Giuseppe Puglisi
Giuseppe Puglisi, surnommĂ© Pino, nĂ© le Ă Palerme et mort le dans la mĂȘme ville, est un prĂȘtre catholique italien assassinĂ© par la mafia. Reconnu martyr par l'Ăglise catholique, il est vĂ©nĂ©rĂ© comme bienheureux.
Giuseppe Puglisi | |
Bienheureux, martyr | |
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Naissance | Palerme, royaume d'Italie |
DĂ©cĂšs | Palerme, Italie |
Nationalité | Italien |
Vénéré à | Cathédrale de Palerme |
BĂ©atification | 25 mai 2013, Ă Palerme, par le cardinal Salvatore De Giorgi |
VĂ©nĂ©rĂ© par | l'Ăglise catholique |
FĂȘte | 21 octobre |
Saint patron | lutte contre la mafia |
Biographie
Fils d'un cordonnier et d'une couturiĂšre, il entre en 1953 au sĂ©minaire diocĂ©sain de Palerme et est ordonnĂ© prĂȘtre en 1960 par le cardinal Ernesto Ruffini. En 1961, il est nommĂ© vicaire Ă la paroisse du Saint-Sauveur dans le canton de Settecannoli, Ă cĂŽtĂ© de Brancaccio, et est nommĂ© recteur de l'Ă©glise de Saint-Jean des LĂ©preux. De 1970 Ă 1978, il est curĂ© de Godrano, prĂšs de Palerme, dans un village marquĂ© par une vendetta sanglante, et y amĂšne au pardon les familles belligĂ©rantes.
En 1978, il est nommé vice-recteur du petit séminaire de Palerme et le , administrateur du service des vocations du diocÚse. En 1983, il devient directeur du Centre régional pour les vocations et enseigne au lycée classique Vittorio Emanuele II à Palerme de 1978 à 1993. En 1992, il devient directeur spirituel du séminaire de Palerme et dirige des mouvements d'évangélisation. Son attention se tournera progressivement vers le recrutement des jeunes par la Mafia.
Alors qu'il Ă©tait, depuis 1990, curĂ© de la paroisse de San Gaetano dans le quartier palermitain de Brancaccio, connu pour ĂȘtre un foyer de la mafia[1], il est abattu en pleine rue d'une balle dans la nuque le , le jour de son 56e anniversaire[2]. L'arme utilisĂ©e l'est rarement par Cosa Nostra, et la sacoche du prĂȘtre est dĂ©robĂ©e pour faire croire Ă un vol, pourtant personne ne doute que l'assassinat a Ă©tĂ© commanditĂ© par des chefs mafieux, condamnĂ©s depuis Ă la prison Ă perpĂ©tuitĂ©, et 8000 Palermitains assistent Ă son enterrement[1].
Il avait gĂȘnĂ© les chefs locaux, en les privant d'une partie de « leur » main d'Ćuvre enfantine, par son travail social. Il brisait la rĂ©signation des habitants. En plein quartier mafieux, il avait organisĂ© une cĂ©rĂ©monie Ă la mĂ©moire de Giovanni Falcone et Paolo Borsellino, juges martyrs de la lutte antimafia. Enfin, il avait refusĂ© de confier l'organisation des fĂȘtes religieuses aux notables locaux, organisation qui aurait permis aux mafieux de trouver des financements. Pour les mafieux, il s'agissait de dĂ©fis inacceptables[1].
Le diocĂšse de Palerme ne se constitue pas partie civile dans le procĂšs contre les assassins. L'un d'eux, Salvatore Grigoli, est arrĂȘtĂ© le 19 juin 1997 et collabore avec la justice[1].
Vénération
BĂ©atification
Reconnaissance du martyre
Sans attendre le dĂ©lai de cinq ans prĂ©vu par le droit canon, le recueil des tĂ©moignages pour l'Ă©ventuel martyr dĂ©bute dĂšs 1995. Salvatore De Giorgi, cardinal Ă Palerme, annonce le 29 dĂ©cembre 1998, lâouverture des procĂ©dures pour la bĂ©atification[1].
Au terme de l'enquĂȘte canonique, le pape BenoĂźt XVI reconnaĂźt le 28 juin 2012, que Giuseppe Puglisi est mort martyr in odium fidei, et signe le dĂ©cret de sa bĂ©atification.
Le , il fut solennellement béatifié lors d'une messe présidée par le cardinal Salvatore De Giorgi, au stade Renzo-Barbera de Palerme, au nom du pape François.
Le procĂšs en bĂ©atification a suscitĂ© de nombreux dĂ©bats en Italie. L'ensemble de la hiĂ©rarchie catholique y devient d'accord pour affirmer l'incompatibilitĂ© absolue entre le christianisme et la mafia. Les tĂ©moins sont sollicitĂ©s autant pour le procĂšs civil que pour nourrir les rĂ©flexions thĂ©ologiques sur le cas du curĂ©. En particulier, l'assassin du curĂ©, Salvatore Grigoli, se montre repenti au civil, converti auprĂšs des religieux. Mais le principal problĂšme pour la sanctification est que, selon la loi catholique, le candidat doit avoir Ă©tĂ© martyrisĂ© par un non-chrĂ©tien, or les mafieux sont des chrĂ©tiens, qui plus est baptisĂ©s dans la mĂȘme paroisse que Giuseppe Puglisi. Pour contourner la difficultĂ©, le cardinal Pappalardo s'interrogera, dans une homĂ©lie, si ces mafieux pouvaient ĂȘtre comptĂ©s parmi les vrais chrĂ©tiens, mĂȘme s'ils ont reçu le baptĂȘme. Ces dĂ©bats religieux influent jusqu'au procĂšs laĂŻc des assassins : en conclusion de son rĂ©quisitoire, le magistrat instructeur montrera que la vie du curĂ© est similaire Ă celle de JĂ©sus-Christ[1].
Culte
Le bienheureux Pino Puglisi est fĂȘtĂ© le 15 septembre.
Le , ses restes mortels sont dĂ©placĂ©s du cimetiĂšre Sant'Orsola Ă la cathĂ©drale de Palerme, pour ĂȘtre plus accessibles Ă la vĂ©nĂ©ration des fidĂšles.
Notes et références
- Deborah Puccio-Den, « Victimes, hĂ©ros ou martyrs ? / Un saint antimafia ? », Terrain (revue), no 51,â (lire en ligne).
- (en-GB) « The stages of his life », sur Martyr don Pino Puglisi, (consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative Ă la religion :
- (en) GCatholic.org
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Site officiel de l'archidiocĂšse de Palerme sur le martyre de Giuseppe Puglisi