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Grangerie de Lourdens

La grangerie de Lourdens est une ancienne ferme cartusienne située sur la commune de Cruet, qui appartenait au domaine de la chartreuse d'Aillon.

Grangerie de Lourdens
Présentation
Type
Localisation
Localisation
Coordonnées
45° 36′ 38″ N, 6° 06′ 56″ E
Carte

Une grangerie est une exploitation agricole laissée à un granger (métayer), qui partage le produit des champs avec les chartreux[1].

GĂ©ographie

Le domaine agricole était installé à la limite avec la commune d'Arbin, dans la partie ouest de la commune de Cruet[2]. Sur la mappe sarde de 1728, trois bâtiments ainsi qu'un étang sont mentionnés[3]. Le lieu-dit porte le nom de la Croix de Lourdens[3]. Le toponyme s'est maintenu depuis avec un chemin de Lourdens.

Le domaine s'est développé sur le haut de la pente dominant la vallée de la combe de Savoie, au sortir d'une source abondante[4].

Il se trouve sur la route menant au col du Lindar, permettant d'accéder au massif des Bauges et, par-delà, la chartreuse d'Aillon[4].

Histoire

Moyen Ă‚ge et Ă©poque moderne

Il semble que les chartreux possèdent un territoire depuis le XIIe siècle[2], en limites d'Arbin et de Cruet[5]. Ils donnent à ce lieu le nom de Lourdens[5], l'un des noms d'origine du vallon où s'est installé la chartreuse, dans le massif des Bauges[6] - [7] - [4]. Toutefois, leur cartulaire, en partie disparu, ne mentionne pas cette acquisition[4].

En , une charte signée par le comte de Savoie, Amédée IV, autorise les moines de la Chartreuse d'Aillon à acquérir dans la plaine de Montmélian, des terres (bois, vignes, etc.)[8] - [9]. Le domaine des chartreux repose principalement sur un grand vignoble installé sur les pentes et des celliers[4]. À cette période, la combe de Savoie est une vallée viticole dont les vins étaient réputés jusqu'à Grenoble. Le domaine est dirigé depuis une maison forte à deux étages, où réside des frères convers[4].

L'édifice est remanié au XVIe siècle[4]. Entre 1236 et 1585, les chartreux achètent des pièces de vignes à Saint-Pierre-d'Albigny, à Saint-Jean-de-la-Porte et notamment à Cruet, oú se trouve la grangerie de Lourdens[10].

Au XVIIIe siècle, la grangerie de Lourdens est ascencĂ©e Ă  des paysans qui se chargent de la culture de la vigne. Tous les ans, le locataire envoie la moitiĂ© de sa production viticole, probablement issue du cĂ©page « mondeuse » au monastère, Ă  dos de mulet[11]. La production de vin occupe l'essentiel des 12,8 ha de terres qui composent la ferme, mais on y cultive Ă©galement les cĂ©rĂ©ales, on produit des fruits, notamment des noix et des amandes, et on exploite trois moulins alimentĂ©s par une source qui jaillit sous les bâtiments de la ferme.

Révolution française

En 1792, les troupes rĂ©volutionnaires françaises envahissent le duchĂ© de Savoie. Les biens de l'Église sont saisis et vendus comme biens nationaux[12]. La grangerie de Lourdens est vendue Ă  un habitant de MontmĂ©lian pour la somme de 6 300 000 livres[13]. Incapable de payer cette somme, ce MontmĂ©lianais est dĂ©possĂ©dĂ© de ses biens qui sont rachetĂ©s par des ChambĂ©riens en 1800[14].

XIXe siècle

Au XIXe siècle, la grangerie de Lourdens n'est plus habitĂ©e mais ses terres sont toujours consacrĂ©es Ă  la viticulture. Un des propriĂ©taires nĂ©gocie la cession des eaux de sa source avec la commune de MontmĂ©lian, pour la somme de 7 000 francs en 1876[15].

XXe et XXIe siècles

Au XXe siècle, les constructions de la grangerie tombent en ruine, tandis que les vignes ont été vendues à des vignerons. Les bâtiments sont rachetés en 1953 par un couple qui en fait une résidence secondaire[16]. Lors de la rédaction de son ouvrage L'évolution historique en Savoie (1968), l'historien local Félix Bernard (1883-1972) indique « trois propriétaires se partageaient récemment encore les restes des bâtiments et des vignes des chartreux »[4].

Finalement, en 2009, les bâtiments et les terrains qui l'entourent sont rachetés par la commune de Montmélian.

Projet de réhabilitation

En 2013, une proposition de mise en valeur de l'ensemble de la grangerie de Lourdens est soumise à la mairie de Montmélian.

Voir aussi

Bibliographie

  • Pierre Jacques Le Seigneur, La chartreuse d' Aillon, vol. 261, Salzbourg, Institut fĂĽr Anglistik und Amerikanistik, UniversitĂ© de Salzbourg, coll. « Analecta Cartusiana », , 202 p.

Lien externe

  • BĂ©relle Clara, RĂ©gion RhĂ´ne-Alpes, Inventaire gĂ©nĂ©ral du patrimoine culturel ; AssemblĂ©e des Pays de Savoie, « Moulins Ă  farine de Lourdens actuellement vestiges », Dossier IA73003427 inclus dans Paysage du bassin-versant de l'Isère infĂ©rieure et du Val Gelon, sur le site du Patrimoine architectural et mobilier en RhĂ´ne-Alpes - patrimoine.rhonealpes.fr, (consultĂ© en )

Références

  1. Jean Humbert, Nouveau glossaire genevois, Jullien, , 268 p. (lire en ligne), p. 241, « Granger, Grangerie ».
  2. Michèle Brocard, Lucien Lagier-Bruno, André Palluel-Guillard, Histoire des communes savoyardes : Aix-les-Bains et ses environs - Les Bauges - La Chartreuse - La Combe de Savoie - Montmélian (vol. 2), Roanne, Éditions Horvath, , 463 p. (ISBN 978-2-7171-0310-6), p. 408-413. ([PDF] lire en ligne)
  3. Patrimoine architectural et mobilier en Rhône-Alpes 2014, p. « Historique ».
  4. FĂ©lix Bernard, L'Ă©volution historique en Savoie. Depuis l'age des meillans et des cites lacustres, Grenoble, Allier, , 252 p., p. 148.
  5. Maurice Messiez, La Combe de Savoie autrefois, La Fontaine de Siloé, , 201 p. (ISBN 978-2-84206-191-3, lire en ligne), p. 51.
  6. « Aillon-le-Jeune Â» p. 49-51, in Cahier, La Sauvegarde de l'art français, Picard, NumĂ©ro 9, 1996 ([PDF] Lire en Ligne).
  7. Abbé Laurent Morand, Les Bauges : histoire et documents : Seigneurs et nobles laïques (Ier volume), Chambéry, Imprimerie savoisienne, , 618 p. (lire en ligne), p. 57.
  8. Acte du publié dans le Régeste genevois (1866), REG 695 sur le site de la Fondation des Archives historiques de l'Abbaye de Saint-Maurice (Suisse) - digi-archives.org.
  9. Chrystelle Ribatto, La chartreuse d'Aillon, de 1178 à 1266, sous la direction de M. Mouthon et de M. Guillère, Université de Savoie, 1988
  10. Pierre-Jacques Leseigneur, « La Chartreuse d’Aillon », in Analecta Cartusiana, Salzburg, 2008, p.xl
  11. Archives départementales de la Savoie (ADS), 43 F 280
  12. Laurent Morand, Les Bauges, histoire et documents, tome 2, Lafitte Reprints, Marseille, 1999, p.xl.
  13. ADS, 1 Q 65.
  14. ADS, 1 Q 208.
  15. Archives municipales de Montmélian, N5
  16. Archives municipales de Cruet, 101-102.
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