Guðrúnarkviða II
Guðrúnarkviða II, le second lai de Gudrún, ou Guðrúnarkviða hin forna, le vieux lai de Gudrún est probablement le plus ancien poème rattaché au cycle de Sigurd, selon Henry Adams Bellows.
Ce poème fut composé avant l'an 1000 et Bellows le considère comme de « forme plutôt mauvaise »[Note 1], mais c'est sous cette forme qu'il a fourni des informations cruciales sur la Völsunga saga, où il a été fidèlement paraphrasé. Il affirme, toutefois, qu'il s'agit du seul poème en vieux norrois antérieur à l'année 1000 évoquant Sigurd et qui soit parvenu à l'époque moderne sous une forme à peu près complète. Les autres poèmes anciens, Reginsmál, Fáfnismál et Sigrdrífumál sont des collections de fragments et seule la dernière partie de Sigurðarkviðu subsiste. Les poèmes qui restent dans le cycle sont généralement datés des XIe et XIIe siècle.
Bellows suppose que le poème résulte d'une complainte originaire d'Allemagne, car la mort de Sigurd se déroule dans la forêt, comme dans le Nibelungenlied, et non pas dans son lit.
Synopsis
Le roi Þjóðrekr était à la cour du roi Atli, et venait juste de perdre la plupart de ses guerriers dans une bataille[Note 2]. Þjóðrekr et la femme d'Atli, Guðrún attendent ensemble et discutent de leurs peines respectives. Guðrún dit alors à Þjóðrekr qu'elle n'était qu'une jeune vierge quand son père Gjúki la donna à Sigurðr avec une dot en or. Ensuite, ses frères assassinent Sigurðr.
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Guðrún prend la bride du cheval et se met à pleurer, comprenant ce qui vient de se passer[Note 4].
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Quand elle rencontre ses frères, Gunnar baisse la tête mais Høgni lui dit que Sigurd a été tué, et qu'il a pris leur frère Guthormr avec lui[Note 5]. Il lui dit en outre qu'elle pourra trouver les restes de Sigurd sur la route au sud, où elle avait entendu le cri des corbeaux et les loups hurler. Guðrún va dans la forêt à la recherche de ce qui a été laissé par les loups et trouve Sigurd.
Quand elle trouve Sigurd, Gudrun ne pleure pas, ni ne gémit ou se tord les mains[Note 6] même si elle est si triste qu'elle ne veut plus vivre. Elle quitte les montagnes et voyage pendant cinq jours, jusqu'à ce qu'elle voie le palais de Hâlfur, au Danemark, où elle séjourne pendant trois ans et demi avec Thora, la fille de Hakon.
Thora et Gudrun s'occupent en tissant des tapisseries dans les salles du sud :
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Sa mère Grimhild[Note 8] demande à ses fils Gunnarr et Högni quel genre de wergild ils voudraient donner à leur sœur pour compenser le meurtre de son mari et de son fils Sigmund, et ils sont tous deux prêts à compenser leur sœur[Note 9]. Guðrún rencontre sa mère, ses frères et Valdar, le roi du Danemark, ainsi que trois hommes nommés Jarizleif, Eymoth et Jarizskar[Note 10].
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Le poème raconte que Guðrún oublie et les trois rois[Note 11] s'agenouillent devant elle et que Grimhildur se met à parler. Sa mère lui dit qu'elle a donné l'ensemble de ses richesses à son père, et qu'elle aurait également les richesses de Buðli parce qu'elle allait devenir l'épouse d'Atli.
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Guðrún répond qu'elle ne veut pas se marier avec Atli, mais sa mère rétorque qu'avec Atli, elle serait aussi heureuse que si Sigurd et son fils Sigmund étaient encore en vie. En outre, si elle n'épouse pas Atli, elle vivra sans mari pour le restant de sa vie. Guðrún répond que sa propre mère ne devrait pas être si pressée de la donner aux Huns, et elle prédit qu'Atli tuera Gunnar et arrachera le cœur de Høgni. Grimhildur se met à pleurer quand elle entend la prophétie et dit à Guðrún qu'elle est obligé de la donner à Atli.
Guðrún poursuit sa complainte en disant qu'elle a épousé Atli pour l'amour de ses proches. Elle n'a jamais été heureuse avec lui et qu'elle a perdu son fils lorsque ses frères sont morts[Note 12]. Elle tuera Atli.
Elle se rend chez Atli après une semaine de voyage à travers des terres gelées, puis une semaine sur l'eau et enfin une semaine à travers des terres qui manquent d'eau[Note 13]. Ils arrivent devant de hauts murs et les gardiens ouvrent les portes.
Bellows commente qu'il semble y avoir une lacune importante qui suit son arrivée chez Atli. Il ajoute que la fin de la complainte semble avoir été remplacée par un autre poème, car il traite de la manière dont Atli dit à Guðrún qu'il avait eu le pressentiment d'être tué par elle en rêve. La description du rêve commence par cette strophe :
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Sans comprendre le sens du rêve, Atli décrit son futur banquet sur ses propres fils, servis à lui par leur propre mère Guðrún, pour se venger du meurtre d'Atli sur ses frères.
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Le poème se termine par quelques lignes cryptées où Guðrún dit que les gens vont parler d'un sacrifice.
Notes
- Citation originale : "rather bad shape"
- Bellows suppose que Þjóðrekr est le fameux Théodoric le Grand, roi des Ostrogoths
- Voir Brot af Sigurðarkviðu.
- À la fin de Brot af Sigurðarkviðu, l'annotateur est troublé par l'existence de deux versions de la mort de Sigurd et se réfère à l'autorité des Allemands selon laquelle Sigurd a été assassiné dans la forêt. La version alternative dans laquelle Sigurd est assassiné dans son lit apparaît dans Sigurðarkviða hin skamma, Guðrúnarhvöt, Hamðismál et la Völsunga saga. Dans la Völsunga saga, son frère de sang Guthormr tente de le tuer deux fois. La première fois, il échoue parce qu'il est effrayé par l'éclat des yeux de Sigurd, et il doit attendre que Sigurd s'endorme
- Selon Bellows, cela montre que Sigurd, mortellement blessé, tua son meurtrier Guthormr selon les deux versions de sa mort
- Comparer avec Guðrúnarkviða I.
- Funen est le nom d'une île dans la Völsunga saga. Bellows note que selon le Codex Regius, c'est l'île écossaise Fife qui est nommée.
- Grimhild est nommée la reine des Goths. De la même manière, son fils Gunnar est nommé Roi des Goths dans Grípisspá. Bellows note que Goth peut se référer à n'importe quel peuple germanique du sud.
- Bellows dit ici qu'Atli menace de déclarer la guerre aux Bourguignons, s'ils ne lui donnent pas Guðrún comme femme
- Les noms Jarizleif, Eymoth et Jarizskar, dont deux sont apparemment slaves, semblent être ajouté comme noms des messagers d'Atli. Ils sont décrits par le poème comme ayant de « longues barbes » ou comme des Lombards, mais leurs noms ne sont ni Huns ni Lombards. Selon Bellows, la Völsunga saga et certains commentateurs interprètent cette réunion comme ayant lieu au Danemark, mais il se trouve plus probable que la ligne ait abandonné et qu'elle ait rencontré les messagers à l'endroit où étaient ses frères
- Bellows pense que les trois rois sont probablement les messagers d'Atli, mais qu'ils peuvent aussi être Gunnar, Hogni et le frère sans nom qui semble apparaître dans le Sigurðarkviða hin skamma.
- Il s'agit d'une vengeance de Gudrun, racontée dans Drap Niflunga quand elle venge la mort de ses frères en tuant les fils d'Atli, Erpur et Eitil
- Plusieurs recherches infructueuses ont été menées pour retracer ce voyage
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Guðrúnarkviða II » (voir la liste des auteurs).
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- (en) Le second, ou le vieux lai of Guthrun traduit et commenté par Henry Adams Bellows
- (en) Le second lai de Gudrún traduit par Benjamin Thorpe
- (en) le second (ou le vieux) lai de Guðrún traduit par William Morris et Eirikr Magnusson
- Guðrúnarkviða hin forna édition de Sophus Bugge pour le manuscrit original
- Guðrúnarkviða in forna édition de Guðni Jónsson avec un texte normalisé
Bibliographie
- Régis Boyer, Les religions de l'Europe du Nord