Handicap Ă vendre
Handicap à vendre est un livre d'enquête du journaliste Thibault Petit, sorti en librairie en mars 2022, qui dénonce le système et les conditions de travail dans les ESAT, des établissements de travail pour personnes handicapées, en France[1] - [2].
Contenu
Les témoignages relevés auprès d'usagers pendant les six ans d'enquête de Thibault Petit font apparaître dans les établissements concernés un mal-être, une infantilisation et des humiliations régulières, en raison notamment des objectifs managériaux de rentabilité et de productivité imposés aux usagers, inscrits dans le contexte d'un « business du handicap »[1] - [3]. Il souligne ainsi que les ESAT se sont éloignée de leur mission d'action sociale d'origine, pour fonctionner comme des entreprises classiques, avec des objectifs de productivité[4].
La postface présente le livre en ces termes :« Un handicapé [...] ça s’exprime mal ou trop lentement. On trouve quelqu’un pour parler à sa place [...] qui chante l’inclusion [...] en disant qu’un handicapé, ce n’est pas tout à fait ce qu’on croit, c’est capable de bosser aussi durement que vous et moi. »[5]
L'exploitation d'ouvriers handicapés est présentée comme de l'action sociale par des responsables d'ESAT interrogés par le journaliste[2]. Thibault Petit relève par exemple dans des ESAT qu'il a visités une « asymétrie des positions [...] inscrite dans l’organisation même de l’espace à travers le délabrement ou la température glaciale des salles de repos et des ateliers réservés aux « usagers », ou bien [qui] se matérialise par l’inégal coût du café, ces derniers le payant plus cher que le personnel du secteur médico-social »[2].
L'ESAT des Gardons à Salindres, dans les Cévennes, fait partie des établissements critiqués par cette enquête[6].
RĂ©actions
Cet ouvrage suscite des réactions indignées de la part de dirigeants d'ESAT qui « dénoncent une vision partiale et éloignée de la réalité de l’ensemble du secteur »[7]. et une généralisation « abusive » à partir d'un faible échantillon d'ESAT[8]. Selon Jacques Serpette, directeur général de l’Adapei de l’Eure, l'enquête journalistique de Thibault Petit est construite sur « un recueil de quelques témoignages de travailleurs qui ont rencontré des difficultés parfois graves et inacceptables avec leur ESAT et des propos d’une petite poignée de directeurs qui n’ont manifestement pas compris la mission d’un ESAT »[9].
D'après Mediapart, un an après la parution du livre, de plus en plus de travailleurs d'ESAT remettent ce système en cause, mais le gouvernement français n'a pas réagi à cette publication ni à ces revendications[10].
Notes et références
- Handicap.fr, « Handicap à vendre : un livre cash sur le travail en Esat », sur Handicap.fr (consulté le ).
- Cécile Morin, « Enquête sur les ESAT : quand l’exploitation des ouvriers passe pour de l’action sociale », Dièses, (consulté le ).
- « Dinan - « Dans certains Esat, la logique économique prend le dessus sur le social » », sur Le Telegramme, (consulté le ).
- « Enquête au cœur des ESAT : quand le handicap est “à vendre” », sur France Inter, (consulté le ).
- Site arenes.fr, présentation du livre (texte de la postface en entier.
- « Un centre de travail pour handicapés des Cévennes pointé du doigt dans le livre-enquête de Thibault Petit », sur ici, par France Bleu et France 3, (consulté le ).
- « "Handicap à vendre" : gare à l’ "Esat bashing" », sur Le Média Social (consulté le ).
- Cassandre Rogeret, « Incriminés dans un livre, les Esat ripostent ! », sur Handicap.fr, (consulté le ).
- Mikaël PICHARD, « « Handicap à vendre » : le livre enquête du Mayennais Thibault Petit provoque des remous », Ouest-France,‎ (lire en ligne).
- Prisca Borrel, « Handicap : des travailleurs promis à la misère sous couvert d’action sociale », sur Mediapart (consulté le ).