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Harmonice Musices Odhecaton

Harmonice Musices Odhecaton (aussi connu simplement comme l'Odhecaton), est une anthologie de chansons profanes, publiée par Ottaviano Petrucci en 1501 à Venise. L'ouvrage a été de grande importance à la fois dans l'histoire de l'imprimerie en général et dans la diffusion de la musique de l'école franco-flamande en particulier : il s'agit du premier ouvrage imprimé comprenant de la musique polyphonique ; de surcroît, il est entièrement consacré au répertoire des franco-flamands.

Harmonice Musices Odhecaton

Fragment de la partition de la mise en musique par Jacob Obrecht de Tandernaken, publiée par Ottaviano Petrucci dans l'Odhecaton A, à Venise en 1501.
La partie du ténor de la chanson Adieu mes amours, de Josquin des Prez, dans l'Odhecaton.

Se rendant compte du potentiel commercial représenté par l'impression de partitions de musique polyphonique, Ottaviano Petrucci essaya d'obtenir un privilège accordant l'exclusivité de l'impression et de la vente[1] de musique en notation mesurée[2] pour voix et de tablatures d'orgue ou de luth dans la République de Venise et cela pour une période de vingt ans. Ce privilège lui fut accordé en 1498. Trois ans plus tard, en 1501, il publia un premier recueil de 96 chansons profanes : pour la plupart des chansons polyphoniques françaises - mais aussi[1] six chansons polyphoniques néerlandaises[3] - à trois ou quatre voix, réunies sous le titre Harmonice Musices Odhecaton[1]. Le nombre de chansons néerlandaises s'élèvera à une dizaine dans une troisième anthologie de la même série, le Canti C[4]. Pour cet ouvrage, il imprima deux parties sur le côté droit d'une page et deux parties sur la gauche, de sorte que quatre chanteurs ou instrumentistes puissent lire la même feuille. Les caractères étaient sans doute conçus, taillés et coulés par Francesco Griffo et Jacomo Ungaro, qui demeuraient à Venise vers cette période[1]. Le recueil comprend des œuvres de certains des compositeurs les plus célèbres de leur époque, dont Alexander Agricola, Antoine Brumel, Antoine Busnois, Loyset Compère, Johannes Ghiselin, Hayne van Ghizeghem, Heinrich Isaac, Johannes Japart, Jacob Obrecht, Johannes Ockeghem, Marbrianus de Orto, Josquin des Prez, Johannes de Stockem, Johannes Tinctoris et Gaspar van Weerbeke. Le recueil fut édité par Petrus Castellanus, un frère dominicain qui était maestro di cappella (maître de chapelle) de la basilique des Saints Jean et Paul[5]. Leur inclusion dans le recueil contribua considérablement à la notoriété des compositeurs représentés, car les impressions musicales et la technologie de l'imprimerie musicale allaient se répandre à travers l'Europe dans les décennies à venir.

Pour imprimer l'Odhecaton, on utilisa la technique de l'impression en trois passages : la portée musicale fut imprimée d'abord, puis le texte et, finalement, les notes. La plupart des 96 pièces, même si elles furent écrites comme des chansons, furent imprimées sans les paroles, ce qui implique peut-être qu'une exécution instrumentale était envisagée. Les paroles de la plupart d'entre elles peuvent être trouvées dans les sources manuscrites de l'époque ou dans d'autres publications ultérieures[6].

La première édition de l’Odhecaton (Harmonice Musices Odhecaton A) ne nous est pas parvenue dans sa totalité et la date exacte de publication n'est pas connue, mais elle comprend une dédicace à Girolamo Donato (un noble, diplomate et humaniste vénitien), datée du . Les deuxième et troisième éditions furent imprimées respectivement le et le . Dans chaque édition, plusieurs erreurs des précédentes furent corrigées. Petrucci publia deux anthologies de plus : les Canti B et C, respectivement.en 1502 et 1504[7]. La publication de Petrucci ne révolutionna pas seulement la distribution de musique polyphonique, elle contribua aussi à faire du style franco-flamand la langue musicale de l'Europe pour le siècle entamé car, même si Petrucci travaillait en Italie, il choisit essentiellement des œuvres de compositeurs franco-flamands pour inclusion dans l'Odhecaton ainsi que dans ses prochaines publications[8]. Quelques années plus tard, il publia plusieurs livres de frottoles italiennes, un style de chanson populaire, prédécesseur du madrigal, mais l'inclusion d'œuvres de compositeurs franco-flamands dans nombreuses de ses publications fut décisive pour la diffusion de la langue musicale moderne de l'époque.

Exemple de pages de l’Odhecaton de Petrucci ; dans le sens horaire : les voix de superius (ou cantus), altus, bassus et tenor de la chanson Por quoy non de Pierre de la Rue (Folio 18, Harmonice Musices Odhecaton A, source : Musée international et bibliothèque de la musique (Bologne)).

Discographie

Plusieurs CD consacrés au répertoire de l’Odhecaton ont été répertoriés sur le site web medieval.org (lien vers les résultats d'une recherche sur le mot clé « Odhecaton »). Dont deux disques monographiques :

Notes et références

  1. Boorman, Selfridge-Field et Krummel
  2. Bonda, p. 54
  3. Bonda, p. 500
  4. Bonda, p. 500-501
  5. Boorman
  6. Gleason, p. 114
  7. Reese, p. 155
  8. Reese, p. 185
  9. Lors de sa sortie ce disque a été distingué par Sylvain Gasser d'un « 9 » dans le magazine Répertoire no 155, mars 2002 p. 67–68.

Sources

Liens externes

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