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Health belief model

Le Health Belief Model (HBM), ou Modèle de croyance en santé, est un modèle de psychologie servant à expliquer et prédire les comportements en lien avec la santé, et particulièrement l'utilisation des services de santé[1]. Le health belief model a été développé dans les années 1950 par les psychologues sociaux du U.S. Public Health Service[1] - [2] et reste l'une des théories les plus connues et les plus utilisées dans la recherche sur les comportements de santé[3] - [4]. Le health belief model suggère que les croyances des gens au sujet des problèmes de santé, des avantages et obstacles perçus, et de l'auto-efficacité expliquent l'engagement (ou l'absence d'engagement) du comportement de promotion de santé[1] - [2] ; un stimulus (ou signal) doit être présent pour déclencher le comportement[1] - [2].

Le health belief model.

Histoire

Une des premières théories du comportement en lien avec la santé[4], le health belief model a été développé dans les années 1950 par les psychologues sociaux Irwin M. Rosenstock, Godfrey M. Hochbaum, S. Stephen Kegeles, et Howard Leventhal du U.S. Public Health Service pour mieux comprendre l'échec généralisé des programmes de dépistage de la tuberculose[3] - [5]. Le health belief model a été appliqué pour prédire une grande variété de comportements liés à la santé, tels que les moyens de dépistage pour la détection précoce des maladies asymptomatiques[1] afin de recevoir éventuellement des immunisations ou soins[1]. Plus récemment, le modèle a été appliqué pour comprendre les réponses des patients aux symptômes d'une maladie[1], au respect des traitements médicaux[1], aux habitudes de vie (par exemple, les comportements sexuels à risque)[5], et les comportements liés aux maladies chroniques[1], ce qui peut nécessiter une régularité de comportements sur le long terme, en plus du changement du comportement initial[1] . Les modifications apportées au modèle ont été faites tardivement, vers 1988, pour y incorporer des nouvelles informations liées aux concepts psychologiques de l'auto-efficacité dans la prise de décision et du comportement[4] - [5].

Bases théoriques

Les informations concernant le health belief model ci-dessous sont proposées afin de prédire l'engagement dans les comportements liés à la santé (par exemple, se faire vacciner, obtenir un dépistage de maladies asymptomatiques)[1].

Tableau du Health belief model (pour le tabagisme par exemple)
Modification des variables

(âge, genre, ethnie, économie,

caractéristiques)

Prendre part Ă  l'action

(ou non)

Gravité perçue

+

Vulnérabilité perçue

+ Bénéfices perçus

-

Obstacles perçus

=
(^^Score pour l'action de fumée

qui va nuire ou non à la santé^^)

(^^Score pour le comportement de fumeur^^)
^^^influence^^^
(^^Score de santé pour cette personne^^) Indices à l'action

Gravité perçue

La gravité perçue se réfère à l'évaluation subjective de la gravité d'un problème de santé et ses conséquences potentielles[1] - [5]. Le health belief model suggère que les individus qui perçoivent un problème de santé comme sérieux sont plus susceptibles d'adopter des comportements de prévention afin d'éviter qu'il ne se produise (ou pour réduire sa gravité). La gravité perçue englobe les croyances sur la maladie elle-même (par exemple, si elle met la vie en danger ou peut entraîner une invalidité ou une douleur), ainsi que des impacts plus larges sur le fonctionnement dans le travail et les rôles sociaux[1] - [2] - [5] . Par exemple, un individu peut percevoir la grippe comme non médicalement grave, mais s'il y a des conséquences financières importantes à la suite d'une absence au travail de plusieurs jours, il pourrait maintenant la percevoir comme étant une maladie plus sérieuse.

Vulnérabilité perçue

La vulnérabilité perçue se réfère à l'évaluation subjective du risque de développer un problème de santé[1] - [2] - [5]. Le health belief model prévoit que les personnes se percevant comme vulnérables à un problème de santé particulier se livrent à des comportements permettant de réduire le risque de développer ce problème de santé[2]. Les personnes ayant une vulnérabilité perçue faible peuvent nier qu'ils ont un risque de contracter une maladie particulière[2]. D'autres peuvent reconnaître la possibilité de développer la maladie, mais en pensant que c'est toutefois peu probable[2]. Les personnes qui croient qu'ils ont un faible risque de développer une maladie sont plus susceptibles de se livrer à des comportements malsains ou risqués. Les personnes qui perçoivent un risque élevé d'être personnellement touchées par un problème de santé particulier sont plus susceptibles d'adopter des comportements pour réduire le risque de développer la condition.

La combinaison de la gravité perçue et de la vulnérabilité perçue est désignée par « menace perçue »[5]. La gravité perçue et la vulnérabilité perçue vis-à-vis d'un état de santé dépendent de la connaissance que l'on a de cet état[2]. Le modèle de croyance à la santé prédit que plus la menace perçue conduit à plus forte probabilité d'engagement dans des comportements favorisant la santé.

Avantages perçus

Les comportements en lien avec la santĂ© sont aussi influencĂ©s par les avantages perçus d'une prise d'action[5]. En effet, ceux-ci se rĂ©fèrent Ă  l'Ă©valuation qu'un individu se fait de la valeur (ou de l'efficacitĂ©) Ă  se livrer Ă  un comportement de promotion de santĂ© pour rĂ©duire le risque de maladie[1]. Si une personne estime qu'une action permettra de rĂ©duire la sensibilitĂ© ou de diminuer sa gravitĂ© d'un problème de santĂ©, alors elle est susceptible de se livrer Ă  ce comportement, indĂ©pendamment des faits objectifs de l'efficacitĂ© de cette action[2]. Par exemple, les individus qui pensent que porter un Ă©cran solaire prĂ©vient le cancer de la peau sont plus susceptibles d'en porter que les autres.

Obstacles perçus

Les comportements liĂ©s Ă  la santĂ© sont Ă©galement fonction des obstacles perçus[5]. Les obstacles perçus se rĂ©fèrent Ă  l'Ă©valuation qu'un individu se fait des obstacles concernant le changement de comportement[1]. MĂŞme si une personne perçoit un Ă©tat de santĂ© comme une menace et estime qu'une action spĂ©cifique permettrait de rĂ©duire efficacement la menace, les obstacles peuvent empĂŞcher l'engagement dans le comportement. En d'autres termes, les avantages perçus doivent l'emporter sur les obstacles perçus pour que le changement de comportement se produise[1] - [5]. Les obstacles perçus concernant la prise de mesures comprennent la gĂŞne perçue, le danger (par exemple, les effets secondaires d'une procĂ©dure mĂ©dicale) et l'inconfort (par exemple, la douleur, les troubles Ă©motifs) impliquĂ©s dans l'engagement dans le comportement[2]. Par exemple, le manque d'accès aux soins de santĂ© et la croyance que le vaccin contre la grippe provoque des douleurs importantes peuvent constituer des obstacles pour effectuer le vaccin contre la grippe.

Modification des variables

Les caractĂ©ristiques individuelles comprenant notamment la dĂ©mographie, le psychosocial, et les variables structurelles, peuvent affecter les perceptions (Ă  savoir, la gravitĂ© perçue, la vulnĂ©rabilitĂ©, les avantages et obstacles) des comportements liĂ©s Ă  la santĂ©[2]. Les variables dĂ©mographiques comprennent entre autres l'âge, le sexe, la race, l'ethnie et l'Ă©ducation[2] - [5]. Les variables psychosociales comprennent entre autres la personnalitĂ©, la classe sociale, et les pairs et groupe d'appartenance[2]. Les variables structurelles comprennent entre autres les connaissances sur une maladie donnĂ©e et un contact antĂ©rieur avec la maladie[2]. Le health belief model suggère que les variables de modification affectent les comportements liĂ©s Ă  la santĂ© indirectement, en affectant la gravitĂ© perçue, la vulnĂ©rabilitĂ©, les avantages et les obstacles[2] - [5].

Indices Ă  l'action

Le health belief model postule qu'un signal (ou un déclencheur) est nécessaire pour amorcer l'engagement dans des comportements liés à la santé[1] - [2] - [3]. Les indices à l'action peuvent être internes ou externes[1] - [3]. Les indices physiologiques (par exemple la douleur ou les symptômes) sont des exemples d'indices internes[1] - [5]. Les indices externes comprennent des événements ou des informations sur ceux-ci[1], les médias[3], ou les fournisseurs de soins de santé[1] promeuvent l'engagement envers les comportements liés à la santé. Des exemples d'indices à l'action inclus notamment les cartes de rappel de dentistes, la maladie d'un ami ou d'un membre de la famille, ainsi que les étiquettes de mise en garde du produit. L'intensité des signaux nécessaires pour déclencher l'action varie entre les individus par vulnérabilité perçue, gravité, avantages et obstacles[2]. Par exemple, les personnes qui, selon elles, ont un haut risque de contracter une maladie grave peuvent facilement se laisser persuader de se faire dépister après avoir vu une annonce du service public, alors que les personnes qui, selon elles, ont un risque faible de contracter la même maladie peuvent avoir besoin d'indices externes plus importants pour se faire dépister.

Auto-efficacité

L'auto-efficacitĂ© a Ă©tĂ© ajoutĂ©e aux quatre composantes du health belief model (Ă  savoir la vulnĂ©rabilitĂ© perçue, la gravitĂ©, les avantages et les obstacles) en 1988[5] - [6]. L'auto-efficacitĂ© se rĂ©fère Ă  la perception d'un individu vis-Ă -vis de sa compĂ©tence personnelle pour rĂ©aliser avec succès un comportement[5]. L'auto-efficacitĂ© a Ă©tĂ© ajoutĂ©e au health belief model pour mieux expliquer les diffĂ©rences individuelles dans les comportements de santĂ©[6]. Le modèle a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© Ă  l'origine pour expliquer l'engagement dans les comportements liĂ©s Ă  la santĂ© comme le dĂ©pistage du cancer ou dans les campagnes de vaccination[2] - [6]. Finalement, le health belief model a Ă©tĂ© appliquĂ© pour les changements de comportements Ă  long terme tels que la modification du rĂ©gime alimentaire, l'exercice physique et le tabagisme[6] . Les dĂ©veloppeurs du modèle ont reconnu que la confiance en soi vis-Ă -vis de sa capacitĂ© Ă  effectuer des changements (auto-efficacitĂ©) Ă©tait un Ă©lĂ©ment clĂ© dans le changement de comportements liĂ©s Ă  la santĂ©[5] - [6].

Support empirique

Le health belief model a connu un soutien empirique depuis son dĂ©veloppement dans les annĂ©es 1950[1] - [3]. Il reste l'un des modèles les plus largement utilisĂ©s pour expliquer et prĂ©dire les comportements liĂ©s Ă  la santĂ©[3]. Une Ă©tude de 1984 suggère que les preuves de chaque composante du health belief model sont significatives[1]. L'examen indique que le soutien empirique pour le health belief model est particulièrement remarquable Ă©tant donnĂ© les diverses populations, conditions de santĂ© et comportements liĂ©s Ă  la santĂ© a examiner et les diffĂ©rents plans d'Ă©tude et stratĂ©gies d'Ă©valuation utilisĂ©es pour Ă©valuer le modèle[1]. Une mĂ©ta-analyse plus rĂ©cente a trouvĂ© un appui solide concernant les avantages perçus et les obstacles perçus pour prĂ©dire les comportements liĂ©s Ă  la santĂ©, mais des preuves faibles pour prĂ©dire la gravitĂ© perçue et la vulnĂ©rabilitĂ© perçue[3].

Applications

Le health belief model a Ă©tĂ© utilisĂ© pour dĂ©velopper des interventions efficaces de changements de comportements liĂ©s Ă  la santĂ©, en ciblant les diffĂ©rents aspects clĂ©s du modèle[3] - [6]. Les interventions fondĂ©es sur le health belief model peuvent viser Ă  augmenter la vulnĂ©rabilitĂ© perçue et la gravitĂ© perçue d'un Ă©tat de santĂ©, en fournissant une Ă©ducation sur la prĂ©valence et l'incidence de la maladie, les estimations individualisĂ©es des risques, et les informations sur les consĂ©quences de la maladie (par exemple : mĂ©dicales, financières, et consĂ©quences sociales)[5]. Les interventions peuvent Ă©galement viser Ă  modifier l'analyse coĂ»ts-avantages Ă  se livrer Ă  un comportement de liĂ© Ă  la santĂ© (c'est-Ă -dire accroĂ®tre les avantages perçus et diminuer les obstacles perçus) en fournissant des informations sur l'efficacitĂ© des divers comportements pour rĂ©duire les risques, identifier les obstacles perçus, inciter Ă  adopter des comportements favorables Ă  la santĂ©, et engager le soutien social ou d'autres ressources pour encourager les comportements favorables Ă  la santĂ©[5]. En outre, les interventions sur la base du health belief model peuvent fournir des indices Ă  l'action afin de rappeler et encourager les individus Ă  adopter des comportements favorisant la santĂ©[5]. Les interventions peuvent Ă©galement viser Ă  renforcer l'auto-efficacitĂ© en offrant une formation sur les comportements favorisant la santĂ©[5] - [6], en particulier les changements de style de vie complexes (par exemple en changeant l'alimentation ou l'activitĂ© physique, en adhĂ©rant Ă  un traitement mĂ©dicamenteux compliquĂ©)[6]. Les interventions peuvent se situer au niveau individuel ou au niveau de la sociĂ©tĂ© (par exemple par voie lĂ©gislative)[7].

Limitations

Le health belief model tente de prĂ©dire les comportements liĂ©s Ă  la santĂ© en tenant compte des diffĂ©rences individuelles dans les croyances et les attitudes[1]. Cependant, il ne tient pas compte d'autres facteurs qui influent sur les comportements de santĂ©[1]. Par exemple, les comportements quotidiens liĂ©s Ă  la santĂ© (par exemple le tabagisme) peuvent devenir relativement indĂ©pendants de la prise de dĂ©cision des processus liĂ©s Ă  la santĂ©[1]. En outre, les individus peuvent se livrer Ă  des comportements liĂ©s Ă  la santĂ© pour des raisons non liĂ©es Ă  la santĂ© en tant que telles (par exemple faire de l'exercice physique pour des raisons esthĂ©tiques)[1]. Les facteurs environnementaux qui Ă©chappent au contrĂ´le d'un individu peuvent empĂŞcher l'engagement dans les comportements souhaitĂ©s[1]. Par exemple, un individu vivant dans un quartier dangereux peut ĂŞtre incapable de faire un jogging en plein air en raison de problèmes de sĂ©curitĂ©. En outre, le health belief model ne considère pas l'impact des Ă©motions sur le comportement liĂ© Ă  la santĂ©[5]. Les preuves suggèrent que la peur peut ĂŞtre un facteur clĂ© dans la prĂ©diction du comportement liĂ© Ă  la santĂ©[5].

Les constructions thĂ©oriques qui constituent le health belief model sont largement dĂ©finies[3]. En outre, le health belief model ne prĂ©cise pas comment les constructions du modèle interagissent les unes avec les autres[3] - [5]. Par consĂ©quent, diffĂ©rentes opĂ©rationnalisations des constructions thĂ©oriques ne peuvent pas ĂŞtre strictement comparables entre les Ă©tudes[5] - [8].

La recherche évaluant la contribution des indices à l'action dans la prédiction des comportements liés à la santé est limitée[1] - [2] - [3] - [5]. Les indices à l'action sont souvent difficiles à évaluer, ce qui limite la recherche dans ce domaine[2] - [5]. Par exemple, les individus ne peuvent pas rapporter avec précision les indices qui ont motivé le changement de comportement[2]. Les indices tels qu'un message d'intérêt public à la télévision, ou sur un panneau d'affichage peuvent être éphémères, et les individus peuvent ne pas être conscients de leur importance en les incitant à se livrer à un comportement lié à la santé[2] - [5]. Les influences interpersonnelles sont particulièrement difficiles à mesurer par rapport aux indices[2].

Références

  1. (en) Nancy K. Janz et Marshall H. Becker, « The Health Belief Model: A Decade Later », Health Education Behavior, vol. 11, no 1,‎ , p. 1–47 (DOI 10.1177/109019818401100101, lire en ligne, consulté le )
  2. (en) Irwin Rosenstock, « Historical Origins of the Health Belief Model », Health Education Behavior, vol. 2, no 4,‎ , p. 328–335 (DOI 10.1177/109019817400200403, lire en ligne, consulté le )
  3. Christopher J. Carpenter, « A meta-analysis of the effectiveness of health belief model variables in predicting behavior », Health Communication, vol. 25, no 8,‎ , p. 661–669 (DOI 10.1080/10410236.2010.521906, lire en ligne, consulté le )
  4. Karen Glanz et Bishop, Donald B., « The role of behavioral science theory in development and implementation of public health interventions », Annual Review of Public Health, vol. 31,‎ , p. 399–418 (DOI 10.1146/annurev.publhealth.012809.103604)
  5. (en) Karen Glanz, Barbara K. Rimer et K. Viswanath, Health behavior and health education : theory, research, and practice., San Francisco, CA, Jossey-Bass, , 4e éd., 45–51 p. (ISBN 978-0-7879-9614-7)
  6. Irwin M. Rosenstock, Strecher, Victor J. et Becker, Marshall H., « Social learning theory and the health belief model », Health Education & Behavior, vol. 15, no 2,‎ , p. 175–183 (DOI 10.1177/109019818801500203, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Victor J. Stretcher et Irwin M. Rosenstock, Cambridge handbook of psychology, health and medicine, Cambridge, UK, Andrew Baum, , 113–117 p. (ISBN 0521430739), « The health belief model »
  8. Lois A. Maiman, Marshall H. Becker, John P. Kirscht, Don P. Haefner et Robert H. Drachman, « Scales for Measuring Health Belief Model Dimensions: A Test of Predictive Value, Internal Consistency, and Relationships Among Beliefs », Health Education & Behavior, vol. 5,‎ , p. 215–230 (DOI 10.1177/109019817700500303, lire en ligne, consulté le )
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