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Histoire de l'archéologie

L'histoire de l'archéologie est une spécialité de l'histoire des sciences. Elle a pour objet le développement historique de l'archéologie en tant que domaine scientifique, dans ses aspects tant intellectuels que sociaux et institutionnels. Des discours sur le passé (archaíos) ont été produits en tous temps et en tous lieux par les différentes sociétés ; toutefois, l'ambition de fonder scientifiquement ces discours et ces connaissances ne se développe qu'à partir du XIXe siècle. L'histoire de l'archéologie a pour objet ce développement.

Histoire de l'histoire de l'archéologie

Comme dans toutes sciences, la publication de nouveaux résultats en archéologie doit tenir compte des résultats précédemment obtenus. Pour cette raison, les publications comportent généralement un historique des travaux antérieurs sur le thème abordé. Les archéologues font donc nécessairement un travail, même minimal, d'histoire de l'archéologie.

De même, depuis le XIXe siècle, les revues archéologiques publient des nécrologies retraçant la biographie d'archéologues notables. Une distinction doit toutefois être établie entre ces productions et des recherches d'histoire des sciences, dont l'objectif premier n'est pas de discuter des connaissances archéologiques mais de rendre compte des conditions intellectuelles et sociales de la production de ces connaissances.

Les origines

Dans ce sens, les premières recherches pouvant être pleinement qualifiées d'histoire de l'archéologie remontent, pour ce qui concerne les travaux francophones, aux années 1930. En 1932, André Vayson de Pradenne publiait en effet son étude sur les fraudes en archéologie[1], alors que, en 1936 paraissaient les biographies de deux « pères » de l'archéologie préhistorique : l'étude de Léon Aufrère sur Jacques Boucher de Perthes[2] et celle d'André Cheynier sur François Jouannet[3]. Au cours des décennies suivantes, quelques rares publications ponctuelles peuvent être relevées, telle que l'étude d'Annette Laming-Emperaire sur l'archéologie préhistorique en France[4].

Le développement des années 1990

Au cours des années 1970 et 1980, l'intérêt des archéologues d'expression française pour la théorie et l'histoire de leur discipline s'accrut, sous l'impulsion, notamment, de revues telles que Les Nouvelles de l'archéologie, Ramage, ou Dialektikê. Au début des années 1990, deux ouvrages parurent, qui inaugurèrent le développement effectif de l'histoire francophone de l'archéologie : en 1993, La Conquête du passé[5] par Alain Schnapp et, en 1994, Pour une histoire de la préhistoire[6] de Marc Groenen. Depuis 30 ans, les travaux de chercheurs tels que Noël Coye[7], Jean-Paul Demoule[8], Ève Gran-Aymerich[9], Arnaud Hurel[10], Marc-Antoine Kaeser[11], Laurent Olivier[12], Nathalie Richard[13], ou encore Nathan Schlanger, ont largement contribué au développement de cette histoire francophone de l'archéologie.

Références

  1. André Vayson de Pradennes, Les Fraudes en archéologie préhistorique. Avec quelques exemples de comparaison en archéologie générale et sciences naturelles, Paris, Émile Nourry, , 676 p..
  2. Léon Aufrère, Essai sur les premières découvertes de Boucher de Perthes et les origines de l’archéologie primitive (1838-1844), Paris, Staude, , 48 p..
  3. André Cheynier, Jouannet, grand-père de la préhistoire, Brive, Imprimerie Chastrusse, Praudel et Cie, , 101 p..
  4. Annette Laming-Emperaire, Origines de l'archéologie préhistorique en France. Des superstitions médiévales à la découverte de l'homme fossile, Paris, Picard, , 243 p..
  5. Alain Schnapp, La conquête du passé. Aux origines de l'archéologie, Paris, Éditions Carré, , 384 p. (ISBN 2-908393-17-4).
  6. Marc Groenen, Pour une histoire de la préhistoire le paléolithique, J. Millon, , 603 p. (ISBN 2-905614-93-5).
  7. Noël Coye, La préhistoire en parole et en acte. Méthodes et enjeux de la pratique archéologique (1830-1950), Paris, L'Harmattan, , 338 p. (ISBN 2-7384-6162-X).
  8. Demoule, Jean-Paul, Mais où sont passés les Indo-Européens ? Le mythe d'origine de l'Occident, Seuil, (ISBN 978-2-02-029691-5).
  9. Ève Gran-Aymerich, Naissance de l'archéologie moderne. 1798–1945, Paris, CNRS Éditions, , 533 p. (ISBN 2-271-05570-9).
  10. Arnaud Hurel, La France préhistorienne de 1789 à 1941, Paris, CNRS éditions, , 281 p. (ISBN 978-2-271-06600-8 et 2-271-06600-X, OCLC 470969454).
  11. Marc-Antoine Kaeser, L'univers du préhistorien : science, foi et politique dans l’œuvre et la vie d'Édouard Desor (1811-1882), Paris, L'Harmattan, , 621 p. (ISBN 2-7475-6409-6).
  12. Laurent Olivier, Nos ancêtres les Germains : les archéologues français et allemands au service du nazisme, Paris, Tallandier, , 314 p. (ISBN 978-2-84734-960-3).
  13. Nathalie Richard, Inventer la Préhistoire : les débuts de l'archéologie préhistorique en France, Paris, Vuibert, , 235 p. (ISBN 978-2-7117-2061-3) .

Voir aussi

Bibliographie

  • Alain Schnapp (préf. Emmanuel Le Roy Ladurie), La conquête du passé : aux origines de l'archéologie, Paris, Dominique Carré, , 3e éd., 390 p. (ISBN 978-2-37368-045-4).
  • Eric H. Cline (trad. de l'anglais par Jacques Dalarun, ill. Glynnis Fawkes), Trois pierres, c'est un mur… : une histoire de l'archéologie, Paris, CNRS, , 440 p. (ISBN 978-2-271-11910-0).
  • Eve Gran-Aymerich, Les chercheurs de passé, 1798-1945 : aux sources de l'archéologie, Paris, CNRS, , 1271 p. (ISBN 978-2-271-06538-4).
  • Daniel Schweitz, Regards sur les antiquités en Touraine - Val de Loire (XVIe-XVIIIe siècle), préface d’Alain Schnapp, Paris, Éd. L’Harmattan, 2023, 212 p.

Articles connexes

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