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Hejnał

Le Hejnał () est une mélodie traditionnelle polonaise interprétée par un trompettiste toutes les heures de la tour la plus élevée de la Basilique Sainte-Marie de Cracovie. Il est joué vers les 4 points cardinaux successivement.

La légende

Basilique Sainte-Marie de Cracovie

Selon la légende, le hejnał aurait pour origine l’invasion mongole de 1241. Lorsque le garde, du haut de sa tour, aperçut les Mongols qui s’apprêtent à attaquer Cracovie, il souffle dans son buccin pour donner l’alerte. Une flèche lui transperce la gorge et la sonnerie s’interrompt. Depuis ce jour, un trompettiste monte toutes les heures au sommet de la tour la plus élevée de la basilique Sainte-Marie et rappelle, par le hejnał brutalement interrompu, la flèche qui avait tué le garde en 1241.

La première version écrite de la légende se trouve dans la préface d’un livre pour enfants (Le trompettiste de Cracovie) écrit en 1928 par Eric Philbrook Kelly. Le brusque arrêt de la sonnerie pourrait rappeler un incident qui s’est produit le , lorsque le sonneur est mort pendant qu’il jouait le hejnał. Un guide touristique de 1926 explique de cette façon l’arrêt brutal de la sonnerie. Il ne mentionne nullement le Tatars ou une flèche. Dans une légende écrite en 1861, Władysław Ludwik Anczyc parle d’un garde au sommet de la basilique Sainte-Marie donnant l’alarme à l’approche des Tatars, mais il ne mentionne ni flèche ni mort du sonneur. Dans son guide de Cracovie (1931), le professeur Karol Estreicher jr. ne fait aucune allusion à cette légende.

Quelle que soit l’origine de la légende racontée par Eric Philbrook Kelly, elle devient très populaire à Cracovie. La première version en polonais de la légende se trouve dans un guide touristique de 1935. La seconde version en polonais se trouve dans l’ouvrage Le trompettiste de Samarkand, dont l’auteur est Franciszek Ksawery Pruszyński (étudiant à l’Université Jagellonne lorsque Kelly y enseignait). Après la Seconde Guerre mondiale, le rôle de Kelly a été oublié et la légende a pleinement intégré le folklore polonais.

L’histoire

Hejnał joué au pied de l’abbaye du Mont-Cassin, après la victoire polonaise à la bataille du mont Cassin

La véritable origine et l’auteur du hejnał sont inconnus. La première mention historique de cette mélodie date de 1392. Le mot hejnał vient du hongrois hajnal qui signifie « aurore ». Ces deux éléments nous indiquent qu’il est probable que le hejnał trouve son origine sous le règne de Louis Ier de Hongrie (qui a régné sur la Pologne de 1370 à 1382) ou de sa fille Hedwige (qui a régné de 1384 à 1399). À l’époque, dans de nombreuses villes européennes, une sonnerie de clairon annonçait l’ouverture ou la fermeture des portes de la ville, respectivement à l’aurore et au crépuscule. Les quatre directions vers lesquelles se tourne le sonneur aujourd’hui correspondent aux emplacements des quatre anciennes principales portes de Cracovie. Des sources du XVIe siècle mentionnent la présence d’autres sonneurs de clairon sur d’autres tours. Il est possible qu’à l’origine la brusque interruption de la mélodie devait permettre à un autre sonneur situé près de la porte de répondre que la tâche avait été accomplie. Le sonneur donnait également l’alerte en cas d’incendie ou d’autres dangers.

Les archives nous apprennent que le hejnał a été supprimé puis réinstauré à plusieurs reprises au cours de l’histoire. Il a disparu dans la seconde moitié du XVIIe siècle avant de redémarrer en 1810. Traditionnellement, le hejnał était joué deux fois par jour, au lever et au coucher du soleil. Par la suite (depuis le ), il a également été interprété à midi. De nos jours, la sonnerie retentit toutes les heures. Depuis novembre 1927, elle est retransmise par le Premier programme de la Radio Polonaise (Jedynka) à midi. Interdit en 1939 par l'occupant, les Polonais commencèrent à le diffuser à midi et 19 heures à partir du .

Cette mélodie, symbole de Cracovie, est devenue aussi le symbole de la Pologne. Ainsi, lors de la Seconde guerre mondiale, le , le hejnał a été joué après la victoire polonaise à la bataille du mont Cassin.

Varia

Sonneur interprétant le hejnał
  • Ă€ l’origine, le hejnaĹ‚ Ă©tait sonnĂ© par un garde de la ville. Au XIXe siècle, il Ă©tait interprĂ©tĂ© par des pompiers qui utilisaient la tour de la basilique Sainte-Marie comme poste d’observation. Aujourd’hui, sept sonneurs se relaient pour jouer le hejnaĹ‚.
  • Adolf Ĺšmietana est le trompettiste qui a assurĂ© le service le plus longtemps, pendant 36 ans. Il avait dĂ©butĂ© en 1926.
  • La famille KoĹ‚ton a interprĂ©tĂ© le hejnaĹ‚ pendant 3 gĂ©nĂ©rations. En octobre 2004, Jan KoĹ‚ton s’est retirĂ© après 33 ans de service. Son père avait assurĂ© le service pendant 35 ans. La tradition familiale se perpĂ©tue aujourd’hui avec le fils de Jan.
Hejnał joué “pour le roi”
  • Aujourd’hui, le hejnaĹ‚ est interprĂ©tĂ© dans 4 directions diffĂ©rentes : vers le château royal du Wawel (au sud, pour le roi), vers la tour de l’ancien hĂ´tel de ville (Ă  l’ouest, pour le maire), vers la Barbacane (au nord, pour les invitĂ©s), vers la petite place du marchĂ© (Ă  l’est, pour le quartier-gĂ©nĂ©ral des pompiers).

Bibliographie

  • Burek, Edward (ed.). “HejnaĹ‚ mariacki” in Encyklopedia Krakowa, Krakow, PWM, 2000.
  • Dobrzycki, Jerzy. HejnaĹ‚ Krakowski. Krakow, PWM, 1983.
  • Kelly, Eric P. “Papers, 1928-1964,” archives de la bibliothèque de Dartmouth.
  • Kelly, Eric P. The Trumpeter of Krakow, New York, The Macmillan Company, 1928.
  • ZinkĂłw, Julian. Krakowskie i jurajskie podania, legendy, zwyczaje. Krakow, Wydawnictwo PLATAN, 1994.
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