (consulté le )
- (en-US) Julie Mellby, « Lulu Farini, Cross-Dressing Acrobat and Amateur Photographer », sur Graphic Arts, (consulté le )
- (en) « Mlle Lulu », sur Library of Nineteenth-Century Photography (consulté le )
- Mlle Richter eut un premier accident au Westminster Aquarium mĂȘme, puis quelques annĂ©es plus tard Ă Portsmouth, oĂč le filet de rĂ©ception Ă©tait dĂ©tĂ©riorĂ©. Une pĂ©tition finit par demander qu'on mette un terme Ă ces exhibitions ; cf. (en) « - », Truth, A Weekly Journal, no 5,â .
- « Zuila & Lulu (Georg Loyal und Ella Zuila) | Hugenotten-Familie Loyal », sur www.familie-loyal.de (consulté le )
- « âHuman cannonballâ killed in Kent stunt show », BBC News,â (lire en ligne)
- (en) Elliot Spagat, « One flew over the Mexican border⊠in the name of art », Independent News and Media Limited, (consulté le ).
- « Au Cirque d'Hiver, Robin Valencia âestâ la femme-canon - Sortir - TĂ©lĂ©rama.fr », TĂ©lĂ©rama.fr,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
Annexes
Bibliographie
- (en) The Great Farini: The High-Wire Life of William Hunt, Shane Peacock, 1995, (ISBN 0-14-024360-7).