Accueil🇫🇷Chercher

Guétali

Un guétali, ou kiosque, est une petite construction pérenne ressemblant à un kiosque typique de l'architecture créole de La Réunion et qu'on élevait autrefois à l'angle des cours murées pour observer les gens passant dans la rue en contrebas sans être remarqué d'eux. Le guétali est plutôt privé et appartient à un particulier alors que le kiosque est public.

Le guétali de la villa du Département donnant sur la rue de Paris à Saint-Denis de La Réunion.

Le kiosque est un petit abri très populaire et extrêmement répandu sur l'île de La Réunion.

Couvert par un toit, souvent orné de lambrequins, le guétali protégeait généralement ses occupants du regard des passants par des panneaux en bois ajourés de motifs décoratifs. On sait qu'il était surtout utilisé par les jeunes filles de bonne famille.

Son origine est à rechercher dans la mode des gloriettes dans l'architecture balnéaire et de villégiature du XIXe siècle. Son nom vient de guette a li, qui signifie « épie-le » en créole réunionnais.

Si la présence de kiosques est attestée bien avant le XVIIIe siècle en Europe, le kiosque réunionnais existe, lui, depuis au moins le XXe siècle sans qu'une date exacte ne soit connue.

Ă€ La RĂ©union, les kiosques publics sont très utilisĂ©s toute l'annĂ©e, essentiellement pour le pique-nique, par les RĂ©unionnais plus que par les touristes. L'Office national des forĂŞts[1] de La RĂ©union qui en assure la fabrication et la gestion en compte 236 rĂ©partis sur toute l'Ă®le.

Ils sont un patrimoine architectural mais aussi un patrimoine immatériel, une richesse sociale et culturelle.

Il faut différencier les guétalis des kiosques publics type ONF. La majorité des observations ci-après concernent les kiosques type ONF (publics et répondant aux observations ci-dessus), mais pas les guétalis à proprement parler (privés, traditionnellement en bordure de propriété), qui sont pourtant un objet distinct et le sujet de cette page.

Étymologie

Guétali vient tout simplement de la prononciation en créole réunionnais de Guèt' a li, soit « regarde-le » ou « surveille-le ». Cette formulation en créole réunionnais est elle-même dérivée du français « guetter » quelqu'un.

Fabrication

FabriquĂ© par l'Atelier bois de la RĂ©union de l'Office national des forĂŞts, le kiosque est constituĂ© de divers matĂ©riaux :

  • le bois est utilisĂ© pour rĂ©aliser le toit, certains bancs, piliers, tables et poutres ;
  • le bĂ©ton est utilisĂ© pour rĂ©aliser les bancs, les tables, les piliers et le sol du kiosque ;
  • le fer est utilisĂ© pour fabriquer les rambardes qui encerclent les kiosques. Celles-ci ont une double vocation : sĂ©curiser le kiosque et renforcer l'intimitĂ©.

Cinq essences de bois sont proposées pour la fabrication :

  • le pin sylvestre ;
  • le keruing en provenance d’Asie ;
  • le niovĂ© en provenance d’Afrique (Cameroun, GuinĂ©e, Gabon, Congo, ZaĂŻre) ;
  • le cryptomĂ©ria de la RĂ©union ;
  • le tamarin, un arbre endĂ©mique de La RĂ©union.

La description ci-dessus concerne les kiosques tels que présents sur les aires de pique-nique (type kiosques ONF), mais pas les guétalis, sujets de cette page. Ceux-ci sont un équivalent mais dans un espace privé (le plus souvent un jardin), et ne sont donc pas ouverts au public. Leur architecture peut-être plus ou moins ornementée et diffère souvent fortement des kiosques ONF. La construction peut être très variable selon les espaces (taille, matériaux/essences, motifs…). Tous conservent cette finalité d'abris plus retirés permettant d'observer les alentours.

Emplacements

Le kiosque, qui fait penser à un chapiteau ou à un gazébo (petit pavillon de jardin), se trouve dans les lieux de loisirs des Hauts (en forêt, en montagne, etc.) et des Bas (sur le littoral, à proximité des aires de jeux, etc.). Les Hauts sont particulièrement prisés pendant la saison chaude pour bénéficier de températures plus clémentes.

Le kiosque est l'édifice emblématique des lieux de pique-nique réunionnais.

Ce Lieu se veut public et accessible et se situe en gĂ©nĂ©ral assez près des routes pour limiter le temps de marche jusqu'Ă  lui et assez loin pour Ă©viter d'ĂŞtre incommodĂ© par le bruit de la circulation automobile. De plus en plus souvent, il est accessible aux personnes Ă  mobilitĂ© rĂ©duite.

Le paragraphe ci-dessus concerne les kiosques publics type ONF, pas les guétalis à proprement parler, qui sont un objet distinct et le sujet de cette page.

Fonction

C'est un lieu de sociabilité, un espace convivial dont le toit est destiné à protéger ses utilisateurs du soleil et des autres aléas météorologiques comme la pluie ou le vent. Le toit constitue donc le pilier, l'élément essentiel du kiosque.

C'est aussi un espace Ă©quipĂ© de divers mobiliers : des tables et des bancs en bĂ©ton ou en bois. RĂ©gulièrement, un foyer et un point d'eau utilisĂ©s respectivement pour cuire ou rĂ©chauffer les repas (des caris) et abreuver les utilisateurs, se trouvent Ă  proximitĂ© immĂ©diate du kiosque. Le nombre de sorties Ă©valuĂ©es sur ces aires d'accueil chaque annĂ©e est de deux millions huit cent mille, dont un million huit cent mille concerneraient le pique-nique pour lui-mĂŞme.

Globalement, le kiosque est un espace rĂ©crĂ©atif qui accueille des familles, des amis mais aussi des amoureux. 

Le kiosque peut avoir Ă©galement d’autres usages : 

  • cacher des balises pour les courses d’orientation ;
  • un rendez-vous amoureux ;
  • un lieu de rassemblement d’amis ;
  • un lieu de rĂ©flexion ou de mĂ©ditation ;
  • un lieu pour la musique (rĂ©pĂ©titions ou concerts).

Le paragraphe ci-dessus concerne les kiosques publics type ONF, pas les guétalis à proprement parler, qui sont un objet distinct et le sujet de cette page.

Les kiosques, un patrimoine immatériel

Le kiosque Ă  la RĂ©union fait partie du patrimoine immatĂ©riel : il a un rĂ´le social et culturel important puisqu’il est liĂ© Ă  la tradition familiale du pique-nique, en bord de mer, dans les Hauts, dans les parcs, au bord des rivières ou au bord des routes.

Le pique-nique se fait aussi entre amis, ou Ă  l’occasion d’un anniversaire ou autre Ă©vĂ©nement Ă  fĂŞter. Il s’organise au moins une semaine Ă  l’avance et a lieu gĂ©nĂ©ralement le dimanche ou un jour fĂ©riĂ© : un membre de la famille est dĂ©signĂ© pour se rendre sur place et rĂ©server un kiosque très tĂ´t le matin, aux alentours de six heures, pour ne pas prendre le risque de ne plus trouver de place car il n’y a jamais assez de kiosques en certains endroits très prisĂ©s.

Un kiosque accueille 5 à 10 personnes, parfois certaines familles en réservent deux. On accroche une bâche pour se protéger du vent si besoin. On prévoit ce que chacun peut apporter pour que le pique-nique soit une réussite (nourriture, boissons, couverts, matériels et jeux).

Par exemple, au Bois Madame Ă  Sainte-Marie, dans un cadre naturel et verdoyant, une famille se rĂ©unit sous un kiosque : chacun arrive peu Ă  peu avant midi. On rassemble la nourriture sous le kiosque, marmites sur la table, « tantes Â» (paniers) par terre sur le bĂ©ton ; on apporte chaises, bancs ou « sĂ©zi Â» (nattes), voire tapis ou draps pour asseoir tout le monde. Le cari est souvent prĂ©parĂ© au feu de bois, près du kiosque, dans les barbecues prĂ©vus Ă  cet effet. Sinon, le plat est prĂ©parĂ© très tĂ´t le matin et transportĂ© dans sa marmite, bien fermĂ©e avec un torchon pour le transport. La plupart du temps, rougail saucisses avec zambrocal, ou cari poulet, massalĂ© coq, ou civet canard, Ă  moins qu’on prĂ©pare un cari tangue ou un civet de zourites. Les enfants jouent, contents de retrouver cousins et cousines, les parents discutent, plaisantent, parlent de tout et de rien. On mange, on boit, on fait la sieste, on joue au ballon, aux dominos, aux cartes ou autre. On mange un gâteau l’après-midi. Si on est au bord de la mer, il faut prĂ©voir la monnaie pour le camion de glaces qui passe. Le pique-nique occupe gĂ©nĂ©ralement toute la journĂ©e et renforce les liens familiaux. On sent sous le kiosque les essences des bois utilisĂ©s (tamarin, cryptomĂ©ria, niovĂ©, keruing ou pin) s’amalgamer avec les odeurs de la nature environnante et de la nourriture. Le kiosque est ainsi l’écrin dont la famille est le joyau. Le partage du repas est inscrit dans la culture crĂ©ole : le kiosque permet de faire vivre ce lien humain dans un cadre naturel. Cette pratique fait donc bien partie intĂ©grante des espaces naturels publics Ă  La RĂ©union.

Guétalis protégés en propre

Guétalis couverts par la protection du bâtiment principal

Autres guétalis

Notes et références

  1. « ONF - ONF Réunion »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur www.onf.fr (consulté le ).
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.