Haie de Cornouailles
La haie des Cornouailles (en anglais Cornish hedge, litt. « haie cornique ») est une haie bâtie que l’on rencontre dans les Cornouailles, région du sud-ouest de l’Angleterre. Elle consiste généralement en une levée de terre compactée dont les deux faces sont talutées et habillées de pierres et dont le sommet est recouvert de terre ou de gazon. Dans celui-ci, on plante parfois des arbustes (prunellier, aubépine) ou des ajoncs pour servir de brise-vent. Sur les faces latérales poussent des fleurs sauvages (campanules, primevères, digitales)[1].
Il peut s’agir aussi d’un simple talus revêtu de pierres sèches.
Dimensions
La haie cornique fait habituellement 1,40 m de hauteur hors sol. Lorsqu’elle sert de clôture à une ferme, un domaine agricole, elle atteint souvent 1,80 m. Si elle longe un chemin ou une route encaissée (c'est-à -dire au niveau inférieur à celui des champs riverains), elle peut même dépasser cette hauteur[2].
La base de la haie est normalement Ă©gale Ă la hauteur totale de celle-ci (soit 1,40 m ou 1,80 m selon le cas)[3].
Fondation
Lorsque le socle rocheux n'affleure pas, la haie repose sur une assise de fondation à laquelle sont employées les pierres les plus grosses (elles ont pour nom coins ou grounders). Cette assise est généralement enterrée sinon complètement du moins partiellement[4].
Des chantepleures ou fentes verticales sont parfois aménagées à la base de la haie là où sourd un filet d’eau correspondant à une source.
Profil
Les faces de la haie suivent généralement un profil concave. Celui-ci est donné par un gabarit en forme de A évasé figurant la section du mur ou bien un gabarit en triangle rectangle dont on appose le côté convexe contre la face concave du mur[5].
L'obtention d'un profil concave se fait en inclinant fortement vers l'intérieur les premières assises de pierres à la base de la structure puis en relevant progressivement les assises supérieures jusqu'à ce que leur face en parement soit perpendiculaire[6].
RevĂŞtement de pierres
Les pierres de revêtement sont fichées dans la terre perpendiculairement au profil du talus. Aucun mortier n’est employé. Des boutisses, espacées d’un mètre entre elles et enfoncées d’au moins 45 cm dans le talus, viennent ancrer le revêtement dans le massif intérieur.
Il existe différents types d’agencement pour le revêtement de pierres en fonction de la nature géologique des pierres disponibles (moellons de granite ou ardoises de schiste selon les endroits):
- succession d’assises de pierres posées de chant,
- alternance d’assises de pierres posées de chant mais penchées obliquement d’un côté puis de l’autre (dispositif en opus spicatum),
- assises de pierres posées à plat (horizontalement).
Les lauses de schiste, disponibles dans le nord des Cornouailles, sont idéales pour la pose de chant, les pierres de granite conviennent mieux à la pose à plat[7].
Les joints sont normalement croisés.
Le haut du parement peut être terminé par une arase de pierres à la face vue équarrie (edgers en anglais).
L'agencement en épi de blé, surtout lorsqu'il est employé pour les deux dernières assises sous le dôme de gazon (on parle alors de comb, « peigne »), permet un meilleur enracinement des plantes[8].
Remplissage intérieur
Le remplissage de l’intérieur de la haie est de la terre granuleuse qui y a été pelletée puis damée tous les 15 cm.
Longévité
Lorsque les faces talutées de la haie sont rectilignes au départ, la longévité de la structure est moindre que lorsqu’elles sont concaves. Avec le temps, les faces qui sont rectilignes dès l'origine tendent à devenir convexes tandis que les faces qui sont montées de façon à avoir un profil concave tendent à devenir rectilignes[9].
Végétation
Lors de la construction, des boutures de diverses plantes sont enfoncées dans les joints de la maçonnerie pour qu'elles puissent s'enraciner dans la terre du noyau central et se développer. Il arrive que les plantes prospèrent à un tel point que les parements en pierre finissent par disparaître sous la masse végétale[10].
Cet aspect de masse végétale peut s'avérer trompeur pour l'automobiliste circulant sur les petites routes étroites et encaissées de Cornouailles : en se serrant contre la haie bordant la route pour laisser passer un véhicule venant en sens inverse, il ne se rend pas compte qu'il va heurter ou râcler un mur en dur sous ce qu'il prenait pour une masse végétale sans consistance[11].
Certaines haies finissent par porter non seulement des plantes et des arbustes mais aussi de véritables arbres. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, les racines ne font pas éclater le mur : en s'insinuant entre les pierres et en s'enroulent autour d'elles, elles les solidarisent et font de la paroi en pierre un tout cohérent, massif[12].
Bibliographie
- (en) Alan Brooks, Dry Stone Walling, a Practical Conservation Handbook, The British Trust for Conservation Volunteers Ltd, London, June 1977, en part. pp. 92-96 (Stone Hedges)
- (en) W. H. Dowdeswell, Hedgerows and verges, Unwin Hyman, an imprint of HarperCollins Publishers Limited, HarperCollins Publishers, London, England, 1987
Liens externes
Notes et références
- (en) Gardeners chronicle, 1968, p. 12 : « a Cornish hedge differs from those in other parts of the country in that they consist of a double layer of stone, constructed with a filling of soil and topped with soil. After a few years those hedges are covered with grass, with windswept blackthorn, hawthorn or gorse on top, and wild flowers such as bluebells, primroses, [...] and foxgloves growing on the sides. »
- (en) Alan Brooks, Dry Stone Walling, a Practical Conservation Handbook, The British Trust for Conservation Volunteers Ltd, London, June 1977, p. 92 : « The standard stone hedge design specified for roadside work by the County of Cornwall is shown below [1370 mm]. Farm hedges are frequently higher than this, 6' (1.8m) and possibly much more where they border a track worn below field level. »
- Alan Brooks, op. cit., p. 92 : « Whatever the size, they illustrate the general principle that the width of the hedge at its base should equal its height. »
- Alan Brooks, op. cit., p. 93 : « Use the largest available stones in the foundations. In Cornwall these are known as 'coins' or 'grounders' and are often completely or half buried below ground level ».
- Alan Brooks, op. cit., p. 93 : « Erect a batter frame or 'pattern' just beyond the end of the section [...]. Or you can use a frame which you hold up against the side of the hedge from time to time. »
- Alan Brooks, op. cit., pp. 93-94 « To achieve the correct curve for a concave batter, the first three courses are tilted strongly down into the hedge while succeeding courses are brought gradually up so that the top layers have their faces nearly perpendicular. »
- Alan Brooks, op. cit., p. 92 : « Slate is best used upright or, if fragmented in the herringbone [...] pattern. »
- Alan Brooks, op. cit., p. 92 : « If the top two rows are slate they are built in herringbone [...]. Herringbone also provides a good rooting medium for plants growing along the hedge's crown or 'comb'. »
- Alan Brooks, op. cit., p. 94 (dessin : « Bank when new / Bank when settling »).
- (en) Donald H. Gray, Robbin B. Sotir, Biotechnical and soil bioengineering slope stabilization: a practical guide, Wiley-IEEE, 1996, 378 p., pp. 8-9 : « During construction live cuttings of various plant materials are intentionally inserted through openings between stones into the earthen core. Eventually the cuttings root and leaf out. Ultimately, vegetation growing in the wall can become so well established that the wall takes on the appearance of a hedge or 'living wall'. »
- (en) Alex Binney, Murder at Midnight, AuthorHouse, 2010, 376 p. : « Perhaps I ought to explain the nature of the average Cornish hedge. Many a visitor has damaged his car by getting too close to one. In outward appearance they just look like a mass of greenery – bushes, weeds, plants and the like. But in actual fact they are mostly made out of stone and mud. Because of the earth content, a mass of plant and weed life has been established over the years to camouflage the stonework. Where motorists have pulled in to let another vehicle pass they have been horrified to find out that what they thought was a soft bush was, in fact, a solid wall. »
- Donald H. Gray, Robbin B. Sotir, op. cit., pp. 8-9 : « Some hedgerows ultimately support not only plants and shrubs but also large mature trees [...]. Counterintuitively, the tree roots do not pry the wall apart; instead they literally flow and wriggle around the rocks, binding the entire rock wall together into a coherent, unitary mass. »