Gouvernement central provisoire du Viêt Nam
Le Gouvernement central provisoire du Viêt Nam était le gouvernement formé en 1948 en Indochine française pour incarner politiquement le Viêt Nam réunifié, durant le processus qui a conduit l'année suivante à la proclamation de l'État du Viêt Nam dirigé par Bảo Đại. Le Gouvernement central provisoire n'avait qu'une fonction transitoire, en attendant que la question du statut de la Cochinchine soit réglée ; cette entité a néanmoins été la première à réunir l'ensemble du territoire vietnamien depuis l'annexion de la Cochinchine en 1862, si l'on excepte l'éphémère gouvernement pro-japonais de 1945.
Chính phủ Trung ương lâm thời Việt‑Nam
Hymne |
Thanh niên Hành Khúc (« La Marche des Jeunes ») |
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Statut | Gouvernement provisoire, territoire de l'Indochine française et de l'Union française |
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Capitale | Saïgon |
Langue(s) | Français, vietnamien |
Monnaie | Piastre de commerce |
27 mai 1948 | Proclamation, fusion de l'Annam et du Tonkin |
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4 juin 1949 | Rattachement de la Cochinchine |
2 juillet 1949 | Proclamation de l'État du Viêt Nam |
Nguyễn Văn Xuân |
Entités précédentes :
- Tonkin (1948)
- Annam (1948)
- Cochinchine (1949)
Entités suivantes :
Historique
En 1947-1948, dans le contexte de la guerre d'Indochine, la France cherche une solution politique pour régler la question du statut du Viêt Nam, divisé en trois parties depuis le XIXe siècle. Face à la guérilla nationaliste menée par le Việt Minh, les Français visent à satisfaire les revendications vietnamiennes tout en favorisant la naissance d'un gouvernement ami. Une solution politique semble émerger en la personne de l'ancien empereur Bảo Đại, qui réside à Hong Kong et semble ambitionner de jouer les médiateurs. Des contacts sont pris avec l'ancien monarque ; ce dernier ne souhaite cependant pas revenir lui-même au Viêt Nam, ni prendre la tête d'un quelconque gouvernement tant que la question de la Cochinchine - dont le statut est différent de celui de l'Annam et du Tonkin - n'aura pas été réglée, garantissant ainsi l'unité des trois parties du Viêt Nam, et tant que toutes les garanties sur l'autonomie interne du pays ne lui auront pas été données.
Le général Nguyễn Văn Xuân, un militaire francophile et ayant lui-même la nationalité française, lié en outre à la SFIO, quitte alors ses fonctions de chef du Gouvernement provisoire du Sud Viêt Nam (nom alors donné au gouvernement de la Cochinchine) et forme, le , le Gouvernement central provisoire du Viêt Nam, qui réunit les anciens protectorats de l'Annam et du Tonkin. Le , à bord d'un croiseur en baie de Hạ Long, Xuân et le haut-commissaire français Émile Bollaert signent un accord, en présence de Bảo Đại qui le paraphe : la France reconnaît par ce texte l'indépendance du Viêt Nam, dans le cadre de l'Union française, ainsi que le principe de l'unité des trois ky (pays) vietnamiens, bien que l'intégration de la Cochinchine demeure à concrétiser.
Inquiet de voir émerger un pouvoir vietnamien rival, qui obtient en outre l'unité nationale qui lui a toujours été refusée, le Việt Minh dénonce le gouvernement de Xuân de « fantoche » ; alors que la question de la Cochinchine tarde à être réglée du fait de la réticence d'une partie des milieux politiques de la colonie et que Bảo Đại lui-même n'a toujours pas remis le pied au Viêt Nam, le gouvernement central provisoire ne dispose que de très faibles moyens et fait figure de « gouvernement fantôme », ce qui donne du poids à la propagande du Việt Minh. Progressivement, le gouvernement reçoit davantage de moyens de la part des Français et peut créer des administrations locales. Le 1er janvier 1949, l'Armée nationale vietnamienne est officiellement formée, sous supervision française : les forces armées gouvernementales comptent alors 25000 soldats, dont 10000 irréguliers[1].
Le , l'assemblée territoriale de Cochinchine vote le rattachement de la colonie au Viêt Nam, ce que le Parlement français ratifie le 20 mai. Le 4 juin, la réunification des territoires est effective, et l'État du Viêt Nam, dont Bảo Đại prend cette fois personnellement la tête, est proclamé le 2 juillet ; durant les mois suivants, une série de conventions lui transfèrent les pouvoirs qui manquaient jusque-là au gouvernement central vietnamien.
Bibliographie
- Philippe Devillers, Histoire du viêt-nam de 1940 à 1952, Seuil, (ASIN B003X1ZW5G)
- Philippe Franchini, Les Guerres d'Indochine, Pygmalion - Gérard Watelet, (ISBN 978-2-85704-266-2) (2 volumes)
- Pierre Brocheux et Daniel Hémery, Indochine : la colonisation ambiguë 1858-1954, La Découverte, , 447 p. (ISBN 978-2-7071-3412-7)
Notes et références
- Ivan Cadeau, La Guerre d'Indochine. De l'indochine française aux adieux à Saigon 1940-1956, Tallandier, Paris, 2016, p. 340-341