Gordon c. Goertz
Gordon c. Goertz[1] est un arrĂȘt de principe de la Cour suprĂȘme du Canada rendu en 1996 concernant les questions entourant les dĂ©mĂ©nagements importants de parents.
Jurisprudence antérieure
Avant l'arrĂȘt de 1990 Carter c. Brooks[2], l'opinion gĂ©nĂ©rale des tribunaux canadiens Ă©tait qu'un parent gardien pouvait dĂ©mĂ©nager avec l'enfant Ă moins que le parent ayant droit d'accĂšs puisse dĂ©montrer que le dĂ©mĂ©nagement Ă©tait prĂ©judiciable Ă l'enfant[3].
Dans Carter c. Brooks, la Cour d'appel de l'Ontario a changĂ© cette approche. Au lieu d'avoir une prĂ©somption en faveur du parent gardien, le tribunal a jugĂ© qu'un dĂ©mĂ©nagement important ne serait autorisĂ© que s'il Ă©tait dans l'intĂ©rĂȘt supĂ©rieur de l'enfant. Le tribunal a refusĂ© de rejeter sur la responsabilitĂ© sur l'une des parties car il estimait que l'intĂ©rĂȘt supĂ©rieur de l'enfant serait mieux dĂ©terminĂ© s'il n'y avait pas de prĂ©somptions de dĂ©part. Les intĂ©rĂȘts du parent gardien ne seraient pertinents que dans la mesure oĂč ils auraient une incidence sur les intĂ©rĂȘts de l'enfant. Carter a rendu plus difficile pour les parents gardiens de dĂ©mĂ©nager avec leurs enfants. En Ontario, le rĂ©sultat Ă©tait que seulement 60 % des dĂ©mĂ©nagements Ă©taient autorisĂ©s[4]. Cet arrĂȘt a Ă©tĂ© suivi en Colombie-Britannique et l'effet y Ă©tait probablement similaire.
La droit ontarien a Ă©tĂ© modifiĂ© Ă la suite de la dĂ©cision MacGyver c. Richards[5], oĂč le tribunal n'a pas rejetĂ© le test de l'intĂ©rĂȘt supĂ©rieur de l'enfant de la dĂ©cision Carter, mais a essentiellement estimĂ© qu'il y avait une prĂ©somption que le dĂ©mĂ©nagement Ă©tait dans l'intĂ©rĂȘt supĂ©rieur de l'enfant. Le tribunal a reconnu que les l tribunaux peuvent rencontrer des difficultĂ©s dans la dĂ©termination l'intĂ©rĂȘt supĂ©rieur de l'enfant et a estimĂ© que le parent gardien Ă©tait gĂ©nĂ©ralement mieux placĂ© pour faire cette dĂ©termination. En outre, le tribunal a conclu que les intĂ©rĂȘts de l'enfant et du parent gardien Ă©taient liĂ©s.
Cette décision a permis aux parents de l'Ontario de déménager beaucoup plus fréquemment[6]. Mais cela a semé la confusion à travers le Canada concernant le test à appliquer dans les cas de mobilité. Certaines provinces ont suivi MacGyver[7]. mais pas la Colombie-Britannique[8].
Jugement de la Cour suprĂȘme
Dans « Gordon », la Cour suprĂȘme du Canada a dissipĂ© toute confusion quant Ă savoir s'il devrait y avoir une prĂ©somption en faveur du parent qui dĂ©mĂ©nage. Le tribunal a Ă©noncĂ© le droit de la façon suivante : la partie cherchant Ă modifier l'accord de garde devrait d'abord dĂ©montrer que le dĂ©mĂ©nagement entraĂźnerait un changement important dans la situation de l'enfant. Une fois cela Ă©tabli, le juge doit entreprendre une nouvelle enquĂȘte concernant l'intĂ©rĂȘt supĂ©rieur de l'enfant. Il ne devait y avoir aucune prĂ©somption en faveur du parent gardien, mais ses opinions auraient droit Ă un grand respect.
Lorsqu'il dĂ©cide de l'intĂ©rĂȘt supĂ©rieur de l'enfant, le juge peut prendre en compte tous les facteurs pertinents, mais doit spĂ©cifiquement aborder les sept facteurs suivants :
- a) l'entente de garde déjà conclue et la relation actuelle entre l'enfant et le parent gardien;
- b) l'entente déjà conclue sur le droit d'accÚs et la relation actuelle entre l'enfant et le parent qui exerce ce droit;
- c) l'avantage de maximiser les contacts entre l'enfant et les deux parents;
- d) l'opinion de l'enfant;
- e) la raison pour laquelle le parent gardien dĂ©mĂ©nage, uniquement dans le cas exceptionnel oĂč elle a un rapport avec la capacitĂ© du parent de pourvoir aux besoins de l'enfant;
- f) la perturbation que peut causer chez l'enfant une modification de la garde;
- g) la perturbation que peut causer chez l'enfant l'éloignement de sa famille, des écoles et du milieu auxquels il s'est habitué[9].
Notes et références
- [1996] 2 RCS 27
- (1991), 30 R.F.L. (3d) 53 (CA Ont.)
- Landry contre Lavers (1985), 45 RFL (2d) 235 (C.A. Ont.) et Beck c. Beck, [1949] 2 W.W.R. 1175 (B.C.C.A)
- D.A. Rollie Thompson, "Movin' On: Parental Relocation in Canada" (2004) 42(3) Fam. Ct. Rev. 398 Ă 403
- (1995), 22 O.R. 3d 481 (CA).
- D.A. Rollie Thompson, "Beam Us Up Scotty: Parents and Children on the Trek" (1995-96) 13 C.F.L.Q.
- Ex. Manitoba : Lapointe c. Lapointe, [1995] 10 W.W.R. 609 (C.A. Man.).
- Manore c. Manore, (1995), 67 B.C.A.C. 259.
- [1996] 2 R.C.S. 27 au par. 49.