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Giuseppe Insalaco

Giuseppe Insalaco, né à San Giuseppe Jato le et mort à Palerme le , est un homme politique italien.

Giuseppe Insalaco
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Fonctions
Député régional
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Maire de Palerme
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Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  46 ans)
Palerme
Nationalité
Activité
Autres informations
Parti politique

Membre de la Démocratie chrétienne, il est maire de Palerme du au , période durant laquelle il dénonce l'emprise mafieuse sur la municipalité. Il est assassiné par la mafia .

Biographie

Premiers pas au sein de la Démocratie chrétienne

Fils d'un sous-officier des Carabiniers, Giuseppe Insalaco est proche de Franco Restivo[1], ministre de l'Intérieur dont il est secrétaire dans les années 1960[2] et qui l'envoie personnellement au domicile du journaliste de L'Ora, Mauro De Mauro, le jour de sa disparition, le 16 septembre 1970[2].

Il intĂšgre le courant fanfanien Ă  la mort de Restivo, en 1976[1] et se rapproche de Giovanni Gioia[3].

Entretemps, « Peppino »[2] est Ă©lu au conseil municipal de Palerme en 1970 et est nommĂ© adjoint Ă  deux reprises. Conseiller pour l'hygiĂšne, il fait fermer plusieurs commerces, dont les cuisines du club privĂ© Lauria, le jour oĂč le maire, Nello Martellucci, doit y assister Ă  dĂźner de gala, et communique dans la presse sur ces actions pour un renouvellement des pratiques politiques locales[4].

En février 1981, il décrit au journaliste de la Rai Corrado Stajano l'organisation du pouvoir local : Giovanni Gioia et Salvo Lima négocient avec Rome, Vito Ciancimino est chargé de la mise en oeuvre locale, Rosario Nicoletti s'occupe des alliances. Il dénonce les relations liant Lima à Stefano Bontate et aux cousins Salvo, et les liens existants entre Michele Greco et Gioia. Il implique aussi Giulio Andreotti et son bras-droit Franco Evangelisti et évoque le pouvoir souterrain de l'avocat Vito Guarrasi[5]. Il accuse Lima de la mort de Michele Reina, les Salvo de celle de Vito Lipari et affirme que l'assassinat du président Piersanti Mattarella serait dû à son refus de laisser les cousins Salvo ouvrir leur banque. Aucun homme politique n'avait jamais détaillé les zones d'ombres de la vie publique sicilienne, auxquelles Insalaco, par sa proximité avec Restivo puis ses fonctions électorales, est réputé appartenir. Dubitatif et méconnaissant le sujet, le journaliste ne publiera ces paroles que douze ans plus tard, plusieurs années aprÚs la mort de son informateur[3].

Maire de Palerme durant 100 jours

Elda Pucci, Ă©lue en avril 1983 Ă  la tĂȘte de Palerme comme symbole de renouveau, dĂ©missionne aprĂšs un an. Salvo Lima, afin de faciliter son Ă©lection au Parlement europĂ©en, presse Ă  la dĂ©signation d'un nouveau maire[1].

Partisan du dialogue avec le PCI, initié quelques années plus tÎt par Lima, Reina, les morotei et la gauche de la DC, Giuseppe Insalaco est élu le , maire de Palerme, à l'unanimité des conseillers DC, Psi, Pri, Psdi et Pli[1].

À la tĂȘte de la mairie de Palerme durant une centaine de jours, il multiplie des actes symboliques contre la mafia : hommage Ă  Carlo Alberto dalla Chiesa sur le lieu de son assassinat, via Giacinto Carini, puis au commissariat de Brancaccio victime d'un attentat Ă  la bombe, campagne d'affichage valorisant la RĂ©sistance pour la commĂ©moration du 25 avril, participation de la municipalitĂ© Ă  la manifestation nationale anti-mafia nationale organisĂ©e Ă  Rome par la coordination des Ă©tudiants, participation personnelle Ă  l'hommage aux communistes Pio La Torre et Rosario Di Salvo et diffusion d'affiches cĂ©lĂ©brant leur sacrifice et l'engagement de la municipalitĂ© contre les mafia. Il mute les agents inquiĂ©tĂ©s par la justice, change les responsables administratifs, renouvelle la convention avec Italter, remplace les administrateurs des entreprises municipales[1].

Il refuse de payer les contrats d'entretien des routes et des Ă©gouts dĂ©tenus par la sociĂ©tĂ© Lesca d'Arturo Cassina, et ceux de l'Icem de Roberto Parisi pour l'Ă©clairage public[6]. Il ne peut les annuler mais ouvre la voie aux enquĂȘtes judiciaires en livrant de nombreux documents au procureur de la RĂ©publique, et en dĂ©nonçant les pratiques de ses prĂ©dĂ©cesseurs au commissaire antimafia De Francesco et au ministre de l'IntĂ©rieur Oscar Luigi Scalfaro[7]. Le conseiller pour l'entretien Midolo, proche de Ciancimino, attaque vivement son maire et dĂ©missionne en annonçant le retrait du soutien de son courant. La justice s'intĂ©resse Ă  son rĂŽle de commissaire de l'institut des sourds-muets puis les socialistes se retirent de la majoritĂ©. Il dĂ©missionne le [1] mais se voit imposer par le commissaire Onofrio Zaccone, nommĂ© par le conseiller rĂ©gional pour les collectivitĂ©s locales dans l'attente de l'Ă©lection d'un nouveau maire, l'approbation des cahiers des charges pour l'Ă©clairage public et la mise en dĂ©bat du budget 1984 repoussĂ©e depuis plusieurs mois[8].

Il dit plus tard : « Je ne suis pas un démocrate-chrétien repenti, je ne suis pas tombé, mais j'ai démissionné, non pas à cause d'une montion de défiance des partis alliés, mais pour une crise interne à la DC. J'ai préféré me démettre pour déclencher une "affaire" sur la gestion des marchés et aussi parce que je n'avais pas l'intention de me faire tirer dessus par des snipers, comme c'est arrivé à Elda Pucci. »[9]

Difficile fin de parcours politique et assassinat par la mafia

Il témoigne en devant la commission antimafia[10] avec Nello Martellucci et Elda Pucci, ses prédécesseurs. Il dénonce l'infiltration mafieuse dans le pouvoir politique et économique local, et notamment les pressions exercées par l'ancien maire Vito Ciancimino, proche du clan des Corleonesi[10]. Le , sa voiture est incendiée[7].

Le 27 novembre, à la suite du suicide de l'ancien secrétaire régional Rosario Nicoletti, il entre à l'Assemblée régionale sicilienne et demeure député régional jusqu'à la fin de la législature en mai 1986[11].

Le parquet délivre contre lui, le , pour corruption et tentative d'escroquerie, l'accusant d'avoir reçu un pot-de-vin de 66 millions de lires versé par les frÚres Saccone pour la vente d'un terrain de l'Institut des sourds-muets. Il se cache un mois et demi puis se rend et est incarcéré deux mois. Libre mais isolé politiquement, il ouvre un magasin d'antiquités via Papireto sans plus d'activités publiques[1].

Dans la soirĂ©e du , il est tuĂ© dans sa voiture de cinq balles de 357 magnum dans la tĂȘte, tirĂ©es par deux tueurs de la mafia, via Giovanni Cesareo. Il est inhumĂ© au cimetiĂšre de Santa Maria di GesĂč[1]. Son procĂšs non encore fixĂ©, il a peut-ĂȘtre collaborĂ© avec la justice[12]. Quelques semaines plus tard, il aurait dĂ» ĂȘtre le premier homme politique Ă  expliquer devant la justice les imbrications entre la mafia, la classe politique et les institutions Ă©tatiques[2], et tĂ©moigner contre Ciancimino[6] alors qu'aucun haut dirigeant public n'a encore dĂ©taillĂ© les profonds liens entre le crime organisĂ© et la classe politico-Ă©conomique italienne[2]. Pour avoir Ă©crit dans un rapport, qu'Insalaca « constituait un danger sĂ©rieux pour le systĂšme de pouvoir politico-mafieux », Saverio Montalbano, chef du bureau des enquĂȘtes Ă  Palerme, est mutĂ©[13].

En 2001, la Cour suprĂȘme condamne Domenico Ganci et Domenico Guglielmini pour ce meurtre Ă  la prison Ă  perpĂ©tuitĂ©[10], mais les commanditaires restent inconnus. Dans son journal, dont des extraits sont publiĂ©s de maniĂšre posthume dans la presse, il accuse Ciancimino et Lima d'ĂȘtre les artisans de ces collusions qui « asphyxient la DC sicilienne » et empĂȘchent son « renouvellement »[14]. Salvatore Riina aurait dĂ©cidĂ© de son exĂ©cution parce qu'« il pouvait ennuyer certaines personnes », dans une une « convergence d'intĂ©rĂȘts » dĂ©crite par Giovanni Falcone entre les parrains et les Ă©lites[2].

Hommages

Figure complexe et embarrassante pour les municipalitĂ©s qui se succĂšdent Ă  la tĂȘte de Palerme, Insalaco est longtemps absent des hommages institutionnels[2].

Le , une plaque commémorative est dévoilée sur le lieu du meurtre par le maire Leoluca Orlando[1], qui était l'un des porteurs de son cercueil lors des funérailles[2].

En 2021, le chenil municipal via Tiro a Segnole prend son nom, car il a Ă©tĂ© le premier maire italien, en 1984, Ă  interdire l’exĂ©cution des chiens errants, dĂ©cision gĂ©nĂ©ralisĂ©e dans le pays par une loi en 1991[9].

Le 12 octobre 2022, Roberto Lagalla donne Ă  un tronçon de la Via Giovanni Alfredo Cesareo le nom de l'ancien maire tuĂ© dans cette mĂȘme rue[2].

Notes et références

  1. (it) « Insalaco, il sindaco dei cento giorni che diede il primo scossone antimafia - la Repubblica.it », sur Archivio - la Repubblica.it, (consulté le )
  2. (it) « Una strada per Insalaco, il pentito eccellente fermato dai boss prima di svelare il "contesto" », sur la Repubblica, (consulté le )
  3. (it) Bianca Stancanelli, La cittĂ  marcia: Racconto siciliano di potere e di mafia, Marsilio, (ISBN 978-88-317-4030-2, lire en ligne)
  4. (it) Bianca Stancanelli, La cittĂ  marcia: Racconto siciliano di potere e di mafia, Marsilio, (ISBN 978-88-317-4030-2, lire en ligne), p. 105
  5. Spectateur de la signature de l'armistice de Cassibile, conseiller de Mattei, des propriĂ©taires de mines, des Salvo ou encore de Cassina, et entrepreneur lui-mĂȘme.
  6. (it) « Un documentario per raccontare Giuseppe Insalaco, il sindaco dei cento giorni ucciso dalla mafia », sur la Repubblica, (consulté le )
  7. (it) Antonino Blando, « L’antimafia come risorsa politica », Laboratoire italien. Politique et sociĂ©tĂ©, no 22,‎ (ISSN 1627-9204, DOI 10.4000/laboratoireitalien.2893, lire en ligne, consultĂ© le )
  8. (it) « PALERMO STASERA FORSE AVRA' IL SINDACO », sur Archivio - la Repubblica.it, (consulté le )
  9. (it) « Intitolata strada all'ex sindaco Insalaco: "Ebbe il coraggio di denunciare la corruzione" », sur PalermoToday, (consulté le )
  10. (it) « Insalaco, il "sindaco dei cento giorni" assassinato dalla mafia ricordato a Palermo », sur la Repubblica, (consulté le )
  11. (it) « Insalaco Giuseppe | ARS », sur www.ars.sicilia.it (consulté le )
  12. « ITALIE Meurtre d'un ancien maire de Palerme », Le Monde,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  13. « ITALIE : la polĂ©mique sur la lutte anti-Mafia Le juge Falcone dĂ©savouĂ© par le Conseil supĂ©rieur de la magistrature », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  14. Jean-Louis Briquet, « 2. Les soupçons et l’esquive. Question mafieuse et pouvoir dĂ©mocrate-chrĂ©tien », dans Mafia, justice et politique en Italie. L'affaire Andreotti dans la crise de la RĂ©publique (1992-2004), Karthala, coll. « Recherches internationales », (lire en ligne), p. 85-118

Article connexe

Liens externes

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