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Henriette Alquier

Henriette Clergue, dite Henriette Alquier (née à Sète le et morte le à Béziers) est une institutrice syndicaliste et féministe française.

Henriette Alquier
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  97 ans)
Montpellier
Nationalité
Activités
Institutrice, militante pour les droits des femmes

Vie personnelle

Henriette Clergue naît à Sète le , fille d'un cheminot syndicaliste révoqué en 1910 parce qu'il avait dirigé une grève[1]. À partir de 1915, elle étudie à l'École Normale de Montpellier ce qui lui permet en 1918 d'être institutrice à Celles[1]. Elle se syndique la même année au syndicat national. En 1921, elle participe à la création du syndicat des membres de l'enseignement laïque (CGTU)[1]. En 1922 elle rencontre et épouse Paul Alquier, un instituteur originaire de Frontignan, membre du PCF et de la CGTU, elle quitte Celles et part enseigner avec son mari dans l'école de Vias où ils restent jusqu'en 1937. Ensemble, ils ont une fille, Andrée Alquier, née le [2]. En 1923, elle devient membre du PCF qu'elle quitte en 1937[1].

Affaire Henriette Alquier

La maternité, fonction sociale

En , Alquier publie un rapport intitulé La maternité, fonction sociale[1]. Ce rapport, établi à l'aide de la documentation de toutes les sections départementales des Groupes féministes de l'Enseignement, est approuvé par le congrès de ces groupes à Grenoble en 1926, avant sa publication. Il est publié dans un numéro spécial du Bulletin des groupes féministes de l'enseignement laïque[3] - [1].

Elle y étudie des questions sur la maternité et l'enfance et examine des possibilités d'amélioration de la maternité, de diminution de la misère des enfants d'ouvriers, et évoque la maternité consciente et la conception d'un régime qui corrèle la naissance des enfants et la possibilité de les élever[2]. Elle note en particulier le manque d'hygiène à l'origine d'avortements et de naissances difficiles, ainsi que l'absence de solutions pour allaiter les bébés chez les mères qui travaillent en extérieur. Pour elle, la maternité ouvrière est « une facette de l'oppression capitaliste et seule la révolution prolétarienne permettra une maternité heureuse en socialisant ses coûts »[1].

Elle y prĂ©sente les Ĺ“uvres existantes (gouttes de lait, consultations de nourrissons, secours aux femmes en couches, etc.) pour rendre la maternitĂ© plus facile et assurer une meilleure vie pour les enfants, ainsi que les Ĺ“uvres Ă  crĂ©er ou Ă  perfectionner dans le mĂŞme but[3]. Elle propose dans son rapport un suivi mĂ©dical gratuit pendant la grossesse, un congĂ© de maternitĂ© de 3 mois[1], 30 minutes de pause toutes les 3 heures pour allaiter l'enfant[3], le maintien du salaire et un supplĂ©ment pour la nourriture de l'enfant pendant plusieurs mois. Elle propose Ă©galement l'Ă©ducation maternelle et sexuelle afin de limiter les naissances, et souhaite rendre la scolaritĂ© obligatoire jusqu'Ă  16 ans[1].

Controverse

Ce rapport déclenche une violente polémique. Elle est en particulier attaquée par Castelnau, président de la Fédération Nationale Catholique, pour son propos « la femme sera libre ou non de s'imposer ou non les souffrances inévitables de la maternité »[2] - [3]. Dans son rapport de 1927, elle affirme également « qu’il serait puéril de prétendre que détruire un spermatozoïde, une cellule c’est attenter à une vie humaine »[4].

Alquier est accusée par le ministre de l'Instruction publique Édouard Herriot de ne pas respecter la loi de 1920 réprimant les propos en faveur de la régulation des naissances[1] - [3].

En 1927, Alquier comparaît devant la justice pour ses propos sur la contraception. L'affaire, surnommée « l'affaire Henriette Alquier » , a un retentissement national. Alquier est acquittée, ce qui nourrit la controverse et encourage certains groupes militants à s'engager dans la lutte pour la liberté de contraception[2].

Postérité

En 2012, la bibliothèque municipale de Vias est nommée Henriette Alquier[2] - [5].

Un chapitre lui est également consacré dans le Dictionnaire des féministes de Christine Bard, publié en 2017[1].

Notes et références

  1. Christine Bard et Sylvie Chaperon, Dictionnaire des féministes : France, XVIIIe – XXIe siècle, Paris, PUF, 1700 p. (ISBN 978-2-13-078720-4, OCLC 972902161, lire en ligne)
  2. « VIAS : La Bibliothèque municipale porte désormais le nom d’Henriette Alquier », www.herault-tribune.com,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. Collectif Sarka-SPIP, « L'affaire Henriette Alquier - La Presse Anarchiste », sur www.la-presse-anarchiste.net (consulté le )
  4. Louis-Pascal Jacquemond, L’Espoir brisé. 1936, les femmes et le Front populaire, Belin, , 448 p. (ISBN 978-2-410-00166-2, lire en ligne), L'avortement et la prostitution
  5. « La Bibliothèque municipale honorera dorénavant la mémoire d’Henriette Alquier », sur www.midilibre.fr (consulté le )
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