Accueil🇫🇷Chercher

Grammaire de l'ojibwé

L'ojibwé est une langue algonquienne parlée par le peuple ojibwé. C'est une des langues amérindiennes d'Amérique du Nord les plus importantes pour ce qui est du nombre de locuteurs et il présente une importante diversité dialectale. Pour l'essentiel, cet article donne une description de l'aire dialectale Sud-Ouest telle que parlée dans le Minnesota. L'orthographe utilisée ici se nomme en anglais Fiero Double-Vowel System.

Caractéristique

À l'instar de nombreuses langues amérindiennes, l'ojibwé est polysynthétique à un haut degré et présente un nombre moyen de morphèmes par mot très élevé (par exemple le mot traduit par « Ce sont des Chinois. » est aniibiishaabookewininiiwiwag, qui contient sept morphèmes : orme-PÉJORATIF-liquide-faire-humain-être-PLURIEL ou, plus ou moins littéralement « ils sont des fabricants de soupe à feuilles (c'est-à-dire du thé) »). C'est une langue agglutinante qui préfère former les mots en enchaînant des affixes bien distincts plutôt qu'en employant des affixes exprimant simultanément plusieurs sens (amalgame).

Comme la plupart des langues algonquiennes, l'ojibwé distingue deux types de troisième personne, « proche » et « éloigné » ou « obviatif ». « Proche » correspond en gros à la troisième personne de nos grammaires, tandis que l'obviatif (parfois aussi appelé « quatrième personne ») marque une troisième personne mise en retrait si deux troisièmes personnes ou plus sont impliquées dans un processus. En d'autre termes, l'obviatif ojibwé permet d'éviter des ambiguïtés au niveau de la référence pronominale dans des phrases telles que « John et Bill se sont battus. Il lui a mis un œil au beurre noir. » : À qui font référence il et lui ? Cette distinction est obligatoire en ojibwé, lorsqu'il y a deux participants de troisième personne, l'un des deux est forcément marqué comme obviatif, ce peut être l'agent comme le patient, selon ce que l'énonciateur veut mettre en relief.

Genre grammatical

L'ojibwé, comme les autres langues algonquiennes en général, ne distingue pas entre masculin et féminin mais plutôt entre animé et inanimé : le genre n'est donc pas lié au sexe. En général, les noms animés désignent des êtres vivants et les inanimés du non-vivant, mais en réalité ce n'est pas aussi simple, car, dans la culture, il importe de savoir si ce que désigne ce nom est susceptible d'abriter un « esprit » ou non (en général ce qui peut bouger de soi-même possède un esprit).

Ainsi, les objets d'une grande importance spirituelle pour les Ojibwés les rochers par exemple sont très souvent des animés plutôt que des inanimés. Certains homonymes se distinguent seulement par leur genre : par exemple mitig peut signifier « arbre » ou « bâton », animé (au pluriel mitigoog) il signifie « arbre », inanimé (au pluriel mitigoon) il signifie « bâton ».

Nombre

L'ojibwé connaît l'opposition simple singulier/pluriel. Noms et pronoms peuvent être singuliers ou pluriels, et les verbes s'accordent en nombre avec leur sujet et leur objet, bien que certains noms et certains verbes n'existent qu'au pluriel. La forme du pluriel varie selon le genre, la forme de la racine et l'accentuation. En examinant la forme du pluriel, on peut en général savoir quel est le genre du nom et déterminer sa racine. Le pluriel animé est en -g, tandis que les inanimés (et les noms obviatifs) le font en -n. La forme sous-jacente de la racine détermine une voyelle de liaison — cette voyelle qui apparaît avant le suffixe de pluriel (-g ou -n), mais après la racine proprement dite.

Personnes

On trouve en ojibwé sept catégories flexionnelles mêlant personne et/ou genre pour chacun des deux nombres (singulier et pluriel). Cependant, les deux catégories singulier et pluriel ne se correspondent pas exactement. Le nombre remarquable de 14 « personnes » provient de la prise en compte de toutes les catégories qui entrent dans les oppositions entre animé et inanimé, proche et obviatif, singulier et pluriel.

  • X — personne indéfinie, proche, singulier
  • 0 — personne 0, inanimé, proche, singulier
  • 0' —personne 0, inanimé, obviatif, singulier
  • 1 — première personne, animé, proche, singulier
  • 2 — deuxième personne, animé, proche, singulier
  • 3 — troisième personne, animé, proche, singulier
  • 3' — troisième personne, animé, obviatif, singulier (ou quatrième personne animé singulier)
  • 0p — personne 0, inanimé, proche, pluriel
  • 0'p — personne 0, inanimé, obviatif, pluriel
  • 1p — première personne exclusive, animé, proche, pluriel
  • 21 — première personne inclusive, animé, proche, pluriel
  • 2p — deuxième personne, animé, proche, pluriel
  • 3p — troisième personne, animé, proche, pluriel
  • 3'p — troisième personne, animé, obviatif, pluriel (ou quatrième personne animé pluriel)

Les caractéristiques morphologiques de ces 14 catégories se trouvent exprimées dans les noms et les pronoms, et répercutées dans le verbe qui s'accorde. Chez les noms, chacune de ces 14 formes personnelles peut ou non apparaître, mais toutes apparaissent avec les pronoms en général.

Pronoms

Les pronoms ojibwés, en plus de distinguer le nombre aux quatre personnes (première, deuxième, troisième proche et troisième obviative) distingue aussi entre première personne du pluriel inclusive et exclusive. Les prénoms se présentent sous forme de mots indépendants ou sous forme d'indices préfixaux et suffixaux.

Une première personne inclusive inclut la personne destinataire du message « nous, toi/vous inclus » : en ojibwé giinawind. Au contraire, la forme exclusive n'inclut pas ce destinataire : en ojibwe niinawind.

Autres pronoms : 1psg niin, 2psg giin, 3psg wiin, 2ppl giinawaa, et 3ppl wiinawaa.

En tant que termes indépendants, la première personne est indiquée par n-, la seconde par g- et la troisième par w-. En revanche, les suffixes associés à ces personnes ne sont pas les mêmes selon qu'on a affaire à un verbe ou à un nom.

Début du mot... 1 ou
« n- »
2 ou
« g- »
3 ou
« w- »
a aa e i (n)ind- gid- od-
oo n- g- od-
ii n- g- w-
o (n)indo- gido- odo-
b (n)im- gi- (o)-
d g ' j z zh (n)in- gi- (o)-
p t k h ch m n s w y ni- gi- (o)-

Dans beaucoup de communautés parlant ojibwé, le préfixe de première personne est utilisé sans ce n initial. Dans certaines communautés, il se produit une aphérèse et ces préfixes se retrouvent en plus privés de la voyelle i. Par contre, chez les communautés Saulteaux, les préfixes de première personne nim- et nin- sont au contraire réduits à ni-.

L'ojibwé possède également un système de démonstratifs opposant animé/inanimé, ici/là/loin/hors de vue, singulier/pluriel, et proche/obviatif. Les formes phoniques des démonstratifs diffèrent beaucoup selon les dialectes et les communautés, donc les exemples du tableau suivant, tirés de la variété parlée dans le Minnesota (aire dialectale Sud-Ouest), ne sont pas grammaticalement corrects du point de vue de nombreux locuteurs :

Animé Inanimé
Singulier Pluriel Obviatif Singulier Pluriel
Ici wa'aw ongow onow o'ow onow
a'aw ingiw iniw i'iw iniw
Là-bas/
Loin
a'awedi ingiwedig iniwedin i'iwedi iniwedin
Hors de vue wa'awedi ongowedig onowedin o'owedi onowedin

Il possède aussi des pronoms interrogatifs (awenen, « qui ? », awegonen, « quoi ? »), pronoms « dubitatifs » (awegwen, « je ne sais qui », wegodogwen, « je ne sais quoi »), et des pronoms indéfinis (awiiya, « quelqu'un », gegoo, « quelque chose » les deux derniers peuvent être précédés de gaawiin(négation) ou akina(totalité) pour signifier respectivement « personne, rien » et « tous, tout ».

Verbes

Les verbes ojibwés marquent non seulement le sujet (personne, genre, nombre), mais aussi l'objet. On trouve plusieurs classes de verbes dans cette langue, les intransitifs avec sujet animé ou inanimé, les transitifs avec objets animé ou inanimé. On utilisera, pour les principales classes, les abréviations suivantes : ISA (intransitif sujet animé), ISI (intransitif sujet inanimé), TOA (transitif objet animé), et TOI (transitif objet inanimé).

Le temps est marqué au moyen de préfixes (gii-, passé, ga-/da-, futur, et wii-, futur désidératif), mais il existe aussi de multiples affixes appelés « préverbes », qui ajoutent une grande quantité d'information au processus exprimé par le verbe. Par exemple, le préverbe izhi- signifie « d'une telle manière », ajouté à la racine -ayaa-, « être », cela donne izhi-ayaa, « être d'une certaine manière ». Le préverbe bimi-, « le long de » combiné à la racine -batoo-, « courir » donne bimibatoo, « longer en courant ». L'ordre le plus courant de ces préfixes est : un préfixe personnel, un préfixe de temps, un préfixe directionnel, un préfixe relatif, un nombre indéterminé de préverbes, et enfin le verbe. De plus, la syllabe initiale est susceptible de se modifier par apophonie ou par reduplication.

Il existe trois catégories verbales appelées « ordres ». L'ordre de base s'appelle ordre indépendant : il s'agit simplement d'un mode indicatif. Il existe aussi un ordre conjonctif, le plus souvent utilisé dans les propositions subordonnées, dans les phrases interrogatives globales (réponse par oui/non), et les participes (les participes sont en fait des noms verbaux en ojibwé, leur sens équivaut grossièrement à « quelqu'un qui est, fait… » comme le mot pour « voyageur » bebaamaadizid, est la 3 personne du conjonctif babaamaadizi, « voyager à travers le monde », littéralement il signifie « quelqu'un qui voyage à travers le monde »). Enfin, le troisième ordre s'appelle « ordre impératif », utilisé dans les énoncés impératifs et correspond au mode impératif.

Les négatifs sont généralement constitués par l'addition sii (ou zii) pour les indépendants et afin si (ou zi) de l'ordre conjoint, à la fois l'élément négatif ajoutant immédiatement après la racine, mais avant d'autres suffixes. Le sii / si sont trouvés après voyelles tandis que le zii / zi sont trouvés après n. En quelques mots, la consonne finale est abandonnée et le sii / si sont ajoutés à la voyelle restants, en d'autres termes la version finale m est converti en n avant d'ajouter zii / zi, encore en d'autres termes, un lien entre voyelle i (ou aa) ajoutée après la consonne finale et ensuite la sii / si ajouté. Impératifs ne suivent pas la sii (zii) / si (zi) pattern.

On trouve trois impératifs : l'impératif brut, indiquant un processus à exécuter dans l'immédiat (nibaan!, « Dors ! (maintenant) », l'impératif « à long terme », indiquant un processus à réaliser à plus long terme mais pas immédiatement (nibaakan!, « Tu vas dormir ! (dans un moment) »), et l'impératif d'interdiction, un ordre négatif ((gego) nibaaken!, « Ne dors pas ! »).

Tout verbe peut aussi être marqué de ces quatre « modes » : indicatif (neutre), dubitatif (l'énonciateur n'est pas sûr de la vérité de ce qu'il dit, par exemple : bakade, « il a faim », mais bakadedog, « il a peut-être faim, il doit avoir faim »), prétérit (qui insiste sur le caractère passé d'un processus, on l'utilise aussi pour les processus commencés ou essayés mais non achevés, par exemple : imaa ninamadabi, « Je suis assis là. » mais imaa ninamadabiban, « J'étais assis là, j'avais l'intention de m'y asseoir. »), et enfin le dubitatif passé (qui exprime une incertitude quant à la réalisation d'un processus dans le passé : imaa namadabigoban, « Il se peut qu'elle fût assise là, elle a dû être assise là. »).

Intransitifs

Pour une illustration concrète des distinctions qui régissent l'emploi des verbes conjugués en ojibwé, voici le tableau de conjugaison, à l'indicatif, des verbes intransitifs avec sujet animé (ISA) se terminant par une voyelle longue (ici, le verbe nibaa, « dormir »). Il convient de noter les différences qui s'opèrent selon que la phrase est à la forme affirmative ou à la forme négative.

Sujet Indépendant
Positif Négatif
Conjugaison Exemple Équivalent Conjugaison Exemple Équivalent
Niin n_0ninibaa« Je dors » n_sii(n)¹ninibaasiin« Je ne dors pas »
Giin g_0ginibaa« Tu dors » g_sii(n)¹ginibaasiin« Tu ne dors pas »
Wiin 0_0nibaa« Il/Elle dort » 0_sii(n)¹nibaasiin« Il/Elle ne dort pas »
Obviatif 0_wannibaawan« Il/Elle (obviatif) dort » 0_siiwannibaasiiwan« Il/Elle (obviatif) ne dort pas »
Indéfini 0_mnibaam« Quelqu'un dort » 0_siimnibaasiim« Quelqu'un ne dort pas »
Niinawind n_mi(n)¹ninibaamin« Nous (exclusif) dormons » n_siimi(n)¹ninibaasiimin« Nous (exclusif) ne dormons pas »
Giinawind g_mi(n)¹ginibaamin« Nous (inclusif) dormons » g_siimi(n)¹ginibaasiimin« Nous (inclusif) ne dormons pas »
Giinawaa g_mginibaam« Vous dormez » g_siimginibaasiim« Vous ne dormez pas »
Wiinawaa 0_wagnibaawag« Ils dorment » 0_siiwagnibaasiiwag« Ils ne dorment pas »
Sujet Conjonctif
Positif Négatif
Conjugaison Exemple Équivalent Conjugaison Exemple Équivalent
Niin 0_yaannibaayaan« que je dorme » 0_siwaan(h)²nibaasiwaan« que je ne dorme pas »
Giin 0_yannibaayan« que tu dormes » 0_siwannibaasiwan« que tu ne dormes pas »
Wiin 0_dnibaad« qu'il/elle dorme » 0_signibaasig« qu'il/elle ne dorme pas »
Obviatif 0_nidnibaanid« qu'il/elle (obviatif) dorme » 0_sinid/gnibaasinid
nibaasinig
« qu'il/elle (obviatif) ne dorme pas »
Indéfini 0_ngnibaang« que quelqu'un dorme » 0_singnibaasing« que quelqu'un ne dorme pas »
Niinawind 0_yaangnibaayaang« que nous (exclusif) dormions » 0_siwaangnibaasiwaang« que nous (exclusif) ne dormions pas »
Giinawind 0_yangnibaayang« que nous (inclusif) dormions » 0_siwangnibaasiwang« que nous (inclusif) ne dormions pas »
Giinawaa 0_yegnibaayeg« que vous dormiez » 0_siwegnibaasiweg« que vous ne dormiez pas »
Wiinawaa 0_waadnibaawaad« qu'ils dorment » 0_siwaanibaasiwaa« qu'ils ne dorment pas »
Sujet Impératif (Immédiat) Impératif (Interdiction)
Conjugaison Exemple Équivalent Conjugaison Exemple Équivalent
Giin 0_nnibaan« Dors ! » (maintenant) 0_kennibaaken« Ne dors pas »
Giinawind 0_daanibaadaa« Dormons ! » (maintenant) 0_siidaanibaasiidaa« Ne dormons pas ! »
Giinawaa 0_k/gnibaak
nibaag
« Dormez ! » (maintenant) 0_kegonnibaakegon« Ne dormez pas ! »
Sujet Impératif (Long terme)
Conjugaison Exemple Équivalent
Giin 0_(:)kannibaakan« Dors ! » (bientôt)
Giinawaa 0_(:)kegnibaakeg« Dormez ! » (bientôt)
1 En Odaawaa, le n final est absent.
2 En Odaawaa, nh est utilisé à la place de n.

De même, pour une illustration concrète des distinctions qui régissent l'emploi des verbes conjugués en ojibwé, voici le tableau de conjugaison, à l'indicatif, des verbes intransitifs avec sujet inanimé (ISI) se terminant par une voyelle longue (ici, le verbe ozhaawashkwaa, « bleuir »). Il convient de noter les différences qui s'opèrent selon que la phrase est à la forme affirmative ou à la forme négative. De même, contrairement aux verbes ISA, les verbes ISI n'ont pas d'impératifs:

Sujet Indépendant
Positif Négatif
Conjugaison Exemple Équivalent Conjugaison Exemple Équivalent
Singulier 0_(w)¹ozhaawashkwaa« Il bleuit » 0_siinoonozhaawashkwaasiinoon« Il ne bleuit pas »
Obviatif singulier 0_ni(w)¹ozhaawashkwaani« Il (obviatif) bleuit » 0_sinini(w)¹ozhaawashkwaasinini« Il (obviatif) ne bleuit pas »
Pluriel 0_wanozhaawashkwaawan« Ils bleuissent » 0_siinoonozhaawashkwaasiinoon« Ils ne bleuissent pas »
Obviatif pluriel 0_niwanozhaawashkwaaniwan« Ils (obviatif) bleuissent » 0_sininiwanozhaawashkwaasininiwan« Ils (obviatif) ne bleuissent pas »
Sujet Conjonctif
Positif Négatif
Conjugaison Exemple Équivalent Conjugaison Exemple Équivalent
Singulier 0_gozhaawashkwaag« qu'il bleuisse » 0_sinogozhaawashkwaasinog« qu'il ne bleuisse pas »
Obviatif singulier 0_nigozhaawashkwaanig« qu'il (obviatif) bleuisse » 0_sininigozhaawashkwaasininig« qu'il (obviatif) ne bleuisse pas »
Pluriel 0_gozhaawashkwaag« qu'ils bleuissent » 0_sinogozhaawashkwaasinog« qu'ils ne bleuissent »
Obviatif pluriel 0_nigozhaawashkwaanig« qu'ils (obviatif) bleuissent » 0_sininigozhaawashkwaasininig« qu'ils (obviatif) ne bleuissent pas »
1 Sur certains mots, un w final est présent.

Transitifs

L'ojibwé, comme les autres langues algonquiennes, présente aussi un ordre direct/inverse, dans lequel les verbes transitifs sont marqués en fonction de la direction de l'action qui suit ou ne suit pas une « hiérarchie de personne ». La hiérarchie des personnes en ojibwé est troisième personne > première personne > personne nulle > troisième personne (proche) > troisième personne obviative > personne zéro. L'ojibwé n'a pas de distinctions de cas entre l'agent, le patient. Pourtant cette distinction est obligatoire en ojibwé, lorsqu'il y a deux participants de troisième personne, l'un des deux est forcément marqué comme obviatif, ce peut être l'agent comme le patient, selon ce que l'énonciateur veut mettre en relief.

Direction
Type
ACTEUR DIRECTION BUT Thème
DIRECT 3 -aa-
INVERSE 3 -igw-
1-BUT (2) 1 -i
2-BUT (1) 2 -iN-

1. En Oji-Cree (langue), c'est -ishi-.

Pour la première et la deuxième personne BUTs, leur ACTEURs sont spécifiés si les mots sont dans l’Ordre Indépendant, et peut être connu comme direct local (BUT de première personne) et inverse local (BUT de seconde personne). Un suffixe DIRECT indique que l'action est accomplie par quelqu'un de plus important sur la hiérarchie de personne que quelqu'un inférieur sur cette même hiérarchie (par une troisième personne « proche » sur une troisième personne obviative) :

obizindawaan
o- bizindaw -aa -n
3- écouter -DIRECT -3OBVIATIF
« Il écoute l'autre. »

Un suffixe inverse indique que l'action est accomplie par quelqu'un de plus bas dans la hiérarchie de personne par rapport à quelqu'un de plus important sur cette dernière (par une troisième personne obviative sur une troisième personne « proche »):

obizindawigoon
o- bizindaw -igoo -n
3- écouter -INVERSE -3OBVIATIF
« L'autre l'écoute. »

La seule différence entre ces deux verbes est donc l'opposition direct/inverse, plutôt que les marqueurs de cas (ou l'ordre des mots). Un verbe inverse n'est pas équivalent à un verbe à la voix passive. Il y a un marqueur séparé du passif, distinct des marqueurs direct/inverse:

bizindaawaa
bizindaw -aa
écouter -PASSIF
« Il est écouté. »

Noms

Les noms se distinguent par le pluriel, l'animé, l'obviatif et les cas avec des suffixes. L'animé est seulement marqué ouvertement sur les noms au pluriel. Il n'y a aucun cas principal pour distinguer des catégories comme « le sujet » ou « l'objet », mais des régimes plutôt divers, y compris un locatif (par exemple, wiisiniwigamig, « le restaurant », wiisiniwigamigong, « dans le restaurant ») et un vocatif pluriel (par exemple, Ojibwedog, « (vous) Ojibwés ! »). Les autres suffixes sont : le péjoratif (par exemple, jiimaan, « le canoë », jiimaanish, « le canoë sans valeur »), le diminutif (par exemple, zhooniyaa, « l'argent », zhooniyaans, « la pièce de monnaie »), contemptif (par exemple, odaabaan, « la voiture », odaabaanenh, « juste une certaine vieille voiture »), prétérit (qui marque une personne décédée ou un objet n'existant plus, par exemple nookomis, « ma grand-mère », nookomisiban, « ma dernière grand-mère »), et le prétérit-dubitatif (qui marque une personne décédée ou un objet n'existant ou encore un objet ou une personne que le locuteur n'a jamais connu, par exemple a'aw mindimooyenh, « cette vieille femme », a'aw mindimooyenyigoban, « cette vieille femme je n'ai jamais connue »).

Certains noms sont considérés comme « dépendant » et ne peuvent être présentés seuls. Au lieu de ça, ces noms dépendants sont présentés avec un suffixe ou un préfixe. Par exemple, le nom dépendant nookomis (« ma grand-mère »), ou la racine est -ookomis- (« grand-mère »), doit porter un pronom affixe, qui dans ce cas est n-.

D'autres noms sont des formes dérivées du verbes en les transformant en participe. Les deux troisièmes personnes sont les plus courantes. Bien que chaque classe de verbes a sa propre façon de former le participe, pour plus de simplicité, seul le mode neutre VAI, participes positifs sont présents dans cet exemple, avec nibaa (« dormir »).

Sujet Mode neutre VAI, participe positif
Conjugaison Exemple Traduction
Niin 0*yaan nebaayaan « Dormeur »
Giin 0*yan nebaayan « Dormeur »
Wiin 0*d1 nebaad1 « Dormeur »
Obviatif 0*nijin nebaanijin « Dormeur »
Indéfini 0*ng nebaang « Dormeur »
Niinawind 0*yaang nebaayaang « Dormeurs »
Giinawind 0*yang nebaayang « Dormeurs »
Giinawaa 0*yeg nebaayeg « Dormeurs »
Wiinawaa 0*jig nebaajig « Dormeurs »

* Pour les participes, le mot subit un changement de la voyelle initiale.
1 En Oji-Cree (langue), il y a « j » et non un « d ».

Note: C et V sont utilisés dans certains tableaux ci-dessous pour noter respectivement une consonne ou une voyelle.

Pluriels et Obviatif

Les suffixes pluriels et obviatifs sont les plus faciles à ajouter aux mots ojibwés. En examinant le pluriel, la racine du mot peut facilement être retrouvée. Généralement, le pluriel animé se termine par -g, tandis que le pluriel inanimé et l'obviatif se terminent par -n. Souvent, une voyelle de liaison est ajoutée pour joindre la racine à ces terminaisons. Un -w ou un -y sous-jacent peuvent affecter le choix de la voyelle de liaison.

Singulier Pluriel
inanimé
Pluriel
animé
Obviatif Exemple
singulier
Exemple
pluriel
Traduction
Radical à Consonne
C Can Cag Can miin miinan « myrtilles »
Radical à voyelle longue
CVV CVVn CVVg CVVn ajidamoo ajidamoog « écureuils »
CVV CVVwan CVVwag CVVwan bine binewag « perdrix »
CV CVwan CVwag CVwan wado wadowag « caillot sanguin »
CVVw CVVwan CVVwag CVVwan niwiiw niwiiwag « mes femmes »
CVV CVVyan CVVyag CVVyan nimaamaa nimaamaayag « mes mères »
CVVnh CVVnyan CVVnyag CVVnyan giigoonh giigoonyag « poissons »
Radical à voyelle courte
CV CVwan CVwag CVwan inini ininiwag « hommes »
CVw CVwan CVwag CVwan bigiw bigiwan « gencives »
Radical "W"
C Coon Coog Coon mitig mitigoon « bâtons »
C Cwan Cwag Cwan nigig nigigwag « loutres »
Cwa Cwan Cwag Cwan makwa makwag « ours »
Cwa Cwan Cwag Cwan ikwa ikwag « pou »
Radical "Y"
C Ciin Ciig Ciin aniib aniibiig « ormes »
Ci Ciin Ciig Ciin anwi anwiin « balles »
C Cwiin Cwiig Cwiin nining niningwiin « mes aisselles »
Radical augmenté
C Can Cag Can ninow ninowan « mes joues »
C Coon Coog Coon nikatig nikatigoon « mes fronts »
Ca Cawan Cawag Cawan oodena oodenawan « villes »
Cay Cayan Cayag Cayan omooday omoodayan « bouteilles »
C Can Cag Can nindengway nindengwayan « mes visages »
Can Canan Canag Canan ma'iingan ma'iinganag « loups »
Can Canan Canag Canan nindooskwan nindooskwanan « mes coudes »
Cana Canan Canag Canan mikana mikanan « routes »
Radical participe
C Cin Cig Cin maaniwang maaniwangin « fruits »
d1 jin jig jin naawogaaded naawogaadejig « quadrupèdes »

1 En Oji-Cree (langue), il y a "j" et non un "d".

Diminutifs et Contemptifs

Les diminutifs en Ojibwé expriment l'idée de quelque chose qui est une version plus petite ou plus jeune du nom. Tous les diminutifs sont des Racines à consonne quand ils sont au pluriel ou à l'obviatif, ils prennent donc la voyelle de liaison -a-. Les contemptifs sont formés de la même façon que les diminutifs et sont utilisés pour exprimer une attitude négative ou dépréciative du locuteur sur le nom. Le pluriel contemptif et obviatif reste comme le contemptif, mais peut prendre la voyelle de liaison -i- pour ajouter un sens plus péjoratif. Beaucoup de mots exprimant la faune sont au contemptif. Dans le Ojibwemowin parlé au Wisconsin et au nord-ouest de l'Ontario, les contemptifs sont réduits des formes -nh/-ny- à /-y-. In Odaawaa, the frequency of contemptives in fauna are higher than in other Anishinaabemowin dialects.

Singulier Diminutif Contemptif Exemple
singulier
Exemple
diminutif
Traduction
Radical à consonne
C Cens Cenh miin miinens « petite myrtilles »
Radical à voyelle longue
CVV CVVns CVVnh ajidamoo ajidamoons « petit écureuil »
CVV CVVns CVVnh bine binens « petite perdrix »
CV CVns CVnh wado wadons « petit caillot sanguin »
CVVw CVVns CVVnh niwiiw niwiins « ma petite femme »
CVV CVVns CVVnh nimaamaa nimaamaans « ma petite maman »
CVVnh CVVns CVVnh giigoonh giigoons « petit poisson »
Radical à voyelle courte
CV CVVns CVVnh inini ininiins « petit homme »
CVw CVVns CVVnh bigiw bigiins « petite gencive »
Radical "W"
C Coons Coonh mitig mitigoons « brindille »
C Coons Coonh nigig nigigoons « petite loutre »
Cwa Coons Coonh makwa makoons « ourson »
Cwa Coons Coonh ikwa ikoons « petit pou »
Radical "Y"
C Ciins Ciinh aniib aniibiins « jeune orme »
Ci Ciins Ciinh anwi anwiins « petite balle »
C Cwiins Cwiinh nining niningwiins « ma petite aisselle »
Radical augmenté
C Cens Cenh ninow ninowens « ma petite joue »
C Cwens Cwenh nikatig nikatigwens « mon petit front »
Ca Cawens Cawenh oodena oodenawens « hameau »
Cay Cayens Cayenh omooday omoodayens « fiole »
C Caans Caanh nindengway nindengwayaans « mon petit visage »
Can Caans Caanh ma'iingan ma'iingaans « jeune loup »
Can Caans Caanh nindooskwan nindooskwaans « mon petit coude »
Cana Caans Caanh mikana mikaans « chemin »
Radical participe
C Coons Coonh maaniwang maaniwangoons « petit fruit »
d doons doonh naawogaaded naawogaadedoons « petit quadrupède »

Locatif

Le locatif indique la location, et est indiqué par le suffixe -ng. Ce cas ne prend aucun suffixe obviatif ou pluriel, mais le possessif obviatif et le nombre peuvent être ajoutés devant le suffixe locatif.

Singulier Locatif Exemple
singulier
Exemple
locatif
Équivalent
Radical à consonne
C Cing miin miining « sur la myrtille »
Radical à voyelle longue
CVV CVVng ajidamoo ajidamoong « sur l'écureuil »
CVV CVVng bine bineng « sur la perdrix »
CV CVng wado wadong « sur le caillot »
CVVw CVVng niwiiw niwiing « chez ma femme »
CVV CVVying nimaamaa nimaamaaying « chez ma mère »
CVVnh CVVnying giigoonh giigoonying « sur le poisson »
Radical à voyelle courte
CV CVVng inini ininiing « chez l'homme »
CVw CVVng bigiw bigiing « sur la gencive »
Radical "W"
C Cong mitig mitigong « sur l'arbre »
C Cong nigig nigigong « sur la loutre »
Cwa Coong makwa makoong « sur l'ours »
Cwa Cong ikwa ikong « sur le pou »
Radical "Y"
C Ciing aniib aniibiing « sur l'orme »
Ci Ciing anwi anwiing « sur la balle »
C Cwiing nining niningwiing « sur l'aisselle »
Radical augmenté
C Caang ninow ninowaang « sur ma joue »
C Cwaang nikatig nikatigwaang « sur mon front »
Ca Caang oodena oodenawaang « au village »
Cay Caang omooday omoodaang « sur la bouteille »
C Caang nindengway nindengwayaang « sur mon visage »
Can Caning ma'iingan ma'iinganing « sur le loup »
Can Canaang nindooskwan nindooskwanaang « sur le coude »
Cana Canaang mikana mikanaang « sur la route »
Radical participe
C Cong maaniwang maaniwangong « sur le fruit »
d dong naawogaaded naawogaadedong « sur le quadrupède »

Péjoratif et vocatif pluriel

Le péjoratif, marqué par le suffixe -sh, indique généralement un sentiment négatif que le locuteur peut avoir avec ce dont il parle. Toutefois le péjoratif peut aussi indiqué de l'affection. Certains mots changent de signification au péjoratif, tel queaniibiish, qui signifie « mauvais orme » mais aussi « feuille ». Dans certains dialectes, certains mots se présentent toujours au péjoratif, tel que animosh signifiant « chien ».

Le vocatif pluriel mime la déclinaison du péjoratif. Il s'identifie par le suffixe -dog, qui dans certains dialectes se présente sous la forme du suffixe -dig. Certains mots ont un vocatif singulier spécial qui ne répond à aucun modèle commun. Par exemple « ma grand-mère » se dit nookomis et « Grand-mère ! » se dit nookoo, mais « mon père » se dit noos alors que « Père ! » se ditnoose.

Singulier Péjorative Vocatif pluriel Exemple
singulier
Exemple
péjoratif
Équivalent
Radical à consonne
CCishCidog miin miinish « mauvaise mûre »
Radical à voyelle longue
CVVCVVshCVVdog ajidamoo ajidamoosh « mauvais écureuil »
CVVCVVshCVVdog bine binesh « mauvaise perdrix »
CVCVshCVdog wado wadosh « mauvais caillot »
CVVwCVVshCVVdog niwiiw niwiish « ma mauvaise femme »
CVVCVVshCVVdog nimaamaa nimaamaash « ma mauvaise mère »
CVVnhCVVshCVVdog giigoonh giigoosh « mauvais poisson »
Radical à voyelle courte
CVCVwishCVwidog inini ininiwish « mauvais homme »
CVwCVwishCVwidog bigiw bigiwish « mauvaise gencive »
Radical "W"
CCoshCodog mitig mitigosh « mauvais arbre »
CCoshCodog nigig nigigosh « mauvaise loutre »
CwaCooshCoodog makwa makoosh « mauvais ours »
CwaCoshCodog ikwa ikosh « mauvais pou »
Radical "Y"
CCiishCiidog aniib aniibiish « mauvais orme »
CiCiishCiidog anwi anwiish « mauvaise balle »
Radical augmenté
CCaashCaadog ninow ninowaash « ma mauvaise joue »
CCwaashCwaadog nikatig nikatigwaash « mon mauvais front »
CaCaashCaadog oodena oodenawaash « village damné »
CayCaashCaadog omooday omoodaash « mauvaise bouteille »
CCaashCaadog nindengway nindeshwayaash « mauvais visage »
CanCanishCanidog ma'iingan ma'iishanish « mauvais loup »
CanCanaashCanaadog nindooskwan nindooskwanaash « mon mauvais coude »
CanaCanaashCanaadog mikana mikanaash « mauvaise route »
Radical participe
CCoshCidog maaniwang maaniwangosh « mauvais fruit »
ddoshjidog naawogaaded naawogaadedosh « mauvais quadrupède »

Possessif et possession obviative

Une autre série d'affixes de la langue Anishinaabe est indiquée par le possessif en -m ou la possession obviative -ni. Généralement, les noms dépendants et les noms se terminant soit par -m soit par -n ne prennent pas le thème possessif en -m. Un petit groupe de noms ne prennent jamais de suffixes possessifs.

Singulier Possessif Possessif
obviatif
Exemple
singulier
Exemple
possessif
Équivalent
Radical à consonne
C Cim Cini miin nimiinim « ma mûre »
Radical à voyelle longue
CVV CVVm CVVni ajidamoo nindajidamoom « mon écureuil »
CVV CVVm CVVni bine nimbinem « ma perdrix »
CV CVm CVni wado niwadom « mon caillot »
CVVw CVVm CVVni niwiiw niwiim « ma femme »
CVV CVVm CVVyini nimaamaa nimaamaam « ma mère »
CVVnh CVVm CVVnyini giigoonh ningiigoom « mon poisson »
Radical à voyelle courte
CV CVVm CVVni inini nindininiwim « mon homme »
CVw CVVm CVVni bigiw nimbigiwim « ma gencive »
Radical "W"
C Com Coni mitig nimitigom « mon arbre »
C Com Coni nigig ninigigom « ma loutre »
Cwa Coom Cooni makwa nimakoom « mon ours »
Cwa Com Coni ikwa nindikom « mes poux »
Radical "Y"
C Ciim Ciini aniib nindaniibiim « mon orme »
Ci Ciim Ciini anwi nindanwiim « ma balle »
C Cwiim Cwiini nining niningwiim « mon aisselle »
Radical augmenté
C Caam Caani ninow ninowaam « ma joue »
C Cwaam Cwaani nikatig nikatigwaam « mon front »
Ca Caam Caani oodena noodenawaam « mon village »
Cay Caam Caani omooday nindoomoodayaam « ma bouteille »
C Caam Caani nindengway nindengwayaam « mon visage »
Can Canim Canini ma'iingan nima'iinganim « mon loup »
Can Canaam Canaani nindooskwan nindooskwanaam « mon coude »
Cana Canaam Canaani mikana nimikanaam « ma route »
Radical participe
C Com Coni maaniwang nimaaniwangom « mon fruit »

Le thème possessif -m ou le thème de la possession obviative -ni se trouvent rarement par eux-mêmes. Les exemples ci-dessus du thème -m étaient pour la première personne du singulier. Pour les autres personnes ou nombre, en utilisant à nouveau le possessif -m pour exemple, le mot se décline comme suit:

Sujet Possessif
Déclinaison 3s Exemple Équivalent
0s
Possesseur
0p
Possesseur
3s
Possesseur
3p
Possesseur
Possesseur
Locatif
3'
Possesseur
Niin n_m n_man n_m n_mag n_ming n_man nimiinim « ma myrtille »
Giin g_m g_man g_m g_mag g_ming g_man gimiinim « ta myrtille »
Wiin w_m w_man w_man w_man w_ming w_man omiinim « son/sa myrtille »
Niinawind n_minaan n_minaanin1 n_minaan n_minaanig1 n_minaaning n_minaanin nimiiniminaan « notre (exclusif) myrtille »
Giinawind g_minaan g_minaanin1 g_minaan g_minaanig1 g_minaaning g_minaanin gimiiniminaan « notre (inclusif) myrtille »
Giinawaa g_miwaa g_miwaan2 g_miwaa g_miwaag g_miwaang g_miwaan gimiinimiwaa « votre myrtille »
Wiinawaa w_miwaan2 w_miwaan2 w_miwaan w_miwaan w_miwaang w_miwaan omiinimiwaan « leur myrtille »
Obviatif w_manini

1 En Algonquin, le suffixe pluriel reste -an/-ag, au lieu de devenir -in/-ig.
2 Le -n final n'est pas présent en Algonquin.

Adjectifs

L'ojibwé n'a pas d'adjectifs en soi, mais plutôt des verbes dont la fonction se rapproche des adjectifs. Par conséquent au lieu de dire « la fleur est bleue », un locuteur d'ojibwé dirait plutôt quelque chose comme « la fleur bleuit » (ozhaawashkwaa waabigwan) ou « être une fleur bleuissante » (waabigwan-ozhaawashkwaa). L'ojibwé a dans certains cas un verbe copulatif, en sorte qu'il a un verbe (plusieurs en fait) qui peut être traduit par « être » et utilisé dans des situations pour qu'une chose soit pareille à une autre ; toutefois un tel verbe n'est pas toujours utilisé en ojibwé — par exemple, lors de l'utilisation d'un pronom démonstratif (jiimaan o'ow, « c'est un canoë »).

Modifications de son

Le début des mots ojibwés peuvent subir des changements morphologiques: changement de la voyelle initiale et redoublement de la syllabe initiale.

Changement de la voyelle initiale

En général, les verbes aux ordres conjonctif et partitif et les noms au subjonctif changent la voyelle de la première syllabe comme le montre le tableau ci-dessous.

inchangé changé
-a- -e-
-aa- -ayaa-
-e- -aye-
-i- -e-
-ii- -aa-
-o- -we-
-oo- -waa-

Toutefois, certains mots commençant par dan-, dazh-, das-, dash- ou daa- prennent à la place le préfixe en- pour former endan-, endazh-, endas-, endash- ou endaa-. Le préfixe directionnel bi-, signifiant « ici », devient ba-.

Redoublement de la syllabe initiale

Les mots désignant des actions répétitives ont souvent leur toute première syllabe redoublée. Le redoublement se fait à la fois chez les verbes et chez les noms. Le modèle général de redoublement est C1V1C1V2C2V1 mais le tableau ci-dessous présente les redoublements les plus courants.

inchangé redoublé inchangé redoublé
a- aya- Ca- CaCa-
aa- aayaa- Caa- CaaCaa-
e- eye- Ce- CeCe-
i- ayi- Ci- CaCi- ou CeCi-
ii- aayii- Cii- CaaCii- ou CeCii- ou CiiCii-
o- wawo- ou wawi- Co- CaCo-
oo- oo'oo- Coo- CaaCoo- ou CeCoo- ou CooCoo-

Syntaxe

Comme l'ojibwé est fortement synthétique, l'ordre des mots et la structure des phrases est relativement libre, puisque beaucoup d'informations sont déjà présentes dans le verbe. Le sujet peut aller avant ou après le verbe, de même que l'objet. En général, ce que le locuteur considère comme le plus important est placé en premier, avant le verbe, et le moins important suit le verbe. L'ojibwé obéit plus à un ordre VS (verbe-sujet) quand le sujet est spécifié par un pronom ou un nom séparé (par exemple, bakade a'aw asabikeshiinh, avoir.faim.là.ANIMÉ.faire.PÉJORATIF.CONTEMPTIF, « cette araignée a faim »).

Dérivation primaire

L’agencement des morphèmes pour la formation d’un mot en ojibwe suit un patron invariable: d’abord, une initiale, puis une médiane, et enfin une finale. Les médianes sont facultatives, alors que les mots en ojibwé se composent obligatoirement au moins d’une finale et d’une initiale[1].

Initiale Médiane Final concrète Finale abstraite
wāp- (blanc) -āpikk- (minéral) -it- (chauffé) (procès)
« Ce minéral est chauffé à blanc »[2].

La position médiane est associée à la catégorie nominale alors que la position finale est associée à des catégories verbales ou adverbiales. D’un autre côté, la position initiale est associée à une plus large panoplie de catégories syntaxiques[1].

Dans le cas de la dérivation dite primaire, la position initiale du radical peut être remplie par de éléments adjectivaux, adverbiaux, et verbaux[3]. Par exemple :

(1a) mskozi (adjectif + finale)
rouge-être
« être rouge »[4]
(1b) bmaashi (préposition + finale)
à.travers-naviguer
« traverser à la voile »[5]

La racine se voit générée d’abord comme complément de v puis se déplace vers la gauche du radical. Ce mouvement est engendré dans le but de satisfaire la contrainte selon laquelle la position initiale de v est obligatoirement remplie, SA et SP se déplacent dans la position du spécificateur de v[6]. De plus, ce mouvement est motivé par la présence d’un trait EPP (Principe de projection étendu) sur v. Le trait EPP dans les langues algonquiennes est sur v, alors que le trait EPP dans les langues comme l’anglais et le français se trouve sur T. Le trait EPP est divisé en deux sous-traits: un trait catégoriel [N] (et non pas [D] puisque la langue ojibwé ne possède pas de déterminants) et un trait [P], un trait phonologique qui fait que le spécificateur projeté ne peut être vide (il est obligatoirement occupé par une matrice phonologique). Aucune expression référentielle ne peut occuper la position de la racine à gauche du radical (position initiale). Seuls les éléments prédicatifs peuvent se trouver dans cette position: verbe, adjectif, préposition, nom commun, etc.[7].

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Ojibwe grammar » (voir la liste des auteurs).
  1. Éric Mathieu, « Petite syntaxe des finales concrètes en ojibwe », Papers of the Algonquian Conference/Actes du Congres des algonquinistes, , p. 297-298 (lire en ligne)
  2. (en) Peter Denny, « Verb class meanings of the abstract finals in Ojibway Inanimate Intransitive verbs », International Journal of American Linguistics, , p. 301
  3. (en) J Randolph Valentine, « Nishnaabemwin reference grammar », Toronto : University of Toronto Press., , p. 333 (lire en ligne)
  4. (en) J Randolph Valentine, « Nishnaabemwin reference grammar », Toronto : University of Toronto Press, , p. 325 (lire en ligne)
  5. (en) J Randolph Valentine, « Nishnaabemwin reference grammar », Toronto : University of Toronto Press, , p. 375 (lire en ligne)
  6. Éric Mathieu, « Petite syntaxe des finales concrètes en ojibwe », Papers of the Algonquian Conference/Actes du Congres des algonquinistes, , p. 308 (lire en ligne)
  7. Éric Mathieu, « Petite syntaxe des finales concrètes en ojibwe », Papers of the Algonquian Conference/Actes du Congres Des Algonquinistes, , p. 315 (lire en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

  • Christian Artuso. 1998. noogom gaa-izhi-anishinaabemonaaniwag: Generational Difference in Algonquin. Winnipeg: The University of Manitoba Press.
  • Marianne Mithun. 1999. The Languages of Native North America. Cambridge: University Press.
  • John D. Nichols et Earl Nyholm. 1995. A Concise Dictionary of Minnesota Ojibwe. Minneapolis: University of Minnesota Press.
  • Marc Picard. 1984. On the Naturalness of Algonquian ɬ. International Journal of American Linguistics 50:424-37.
  • Richard A. Rhodes. 1985. Eastern Ojibwa-Chippewa-Ottawa Dictionary. Berlin: Mouton de Gruyter.
  • Valentine, J. Randolph. 2001. Nishnaabemwin reference grammar. Toronto : University of Toronto Press.
  • Éric Mathieu. 2007. Petite syntaxe des finales concrètes en ojibwe. Papers of the Algonquian Conference/Actes du Congres Des Algonquinistes 38:295-321.
  • Denny, Peter. 1978. Verb class meanings of the abstract finals in Ojibway Inanimate Intransitive verbs. International Journal of American Linguistics 44:294-322.

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.