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Giichi Nishihara

Giichi Nishihara (西原 儀一, Nishihara Giich) (1929[1]-2009[2]) est un réalisateur, producteur, scénariste et acteur japonais[3] plus connu pour ses films roses à faible budget réalisés pour les studios Aoi Eiga au cours des années 1960 et 1970. Il a été surnommé « le cinéaste le plus répugnant du Japon[4] » et « le cinéaste culte des passionnés du film extrême[5] ».

Giichi Nishihara
Description de cette image, également commentée ci-après
Giichi Nishihara (1929-)
Naissance
Nationalité Drapeau du Japon Japonais
Décès
Profession Réalisateur,
Producteur de cinéma,
Scénariste

Biographie et carrière

Début de carrière

Nishihara est boxeur professionnel au cours des années qui suivent immédiatement la Seconde Guerre mondiale[6]. Il entre dans l'industrie cinématographique comme acteur et tient le rôle d'un combattant dans Town Of The Iron Fist (Tekken No Machi) 1947), un film des studios Kadokawa Herald Pictures anciennement connus sous le nom de Daiei[7]. Au début de sa carrière, outre Daiei, Nishihara travaille pour plusieurs studios dont Shochiku, Mainichi Television and NHK[6].

Les films roses et les studios Aoi Eiga

Le premier film renfermant des scènes de nudisme, le très controversé Flesh Market du réalisateur Satoru Kobayashi, paru en 1962, est interdit dès le lendemain par la censure pour « obscénité » et saisi par la police avant même sa projection dans les salles[8]. Le film est, malgré tout, un immense succès. Produit par une société indépendante avec un petit budget de 8 millions de yens (environ 60 200 ), il a rapporté 100 000 000 de yens (environ 753 000 )[9].

Avec le succès remporté par ce film, le film rose (pinku eiga), connu à l'époque sous le nom d'eroductions, était né[10]. Les batailles juridiques du réalisateur Tetsuji Takechi avec le gouvernement au sujet de la censure de son film rose Black Snow (1965) portent à la connaissance du public ces productions indépendantes dotées d'un faible budget et ont aidé à promouvoir la production des films roses en grande quantité lors des 20 années suivantes[11].

Dans cette atmosphère du tout rose au milieu des années 1960, bien des studios se sont mis à produire ce genre de films pornographiques gentillets bon marchés et profitables. L'un de ces studios était Aoi Eiga dont certains disent qu'ils servait de paravent aux yakuzas d'Osaka. Nishihara est embauché en 1966 pour faire la réputation de la compagnie[6].

Les années 1960

Tamaki Katori, la star de Flesh Market migre aux studios Aoi Eiga en 1966 et interprète plusieurs films écrits et réalisés par Nishihara. To aim at... () est l'histoire d'un crime dans lequel Katori est la seule survivante d'un groupe de trois hommes qu'elle a combattu et avec lesquels elle a commis un important vol[12]. Weeping affair (mars 1967) est un mélodrame relatant les rapports entre Katori, un homme mûr et sa fille[13].

Dans Indecent Relationship (), Katori entretient financièrement son compagnon en travaillant dans un host bar. Lorsqu'elle découvre que la propriétaire du bar et son compagnon ont une aventure, elle cherche à se venger[14]. Katori violée pendant une absence de son mari, se suicide de honte[15]. Les Weisser jugent ce travail de débutant être « une idiotie du maître de l’infâme, Giishi Nishihara[16] » . D'après l'encyclopédie du cinéma « Japanese Cinema Encyclopedia: The Sex Films », la grande différence entre Seduction of the Flesh ( et les autres « excès cinématographiques[17] » de Nishimura réside dans le fait que Katori n'est pas violée une seule fois mais deux au cours des 72 minutes que dure le film[18].

Pink Telephone () est, pour Nishihara et Tamaki, une incursion risquée et inhabituelle dans la comédie. Elle conte l'histoire d'un homme qui devient l'alcoolique numéro un du Japon[19].

Abnormal reaction: Ectasy () est un film d'angoisse érotique dans lequel Katori tient le rôle de la maîtresse d'un homme qui a falsifié sa mort. Lorsque la soi-disant « veuve » découvre que son mari n'est pas réellement décédé, elle s'arrange pour empaler la maîtresse et l'amant avec un poteau pendant qu'ils sont au lit[20] - [21]. Japanese Cinema Encyclopedia: The Sex Films appelle cette œuvre « un projet de jeunesse quelque peu limité » du réalisateur et ajoute: « La violence est brève. Même les scènes de sexe sont guindées comparées aux travaux ultérieurs de Nishihara[22]. »

Avec Ripped Virgin (1968)[23] Katori, en élève du secondaire, découvre que son violeur n'est autre que son compagnon actuel. Weisser estime que ce film est « d'un raffinement surprenant » pour une réalisation de Nishihara[24].

Les années 1970

Tamaki Katori, l'actrice préférée de Nishisara, quitte les studios Aoi Eiga vers la fin des années 1960 et se retire définitivement en 1972[9]. Le réalisateur a produit avec elle d’innombrables films d'une bonne rentabilité mais qui n'ont pas toujours été couronnés de succès. Au début des années 1970, il travaille avec l'actrice Yuri Izumi et rejoint, dès ce moment, la tête du box office[6]. D'après certaines sources japonaises, Izumi et Nishihara se seraient mariés[25].

Vers la fin de la décennie, Nishihara et Izumi commencent à produire des films pour l'important studio Shintōhō dont Please Rape Me Once More (avec l'actrice Izumi) et Grotesque Perverted Slaughter[26] en 1976. Les Weisser font remarquer au sujet de ce dernier film que « c'est probablement le meilleur film du réalisateur Nishihara mais c'est comme de choisir entre la peste et le choléra. Ils sont tous mauvais[27] - [28]. ». Le critique d'Allmovie, Robert Firsching, abonde dans ce sens et qualifie le film de « film de Nishihara le plus habile car il focalise sur le suspense bien plus que dans ses films de viols nauséabonds[29]. Les films qu'il a réalisés durant cette période sont remarquables par leur côté tortueux délivré dans un style terre à terre déconcertant[30] ».

Un exemple de « scène répugnante[6] » tournée par Nishihara au cours des années 1970 se trouve dans Abnormal Passion Case: Razor (1977). Reiko, l'héroïne de ce film, s'inquiète au sujet de son père récemment victime d'une crise cardiaque qui a failli lui être fatale pendant qu'ils avaient un rapport sexuel. Convaincue qu'il courait le risque d'une attaque si leurs relations sexuelles se poursuivaient, elle prend l'avis d'un avocat. Ce dernier lui suggère de se marier afin que son père cesse d'avoir des rapports avec elle puis viole Reiko. Le viol est interrompu par un appel téléphonique de la compagne de l'avocat qui lui annonce sa venue. N'ayant plus besoin de violer Reiko, il l'autorise à partir. Reiko persuade le juriste de prétendre qu'ils sont fiancés afin de convaincre son père qu'ils vont véritablement se marier. Ce dernier la croit et décède sur le champ d'un infarctus. Reiko tue alors l'avocat avec un couteau de boucher[31].

Fin de carrière

Nashihara se retire du monde du spectacle en 1985[32]. Résumant sa carrière, Firsching écrit: « Personne n'a jamais affirmé que Nishihara atait le réalisateur le plus subtil au monde mais au moins s'est-il arrangé pour conserver vivants des procédés de pocotille[31] - [33]. ».

Filmographie partielle

Titre du film[34] - [35] - [36] - [37] Producteur Parution
Mad Passion Highway
激情のハイウェー
Aoi Eiga
To Aim At...
狙う
Nerau
Aoi Eiga
Weeping Affair
泣き濡れた情事
Nakinureta Joji
Aoi Eiga
Indecent Relationship
乱れた関係
Midareta Kankei
Aoi Eiga
Seduction of Flesh
肉体の誘惑
Nikutai No Yuwaku
Aoi Eiga
Pink Telephone
桃色電話
Momoiro Denwa
Aoi Eiga
Abnormal Reaction: Ecstasy
異常な反応 悶絶
Ijo Na Hanno: Monzetsu
Aoi Eiga
Female Trap
牝罠
Mesuwana
Aoi Eiga
Ripped Virgin
引裂かれた処女
Hikisakareta Shojo
Aoi Eiga
Betrayal of Affairs
裏切の色事
Uragiri no Irogoto
Aoi Eiga
Ghost Story of Sex
性の怪談
Sei No Kaidan
1972
Grotesque Perverted Slaughter
aka Present-Day Bizarre Sex Crime
現代猟奇性犯罪
Gendai Ryoki Sei Hanzai
Shintoho
Abnormal Passion Case: Razor
異常情痴事件:剃刀
Ijojochi Jiken: Kamisori
1977
Please Rape Me Once More
もう一度襲る!
Mou Ichido Yaru
Shintoho

Notes et références

  1. « (ja) 「やくざ監督 東京進出」 (Yakuza Director: Advance on Tokyo) », National Institute of Informatics, Webcat Plus (consulté le )
  2. 神戸プラネット, « トークイベント「独立プロと西原儀一’60年代の夢」 - 神戸映画資料館 », sur kobe-eiga.net via Wikiwix (consulté le ).
  3. « (ja) 西原儀一 (Nishihara Giichi) », Japanese Movie Database (consulté le ).
  4. Weisser,Thomas & Yuko Mihara Weisser,, Japanese Cinema Encyclopedia: The Sex Films, p. 351, éditeur: Vital Books : Asian Cult Cinema Publications, Miami, 1988, , 637 p. (ISBN 978-1-889288-52-9 et 1-889288-52-7)
  5. Firsching, Robert « (en) Midareta Kankei », (consulté le ).
  6. Weisser, p.36.
  7. « (ja) 鉄拳の街 », Japanese Movie Database (consulté le ).
  8. (en) Domenig, Roland « Vital flesh: the mysterious world of Pink Eiga (2002), archivé le 18-11-2004 sur [https://web.archive.org/web/20041118094603/http://194.21.179.166/cecudine/fe_2002/eng/PinkEiga2002.htm] » (consulté le ).
  9. (en) Connell, Ryann « Japan's former Pink Princess trades raunchy scenes for rural canteen », Mainichi Shimbun, (consulté le ).
  10. (en) Domenig, Roland « Vital flesh: the mysterious world of Pink Eiga », 2002, archivé le 18-11-2004 sur (consulté le ) : « Le nom de pinku eiga a été inventé en 1963 par le journaliste Murai Minoru. Cette appellation ne s'est généralisée que vers la fin des années 1960. Au début, ces films étaient connus sous le nom d'« eroduction films » (erodakushon eiga) ou « films-à-trois-millions-de-yens » (sanbyakuman eiga)
    (N d T) « The term pink eiga was first coined in 1963 by journalist Murai Minoru. But it did not come into general use until the late 1960s. In the early years the films were known as 'eroduction films' (erodakushon eiga) or 'three-million-yen-films' (sanbyakuman eiga) » »
    .
  11. (en) Domenig, Roland « Vital flesh: the mysterious world of Pink Eiga », 2002, archivé le=18-11-2004 sur https://web.archive.org/web/20041118094603/http://194.21.179.166/cecudine/fe_2002/eng/pinkeiga2002.htm (consulté le ) : « La controverse entourant... le procès de Black Snow (éventuellement gagné par Takechi) a attiré l'attention du public sur les pink eiga et déclenche une production de masse
    (N d T) « The controversy surrounding... Black Snow's court case (eventually won by Takechi) brought pink eiga to the attention of the general public, and triggered a boom in production. » »
    .
  12. Cowie. World Filmography 1967, p.387-388.
  13. Cowie. World Filmography 1967, p.385.
  14. (en) Fentone, Steve Immoral Relationship; A Rip of the Flesh: The Japanese « Pink Film Cycle », She (magazine), 1998, vol. 2, no 11, p; 28
  15. Cowie. World Filmography 1967, p.391.
  16. Weisser, p.209.
  17. Weisser, p.203
  18. Weisser, p.372.
  19. Cowie. World Filmography 1967, p.384.
  20. (en) Firsching, Robert « (en) Ijo Na Hanno: Monzetsu », [http:/:www.Allmovie.com Allmovie] (consulté le )
  21. World Filmography 1967, éditeur: Tantivy Press, Londres, 1977, Chapitre: Japon, p. 361-36r, , 688 p. (ISBN 978-0-498-01565-6 et 0-498-01565-3, lire en ligne).
  22. Weisser, p.36-37.
  23. World Filmography, 1968, 1977, Chapitre Japon, p. 376, éditeur: Oak Tree Publications, Londres, , 723 p. (ISBN 978-0-498-01569-4 et 0-498-01569-6).
  24. Weisser, p.351.
  25. Weisser, p.139.
  26. « (en) Gendai Ryoki Sei Hanzai », The Complete Index to World Film (consulté le ).
  27. « This is probably director Nishihara's best film, but that's like choosing from rat-bite fever, jungle rot, or tick-borne typhus. They're all pretty bad. »
  28. (en) Thomas Weisser et Yuko Mihara Weisser, Japanese Cinema Encyclopedia: The Sex Films, Miami, Vital Books : Asian Cult Cinema Publications, (ISBN 1-889288-52-7), p. 188
  29. (en) Firsching, Robert « Gendai Ryoki Sei Hanzai », Allmovie (consulté le ).
  30. Weisser, p.181.
  31. (en) Firsching, Robert « Ijojochi Jiken: Kamisori », Allmovie (consulté le ).
  32. (ja) Matsumura, Kiyoshi « 「やくざ監督 東京進出」 (Book review: Yakuza Director: Advance on Tokyo) », Nifty (consulté le ).
  33. « No one ever accused Nishihara of being the most subtle filmmaker in the world, but at least he manages to keep the tawdry proceedings lively. »
  34. Filmographie extraite de: « (en) Giichi Nishihara », com Allmovie (consulté le )
  35. « (en) Giichi Nishihara », The Complete Index to World Film (consulté le )
  36. (en) Giichi Nishihara sur l’Internet Movie Database.
  37. « (ja) 西原儀一 (Nishihara Giichi) », Japanese Movie Database (consulté le ).

Sources

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