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Grande structure en pierre

La Grande structure en pierres est le nom donnĂ© aux restes d'un bâtiment proche de la CitĂ© de David, au sud de la vieille ville de JĂ©rusalem. Ce nom fut donnĂ© par sa dĂ©couvreuse, Eilat Mazar, Ă  cause de sa proximitĂ© avec la « structure en pierres Ă  degrĂ©s Â» que Yigal Shiloh voyait comme un mur de soutènement du palais du roi David ou une partie de la citadelle jĂ©busĂ©enne qu'il avait conquise. Eilat Mazar interprète la grande structure de pierres comme Ă©tant les vestiges du palais du roi David.

Grande structure en pierre
Localisation
Pays Drapeau d’Israël Israël
CoordonnĂ©es 31° 46′ 27″ nord, 35° 14′ 09″ est
Géolocalisation sur la carte : Israël
(Voir situation sur carte : Israël)
Grande structure en pierre
Grande structure en pierre
Histoire
Époque Âge du fer

Dans les textes

Dans la Bible

Dans le second livre de Samuel, au chapitre 5, la Bible raconte comment David conquiert Jérusalem et y bâtit son palais.

« Le roi marcha avec ses gens sur Jérusalem contre les Jébuséens, habitants du pays. Ils dirent à David : Tu n'entreras point ici, car les aveugles mêmes et les boiteux te repousseront ! Ce qui voulait dire : David n'entrera point ici. Mais David s'empara de la forteresse de Sion : c'est la cité de David. David avait dit en ce jour : Quiconque battra les Jébuséens et atteindra le canal, quiconque frappera ces boiteux et ces aveugles qui sont les ennemis de David... -C'est pourquoi l'on dit : L'aveugle et le boiteux n'entreront point dans la maison. David s'établit dans la forteresse, qu'il appela cité de David. Il fit de tous côtés des constructions, en dehors et en dedans du Millo. David devenait de plus en plus grand, et l'Éternel, le Dieu des armées, était avec lui. Hiram, roi de Tyr, envoya des messagers à David, et du bois de cèdre, et des charpentiers et des tailleurs de pierres, qui bâtirent une maison pour David. »

Dans le Premier livre des Chroniques, le chapitre 14 dit également : Hiram, roi de Tyr, envoya à David des messagers , du bois de cèdre, des tailleurs de pierre et des charpentiers, pour lui bâtir une maison.

Données archéologiques

La campagne

Les fouilles ont été financées par le centre Shalem (en), un institut de recherche de tendance sioniste de droite[1] à laquelle appartient l'archéologue israélienne Eilat Mazar. Les fouilles financées par le centre Shalem viennent de fonds privés, en particulier de l'un de ses membres, Roger Hertog (en). Un financement vient également de la City of David Foundation, qui a pour objectif de prouver la fiabilité de la Bible comme document historique.

La dĂ©couverte est annoncĂ©e le [2]. Deux rapports prĂ©liminaires des fouilles sont publiĂ©s en 2007 et 2009, mais Ă  ce jour il n'y a pas encore de publication professionnelle. Eilat Mazar pense qu'il s'agit lĂ  des ruines du « palais du roi David Â» qui est dĂ©crit dans le second livre de Samuel. Cette affirmation est critiquĂ©e par les archĂ©ologues minimalistes, car cette identification Ă©tait recherchĂ©e a priori.

La découverte n'a pas été validée par une revue professionnelle à comité de lecture. Si l'appellation de "palais de David" a connu un grand succès dans les médias, cette expression n'a pas été reprise dans les revues scientifiques.

DĂ©couverte

En 1997, Eilat Mazar se met en quête du palais de David. Elle est convaincue que les fouilles réalisées jusque-là n'ont pas été faites au bon emplacement. Celles-ci se limitaient à la Cité de David, qui occupait une surface de quatre hectares et demi dans les murs de l'ancienne cité jébuséenne. Eilat Mazar s'appuie alors sur un passage biblique du second livre de Samuel (5:17) :

"Les Philistins apprirent qu'on avait oint David comme roi sur Israël, et ils montèrent tous à sa recherche. David, qui en fut informé, descendit à la forteresse".

Pour elle, ce verset implique que le palais (d'où David descend) se trouvait plus haut que la forteresse. "Je me suis toujours demandée, dit Eilat Mazar, d'où il descendait. Cela devait être de son palais, implanté au sommet de la colline et à l'extérieur de la cité jébuséenne d'origine". Puisque le seul secteur plus élevé que l'Ophel, dans la partie la plus ancienne de Jérusalem, est placé juste au nord de celle-ci, c'est à cet endroit qu'elle choisit de creuser. Et en , à environ deux mètres de profondeur, apparaissent des objets façonnés de la période byzantine du IVe au VIe siècle ap. J.-C., ainsi qu'un sol en mosaïque bien préservé. Sous ce dernier, elle trouve des objets datant de la période du Second Temple.

Finalement, sous ces derniers, elle trouve les bases de murs d'une importante structure, une portion de mur très large, courant d'est en ouest sur une longueur d'environ 30 mètres et se terminant à angle droit vers le sud.

"L'édifice que nous avons mis au jour est une construction complexe qui a dû coûter une fortune. Quant aux dates, elles concordent, dit Eilat Mazar. C'est bien le genre d'ouvrage que l'on s'attend à trouver d'un souverain qui veut faire d'une ville à peine conquise sa résidence principale, et pour laquelle il nourrit de grands projets de développement."

On retrouve dans la poussière entre les pierres des poteries datant du XIe siècle.

Un objet remarquable dĂ©couvert Ă  cet emplacement est le sceau d'un haut fonctionnaire nommĂ© « Jehucal, fils de Shelemiah, fils de Shevi Â». Ce personnage est mentionnĂ© deux fois dans le livre de JĂ©rĂ©mie et a vraisemblablement vĂ©cu vers la fin du VIIe siècle av. J.-C. Ce qui fait dire Ă  Eilat Mazar que le bâtiment a Ă©tĂ© occupĂ© jusqu'Ă  la destruction du Premier Temple par les Babyloniens.

Les fouilles sont en cours, mais leur progression est freinée par les occupants actuels des terrains situés sur les ruines. Selon le New York Times, Eilat Mazar aurait voulu continuer à creuser, mais trois familles vivaient alors dans les habitations qu'elle souhaitait explorer. L'une des familles est musulmane, la seconde chrétienne et la troisième juive.

Eilat Mazar est décédée le 25 mai 2021, des suites d'une longue maladie.

Interprétation

Des archéologues non affiliés au centre Shalem, en particulier le groupe de chercheurs de l'université de Tel Aviv dont Israël Finkelstein est l'un des leaders, doutent qu'il y ait suffisamment de preuves pour dater la structure avec certitude. Ce groupe suggère également que les murs découverts par E. Mazar n'appartiennent pas tous au même bâtiment. Ils s'appuient sur le fait que les murs les plus importants, plus réguliers, à l'ouest du site, s'alignent avec une structure rectangulaire plus vaste. Celle-ci inclut une partie de la structure en pierres à degrés et un bain rituel, que l'on attribue généralement à la période hasmonéenne ; les restes plus irréguliers se trouvant à l'est devraient être considérés comme une entité séparée[3].

Amihai Mazar suggère que le site puisse être la forteresse jébuséenne que le livre de Samuel déclare conquise par David[4].

Eilat Mazar a daté l'emplacement par les différents types de poteries trouvés au-dessus et en dessous des restes du bâtiment. La poterie exhumée au-dessus date de l'âge du fer I, et la poterie en dessous de l'âge du fer II. En raison de la loi de la superposition (la règle empirique d'après laquelle les éléments les plus anciens sont généralement en dessous), les fondations - et par conséquent le bâtiment - ont été construits quelque part entre l'âge du fer I et l'âge du fer II, soit entre les XIe et Xe siècles av. J.-C.[1].

Cependant Amihai Mazar précise que bien que la structure soit clairement postérieure à l'âge de fer I, l'absence de plancher et le fait que la poterie de l'âge du fer II se trouve simplement entre les murs, le terminus ante-quem n'est pas certain : la poterie ne permet pas de déterminer à quel moment du Fer II le bâtiment a été construit[4].

Pour Israël Finkelstein, la datation d'Eilat Mazar est motivée par la conclusion qu'elle veut en tirer. Selon lui, tout ce que l'on peut affirmer est que "les différents éléments sont postérieurs à la fin du Fer I/début du Fer II et antérieurs à la période romaine. Le contexte suggère que la plupart des éléments datent de la période hellénistique tardive"[3].

La plupart des archéologues conviennent cependant qu'il s'agit là une découverte majeure, même s'ils ne sont pas tous d'accord sur la fonction du bâtiment, et qu'il a été construit dans le même style que ceux de Phénicie. Cette observation s'accorde bien avec le texte biblique, d'après lequel le palais de David a été construit avec le soutien du roi phénicien Hiram de Tyr.

Notes et références

  1. (en) Steven Erlanger, « King David's Palace Is Found, Archaeologist Says », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. « Fabled palace 'unearthed Â», news24.com, 5 aoĂ»t 2005
  3. Israel Finkelstein, Ze'ev Herzog, Lily Singer-Avitz and David Ussishkin (2007), « Has King David's Palace in Jerusalem Been Found? Â», Tel Aviv: Journal of the Institute of Archaeology of Tel Aviv University, 34(2), 142-164
  4. The San Diego Union-Tribune, « King David's palace found? Scholars differ Â», by Steven Erlanger, August 24, 2005

Bibliographie

  • Eilat Mazar, Preliminary Report on the City of David: Excavations 2005 at the Visitors Center Area. Shalem Press, 2007.
  • Eilat Mazar, The Palace of King David. Excavations at the Summit of the City of David : Preliminary of Seasons 2005-2007. JĂ©rusalem, Shoham Academic Research and Publication, 2009.
  • (en) Avraham Faust, « The Large Stone Structure in the City of David: A Reexamination », Zeitschrift des Deutschen Palästina-Vereins,‎ , p. 116-130 (JSTOR 41304083)
  • (en) Israel Finkelstein, « The "Large Stone Structure" in Jerusalem : Reality versus Yearning », Zeitschrift des Deutschen Palästina-Vereins,‎ , p. 1-10 (JSTOR 41304072)

Annexes

Articles connexes

en français

en anglais

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