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Haqiqa

La haqîqa[1] est un terme arabe désignant la "réalité" ou "rectitude". Il est à rapprocher du mot haqq[2] « vrai, recte, direct, droit». Cette racine linguistique se décline entre autres pour désigner "droit", "rectification", correction, etc.

Ce terme est utilisé dans le soufisme pour désigner la connaissance de l'essence divine. Le soufi aspire à atteindre l'état dit de fana' « anéantissement », en lequel il espère se libérer de ses attachements au monde terrestre et ainsi s'inscrire totalement en Dieu. Émergeant de cet état, la haqîqa lui serait révélée[3]. Le terme soufi désigne sémantiquement le concept de "pur". L'épuration de ce qui attache au monde participe aussi à cela.

C'est l'une des "quatre étapes" du soufisme : Charia (voie exotérique), tariqa (voie ésotérique), haqiqa (vérité mystique) et Marifat (connaissance mystique finale, unio mystica ).

Haqiqa est un concept difficile à traduire. Le livre Islamic Philosophical Theology le définit comme « ce qui est réel, authentique, ce qui est vrai en soi par son statut métaphysique ou cosmique[4] », cette définition est valide mais n'explique pas le rôle de la haqiqa dans le soufisme. Haqiqa peut être mieux définie comme étant la connaissance qui vient de la communion avec Dieu, Allah. Cette connaissance peut être acquise seulement après que le cheminement au sein de la tariqa est entrepris. Par exemple, un shaykh, ou même certains disciples qui a progressé dans la tariqa jusqu’à atteindre la haqiqa, peut voir dans la vie des disciples, et de toutes choses dans un sens spirituel. Le shaykh a connaissance des grossesses et des maladies avant que ses disciples ne le lui disent. Il peut voir au-delà du monde physique en raison de sa proximité avec Dieu et de sa réalisation dans la haqiqa. La haqiqa n'est pas une étape en soi, c'est plutôt le marqueur d'un niveau de conscience supérieur qui précède l'étape suivante et finale, la Marifat[5].

Enfin, les soufis se disent les gens de la rectitude (ahl al-haqîqa) afin de se distinguer des gens de la régulation (ahl-Chari`a)[3].

Bibliographie

  • William C Chittick, Faith and Practice of Islam: Three Thirteenth Century Sufi Texts, Albany, State University of New York, (ISBN 9780791498941, lire en ligne)
  • Ewert Cousins, Islamic Spirituality: Foundations, New York, The Crossroad Publishing Company, (lire en ligne)
  • Ignaz Goldziher, Introduction to Islamic Theology and Law, New Jersey, Princeton University Press, (ISBN 0691100993, lire en ligne)
  • Valerie Jon Hoffman, Sufism, Mystics, and Saints in Modern Egypt, University of South Carolina Press, (ISBN 9781570030550, lire en ligne)
  • Philip Kreyenbroek, God and Sheikh Adi are perfect: sacred poems and religious narratives from the Yezidi tradition, Wiesbaden, Harrassowitz, (ISBN 9783447053006, OCLC 63127403, lire en ligne)
  • Parviz Morewedge, Islamic Philosophical Theology, Albany, State University of New York, (ISBN 9781438413549, lire en ligne)
  • John Renard, Seven Doors to Islam: Spirituality and the Religious Life of Muslims, Regents of the University of California, (ISBN 9780520200951, lire en ligne)
  • Artur Rodziewicz, The Nation of the Sur: The Yezidi Identity Between Modern and Ancient Myth, Cham, Palgrave MacMillan, (ISBN 9783319930879, lire en ligne)

Références

  1. Haqîqa, en arabe : ḥaqīqa حقيقة, « réalité ; vérité ; authenticité »
  2. Haqq, en arabe : ḥaqq حقّ, « vérité ; exactitude ; orthodoxie »
  3. (en) « ḥaqīqah », sur Encyclopædia Britannica Online (consulté le )
  4. Morewedge 1979, p. 101.
  5. « Maʿrifa », dans Maʿrifa, (lire en ligne) (consulté le )

Voir aussi

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